Commentaire de Marché

Inflation: la bonne, la brute et la truande

Inflation: la bonne, la brute et la truande

Retour sur trois types d’inflation en réalité forts différents: la bonne inflation, la brute et la truande

Subrepticement, l’inflation revient sur le devant de la scène. Au Royaume-Uni, elle dépasse 5%. Sur le continent européen, elle a fait un bond inattendu, à 3% – un seuil largement dépassé la semaine dernière aux Etats-Unis. Pourtant, une majorité d’économistes exclut qu’elle puisse devenir une menace sérieuse. Encore faut-il s’entendre sur le type d’inflation auquel nous pourrions être confrontés.

Les manuels d’économie nous apprennent qu’il en existe deux. Il y a d’abord l’inflation qui naît d’un excès de demande par rapport à l’offre, une situation caractéristique de la «surchauffe» économique.

L’autre phénomène à l’origine de la hausse des prix est l’augmentation des coûts de production, qu’il s’agisse des matières premières ou des salaires. L’indexation automatique de ces derniers à l’inflation peut donner lieu à l’interaction simultanée des deux types d’inflation.

Le fameux film de Sergio Leone me donne à penser qu’il y a en fait trois types d’inflation.

 Commençons par la moins catholique des trois, la truande. Elle sévit là où les touristes sont en manque d’alternatives. Vous êtes partis visiter à vélo la Vallée des Rois en Egypte par 45 degrés à l’ombre? Ne soyez pas surpris d’y payer 8 euros la bouteille d’eau. Petite, bien sûr. Se faire truander, c’est aussi possible lors d’événements ponctuels, comme le passage à l’euro. Question arrondis, beaucoup de commerçants se sont alors simplifié la tâche. Un café coûtait 1000 lires en Italie? Il faut désormais débourser 1 euro. Au taux de conversion de 1936 lires pour 1 euro, le prix du petit noir a pratiquement doublé.

La bonne inflation, c’est celle qui est exclue par une majorité d’économistes aujourd’hui. Et pour cause: la surchauffe qui fait monter les prix, nous la trouvons dans les économies qui flambent. Il y a bien eu quelques étincelles en Chine et en Inde en début d’année, vite refroidies par quelques hausses de taux directeurs bien senties. Partout ailleurs, nous sommes malheureusement très loin de la surchauffe. Dommage, on aimerait s’y frotter à cette inflation-là.

Reste la brute. Non pas celle liée aux tensions sur le cours du brut, qui sous-tendent une bonne partie des hausses de prix actuelles. L’inflation naît ici d’une émission excessive de monnaie, visant à financer les déficits de l’Etat. L’Allemagne en 1923, la Hongrie en 1946, le Zimbabwe en 2008: le XXe siècle a connu vingt-cinq autres cas d’hyperinflation, où les prix pouvaient aller jusqu’à doubler toutes les vingt-quatre heures.

La monétisation de la dette en était chaque fois la cause première. Cette inflation-là, c’est comme la bouteille de ketchup que l’on secoue désespérément sur son assiette. Inattendu, l’épilogue est souvent brutal.

Par Michel Girardin  Union Bancaire Privée.oct11


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1 réponse »

  1. Ne pas oublier la quatrième: des hausses ponctuelles mais possiblement durables liées à des ruptures de la supply chain. A prévoir après l’écroulement général…

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