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La Dérégulation bancaire des années 80 et 90 a conduit à davantage de concentration et à un risque systèmique accru

La Dérégulation bancaire des années 80 et 90 a conduit à davantage de concentration et à un risque systèmique accru

 

Régulation : La déconcentration bancaire semble de plus en plus probable .

Suppressions d’emplois dans le secteur bancaire. L’ambiance est au cost cutting. UBS se préparerait à en éliminer plusieurs milliers dans l’investment banking. Invoquant la baisse des revenus dans les opérations de trading, les majors américains en font autant. Crise de la dette européenne, instabilité du marché des matières premières, retard du décollage de l’économie américaine, ralentissement de la croissance chinoise, les investisseurs hésitent à prendre des risques, les volumes de trading chutent en conséquence, et la fragilité de l’économie n’encourage guère les crédits. A quoi s’ajoute le poids des nouvelles règlementations.

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Morgan Stanley annonce des coupes d’un milliard de dollars dans sa division de Wealth Management et Goldman Sachs envisage des mesures du même ordre dans les douze prochains mois.

Le modèle des grandes banques, déjà très compromis par la crise de 2008, montre à nouveau des signes de faiblesse.

La métamorphose de l’industrie bancaire américaine date des années 1970 et 1980, au cours desquelles le secteur a bénéficié d’un processus de déréglementation, le libérant des contraintes de localisation intra et inter Etats. Avec un décloisonnement de ses activités menant à une forte concentration du secteur. Les réglementations, abolies entre 1970 et 1990, avaient pour origine le Banking Acting de 1935. Avec des conséquences globalement peu convaincantes.  

On considérait à la fin des années 1930 que c’était leur activité boursière qui avait provoqué les difficultés des banques. La réaction à la crise économique de 1929, attribuée à une trop grande liberté du système bancaire, a interdit aux banques toute prise de position en Bourse et toute prise de participation dans le capital des entreprises, à moins de se spécialiser dans cette activité. Conséquence: pas de crise bancaire de 1935 à 1987.

Suite à la dérèglementation, le secteur bancaire américain s’est fortement concentré. Le nombre total de banques a chuté de près de 60% entre 1980 et 1997. Idem en Europe.

 La déréglementation provoque la concentration du secteur par expansion des grandes banques au détriment des petites . Sur la période 1986-1997, on observe une diminution sensible des contraintes réglementaires culminant avec la deuxième directive bancaire de la Commission Européenne de 1993 qui créée  un marché unique des services financiers. L’avènement de l’euro en 1999, en instaurant une cohérence de l’espace monétaire européen, en renforce encore l’unité. Comme aux Etats-Unis, et dans son sillage, la porte s’ouvre à la concentration du secteur. Les chiffres de la BRI confirment cette tendance avec une chute de 30% du nombre d’institutions financières sur la période 1988-97.

Souvenons-nous des stars de la finance des années 1980, absorbées par les grands groupes bancaires au cours des années 1990. SG Warburg repris par SBS en 1995, Indosuez devenu filiale du Crédit Agricole en 1996, Morgan Grenfell et Bankers Trust acquis par Deutsche Bank en 1990 et 1999, Paribas fusionnée avec la BNP en 2000. Les talents de l’époque ont tous été engloutis au sein de l’anonymat des géants. Les genres se sont confondus. Et l’expertise a disparu au nom d’une concentration sanctifiée par les politiques économiques. Comme si la compétence n’avait plus droit à l’individualité.

Et si on parlait sérieusement de risque systémique?

N’est-il pas temps que cloisonnement et spécialisation, garanties efficaces contre le risque systémique, relèvent la tête.  L’industrie financière de qualité existe toujours. Lazard Frères, Mediobanca et aujourd’hui Banca Leonardo ou Oddo, pour les banques d’affaires. Les banques privées et régionales remplissent leur rôle. Et l’Asset Management est déjà aux mains des gestionnaires de fonds.

N’avons-nous pas tout à gagner à une déconcentration des modèles bancaires?

Cloisonnement des activités, meilleure définition des rôles, responsabilisation des dirigeants, diminution du risque systémique. Banque d’affaires, courtage, gestion de fortune, crédit. A chacun son métier. 

Nicolette de Joncaire/agefi juil11


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