Europe

Trappe à Dettes/Irlande : une odeur de bankrun…

Trappe à Dettes/Irlande : une odeur de bankrun… 

Dans l’attente d’un sauvetage, les banques irlandaises voient fuir leurs déposants

 

Les retraits s’accélèrent auprès des trois principaux établissements de l’île dans l’attente d’un renflouement

Selon, Mohamed El-Erian co-responsable des investissements chez  Pimco, un des plus importants gestionnaires de fonds au monde, l’Irlande serait sur le point de connaître une ruée bancaire (« bank run ») majeure.

Les chiffres actuels montrent l’existence d’une fuite des dépôts qui risque de miner la prospérité du pays  pendant une génération a-t-il affirmé à Bloomberg. Pour éviter cela, il recommande la mise en place rapide des accords conclus ce week-end.

 PLUS DE BANKRUN EN SUIVANT :

L’Irlande a besoin d’une aide d’urgence pour Anglo Irish Bank, Allied Irish Bank et, dans une moindre mesure, National Irish Bank. Prise au piège de la grave crise économique de l’ex- «tigre celtique», elles ne survivent essentiellement grâce aux prêts à court terme de la Banque centrale européenne (BCE), qui a avancé près de 130 milliards d’euros.

Patrick Honohan, le gouverneur de la Banque centrale d’Irlande, a reconnu hier que son institution avait dû seconder la Banque centrale européenne (BCE) pour alimenter en liquidités les banques irlandaises parce qu’elles avaient subi des retraits de la part de leur clientèle d’entreprise échaudée. La Banque centrale d’Irlande avait ainsi fourni près de 35 milliards de liquidités aux banques (contre des garanties) à fin octobre, contre 21,2 milliards mi-septembre, a fait savoir Patrick Honohan. Ces montants s’ajoutent aux 130 milliards fournis par la BCE, lesquels représentaient un quart du total alloué par cette institution.

Les investisseurs s’inquiétant de la solidité financière de ces banques et des possibles pertes qui seront imposées à leurs détenteurs d’obligations, les établissements irlandais peinent à se refinancer par la voie normale des marchés. Plusieurs opérateurs rapportent que le marché interbancaire leur est en particulier fermé. Parallèlement, la crainte que les particuliers commencent eux aussi à retirer leur argent est telle que le Premier ministre irlandais, Brian Cowen, a commencé hier son allocution au Parlement en réaffirmant que ces dépôts étaient garantis et que cette garantie avait été étendue jusqu’à fin 2011.

 Fuite des entreprises

Elles doivent faire face à la défiance croissante de leurs clients. Sans que des files se forment dans la rue, les déposants retirent leurs avoirs d’établissements jugés de moins en moins sûrs. La vague affecte particulièrement Allied Irish Bank, confronté à une véritable fuite de ses déposants. Ces derniers ont retiré 13 milliards d’euros depuis le début de l’année, soit plus de la moitié du total de leurs avoirs, selon des chiffres publiés vendredi après-midi.

Facteur de nature à exacerber la fébrilité du marché: Allied Irish Banks (AIB) a annoncé vendredi avoir revu à la hausse l’augmentation de capital dont elle a encore besoin, de 5,4 milliards à 6,6 milliards d’euros.

Moins touchées, les deux autres banques ne sont pas immunisées. Les clients d’Anglo Irish Bank ont retiré près de 15% de leurs dépôts, lors des trois premiers trimestres et ceux de National Irish Bank 2% au cours de la première moitié de l’année, selon les derniers chiffres disponibles. Bank of Ireland a communiqué des retraits de clients entreprises, à hauteur de 10 milliards , à cause de la dégradation de la note de leur dette par les agences

Alors que le public paraît encore relativement fidèle, ce sont surtout les entreprises qui retirent leurs avoirs, selon la banque centrale. D’avril à septembre, les PME ont déplacé près de 4% de leurs dépôts et les autres acteurs du secteur financier plus de 11%.

«Les clients s’alarment de la dégradation de la santé de ces banques en raison de la hausse continue de leurs prêts à risque depuis deux ans», résume Loïc Bhend, analyste à la banque Bordier à Genève.

Le volume des crédits compromis pourrait atteindre 85 milliards d’euros, selon une estimation faite par la Banque centrale irlandaise en début de la semaine passée. Ce montant correspond à plus de la moitié du produit intérieur brut du pays, lequel s’élève à 156 milliards. Et il ne cesse de s’élever. Rien que sur la première moitié de l’année, les banques ont publié une progression de près de 7 milliards d’euros.

