Art de la guerre monétaire et économique

L’Edito : Les contradictions explosent Par Bruno Bertez

L’Edito : Les contradictions explosent Par Bruno Bertez

  En ce début de semaine au 11 juillet, les marchés financiers sont en chute. Nous disons bien en chute et non pas en baisse car nous voulons exprimer la rapidité et l’ampleur du mouvement. Nous voulons pointer aussi le sentiment et le climat de peur qui accompagne ce mouvement. Il suffit de quelques jours de plus pour que cette voie débouche sur quelque chose d’encore plus négatif, comme la panique par exemple. Tout est question de seuil, de facteur déclenchant. Dans les mondes d’artifices, les ruptures peuvent intervenir à tout moment et à n’importe quel propos

PLUS DE BERTEZ EN SUIVANT :

Au niveau des valeurs, les dégâts sont déjà là. Mais nous ferons remarquer qu’ils n’ont rien d’exceptionnel ; ce qui frappe, c’est la chute libre des banques et des compagnies d’assurances. En particulier en Europe, et singulièrement en Europe du Sud bien sûr. Et c’est cela qui plombe les indices, impressionne les opérateurs et donne un caractère spectaculaire et émotionnel à la situation.

government ensured bonds spain ireland spread 2011

credit ratings of sovereigns and banks

 Si l’on ajoute les sorties et les attaques sur l’euro, on arrive à un paysage inquiétant, un paysage de crise.

Nous ne développerons pas ici notre analyse de la crise européenne. Juste un coup de projecteur.

source New York Times

Depuis le premier semestre 2010, l’Europe se montre incapable de résoudre ses problèmes. Ses dirigeants vont de bévue en bévue, de discorde en discorde, d’absurdité en absurdité. A l’incompétence, s’ajoute la maladresse et, ce qui aggrave tout, la divergence des intérêts nationaux et politiques.

Papandreou critique sur l’absence d’accord européen

Le Premier ministre grec n’est pas content. Et il l’a fait savoir dans une lettre au ton poli mais ferme envoyée au président de l’Eurogroupe, le Premier ministre luxembourgeois, Jean-Claude Juncker, à l’occasion de la réunion des ministres des Finances (Ecofin) qui s’est tenue à Bruxelles en début de semaine.

Si le ton est fraternel – « cher Jean-Claude » – George Papandréou n’en rappelle pas moins que « quatorze mois après avoir entamé notre programme de réforme, la Grèce a mené une impressionnante consolidation budgétaire et lancé de nombreuses réformes structurelles de grande envergure », mais cela ne s’est pas fait sans mal, et surtout n’a pas été payé en retour par l’adoption d’un deuxième plan d’aide susceptible de pouvoir mettre un terme à la crise de la dette. Un possible conseil européen extraordinaire est censé le faire vendredi.

La population du pays supporte de plus en plus mal cette politique, comme l’ont montré les manifestations parfois violentes des Grecs exaspérés de voir après une année de rigueur que la situation sur le front économique est loin de s’améliorer, comme en témoigne la hausse du chômage qui flirte avec les 16%. Le Premier ministre a dû se résoudre à remanier son gouvernement pour que sa majorité socialiste de plus en plus critique accepte de voter au parlement le nouveau plan d’austérité, condition vitale pour obtenir une nouvelle tranche d’aide financière pour honorer des dettes qui venaient à échéance à mi-juillet.

 Le Premier ministre grec rappelle aussi que ce plan inédit dans les économies modernes par l’ampleur de la réduction des déficits publics, qui se fait avec une économie en récession pour la troisième année consécutive, a été « fermement soutenu » par le président de la Commission, José Manuel Barroso. Avec une point d’ironie, George Papandreou remarque que « si ses réformes majeures avaient été mises en œuvre au cours des années précédentes, nous aurions évité la crise actuelle. » Une époque où José Manuel Barroso était déjà à la tête d’une Commission qui a validé sans broncher les comptes publics falsifiés des gouvernements grecs conservateurs présentés à l’époque. 

