Mon Banquier est Central

Commentaire : Banques / des fonds pas si propres que cela….

Si les banques américaines se sont empressées de procéder à des augmentations de capital cette année, leurs homologues européennes se sont montrées plus réticentes à recourir à une telle mesure. Un certain nombre de banques, y compris Lloyds Banking Group et Royal Bank of Scotland au Royaume-Uni, et Unicredit en Italie, ont récemment confirmé leur intention d’émettre de nouvelles actions. Banco Santander doit de son côté lever jusqu’à 4,9 milliards d’euros avec l’introduction en Bourse d’une participation minoritaire dans sa filiale brésilienne.

Ceux qui craignent que certaines banques restent fragiles n’ont toutefois pas de raisons d’être rassurés….

PLUS DE DETAILS EN SUIVANT :

 La plupart des banques envisageant actuellement de lever des capitaux le font en effet pour réduire leur dépendance à l’égard des aides financières de l’Etat, surtout quant ces dernières s’accompagnent de conditions strictes ou de pressions politiques.

Ainsi, peu de banques européennes envisagent d’émettre des actions uniquement pour renforcer leurs ratios capitalistiques. Cela s’explique notamment par le fait qu’elle ne subissent pas de pressions de la part des autorités de régulation pour le faire, bien que les banques européennes soient plus endettées que les institutions financières américaines. Permettre aux banques de renforcer leur capital par le biais d’une rétention des bénéfices ne semble pas poser problème aux régulateurs européens.

Les banques ayant procédé à des augmentations de capital pour améliorer leurs ratios capitalistiques sont généralement des banques comme Standard Chartered et National Bank of Greece, dont l’action se négocie avec une prime confortable par rapport à la valeur comptable des actifs au bilan (hors actifs incorporels inscrits et goodwill), ce qui évite une dilution excessive pour les actionnaires. De même, la décision de Santander de vendre une participation minoritaire dans sa filiale brésilienne se tient dans la mesure où l’activité devrait être valorisée environ 2,5 fois la valeur comptable des actifs au bilan.

Mais toutes les banques n’ont pas des actifs de valeur à vendre, ou ne souhaitent pas compliquer leur structure de la sorte. La donne pourrait toutefois changer l’année prochaine avec les nouvelles perspectives économiques de long terme et la modification du paysage réglementaire, qui vont probablement déclencher une vaste restructuration du secteur bancaire européen. Cela pourrait se traduire par une vague de fusions-acquisitions, les banques cherchant à se séparer de leurs petites activités sous-performantes. Certaines banques pourraient en profiter pour lever de nouveaux fonds afin de procéder à des opérations stratégiques.

Les investisseurs pourraient être tentés de pousser un soupir de soulagement en se disant qu’ils ne risquent pas de dilution dans l’immédiat. Ce serait toutefois manquer de clairvoyance. En effet, les banques n’ayant pas réussi à remettre leur bilan d’aplomb en reconnaissant leurs pertes et en levant des fonds en paieront le prix sous la forme d’une croissance plus lente et de dividendes moins élevés. Les gagnants de la crise seront les banques – telles que Credit Suisse, Santander et Standard Chartered – réussissant à utiliser leurs capitaux excédentaires pour tirer profit des marges élevées sur les nouveaux prêts.

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Liquider les banques insolvables pour rétablir la confiance

Cédric Tille, professeur d’économie internationale, explique les difficultés qui empêchent le secteur bancaire de sortir de la crise. Il donne des pistes pour débloquer la situation

Le secteur bancaire a été fortement mis à mal par la crise actuelle, aussi bien aux Etats-Unis, où la crise a commencé, qu’en Europe et en Suisse. Quelle est la nature de ce malaise, et comment les gouvernements peuvent-ils redonner quelques couleurs au système bancaire?

Les banques sont particulièrement exposées à des problèmes de confiance car elles récoltent les fonds des épargnants pour financer des projets à long terme tout en gardant un peu de liquidité. Il y a donc une différence d’horizon: les épargnants peuvent retirer leurs avoirs sans préavis, mais les actifs de la banque ne peuvent pas être vendus rapidement, ou alors à vil prix. Cette différence implique une vulnérabilité: tant que les épargnants conservent leurs avoirs à la banque (ou plus exactement que peu d’entre eux les retirent), tout va bien car la banque peut les payer en utilisant sa réserve de liquidité. Si toutefois un nombre important d’épargnants retirent leurs fonds, la banque doit vendre ses actifs. Comme cette vente se fait à bas prix, les autres épargnants s’aperçoivent que la banque ne pourra pas faire face à ses obligations et une panique s’ensuit, avec les gens faisant la queue devant les guichets de la banque.

