(Chronique TS2F de l’ensauvagement urbain mou)
Il fut un temps où le trottoir était un espace banal.
On y marchait.
On y pensait.
On y flânait.
On y draguait parfois.
On y existait, en somme, sans GPS émotionnel intégré.
Puis vint le Smombie.

I. Naissance du Smombie : l’Homme penché vers son totem lumineux
Le Smombie n’est pas un piéton.
C’est un être verticalement effondré.
Son regard n’est plus horizontal — il est incliné à quarante-cinq degrés vers l’Apocalypse TikTok.
Il marche, mais il n’avance pas.
Il circule sans percevoir.
Il traverse sans voir.
Il vit sans être là.
Dans sa main :
📱 le Totem,
📱 l’Oracle,
📱 le Dojo de l’indignation liquide,
📱 la crèche portative du rage bait permanent.
Il ne regarde plus le monde.
Il regarde ce que le monde doit penser aujourd’hui.
II. Le Rage Bait : carburant officiel de la colère low cost
Le Smombie ne se nourrit plus de réalité.
Il se nourrit de rage préemballée, livrée en flux continu :
- “Tu as vu ce qu’il a dit ?”
- “Tu as vu ce qu’elle a osé ?”
- “Tu as vu ce qu’ils font ?”
- “Tu devrais être outré, là, maintenant, tout de suite.”
Le rage bait est à la pensée ce que le sucre est au corps :
👉 un shoot immédiat, suivi d’une lente dégradation.
Le Smombie ne marche plus sur le trottoir.
Il marche dans un champ de mines émotionnelles algorithmiques.
III. Et soudain surgit la trottinette : la faux électrique du quotidien
Face à lui arrive la trottinette.
Silencieuse.
Rapide.
Amorale.
Sans permis.
Sans culture générale.
Sans sentiment.
La trottinette est une idée pure du progrès sans conscience.
Elle ne roule pas : elle surgit.
Elle ne klaxonne pas : elle fauche dans le silence.
Le Smombie, lui, est ailleurs.
Il lit une indignation fabriquée à Milan, testée à San Francisco, validée à Berlin, livrée à Paris.
La collision devient alors métaphysique :
👉 L’algorithme cognitif rencontre l’algorithme cinétique.
👉 Le flux d’émotions rencontre le flux d’électrons.
👉 Le vide mental rencontre la vitesse physique.
Et le quidam, lui, reçoit le choc réel.
IV. Le quidam : dernière minorité opprimée du trottoir
Le quidam, c’est :
- celui qui marche droit,
- celui qui regarde devant lui,
- celui qui n’a pas d’avis sur tout,
- celui qui ne “réagit” pas,
- celui qui traverse sans commentaire audio.
Autrement dit :
👉 le dernier homme analogique.
Il est pris :
- entre le Smombie halluciné par le rage bait,
- et la trottinette possédée par l’électromobilité rédemptrice.
C’est l’homme sans algorithme, coincé entre deux fanatismes mous.
V. Sommes-nous devenus plus dangereux que la trottinette ?
Question existentielle.
Question philosophique.
Question de voirie.
La trottinette est dangereuse parce qu’elle est rapide.
Le Smombie est dangereux parce qu’il est mentalement absent.
L’un va trop vite.
L’autre ne voit plus rien.
Et le mélange des deux produit :
🎯 l’accident parfait de la modernité molle.
VI. Donald Trump n’a pas posé la question… mais il aurait pu
Non, ce n’est pas Donald Trump qui a posé cette question.
Mais elle est parfaitement trumpienne dans son absurdité révélatrice :
“Sommes-nous devenus plus dangereux que nos propres objets ?”
À cela, le système répond par :
- des chartes,
- des comités,
- des observatoires du trottoir,
- des campagnes d’affichage avec des gens souriants qui regardent devant eux.
Pendant ce temps, le Smombie continue de marcher dans l’orage cognitif permanent.
VII. TS2F — Le trottoir comme champ stratégique de la guerre cognitive douce
Ne nous trompons pas :
le trottoir est désormais une infrastructure critique.
C’est le seul endroit où :
- le corps réel rencontre encore le monde réel,
- sans filtre,
- sans modération,
- sans bouton “mute”.
Le Smombie est l’avant-garde involontaire :
- de la distraction totale,
- de l’émotion pilotée,
- de la pensée sous perfusion.
La trottinette est l’avant-garde involontaire :
- de la vitesse sans responsabilité,
- de l’innovation sans maturation,
- du progrès sans frein.
Entre les deux :
👉 le citoyen non connecté devient une variable d’ajustement.
VIII. Conclusion murayenne : l’idiot utile regarde son écran pendant que le progrès l’écrase
Nous vivons une époque formidable.
On ne meurt plus pour des idées.
On se fait renverser en scrollant une indignation sponsorisée.
Le héros moderne ne tombe plus au champ d’honneur.
Il tombe sur un trottoir partagé, casque absent, regard ailleurs.
Le futur n’est ni tragique ni grandiose.
Il est légèrement absurde, électrifié, et sous couverture Wi-Fi.
⚠️ Verdict final
Oui.
Le Smombie, dopé au rage bait,
est peut-être devenu aussi dangereux que la trottinette.
Mais rassurons-nous :
- on installera des panneaux,
- on votera une loi,
- on lancera une application,
- on fera une campagne de prévention avec des influenceurs.
Et pendant ce temps…
👉 Le quidam cherchera toujours un trottoir sécurisé où l’on peut encore marcher sans devenir un concept.


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Catégories :Douce France, Mondialisation, Mondialisme













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🛴📱 CHRONIQUE DE TROTTOIR — Smombies & Trottinettes
Il fut un temps où l’on marchait sur le trottoir.
Aujourd’hui, on scrolle.
D’un côté, le Smombie — tête penchée, âme capturée par le rage bait, corps en pilotage automatique.
De l’autre, la trottinette — rapide, silencieuse, électrifiée, sans morale ni frein métaphysique.
Entre les deux :
👉 le quidam, dernier piéton analogique, en quête d’un simple luxe disparu : marcher droit sans devenir une variable d’ajustement du progrès mou.
Le choc n’est plus seulement physique.
Il est civilisationnel.
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