Pire, « les marchés et les agences de notation n’ont pas réagi comme nous l’espérions. Ils continuent à avoir des doutes (même nous punissent) sur notre programme de réformes élaboré par la Grèce et les Européens. En agissant ainsi, ils menacent notre reprise économique à tous après trois ans de récession. » 

George Papandreou « est maintenant convaincu que si l’Europe ne prend pas maintenant les décisions justes, collectives et efficaces, quoique fasse la Grèce – nous avons prouvé que nous étions à la hauteur de nos responsabilités -, nous risquons à nouveau, et même au niveau mondial, de subir des cataclysmes sur les marchés en raison de la propagation des doutes qui pourrait anéantir notre union commune. » La façon dont a été testée l’Italie par les marchés en est un signe avant-coureur.

Et aux yeux de George Papandreou, le problème aujourd’hui n’est pas tant la Grèce que la gouvernance de l’Union européenne. « Nous avons besoin d’une direction européenne solide et visionnaire », réclame-t-il. Et demande « un message fort » de la part de la zone euro qui puisse réellement aider la Grèce et éviter que l’ensemble de ces efforts n’aient pas été menés en vain.

source La Tribune

 Il est évident, depuis le début, que les plans successifs qui ont été appliqués ou imposés à l’Irlande, au Portugal, à la Grèce, sont tout à fait irréalistes.

Le problème est que tous les spécialistes le savent et que l’on a l’impression que seuls les politiques et les technocrates européens l’ignorent. Cette situation a débouché sur un conflit entre, d’un côté, les politiques et technocrates et, de l’autre côté, les marchés. Comme dans le bon vieux temps,  les Européens ont considéré qu’ils avaient les moyens de s’opposer aux marchés. S’opposer aux flux de capitaux, s’opposer aux prix qui étaient constatés, s’opposer aux opinions exprimées par les opérateurs du monde entier. Les Européens n’ont pas compris que ces temps étaient finis, finis depuis la dérégulation américaine, laquelle avait précisément pour objectif de donner la toute puissance aux marchés contre les gouvernements et les Administrations. Les marchés sont un gigantesque rouleau compresseur d’égalisation des valeurs, de mise aux normes et on pourrait même dire, de mise au pas. Et cela, les Européens ne l’ont pas compris. Ils en sont encore aux gesticulations, aux rodomontades d’avant les années 70 !

Il y a une contradiction majeure qui n’a pas été perçue par les Européens, en particulier par son monde politique, car il faut reconnaître que les très grands opérateurs bancaires et financiers, eux, l’ont reconnu depuis longtemps ; il y a une contradiction majeure entre, d’un côté, la participation au marché financier mondial par l’intermédiaire des méga-banques et, de l’autre, la volonté de préserver des spécificités nationales ou régionales. Les méga-banques, par leur insertion mondiale et leur interconnexion, obligent à briser toutes les spécificités, à laminer toutes les originalités, elles interdisent le maintien de valeurs, de prix et de pratiques autonomes.

source The Economist

source Wall Street Journal

Nous ne sommes pas pessimistes sur l’issue de la crise européenne en cours. Loin de là. Du moins, nous ne sommes pas pessimistes en termes strictement financiers. Notre pessimisme s’arrête au social, à la culture, à tout ce qui fait notre originalité. Nous voulons dire par là que,  financièrement, l’Europe va s’en sortir, mais qu’en revanche, elle va y perdre sa personnalité. L’enjeu de la crise actuelle ressort de la contradiction majeure exposée ci-dessus. D’un côté les méga-banques, vecteurs de l’uniformisation globale, et, de l’autre, la résistance des spécificités nationales.

 

Dès le début de la crise, nous avons expliqué qu’il n’y avait pas de problèmes majeurs de dette souveraine et qu’en réalité il s’agissait d’une mystification destinée à occulter le fait que le problème était celui des méga-banques.

Après avoir provoqué la première crise financière par leur irresponsabilité dans les subprimes du housing, les méga-banques provoquent la deuxième grande crise financière par la même irresponsabilité dans le subprime souverain.