Si cette vulnérabilité a conduit à plusieurs crises dans le passé, elle est bien comprise et a été domptée par les autorités. En effet, le problème reflète un manque de liquidité: la valeur des actifs de la banque n’est pas en cause, mais celle-ci manque de cash. Il suffit alors aux pouvoirs publics d’accorder un prêt à la banque qu’elle remboursera, avec intérêt, une fois la crise passée. Concrètement, la garantie que l’Etat apporte aux dépôts des particuliers prévient ces paniques.

Si la garantie publique des dépôts bancaires et les injections substantielles de liquidité par les banques centrales ont prévenu une ruée du public sur les banques (à l’exception de Northern Rock, en Grande-Bretagne), cette garantie s’est avérée trop étroite. En effet, les banques ne représentent qu’une partie du système financier. En parallèle s’est développé un secteur bancaire «de l’ombre» où les acteurs investissaient dans des actifs à long terme en se finançant par des prêts à court terme. Conceptuellement, cela est identique à une banque classique, et donc sujet à la même vulnérabilité. Toutefois, la structure de régulation était en retard et aucune garantie publique ne couvrait ce marché. Dès que les prix des actifs adossés à l’immobilier ont baissé, les prêteurs sur le marché à court terme ont refusé de renouveler leurs engagements une fois ceux-ci arrivés à échéance, et une panique financière classique s’en est suivie.

Si toutefois le problème en était resté là, la situation aurait été gérable relativement facilement. Il ne s’agit en fait «que» d’un problème de liquidité, et les banques centrales peuvent créer de la liquidité sans problème.

La situation s’est toutefois muée en un problème de solvabilité beaucoup plus pernicieux. Dans ce cas, la banque n’a pas simplement un besoin temporaire de cash, mais la valeur de ses actifs a dégringolé et elle est fondamentalement dans l’incapacité de faire face à ses obligations. Dans le contexte de la crise actuelle, le retournement du marché immobilier a fait chuter la valeur des actifs qui y sont adossés. Ces actifs sont souvent des produits complexes dont il est difficile d’évaluer la valeur. L’état exact du bilan des banques, lesquelles détiennent des montants substantiels de ces actifs, est alors incertain. Cela a entraîné un gel du marché interbancaire (le marché des prêts à court terme que les banques s’accordent entre elles). La banque A refuse de prêter à la banque B, car il se peut que celle-ci fasse faillite d’ici à l’échéance du prêt. Pire, la banque A elle-même n’est pas sûre de la qualité de ses propres avoirs, et conserve précieusement son cash au cas où un problème émergerait. Dans une telle situation, les banques se focalisent sur le nettoyage de leur bilan et sont moins enclines à prêter aux entreprises, avec pour conséquence la chute de l’activité économique que nous connaissons depuis l’automne 2008.

Débloquer la situation demande alors deux choses. Tout d’abord, la situation de chaque acteur doit être clarifiée, afin que l’on sache quelle banque est solvable et quelle banque ne l’est pas. Ensuite, il convient de liquider les banques insolvables. L’idée est d’éviter que des banques «zombies» insolvables empêchent les autres banques de prendre leur place pour financer l’activité économique, une situation que le Japon a connue dans les années 1990.

Ces deux étapes ont été plus ou moins suivies dans la pratique. En Suisse, les actifs problématiques d’UBS ont été mis à l’écart afin de diminuer les incertitudes sur l’état de la banque. Aux Etats-Unis, le gouvernement a conduit des stress tests comptables afin de déterminer quelles sont les banques à même de traverser la crise en l’état et quelles sont celles qui doivent lever plus de capital auprès des investisseurs. Les autorités ont également proposé un mécanisme pour inciter les investisseurs à racheter les actifs problématiques des banques, avec un soutien public, lequel ne connaît cependant que peu de succès. Enfin, l’Etat est directement entré dans le capital de plusieurs banques. En Grande-Bretagne, le gouvernement a de facto nationalisé les plus grandes banques, afin d’éviter que leur manque de fonds propres ne les paralyse.

Si les réactions des autorités américaines et britanniques peuvent être critiquées sous bien des angles, elles sont plus avancées que celles des pays de la zone euro. La supervision des banques y demeure fragmentée parmi les Etats membres, et aucun équivalent des stress tests à l’américaine n’a été conduit(ndlr hormis la fausse simulation récente  non publiée et dont il faudrait croire sur parole à sa parfaite exactitude et rectitude)  . Tout cela malgré le fait que les banques européennes ont subi des pertes aux Etats-Unis et sont très exposées aux problèmes de l’Europe de l’Est.

Cedric Drille The Graduate Institute, Genève. 

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RBS et Santander veulent lever 14 milliards

Par Pierre-Alexandre Sallier  22 sep le temps

Les deux établissements tentent de convaincre les marchés de renforcer leurs fonds propres. Et de prendre ainsi le relais des gouvernements qui les ont sauvés de la faillite. Lloyds et Citigroup envisagent des opérations similaires

Menacées d’écroulement il y a douze mois, plusieurs grandes banques européennes se tournent à nouveau vers les investisseurs afin de tenter de lever des capitaux frais. Et de les convaincre de renforcer leurs fonds propres, tout en pariant sur leur renaissance.

