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L’or au distributeur en Chine

L’or au distributeur en Chine

Malmené en septembre, l’or a finalement retrouvé de son éclat ces dernières semaines profitant du regain de confiance sur les places financières. La demande pour le métal précieux est tirée par les pays qui ne connaissent pas la crise : l’Inde, le Moyen-Orient et surtout la Chine où depuis début octobre, les lingots s’achètent au distributeur comme le soda.

Les poissons rouges ne sont pas rouges en Chine mais « dorés », il n’est donc pas étonnant d’en trouver un plein aquarium à l’entrée de Gongmei, la société chargée d’installer le premier distributeur de lingots dans l’une des artères commerçantes les plus anciennes de la capitale chinoise. La date choisie pour l’implantation de l’étrange machine vient d’ailleurs souligner le symbole. Le premier distributeur exploité par la Banque commerciale agricole de Pékin et son fabricant allemand a fait son apparition au cœur de la semaine des « vacances (dites) en or », long-pont effectué à l’occasion de la fête nationale début octobre.

 2 000 de ces distributeurs devraient être déployés chez les bijoutiers, dans les clubs privés et autres commerces sécurisés, assurent ses promoteurs, alors que la demande pour le métal jaune a fait un bond de 27% l’an passé, avec l’achat de 580 tonnes d’or, ce qui place la Chine juste derrière l’Inde (et ses 963 tonnes). Les deux géants asiatiques se talonnent. Selon un rapport publié par le Conseil mondial de l’or en mai dernier, la consommation des Chinois aurait même dépassé celle des Indiens au premier trimestre de cette année. Le Conseil estimant par ailleurs que la demande chinoise devrait doubler d’ici à 2020.

 Garantie contre l’inflation

 Alors d’où vient un tel appétit ? L’or en Chine est d’abord une garantie contre l’inflation. Pour les ménages chinois qui ont vu s’envoler les prix de tous les jours de plus de 6% en trois ans, le métal précieux est en effet un moyen de ne pas voir fondre son épargne. Les ventes d’or sont de surcroît encouragées par le gouvernement qui cherche à divertir les épargnants des placements immobilier. Les autorités faisant tout pour démotiver les investissements dans le foncier afin d’enrayer la spéculation et les risques de bulle immobilière.

 Les banques chinoises d’Etat et privées ont donc suivi le mouvement. ICBC, la Banque industrielle et commerciale de Chine propose ainsi depuis 2010 des comptes épargne en or à ses clients. La première banque mondiale en termes de capitalisation boursière est aussi l’une de celles qui attirent le plus grand nombre de clients. Impossible de passer à sa banque en coup de vent en Chine où il faut souvent s’armer de patience et d’un numéro comme chez le boucher avant d’arriver au guichet. En attendant pour patienter, point de distributeur automatique mais des vitrines avec les mêmes lingots, les mêmes médailles dorées destinés à répondre à la boulimie des clients.  La baisse des cours a donc eu pour effet de relancer la demande asiatique, quand les investisseurs occidentaux vendaient à tout va pour tenter de couvrir leurs pertes sur d’autres marchés. 

En Chine visiblement, les fonds d’investissements avaient un besoin de liquidité moins important dans l’immédiat. Les seules à souffrir  finalement de cette chute des cours ont été les petites entreprises ; car le métal précieux est aussi bien souvent un outil pour accéder au crédit. Face à des prêts rendus plus difficiles, les PME chinoises utilisent l’or ou le cuivre pour garantir leurs emprunts. Une baisse des cours entrainant automatiquement la diminution des garanties et donc des emprunts.

 Par Stéphane Lagarde/rfi oct11


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