Elles ont prêté en dehors de toute considération de solvabilité parce qu’elles ont considéré  qu’in fine l’Europe finirait par payer et c’est l’enjeu du combat actuel. Les méga-banques contre les pays, contre les gouvernements, contre les citoyens, pour obtenir que l’Europe donne la garantie qu’elle n’avait jamais formellement donnée auparavant que les dettes des débiteurs insolvables seront honorées.

source Wall Street Journal

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L’issue du combat n’est absolument pas douteuse pour une raison très simple qui est que les méga-banques détiennent l’arme atomique. Et les gouvernements le savent. Le « run » qu’il y a actuellement sur le capital, sur les CDS, sur les obligations émises par les banques est une sorte d’avant-coureur du « run » qui pourrait se produire sur les passifs court terme des établissements. Les gouvernements le savent, ils ont vu ce qui s’était passé en Irlande, en Grèce et maintenant en Italie : les banques perdent leurs dépôts. L’Europe cèdera. Elle acceptera, quels que soient les habillages, quels que soient les discours, quels que soient les propagandes, elle acceptera de prendre les mesures nécessaires au sauvetage des banques.

La contradiction majeure entre, d’un côté, un système économique et financier global imposé par les Anglo-saxons et, de l’autre côté, des spécificités nationales et régionales, cette contradiction va être résolue dans la crise. La BCE va céder, les Allemands, les Autrichiens, les Finlandais aussi. Il n’y a qu’une alternative, ce serait l’acceptation de la dissolution ordonnée de l’euro. Merkel et Sarkozy étant arque boutés pour préserver l’euro coûte que coûte, une telle dissolution est peu probable. Du moins en tout cas tant qu’ils sont au pouvoir.

Ayant ainsi rapidement survolé la question de la crise européenne, revenons aux marchés.

Premier rappel, les marchés étaient baissiers depuis la fin avril. C’est à cette époque que quelque chose a changé. Ceci a été précédé par le retournement du marché du 10 ans américain, lequel est toujours un bon précurseur. Le rendement du 10 ans baisse depuis la mi-avril : on était au-dessus des 3,50%, on est sous les 2,90%. Ceci nous paraît être le constat de base, celui sur lequel on peut s’appuyer.

source Bloomberg

Cette phase baissière est justifiée. L’économie américaine déçoit, elle ralentit, la croissance auto-entretenue donne l’impression, une nouvelle fois, d’avorter. Les anticipations inflationnistes refluent en liaison avec le cours des commodities et de l’énergie. Bref, le risk-on cède la place au risk-off. Ceci est amplement confirmé par les dégagements sur le high-yeld, l’élargissement des spreads de risques, la hausse des CDS.

Source: ECRI/PRAGMATIC CAPITALIST

source Bespoke

Cette phase de baisse est également justifiée par la perspective de la fin du Quantitative Easing n°2, même si celui-ci va subsister en version light pour stabiliser le bilan de la Fed.

Economie en ralentissement, emploi détestable, rechute du housing, fin des anticipations inflationnistes, échéance des stimulations, il n’en faut normalement pas plus pour expliquer le retour à une tendance baissière.

Le reste, la question du plafond de la dette américaine, la géopolitique, le bourbier européen nous paraissent des grosses cerises sur le gâteau. Des cerises un peu aigres, plutôt du type Montmorency que du type Cœur de pigeon.

Il faut comprendre que la reprise boursière qui est intervenue à mi-juin est une manipulation, un artifice. La hausse a été faite à la main grâce à une connivence globale généralisée. On a remonté les inventaires de portefeuilles pour la fin du semestre ; d’autre part, on a préparé techniquement l’échéance du Quantitative Easing n°2. La connivence sur la hausse artificielle pour le 30 juin était évidente. Nous l’avons signalée en son temps. La préparation technique de la fin de QE2 était indispensable : il fallait s’écarter, se donner un peu d’air,  s’éloigner de la zone des 1.250 au S&P500. Il fallait se donner une marge de sécurité pour absorber la baisse normale, logique, post-30 juin. Cela a été réussi. On  a fait galoper le S&P500 de plus de 100 points en quelques jours. Le squeeze des vendeurs a été déterminant. Bien entendu, il n’a pas été possible d’aller plus haut et, en particulier, impossible de donner un signal fort de retour à une tendance haussière en franchissant la zone des plus hauts de fin avril. A ce niveau, en effet, la connivence s’est effondrée, chacun pour soi. Le smart money est redevenu vendeur.

source Bespoke

Notre interprétation est et reste la suivante : les marchés sont spontanément baissiers. Le spontané n’étant pas depuis longtemps maintenant le plus probable, il faut tenir compte des actions des responsables de la conduite des affaires. Et nous retombons sur ce que nous avons écrit il y a quelques semaines, après une phase de reconstitution des marges de manœuvre, après une phase de rechute et d’inquiétude, les autorités seront validées à procéder à de nouvelles interventions.

source Bespoke

La rechute est en train de faire son œuvre.

