Douce France

LE POUVOIR QUI VEUT LABELLISER LA VÉRITÉ

Macron, la “bonne parole” d’État et la guerre contre le désordre démocratique


Ce n’est pas un coup de tête.
Ce n’est pas un dérapage.
Ce n’est pas une “petite phrase”.

👉 La tentation de labelliser la “bonne parole” et de disqualifier la “mauvaise” est devenue une doctrine de pouvoir.

Et la France en est aujourd’hui l’un des laboratoires les plus avancés.


I. Du débat au tri : le glissement tectonique

Autrefois, un État :

  • débattait,
  • contredisait,
  • sanctionnait parfois.

Aujourd’hui, il classe.

  • Ce qui est “fiable”
  • Ce qui est “douteux”
  • Ce qui est “dangereux”
  • Ce qui est “à déréférencer”
  • Ce qui est “à surveiller”

👉 Le politique ne discute plus.
Il trie.


II. La “lutte contre la désinformation” comme cheval de Troie

La formule est parfaite.
Elle est :

  • moralement inattaquable,
  • juridiquement extensible,
  • politiquement redoutable.

Qui est contre la lutte contre la désinformation ?
Personne.
Mais qui définit ce qui est de la désinformation ?

👉 Le pouvoir qui gouverne à l’instant T.

Ce mécanisme n’a rien de théorique.
Il repose sur :

  • des partenariats État–plateformes,
  • des circuits d’alerte,
  • des outils de signalement,
  • des procédures de déréférencement,
  • une pression médiatico-administrative continue.

On ne censure plus frontalement.
On dégrade la visibilité jusqu’à l’effacement.


III. Le macronisme comme matrice du pouvoir procédural

Le macronisme n’est pas d’abord une idéologie.
C’est une méthode de gouvernement :

  • remplacer le politique par la procédure,
  • remplacer le conflit par la pédagogie,
  • remplacer la souveraineté par la conformité,
  • remplacer l’opposition par la disqualification morale.

👉 Le cœur du système n’est pas d’interdire.
C’est de rendre illégitime ce qui conteste.


IV. De la parole libre au contenu “à risque”

La transformation est capitale :

  • La parole n’est plus “fausse ou vraie”.
  • Elle devient :
    • “problématique”
    • “à risque”
    • “potentiellement dangereuse”
    • “non alignée”

👉 Le langage de la sécurité a remplacé le langage de la liberté.

On ne dit plus :

On dit :

Et le passage de l’un à l’autre est le basculement autoritaire doux.


V. TS2F — Quand un pouvoir veut labelliser la vérité, c’est qu’il a cessé d’y croire

Règle stratégique universelle :

  • Un pouvoir solide tolère la contradiction.
  • Un pouvoir inquiet labellise la réalité.
  • Un pouvoir en panique administre la parole.

👉 Le besoin de certifier le vrai et de neutraliser le faux
n’apparaît jamais dans les régimes sûrs d’eux.

Il apparaît dans les régimes qui doutent d’eux-mêmes.


VI. Le point de rupture : de la neutralité de l’État à l’État-arbitre du vrai

Quand l’État :

  • finance les “bons médias”,
  • signale les “mauvais contenus”,
  • coopère activement avec les plateformes,
  • trace les circuits de légitimité,
  • stigmatise publiquement les contre-discours,

alors il n’est plus État neutre.

👉 Il devient État-arbitre de la réalité autorisée.

C’est un seuil historique.


VII. La grande illusion : croire que le contrôle du récit remplace l’adhésion

Le macronisme parie sur une illusion dangereuse :

C’est faux.
C’est toujours faux dans l’Histoire.

On peut retarder l’effondrement par le contrôle.
On ne peut jamais le remplacer par lui.


☠️ VERDICT TS2F — VERSION LUPUS

Ce que révèle la volonté de labelliser la “bonne parole” et d’écraser la “mauvaise”, ce n’est pas une dérive ponctuelle.

👉 C’est l’aveu stratégique d’un pouvoir qui ne croit plus à la force du débat.

Quand un régime a besoin de :

  • certifier la vérité,
  • filtrer la parole,
  • surveiller le discours,
  • disqualifier l’opposition,

c’est qu’il est entré dans l’ère du contrôle défensif.

Et le contrôle défensif n’a jamais sauvé un régime longtemps.