«Ce sont surtout les crédits immobiliers, commerciaux et hypothécaires, qui entraînent ces pertes», poursuit Loïc Bhend. Après avoir atteint des prix stratosphériques en 2007 sous l’effet conjugué de la rareté de l’offre, de la forte croissance économique et des bas taux d’intérêt, les prix de l’immobilier se sont effondrés dès l’éclatement de la crise en 2008. Depuis, les banques sont accablées de prêts dont les garanties se sont effondrées. Pire, les débiteurs rencontrent toujours plus de difficultés à honorer leurs engagements en raison de la baisse de l’activité économique et de la hausse du chômage. Sur les 780 000 crédits immobiliers contractés dans le pays, entre 100 000 et 300 000 sont susceptibles de ne pas pouvoir être remboursés mais un moratoire sur les saisies immobilières a été déclaré fin 2008.

«Effet néfaste»

Plus de 50 milliards d’euros ont été transférés dès septembre 2009 dans une structure de défaisance créée et financée par l’Etat afin de soulager les banques, la Nama (National Asset Management Agency). «Cette décision a eu un effet néfaste. Elle a accru la visibilité de la crise des banques irlandaises alors que les Espagnols, qui sont confrontés à la même explosion des crédits à risque en raison de la chute des prix de l’immobilier, évitent de laver leur linge sale en public», déplore un financier irlandais établi en Suisse.

Au terme de la crise, Irish Allied, la plus touchée, devra être recapitalisée grâce au soutien de la BCE et du FMI, ce qui équivaut à une nationalisation, anticipent plusieurs spécialistes. Anglo Irish, qui a subi ce sort en 2009 en raison de lourdes pertes déjà essuyées cette année-là, aura également besoin de capitaux frais, de même que National Irish, quoique moins exposée et détenue en majorité par la danoise Danske Bank. Leur taille sera réduite car toutes, pour compenser leurs pertes, vendent les activités périphériques, avec une possible garantie de la BCE et du FMI.

Des tests de résistance en béton?

Rappelez-vous. Fin juillet, l’Union européenne dévoilait les résultats de tests de résistance réalisés sur 91 banques européennes. Le but: rassurer sur la santé du secteur financier après la crise grecque.

Une majorité écrasante des établissements passait le «stress test» haut la main. Seuls quelques caisses d’épargne espagnoles, une banque allemande – dont les difficultés étaient connues de tous – et un établissement grec étaient fortement encouragés à se recapitaliser.

A l’issue de cet examen, les banques irlandaises paraissaient parfaitement saines. Les résultats ont bien entendu soulevé quelques doutes, mais nombre d’experts soulignaient leur principal intérêt: dévoiler l’exposition des banques aux emprunts publics des pays de la zone euro en difficulté. Une plus grande transparence aussi saluée par le marché.

Il n’aura pas fallu plus de quelques mois pour montrer les limites de ces tests. Trois des banques irlandaises – les plus importantes du pays – affrontent de graves difficultés. L’une d’entre elles a même virtuellement fait faillite. Une autre pourrait être sauvée prochainement tandis que la troisième appartient à un groupe danois qui a déjà reçu une aide de son Etat. Trois établissements qui font partie des bénéficiaires d’un soutien de 50 milliards du gouvernement, via un fonds pour les actifs toxiques.

Chart

Pire, le secteur financier européen étant tellement interconnecté, l’inquiétude s’étend à des banques d’autres pays, à commencer par l’Espagne. Selon l’agence Fitch, les banques étrangères, comme les britanniques Royal Bank of Scotland et Lloyds, gèlent de leur côté les engagements nouveaux de leurs filiales irlandaises

Espérons que le prochain test de résistance, promis par l’UE pour l’année prochaine, sera plus convaincant.

Par Yves Genier/Matilde Farine le temps nov10

EN COMPLEMENT INDISPENSABLE :

Irlande/Zone Zero : Retour à la case Islande

2 réponses »

  1. Les Etats européens sont surendettés.
    Et il y en a même qui sont en faillite : l’Etat portugais, l’Etat irlandais, l’Etat italien, l’Etat grec et l’Etat espagnol sont en faillite.
    Que va-t-il se passer maintenant ?
    Réponse :
    Les Etats européens surendettés vont se surendetter encore plus pour prêter des dizaines de milliards d’euros aux Etats en faillite.
    Concrètement :
    – Les Etats européens surendettés empruntent pour prêter 110 milliards d’euros à la Grèce.
    – Demain, les Etats européens surendettés emprunteront pour prêter 100 milliards d’euros à l’Irlande.
    – Après-demain, les Etats européens surendettés emprunteront pour prêter XXX milliards d’euros au Portugal.
    – Etc.

    Lisez cet article :

    Irlande : un plan d’aides de 100 milliards d’euros en préparation.

    http://www.20minutes.fr/ledirect/625881/economie-irlande-plan-aides-100-milliards-euros-preparation

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