L’arme fiscale, sauf à la marge, à la petite marge, est inutilisable. Peut-être y aura t-il une petite reconduction des mesures en faveur de l’emploi US par exemple. Mais avec les problèmes d’endettement gouvernemental, il n’y a plus grand chose à espérer de ce côté-là.

L’arme monétaire et l’arme financière vont être à nouveau sollicitées. Nous pensons même qu’elles seront largement utilisées. Ce sera de façon agressive, de façon massive. Il n’est pas impossible que l’on s’achemine vers des mesures qui n’auraient plus de limite, plus de seuil, tant en quantité qu’en durée. Il est possible qu’il y ait des mesures très innovantes, du moins en apparence bien sûr car, sur le fond, les mesures aboutissent toujours à la même chose.

Le président de la Fed, Ben Bernanke.

Alors que le communiqué ne donnait aucune indication sur l’évolution de lapolitique de la FED, son  président , Ben Bernanke, a expliqué lors d’une conférence de presse qu’il envisageait aussi bien d’intervenir à nouveau que de ne rien changer.

«Nous serions préparés à prendre des mesures supplémentaires, manifestement, si les conditions le justifiaient», a-t-il dit, laissant la porte ouverte à un nouveau cycle de relance monétaire. 

Mais il a souligné que la Fed pouvait aussi maintenir le statu quo: «si l’économie empire et que l’inflation reste relativement faible, alors nous ne commencerions pas à sortir» de la politique monétaire actuelle, «et par conséquent, nous ne changerions pas de langage».

L’une des principales incertitudes est l’évolution de la crise économique de la Grèce. «S’il y avait une incapacité à résoudre cette situation, cela constituerait une menace pour les systèmes financiers européens, le système financier mondial, et pour l’unité politique de l’Europe», a-t-il prévenu

source afp 22/6/11

La reconnaissance récente par la Fed de la déception conjoncturelle jointe à l’aveu il y a quelques jours par Geithner de l’impuissance keynésienne nous font penser que les mesures se rapprochent et qu’elles viendront peut-être même avant le calendrier théorique que nous avions fixé à la fin de l’année. Ces mesures seront audacieuses. Il serait logique qu’elles provoquent un choc. En effet, il faut briser le sentiment négatif qui s’est instauré, il faut tenir compte de l’usure des mesures anciennes, de leur faible crédibilité, de leur insuffisance.

Par ailleurs, la crise européenne, très négative pour la croissance globale, et dangereuse par la contagion financière, la crise européenne va justifier des mesures fortes. Un alibi en quelque sorte.

Les modalités des actions à venir sont difficiles à anticiper. En revanche, les effets sont et seront parfaitement évidents. Pour maintenir le château de cartes et faire un tour de plus sur le manège, il faut

1) que la liquidité soit surabondante

2) que les taux de l’argent soient nuls ou négatifs

3) que l’inflation soit relancée

 4) que le extend and pretend comptable des actifs des institutions bancaires et financières continue.

Tout ceci débouche et ne peut que déboucher sur un afflux de capitaux sur les marchés, sur les actions et sur l’or.

BRUNO BERTEZ Le 12 Juillet 2011 

BILLET PRECEDENT:

L’Edito : Suspendus dans les airs… de la finance Par Bruno Bertez

EN BANDE SON :

13 réponses »

  1. L’agence de notation financière Fitch a annoncé mercredi avoir dégradé de trois crans la note souveraine de la Grèce, à CCC, contre B+ auparavant, en l’absence d’un nouveau plan d’aide « crédible et financé » de l’UE et du FMI à ce pays en proie à de graves difficultés.

    L’agence relègue ainsi la Grèce à trois crans de la note DDD, réservée aux émetteurs de dette en défaut de paiement, c’est-à-dire qui ne sont pas en mesure de rembourser leur dette.

