Behaviorisme et Finance Comportementale

Gestion de Portefeuille : Le petit investisseur joue un rôle beaucoup plus important qu’il ne le croit dans le succès ou l’échec d’un fonds de placement par André Gosselin

Gestion de Portefeuille :  Le petit investisseur joue un rôle beaucoup plus important qu’il ne le croit dans le succès ou l’échec d’un fonds de placement par André Gosselin

 Aux plus belles heures de la Bourse américaine, à la fin des années 1990, plusieurs détenteurs de fonds d’actions ont réussi le tour de force de perdre de l’argent, alors que les fonds qu’ils avaient achetés, selon les chiffres officiels et vérifiés, enregistraient d’excellents rendements. Comment, direz-vous, peut-on encaisser des pertes avec des fonds qui réalisent des gains? La réponse est simple: en agissant comme un mouton et non comme un investisseur. Attiré par des rendements mirobolants, vous achetez les fonds après qu’ils ont connu une forte hausse et vous les vendez après qu’ils ont subi une glissade.

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Pour citer un exemple, voyons ce qui s’est passé en 1996 avec le fonds américain Dreyfus Agressive Growth qui réalisa, cette année-là, un rendement moyen de 20,7 %. La majeure partie de ce rendement fut obtenue durant les trois premiers mois de l’année, alors que le fonds avait moins de 25 millions de dollars d’actif sous gestion. Devant les performances extraordinaires du fonds en début d’année, des milliers de petits investisseurs confièrent leurs épargnes à Dreyfus, faisant ainsi grimper l’actif sous gestion à plus de 154 millions. Malheureusement, le fonds connut un été pitoyable, avec une perte de 22,2 % durant ce seul trimestre.

Les investisseurs qui ont été assez disciplinés pour conserver ce fonds durant les 12 mois de l’année 1996 ont profité de son rendement positif de 20,7 %. Toutefois, ceux qui l’ont acheté au mauvais moment et qui l’ont vendu à un tout aussi mauvais moment furent si nombreux qu’on a calculé que l’investisseur qui a détenu, à un moment ou à un autre en 1996, des parts du fonds Dreyfus, a encaissé une perte de 34,9 %. Une différence de -55,6 % par rapport au rendement réel du fonds.

Une boutade vieille comme le monde dit que, lors d’un marché haussier, tous les investisseurs sont des génies. De toute évidence, Wall Street devra reléguer ce proverbe aux oubliettes.

Il serait injuste de blâmer le gestionnaire du fonds Dreyfus pour les déboires de la plupart des détenteurs de parts en 1996. Il a fait correctement son boulot. Les infortunes du détenteur moyen de fonds communs s’expliquent d’abord par sa propension à céder à l’appât du gain facile et rapide. Le petit investisseur joue d’ailleurs un rôle beaucoup plus important qu’il ne le croit dans le succès ou l’échec d’un fonds de placement. En restant discipliné et en refusant de céder à la panique à la moindre occasion, il s’assure que le gestionnaire n’aura pas à liquider des blocs importants d’actions à des prix dérisoires afin de le rembourser. De plus, en évitant de se jeter à corps perdu sur le meilleur fonds de l’heure, il fait en sorte que le gestionnaire n’aura pas à acheter, pour répondre à sa demande, des actions qui sont déjà surévaluées.

Ne croyez pas que l’investisseur américain est un cas unique. Qu’il soit Français, Anglais, Australien ou Chinois, le petit investisseur qui gère son portefeuille, seul ou avec l’aide de son conseiller, a connu le même fiasco[2]. Cette calamité ne s’abat pas seulement sur les investisseurs qui détiennent des fonds d’actions. Les petits actionnaires qui détiennent directement des actions par le biais de leurs courtiers se sont enlisés dans les mêmes sables mouvants. Même les détenteurs de fonds d’obligations, habituellement prudents et circonspects, tombent dans la même trappe[3].

André Gosselin, Ph.D Orientation Finance.

[2] Au Canada par exemple, le détenteur de fonds d’actions a réalisé un rendement annuel de 7,15 % entre 1990 et 1999, alors que les fonds d’actions ont réalisé un rendement moyen de plus de 10 % et de 11,53 % pour l’indice boursier canadien TSE 300.

[3] De 1984 à 2002, le rendement annuel moyen des obligations à long terme du gouvernement américain a été de 11,7 %, alors que le détenteur de fonds d’obligations américain s’est contenté d’un rendement moyen de 4,24 %. Le détenteur canadien de fonds d’obligations[3], qui n’a pas de leçons à donner à son voisin du sud, a réalisé un misérable rendement annuel de 4,22 % durant les années 1990, alors que l’indice Scotia Capital Markets Universe Bond a donné un rendement de 10,68 %.

1 réponse »

  1. conclusion:ne pas acheter de fonds mais gérer soi même avec l’aide de son gestionnaire de fortunes.Cordialement jac

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