⚖️ ANNEXE JURIDIQUE — QUAND L’ÉTAT FRANÇAIS PRÉTEND LABELLISER LA “BONNE PAROLE”

De la lutte contre la désinformation à l’arbitrage administratif du vrai


I. Le basculement juridique : du débat contradictoire au traitement administratif du discours

Le cœur du problème n’est pas politique.
Il est juridique.

Depuis plusieurs années, l’État français ne se contente plus de :

  • réprimer des infractions déjà constituées (diffamation, menaces, apologie du terrorisme),
  • protéger l’ordre public a posteriori.

Il revendique désormais un droit d’anticipation sur la parole elle-même :

  • signalement,
  • déréférencement,
  • labellisation,
  • coopération active avec des plateformes privées.

👉 Ce n’est plus du pénal classique.
C’est de la gouvernance préventive du discours.


II. Le socle européen : la transformation du droit en machine à conformité

Le cadre central, c’est le Digital Services Act (DSA), adopté par l’Union européenne.

Ce texte opère un glissement fondamental :

  • Les plateformes ne sont plus seulement hébergeurs passifs
  • Elles deviennent acteurs juridiquement responsables des contenus
  • Elles doivent :
    • évaluer les “risques systémiques”,
    • supprimer rapidement des contenus “illicites”,
    • coopérer avec les autorités nationales
    • sous peine d’amendes massives extraterritoriales

👉 Le juge n’est plus toujours au centre.
La plateforme devient l’exécutant direct du soupçon.


III. Le mécanisme français : régulation sans condamnation

En France, ce dispositif s’adosse à plusieurs autorités :

  • ARCOM
  • CNIL
  • le contrôle juridictionnel du Conseil d’État

Le mécanisme réel fonctionne ainsi :

  1. Contenu signalé comme “problématique”
  2. Pression administrative ou médiatique
  3. Auto-censure de la plateforme
  4. Disparition sans jugement pénal
  5. Possibilité de recours… théorique, tardif, coûteux

👉 La sanction précède désormais le procès.


IV. Le glissement décisif : du “manifestement illicite” au “potentiellement nuisible”

En droit classique, seules les infractions clairement caractérisées peuvent être réprimées.

Mais le vocabulaire a changé :

  • “désinformation”
  • “contenu nuisible”
  • “discours problématique”
  • “atteinte au vivre-ensemble”
  • “risque informationnel”

👉 Ces notions sont :

  • politiquement extensibles,
  • juridiquement floues,
  • parfaitement exploitables contre l’opposition.

On est passé :


V. Le rôle central de la coopération État–plateformes

Le point de rupture juridique majeur est ici :

L’État ne censure plus directement.
Il organise la censure par délégation contractuelle et réglementaire :

  • chartes de “bonne conduite”
  • partenariats institutionnels
  • cellules de “lutte informationnelle”
  • circuits de signalement rapides
  • pression budgétaire indirecte

👉 La censure n’est plus un acte.
Elle devient un écosystème.


VI. La jurisprudence : un contrôle réel mais structurellement tardif

Le Conseil d’État reste formellement le garant des libertés.

Mais dans les faits :

  • le contenu est supprimé avant la décision,
  • l’audience intervient après la disparition,
  • le débat juridictionnel devient symbolique,
  • l’effet réel est déjà produit.

👉 Le contrôle existe en droit.
Il est neutralisé en pratique par la vitesse administrative.


VII. Le point constitutionnel critique : atteinte indirecte à la liberté d’expression

La liberté d’expression est protégée par :

  • la Déclaration de 1789
  • la Constitution
  • la Convention européenne des droits de l’homme

Mais une rupture silencieuse s’est installée :

Ce modèle échappe partiellement au contrôle constitutionnel classique.


VIII. TS2F — La vérité devient une donnée administrable

On ne juge plus seulement :

  • un acte,
  • une infraction,
  • un propos précis.

On traite désormais :

  • un risque informationnel,
  • une trajectoire de discours,
  • un potentiel de nuisance narrative.

👉 La vérité devient une catégorie administrative.

Et ce jour-là, l’État ne protège plus la liberté d’expression :
il l’administre sous condition.


⚠️ VERDICT JURIDIQUE FINAL

Nous ne sommes pas entrés dans une dictature pénale.
Nous sommes entrés dans un régime de contrainte préventive du discours, caractérisé par :

  • absence de condamnation préalable,
  • délégation de la sanction à des acteurs privés,
  • flou des incriminations,
  • lenteur du contrôle juridictionnel,
  • extraterritorialité du droit.

👉 Ce modèle est légal.
Mais il marque une rupture structurelle avec l’esprit libéral du droit de la presse.