    A l’appui de sa décision mercredi, l’agence souligne « l’absence d’un nouveau plan d’aide, intégralement financé et crédible » de l’Union européenne (UE) et du Fonds monétaire international (FMI). A cela s’ajoutent de « fortes incertitudes entourant le rôle des créanciers privés » dans le plan et les perspectives macroéconomiques du pays.

    Fitch fait valoir que la Grèce a besoin d’argent pour éviter de se retrouver en faillite en 2012 et que cette urgence aurait justifié que l’UE et le FMI, ainsi que les créanciers privés, se mettent d’accord sur un nouveau plan au début du mois de juillet.

    Fitch avait déjà abaissé la note de dette de la Grèce de trois crans le 20 mai, à « B+ » contre « BB+ » auparavant, une sanction qu’Athènes avait rejetée comme ne prenant pas en compte ses engagements à intensifier les efforts de redressement économique du pays.

  2. Afin de bien montrer la différence entre la culture anglo-saxonne et la culture d’Europe continentale et singulièrement l’Allemande il est possible de donne un exemple qui ressort de l’attitude face aux marchés.
    Les anglo-saxons croient aux indications fournies par les marchés et ils y croient tellement qu’ils ne se privent pas de les manipuler pour leur faire faire ou faire dire ce qu’ils souhaitent. Les anglo-saxons se font en quelque sorte des alliés des marchés, ils s’en servent, prennent appui sur leur force un peu comme l’on fait au judo.
    Les Européens ne reconnaissent pas la valeur des indications fournies par les marchés, ils les critiquent, les nient et par tous les moyens, ils s’arque boutent pour les contrer.
    On le voit depuis le début de la crise l’Europe refuse la transparence, refuse les prix de marché, elle va même jusqu’à nier la valeur des travaux des agences de rating lesquelles évidemment travaillent par et pour les marchés. Barnier parle d’une loi contre les agences de rating!
    En clair d’un côté on reconnaît les marchés et l’on s’en fait des alliés ; de l’autre on les nie et l’on s’en fait des ennemis.
    Souvenez-vous c’est la vieille culture de la BUBA qui avait pour politique de surprendre, de prendre à contre-pied les marchés.
    De temps à autre la BUBA gagnait, mais c’était avant, avant le formidable développement de la grande communauté spéculative mondiale voulue, suscitée par les Etats-Unis.
    Pour gagner contre les marchés, il faut les prendre à leur propre jeu et les manipuler avec leurs propres règles.
    Ainsi dans le cas présent, il est évident que l’une des solutions les moins coûteuses face a la crise de solvabilité de l’Europe périphérique est de reconnaître la valeur dépréciée des dettes des PIIGS et d’en tirer profit. Les marchés font eux-mêmes le moratoire, la réduction de la dette Grecque en la cotant à 50 % du pair , donc il faut partir de cette donnée et racheter la dette Grecque sur les marchés. Pourquoi dépenser 100 % pour créer de la nouvelle dette alors que l’on peut d’abord racheter l’ancienne décotée pourquoi payer le 100 % aux banques et aux marchés quand eux-mêmes acceptent de vendre à 50 % ? Le rachat de la dette dépréciée sur les marchés crée une situation transitive comme dirait Soros, un cercle positif. La dette étant achetée bon marché, la puissance de feu des intervenants qui soutiennent la Grèce se trouve bonifiée puisqu’ils économisent la décote, les opérateurs de marché cessent de vendre à découvert, la spéculation est muselée etc Le fameux bail-in voulu par les allemands est réalisé puisque le privé vend à perte.
    La BCE est critiquable non parce qu’elle tente contre vents et marées de tenir le cap d’une politique de défense de la monnaie, non parce qu’elle refuse d’être inflationniste, mais parce qu’elle ne tient pas compte du fait que le monde a changé depuis le temps de la BUBA.
    Il n’y a plus de référents, plus d’ancrage, tout glisse, tout fluctue, c’est la loi du plus fort et ni la BCE ni les Allemands ne l’ont compris. Ils croient la magie de la valeur, la vraie valeur fondamentale que les gouvernements et les fonctionnaires seraient seuls à connaître et surtout qu’ils seraient capables d’imposer.
    Les allemands finalement commettent l’erreur de leur grand philosophe Hegel, ils croient que leurs idées s’imposent magiquement d’elles-mêmes. Lénine a pourtant montré que pour imposer ses idées, il fallait la force, l’armée et dialectiquement savoir utiliser les forces de l’adversaire. Comme je l’ai écrit par ailleurs les Allemands partent en short au pole nord.
    La première étape des solutions à la crise c’est d’accepter le réel, d’en prendre acte et de monter un plan à partir de ce réel et non à partir d’élucubrations d’un autre age.