Lundi, l’agence Bloomberg prêtait à la Royal Bank of Scotland (RBS) le projet de lever entre 3 et 5 milliards de livres – soit environ 6,7 milliards de francs – sur les marchés boursiers. Cela afin de se donner les moyens de racheter une partie des 70% de son capital aux mains des pouvoirs publics britanniques depuis son sauvetage. Contrôlée à 43% par l’Etat, Lloyds Banking Group envisagerait une opération semblable. Ces levées de fonds sont similaires à celle réussie par UBS cet été. Ou au projet actuel de Citigroup d’organiser la cession des 34% que l’Etat américain détient au sein de son capital.

Lancer des ballons d’essai

Banco Santander a également annoncé lundi le projet de lever jusqu’à 13,1 milliards de rais (7,4 milliards de francs) en introduisant en bourse 16% du capital de sa filiale brésilienne. En partie destinée à financer l’expansion de cette dernière, l’opération vise surtout à renforcer le bilan de la première banque espagnole.

«Les groupes lancent actuellement des ballons d’essai afin de voir si, sur les marchés, la fenêtre est encore ouverte pour convaincre les investisseurs de leur amener des capitaux frais», réagit Loïc Bhend, spécialiste du secteur chez Bordier & Cie à Genève.

Anticiper le sommet du G20

Le temps presse. Les banques européennes, dont les actions s’étaient effondrées en moyenne de 70% en 2008, ont certes regagné la moitié du terrain perdu en bourse depuis la mi-mars. Le doute revient cependant s’insinuer sur les marchés ces dernières semaines. La perspective de l’augmentation de capital de Royal Bank of Scotland a ainsi été accueillie par un plongeon de plus de 5% du cours de ses actions hier à Londres.

«Ces établissements tentent également de prendre les devants avant toute annonce d’un renforcement des niveaux obligatoires de leurs fonds propres par les autorités de régulation, suite à une possible décision en ce sens lors du sommet du G20 à Pittsburg», poursuit Loïc Bhend. Une telle décision contraindrait les banques à se présenter ensemble sur les marchés pour lever des capitaux frais. A moins que les gouvernements ne décident de leur proposer un délai. C’est ce qu’a déjà fait la Finma, en donnant aux banques helvétiques jusqu’à 2013 pour ce faire.

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Banco Bilbao Vizcaya Argentaria S.A. s’est récemment déclarée satisfaite de sa capacité à améliorer sa situation de capitaux. Elle semble à présent la renforcer autant que possible pour se protéger des perspectives économiques brumeuses en Espagne et au Mexique, d’où proviennent plus des deux-tiers de ses bénéfices.

Le groupe bancaire se prépare également à d’éventuels changements réglementaires, mais il se pourrait aussi qu’il cherche simplement à profiter d’opportunités d’acquisitions. BBVA a levé jusqu’à 3 milliards d’euros, une décision surprenante étant donné que la banque a vu son ratio Tier 1 augmenter de 70 points au premier semestre.

Cette année, la banque devrait enregistrer un bénéfice net d’environ 5 milliards d’euros, ce qui porterait son ratio Tier 1 à environ 7,4%.

BBVA a également confirmé être en négociations pour de nouvelles levées de capitaux, cette fois par le biais de cessions et de locations d’agences, en vue de lever 1,2 milliard d’euros, selon le journal espagnol Expansion.

Cette année, BBVA a déjà tiré avantage de la crise bancaire aux Etats-Unis en achetant Guaranty Financial Group Inc., ce qui a accrû sa présence au Texas, à un coût minime.

Les analystes de Nomura ont calculé que même si la totalité des 9,7 milliards de prêts de Guaranty s’avérait constituée de mauvaises créances, cela ne coûterait que 800 millions de dollars à BBVA, car le FDIC s’acquitterait du reste de la somme.

BBVA serait intéressée par d’autres transactions à bon prix pour étoffer son portefeuille nord-américain.

La croissance organique du capital de BBVA a conduit certains à attendre un relèvement de dividende, mais il est clair que la banque va maintenir son ratio dividende/bénéfices actuel de 30%.

Une explication inquiétante des décisisions de BBVA pourrait résider dans son portefeuille de crédits. La banque a déclaré que le nombre de crédits non-performants commençait à se résorber mais qu’il continuait de rogner sur ses provisions.

BBVA pourrait ainsi se préparer à une éventuelle hausse des exigences de capitaux à venir en attendant d’évaluer la performance de l’Espagne et du Mexique. La banque s’assure en outre d’être en mesure de saisir une nouvelle opportunité si elle surgit.

Source newswire  sep09

EN COMPLEMENT INDISPENSABLE : Du Rififi en perspective pour le Système Bancaire (socialiste) Européen (cliquez sur le lien)

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