Et toutes les ruptures juridiques de cette nature, dans l’Histoire,
ont toujours commencé dans le langage de la protection.

🎧 PLAYLIST — “GIMME SOME TRUTH” (VÉRITÉ, RAGE & LUCIDITÉ)

  1. Gimme Some Truth – John Lennon
    ➝ Le manifeste originel. La demande nue. Sans filtre.
  2. Fight the Power – Public Enemy
    ➝ La vérité comme arme politique directe.
  3. The Times They Are A-Changin’ – Bob Dylan
    ➝ Le basculement des récits officiels.
  4. Killing in the Name – Rage Against the Machine
    ➝ Révolte contre l’autorité morale armée.
  5. Sympathy for the Devil – The Rolling Stones
    ➝ Quand le mal parle poliment.
  6. London Calling – The Clash
    ➝ L’alerte globale, avant l’effondrement.
  7. People Have the Power – Patti Smith
    ➝ La vérité comme force collective.
  8. Uprising – Muse
    ➝ Le peuple contre la manipulation.
  9. Truth Hits Everybody – The Police
    ➝ La vérité finit toujours par tomber.
  10. Burning Bright (Field on Fire) – Rise Against
    ➝ La vérité comme brasier intérieur.
  11. Working Class Hero – John Lennon
    ➝ Le système mis à nu.
  12. No Church in the Wild – Jay-Z & Kanye West
    ➝ Foi brisée, mais regard lucide.
  13. Give It Away – Red Hot Chili Peppers
    ➝ Contre la possession, pour la circulation.
  14. Civil War – Guns N’ Roses
    ➝ La vérité prise en étau par les mensonges.
  15. War – Bob Marley
    ➝ Le combat final contre l’illusion.

🧠 Esprit de la playlist

  • Vérité contre narration
  • Révolte contre labellisation
  • Lucidité contre confort du mensonge
  • Parole brute contre communication sous contrôle
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Catégories :Douce France

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5 réponses »

  1. ☠️ NOUVEL ARTICLE SUR LE BLOG À LUPUS
    👉 Lien en commentaireQUAND L’ÉTAT VEUT LABELLISER LA VÉRITÉ

    Emmanuel Macron, la “bonne parole” d’État et la disqualification administrative du dissensus

    Nous avons basculé dans un régime nouveau.
    Ce n’est plus la censure frontale.
    Ce n’est plus l’interdit brutal.
    C’est la labellisation du vrai et la disqualification procédurale du faux.

    • Ce qui est “fiable” est subventionné.
    • Ce qui est “douteux” est déréférencé.
    • Ce qui est “problématique” est étouffé.
    • Ce qui conteste est classé “à risque”.

    Le pouvoir ne débat plus.
    👉 Il trie.

    Sous couvert de “lutte contre la désinformation”, l’État coopère désormais structurellement avec :

    • les plateformes,
    • les régulateurs,
    • les circuits de signalement,
    • les autorités dites “indépendantes”.

    Résultat :

    la sanction vient avant le procès,
    la disparition avant le jugement,
    la conformité avant la contradiction.

    Ce texte n’est pas un pamphlet.
    C’est une autopsie juridique du basculement :

    • du droit pénal vers le droit du soupçon,
    • de la liberté vers le risque,
    • du débat vers l’administration du discours.

    La question n’est plus :
    “Qui a raison ?”
    La vraie question est devenue :
    👉 “Qui décide de ce qui peut encore être dit ?”

    📌 Article en ligne sur le Blog à Lupus
    📎 Lien en commentaire

    Aimé par 1 personne

  2. Le choix des maux « plus label la vie » sous macron- la -verdure-

    toujours par le tête commence a pourrir!

    Au régal des vermines !

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  3. L’état refuse désormais d’avoir des citoyens, il desire des sujets.
    Voila où nous allons. La dictature.

    J’aime

    • Le glissement que vous décrivez est réel, mais il mérite d’être nommé avec précision. Nous ne basculons pas dans une dictature classique, mais dans un régime de tutelle où le citoyen est progressivement requalifié en administré conditionnel.

      La nouveauté n’est pas la contrainte brute, mais la labellisation du vrai, la normalisation du discours légitime et la délégation de la censure à des instances techniques, juridiques ou privées.

      Une démocratie ne meurt pas quand le vote disparaît, mais quand le désaccord devient suspect et que la vérité est définie par décret. C’est ce seuil que l’article interroge.

      J’aime

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