  3. Tout a commencé en 1992. Les dirigeants politiques français et les électeurs français ont choisi de voter « oui » à la monnaie unique en 1992. Cette erreur historique de la monnaie unique trouve son aboutissement aujourd’hui.

    En ce qui me concerne, je répète ce que je disais en 1992 (et des millions d’électeurs français aussi) :

    « Les pays européens ne peuvent pas avoir la même monnaie. »

    Quand on aura compris ça, il faudra bien un jour en tirer les conséquences.

    En attendant, le naufrage continuera.

  4. Dernières nouvelles du Titanic « ZONE EURO » :

    Mercredi 13 juillet 2011 :

    Trois crans de moins. C’est la sanction décidée par l’agence de notation financière Fitch, qui a dégradé sa note sur la Grèce, qui passe donc de B+ à CCC. En clair, l’agence considère maintenant qu’un défaut de paiement du pays est une « possibilité réelle ».

    Une décision jugée « incompréhensible » par le ministre des Finances grec. Plus encore que le gouvernement d’Athènes, c’est l’Europe que critique l’agence Fitch, évoquant « l’absence d’un plan crédible et dûment financé » de l’UE et du Fonds monétaire international. Les deux instances peinent en effet à se mettre d’accord sur un second programme de prêts, après un premier plan de 110 milliards d’euros adopté en mai 2010.

    Au sein même de l’Union, les dirigeants peinent à se mettre d’accord. D’abord annoncé pour vendredi, un sommet extraordinaire de la zone euro devrait se tenir la semaine prochaine. L’Allemagne avait d’abord exprimé des réticences sur la tenue d’une telle réunion, attendant d’en savoir plus sur une participation du secteur privé, avant d’en accepter le principe mercredi.

    Pour Romano Prodi, ancien président de la Commission européenne et ancien Premier ministre italien, l’Europe a « lourdement échoué » à surmonter la crise de la dette. Il appelle notamment Berlin à « assumer un rôle de direction ».

    Dans une lettre ouverte, le président de la Fondation Robert Schuman, Jean-Dominique Giuliani, fulmine : « le spectacle que donnent les Européens face à la crise grecque est un véritable désastre ». A force de tergiverser, prévient-il, « l’Europe danse au bord du gouffre ».

    http://www.europe1.fr/Economie/La-Grece-s-enlise-dans-la-crise-628525/

  5. Vendredi 15 juillet 2011 :

    Italie : CDS à 5 ans : 302 026 dollars pour un prêt de 10 millions de dollars. Record historique battu.

    http://www.bloomberg.com/apps/quote?ticker=CITLY1U5:IND

    Espagne : CDS à 5 ans : 345 985 dollars pour un prêt de 10 millions de dollars.

    http://www.bloomberg.com/apps/quote?ticker=CSPA1U5:IND

    Irlande : CDS à 5 ans : 1 128 891 dollars pour un prêt de 10 millions de dollars. Record historique battu.

    http://www.bloomberg.com/apps/quote?ticker=CT777651:IND

    Portugal : CDS à 5 ans : 1 143 068 dollars pour un prêt de 10 millions de dollars. Record historique battu.

    http://www.bloomberg.com/apps/quote?ticker=CPGB1U5:IND

    Grèce : CDS à 5 ans : 2 428 758 dollars pour un prêt de 10 millions de dollars. Record historique battu.

    http://www.bloomberg.com/apps/quote?ticker=CGGB1U5:IND

  6. Dimanche 17 juillet 2011 :

    Le chef de la Bundesbank opposé aux euro-obligations pour aider Athènes.

    Le chef de la banque centrale allemande a fustigé dimanche dans la presse l’idée d’émettre des euro-obligations garanties par les Etats de la zone euro afin d’aider la Grèce, et douté de l’efficacité d’un allègement de la dette grecque dans le contexte actuel.

