Les Européens en short au pole nord par Bruno Bertez

Afin de bien montrer la différence entre la culture anglo-saxonne et la culture d’Europe continentale et singulièrement l’Allemande il est possible de donne un exemple qui ressort de l’attitude face aux marchés.
Les anglo-saxons croient aux indications fournies par les marchés et ils y croient tellement qu’ils ne se privent pas de les manipuler pour leur faire faire ou faire dire ce qu’ils souhaitent. Les anglo-saxons se font en quelque sorte des alliés des marchés, ils s’en servent, prennent appui sur leur force un peu comme l’on fait au judo.
Les Européens ne reconnaissent pas la valeur des indications fournies par les marchés, ils les critiquent, les nient et par tous les moyens, ils s’arque boutent pour les contrer.
On le voit depuis le début de la crise l’Europe refuse la transparence, refuse les prix de marché, elle va même jusqu’à nier la valeur des travaux des agences de rating lesquelles évidemment travaillent par et pour les marchés. Barnier parle d’une loi contre les agences de rating!

source Wall Street Journal
En clair d’un côté on reconnaît les marchés et l’on s’en fait des alliés ; de l’autre on les nie et l’on s’en fait des ennemis.
PLUS DE BERTEZ EN SUIVANT :
Souvenez-vous c’est la vieille culture de la BUBA qui avait pour politique de surprendre, de prendre à contre-pied les marchés.
De temps à autre la BUBA gagnait, mais c’était avant, avant le formidable développement de la grande communauté spéculative mondiale voulue, suscitée par les Etats-Unis.
Pour gagner contre les marchés, il faut les prendre à leur propre jeu et les manipuler avec leurs propres règles.
Ainsi dans le cas présent, il est évident que l’une des solutions les moins coûteuses face a la crise de solvabilité de l’Europe périphérique est de reconnaître la valeur dépréciée des dettes des PIIGS et d’en tirer profit. Les marchés font eux-mêmes le moratoire, la réduction de la dette Grecque en la cotant à 50 % du pair , donc il faut partir de cette donnée et racheter la dette Grecque sur les marchés. Pourquoi dépenser 100 % pour créer de la nouvelle dette alors que l’on peut d’abord racheter l’ancienne décotée pourquoi payer le 100 % aux banques et aux marchés quand eux-mêmes acceptent de vendre à 50 % ? Le rachat de la dette dépréciée sur les marchés crée une situation transitive comme dirait Soros, un cercle positif. La dette étant achetée bon marché, la puissance de feu des intervenants qui soutiennent la Grèce se trouve bonifiée puisqu’ils économisent la décote, les opérateurs de marché cessent de vendre à découvert, la spéculation est muselée etc Le fameux bail-in voulu par les allemands est réalisé puisque le privé vend à perte.
La BCE est critiquable non parce qu’elle tente contre vents et marées de tenir le cap d’une politique de défense de la monnaie, non parce qu’elle refuse d’être inflationniste, mais parce qu’elle ne tient pas compte du fait que le monde a changé depuis le temps de la BUBA.

source Der Spiegel
Il n’y a plus de référents, plus d’ancrage, tout glisse, tout fluctue, c’est la loi du plus fort et ni la BCE ni les Allemands ne l’ont compris. Ils croient la magie de la valeur, la vraie valeur fondamentale que les gouvernements et les fonctionnaires seraient seuls à connaître et surtout qu’ils seraient capables d’imposer.

source Financial Times
Les allemands finalement commettent l’erreur de leur grand philosophe Hegel, ils croient que leurs idées s’imposent magiquement d’elles-mêmes. Lénine a pourtant montré que pour imposer ses idées, il fallait la force, l’armée et dialectiquement savoir utiliser les forces de l’adversaire. Comme je l’ai écrit par ailleurs les Allemands partent en short au pole nord.

source The Economist


La première étape des solutions à la crise c’est d’accepter le réel, d’en prendre acte et de monter un plan à partir de ce réel et non à partir d’élucubrations d’un autre age.
BRUNO BERTEZ LE 13 Juillet 2011
EN LIEN:
L’Edito : Les contradictions explosent Par Bruno Bertez
EN BANDE SON :
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Jeudi 14 juillet 2011 :
Irlande : CDS à 5 ans : 1 082 812 dollars pour un prêt de 10 millions de dollars. Record historique battu.
http://www.bloomberg.com/apps/quote?ticker=CT777651:IND
Portugal : CDS à 5 ans : 1 094 835 dollars pour un prêt de 10 millions de dollars.
http://www.bloomberg.com/apps/quote?ticker=CPGB1U5:IND
Grèce : CDS à 5 ans : 2 364 070 dollars pour un prêt de 10 millions de dollars. Record historique battu.
http://www.bloomberg.com/apps/quote?ticker=CGGB1U5:IND
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Les Allemands arriveront-ils à surpasser leur maître à penser, Steven Seagal?
Quelle arme absolue Mario et Trichet vont-ils se résigner à utiliser pour triompher des infâmes agences de notation?
La France perdra-t-elle son triple A?
La suite au prochain épisode!
http://www.nanarland.com/play_ilsontdit.php?aud=54
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Zone euro : l’Allemagne opposée à l’organisation d’un sommet à tout prix.
L’Allemagne est opposée à l’organisation à tout prix d’un sommet européen dans les prochains jours, Berlin ne jugeant une telle rencontre sensée que si un programme d’aide pour la Grèce concret y est adopté, a déclaré vendredi un porte-parole du gouvernement.
http://www.boursorama.com/infos/actualites/detail_actu_marches.phtml?num=269b2015947a8e62114b1d1ebabe9ca9
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Vendredi 15 juillet 2011 :
Aujourd’hui, les taux des cinq Etats en faillite ont explosé.
Les courbes sont en train d’augmenter de façon spectaculaire.
Italie : taux des obligations à 2 ans : 4,222 %.
Italie : taux des obligations à 3 ans : 4,794 %.
Italie : taux des obligations à 10 ans : 5,757 %.
Espagne : taux des obligations à 2 ans : 4,224 %.
Espagne : taux des obligations à 3 ans : 4,820 %.
Espagne : taux des obligations à 10 ans : 6,071 %.
Irlande : taux des obligations à 2 ans : 23,114 %. Record historique battu.
http://www.bloomberg.com/apps/quote?ticker=GIGB2YR:IND
Irlande : taux des obligations à 3 ans : 22,619 %. Record historique battu.
Irlande : taux des obligations à 10 ans : 14,037 %. Record historique battu.
Portugal : taux des obligations à 2 ans : 19,372 %. Record historique battu.
Portugal : taux des obligations à 3 ans : 20,177 %. Record historique battu.
Portugal : taux des obligations à 10 ans : 12,680 %.
Grèce : taux des obligations à 2 ans : 33,064 %. Record historique battu.
http://www.bloomberg.com/apps/quote?ticker=GGGB2YR:IND
Grèce : taux des obligations à 3 ans : 32,671 %. Record historique battu.
Grèce : taux des obligations à 10 ans : 17,578 %.
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« En Europe, nous avons un rendez-vous avec le destin. C’est la politique et non plus la finance dont nous pouvons attendre le salut. Les politiciens ne peuvent plus commettre d’erreurs. Comme sur le Titanic, même les passagers de première classe ne sont pas à l’abri. »
(Giulio Tremonti, ministre des Finances italien, 15 juillet 2011)
http://www.pauljorion.com/blog/?p=26233
Giulio Tremonti compare l’Union Européenne au Titanic.
Il a raison.
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