    « Il n’y a rien de mieux pour détruire rapidement et durablement une solide politique budgétaire qu’une garantie commune des dettes des Etats », fustige Jens Weidmann dans un entretien au journal allemand Bild am Sonntag.

    « C’est exactement ce que certains politiques et économistes proposent, avec les euro-obligations, pour résoudre les problèmes de la Grèce », précise-t-il.

    M. Weidmann estime qu’avec cette option « les contribuables européens, en particulier allemands, auront à assumer la totalité de la dette grecque », et qu' »il s’agirait d’un pas important vers une union des transferts, que l’Allemagne a jusqu’à présent écartée à juste titre ».

    Par ailleurs, selon le banquier central, « la Grèce consomme bien plus qu’elle ne produit, les comptes nationaux montrent des déficits importants » et « tant que cette situation perdurera, même un allègement de la dette n’apportera pas de véritable amélioration ».

    L’idée de créer des euro-obligations garanties par des Etats mieux notés que la Grèce par les agences d’évaluation financière, et bénéficiant de ce fait de taux d’intérêts plus bas, est avancée par certains pour répondre aux problèmes d’Athènes et à ceux des pays plongés dans une situation économique similaire.

    Alors que les Allemands rejettent catégoriquement toute option se traduisant par une augmentation des impôts, les euro-obligations entraîneraient une hausse du loyer de l’argent pour les pays qui la mettraient en place.

    Dans un sondage publié par Bild am Sonntag dimanche, 60 % des Allemands disent avoir « peu ou très peu confiance » dans la monnaie européenne, contre 54 % en décembre.

    http://www.boursorama.com/infos/actualites/detail_actu_marches.phtml?num=408cad97af5db7a5d81dd7d7413561b7

  7. Lundi 18 juillet 2011 :

    Zone euro : aujourd’hui, les taux des cinq Etats en faillite ont explosé.

    Les courbes sont en train d’augmenter de façon exponentielle.

    Italie : taux des obligations à 2 ans : 4,574 %.

    Italie : taux des obligations à 10 ans : 5,970 %. Record historique battu.

    http://www.bloomberg.com/apps/quote?ticker=GBTPGR10:IND

    Espagne : taux des obligations à 2 ans : 4,559 %. Record historique battu.

    Espagne : taux des obligations à 10 ans : 6,316 %. Record historique battu.

    Portugal : taux des obligations à 2 ans : 20,359 %. Record historique battu.

    Portugal : taux des obligations à 10 ans : 12,675 %.

    Irlande : taux des obligations à 2 ans : 23,222 %. Record historique battu.

    Irlande : taux des obligations à 10 ans : 14,079 %. Record historique battu.

    Grèce : taux des obligations à 2 ans : 35,976 %. Record historique battu.

    Grèce : taux des obligations à 10 ans : 18,211 %. Record historique battu.

  8. Mardi 19 juillet 2011 :

    Espagne : le Trésor émet 4,45 milliards d’euros de bons 12-18 mois, taux en forte hausse.

    Le Trésor espagnol a émis mardi pour 4,45 milliards d’euros de bons à 12 et 18 mois, a annoncé la Banque d’Espagne, le pays souffrant d’une forte hausse des taux d’intérêt dans un contexte de tension sur les marchés.

    Les taux ont particulièrement bondi sur l’émission à 12 mois, à 3,702 %, contre 2,695 % lors de la dernière émission de cette échéance le 14 juin, tandis que sur celle à 18 mois, ils ont également augmenté, à 3,912 %, contre 3,26 %, également le 14 juin.

    Ces taux sont aussi très supérieurs à la tendance du marché, les bons espagnols à 12 mois ayant clôturé lundi à un taux de 2,100 %, ceux à 18 mois à 2,350 %.

    http://www.romandie.com/news/n/Espagne_le_Tresor_emet_445_mrd_d_EUR_de_bons_12_18_mois_taux_en_forte_hausse190720111107.asp

  9. La chancelière allemande Angela Merkel a prévenu mardi qu’un sommet des dirigeants de la zone euro prévu jeudi, et consacré à l’élaboration d’une nouvelle aide pour la Grèce, n’aurait pas de résultat « spectaculaire ».

    « Quiconque veut prendre ses responsabilités politiques le sait bien : il n’y aura pas de grande avancée spectaculaire d’un coup, pas demain, pas jeudi », a déclaré la chancelière lors d’une conférence de presse avec le président russe Dmitri Medvedev.

    Il y a en Europe « un fort désir de faire un grand pas, un pas final, de préférence spectaculaire pour mettre fin à plus d’un an de spéculations et de revirements de situation », a dit la chancelière.

    « J’entends prononcer des mots comme restructuration de la dette, obligations européennes, union de transferts, et cela donne l’impression que le sujet ‘Grèce’, le sujet ‘euro’ pourront ensuite être mis de côté ».

    Mais tout en qualifiant ce désir de faire table rase d’« humain », elle a déclaré : « Je ne vais pas y céder, le gouvernement allemand ne va pas y céder ».

    http://www.lesoir.be/actualite/economie/2011-07-19/merkel-ne-s-attend-pas-un-a-resultat-spectaculaire-lors-du-sommet-de-jeudi-851982.php

  10. Regardons le problème d’actualité : la Grèce.

    1- Il aurait fallu que les autres Etats européens donnent 350 milliards d’euros à la Grèce. C’était le seul moyen de régler le problème de la Grèce. Mais ils n’ont pas voulu.

    2- Il aurait fallu que les autres Etats européens fassent passer le budget fédéral européen à 25 % du PIB de l’Union Européenne. C’était le seul moyen pour passer au fédéralisme. Mais ils n’ont pas voulu : ils ne veulent même pas faire passer le budget fédéral européen à 1,11 % du PIB de l’Union Européenne ! Ils veulent que le budget fédéral reste à 1 % du PIB ! Je dis bien : 1 % du PIB. Le fédéralisme, c’est du pipeau pour les bisounours.

    3- Il aurait fallu que les autres Etats européens créent des euro-obligations. C’était le seul moyen pour que les cinq PIIGS arrêtent de se surendetter toujours davantage. Mais les autres Etats européens n’ont pas voulu.

    Conclusion : ils ont décidé … de prêter de l’argent à la Grèce ! Comme d’hab. Et ça va foirer lamentablement.

    Comme d’hab.

  11. Le sauvetage de la Grèce va coûter 15 milliards d’euros à la France.

    Les dirigeants de la zone euro ont validé, jeudi soir, un plan d’aide de 109 milliards d’euros pour sauver la Grèce de la faillite. Ce plan d’aide va coûter environ 15 milliards d’euros à la France, a annoncé, ce vendredi, François Fillon.

    http://www.ouest-france.fr/actu/actuDet_-Le-sauvetage-de-la-Grece-va-couter-15-milliards-d-euros-a-la-France_39382-1882831_actu.Htm

    En clair :
    – Les Etats européens sont déjà surendettés. Les Etats européens vont se surendetter encore plus pour pouvoir prêter de l’argent à la Grèce.

    – Le deuxième plan de sauvetage de la Grèce va coûter 15 milliards d’euros à la France.

    – De toute façon, la Grèce sera incapable de rembourser ses dettes.

    – L’Union Européenne, c’est ça : des Etats européens surendettés se surendettent encore plus pour aider des Etats en faillite, qui ne les rembourseront jamais.

    – L’Union Européenne, c’est un suicide collectif.

    – Prochains épisodes : l’Italie et l’Espagne.

  12. Jeudi 21 juillet 2011 : réunion des chefs d’Etat et de gouvernement européens.

    Vendredi 22 juillet 2011 : les taux des obligations de l’Italie et de l’Espagne repartent à la hausse.

    Lundi 25 juillet 2011 : les taux des obligations de l’Italie et de l’Espagne sont en forte hausse.

    Dans la zone euro, qui sera le prochain domino à tomber ?

    L’Italie ?

    Ou l’Espagne ?

    Italie : taux des obligations à 2 ans : 3,990 %.

    http://www.bloomberg.com/apps/quote?ticker=GBTPGR2:IND

    Italie : taux des obligations à 10 ans : 5,661 %.

    Espagne : taux des obligations à 2 ans : 4,155 %.
    Espagne : taux des obligations à 10 ans : 6,028 %.

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