Commentaire de Marché

Jean Tulard (Historien) : Le coupable, c’est l’État, pas la finance

Jean Tulard (Historien) : Le coupable, c’est l’État, pas la finance

8 réponses »

  1. Une expression encore plus juste ne serait-elle pas: le coupable c’est l’Etat plombé par le poids électoral croissant de la rente et noyauté par le lobby de la finance? Aux Etats-Unis c’est évident (plus encore depuis que les personnes morales peuvent financer sans limite les candidats), en France le phénomène est incarné par l’Inspection des finances et ses allers-retour public/privé. Qui est “coupable”, si cette expression peut avoir un sens autre que pénal? Une oligarchie de droite et de gauche qui a organisé l’usine à gaz de la dette, grâce à l’action conjuguée de la loi de 1973, de l’affaiblissement de la progressivité de l’impôt, de la subordination de l’objectif du plein emploi à celui de l’inflation, de la fixité du taux de change due à l’euro et du libre échange qui ensemble ont achevé de pénaliser l’industrie française, de la mise en place du couple infernal banques/dette souveraine (Bâle II..), de la prise en otage des dépôts grâce à la déréglementation … etc. Il me semble que Jean Tulard, sauf le respect que je lui dois, a une vision un peu simpliste du phénomène (l’ “Etat” n’est qu’un abstraction); mais sur l’issue (la banqueroute), il a raison.

    • Je suis d’accord concernant le fait de parler de ces causes, cependant, parler de baisse de la progressivité de l’impôt, de la loi Pompidou sans parler de l’évolution des dépenses de 37% à 56% ou de la baisse de la dette d’états qui ont les mêmes contraintes me semble fort tendancieux.

      • Vous avez raison. Une partie de la dette – et de l’excès de pression fiscale- est due à la dérive des dépenses, mais il faut voir le problème dans une perspective à la fois plus large et plus dynamique, ce que refusent de faire les libéraux du type Salin ou Verdier-Molinié, enfin tous les libéraux porte-voix du message dominant .

  2. encore de la mauvaise foi typique des libéraux:les banques falsifient leur comptabilité et volent leurs clients:c’est l’etat!ben non ,je ne vois aucun texte de loi qui force les banques a le faire,au contraire.elles ont donc agi de leur propre initiative

    • Les banques falsifient leur compta, en effet. Cependant :
      -Les banques, c’est qui ? On trouve des ENArques à leur tête, les mêmes qu’à l’époque où les banques étaient nationalisées.
      -Qui fait en sorte que celles-ci sont assurées d’être sauvées quoiqu’elles fassent ? L’État. Cela se justifie-t’il parce qu’elles sont TBTF ? Elles ne le sont que parce qu’on applique le principe de réserve fractionnaire, qui fait que si la banque fait faillite, votre épargne disparaît. Avec une réserve entière, vous aurez autant la possibilité de récupérer votre épargne que de récupérer votre chemise si votre pressing fait faillite.
      -Ces falsifications sont un secret de polichinelle, qui fait en sorte que ces falsifications sont tolérées ? L’État, les banques centrales,…

      Si l’état donne le droit à votre voisin le droit de vous tuer et qu’il attente à votre vie, est-ce l’état ou votre voisin le responsable ?

      • “Si l’état donne le droit à votre voisin le droit de vous tuer et qu’il attente à votre vie, est-ce l’état ou votre voisin le responsable ?”c’est clairement mon voisin le responsable avec la complicité de l’état.l’etat donne le droit mais pas l’obligation.qu’est ce qui fait que je n’ai pas envie d’ecraser et spolier mon prochain alors que c’est la grande mode?ça s’appelle la conscience.rien n’empeche de laisser les banques faire faillite,de laisser la banque de france prendre leur tutelle et de garantir les comptes jusqu’a 120 keuros max en imprimant comme le fait la bce.je suis le premier a vouloir beaucoup plus de libéralisme étant commerçant.seulement il faut bien se rendre a l’evidence:c’est le libéralisme qui a été aux manettes.quant aux libéraux ils se distinguent par leurs mauvaises fréquentations(madelin) et leur mauvaise foi absolue.c’est un signe de faiblesse qui déssert leur cause pourtant juste.pour terminer sur les falsifications des bilans des banques:l’etat est au courant mais seulement d’une partie.le système est devenu tellement opaque et compliqué que personne ne maitrise plus rien,meme bernanke.s’il savait ou il voulait aller nous en aurions une idée.mais voila ils sont tous dépassés,alors ils gagnent du temps

  3. L’explication de Tulard tombe dans un navrant simplisme malgré toutes ses références historiques : le coupable, c’est la finance ET l’Etat. Une collusion politico-financière qui assure une rente perpétuelle à cette petite oligarchie (on peut l’appeler les 1% si on veut), qui fonde son pouvoir sur la dette et le pillage des nations.

    D’autres appellent cette alliance objective entre le capital et la politique le “capitalisme de connivence”.

  4. La transcription : Alors, je poserais le regard de l’historien sur les deux discours, sur celui de Monsieur Hollande au Bourget et sur celui du Président Sarkosy.
    Qu’est-ce qui se passe ? Monsieur Hollande dit “Mon ennemi sera la finance !”
    Qu’a dit Monsieur le Président de la République : “Je dénonce la finance xxx “.
    C’est à dire que chaque fois qu’il y a une crise, c’est le financier qui devient curieusement le bouc émissaire.

    Alors remontons dans le temps.
    Enguerrand de Marigny est pendu lorsqu’on découvre à la mort de Philippes le Bel qu’il n’y a rien dans les caisses de l’Etat, le même Philippe le Bel qui avait fait griller les Templiers. Louis XIV, c’est sans doute les difficultés de ses finances, il brise Fouquet, le financier.
    L’As se tire de justesse d’un mauvais sort.
    Sous la Révolution, les Fermiers Généraux sont guillotinés.
    Napoléon fait enfermer Ouvrard le grand banquier de l’époque. Et cela va continue avec les deux cents familles, etc.
    Le responsable, c’est le mouton noir qui est le financier de l’époque . Il suffirait de regarder Le savetier et le financier de La Fontaine où le financier même chez le bon La Fontaine a le sale rôle.

    C’est donc le bouc émissaire.
    Mais le financier lui il gère lui avec l’argent des gogos qui lui ont prêté leurs économies. Mais il gère selon son propre intérêt.
    Le coupable, et ca aucun de ces intervenants ne le dit, le coupable, c’est l’Etat. Car qu’est-ce qui se passe ? L’Etat est endetté, il en est même réduit à emprunter pour payer les intérêts de sa dette. Cela deviens délirant. Et cela vous renvoie à quoi ? Cela vous renvoie à Louis XVI. Louis XVI en 1789, il est tellement endetté et il ne l’a pas volé car qu’est-ce qu’il est allé faire à soutenir les insurgés américains. Et vous me direz après-tout, la Lybie, c’est un peu…(…)
    Le roi, alors qu’il est super endetté ne réagit absolument pas. La conséquence, c’est que le roi, il est guillotiné. Et qu’est-ce qui se passe. Ce que j’ai dit 12 fois, à chaque fois que vous m’avez fait l’honneur de m’inviter, ca ne peut finir que sur une banqueroute. La banqueroute des 2/3 après en 1797, c’était cela. Et il n’y aura pas d’autre chose. Songer au problème de la Grèce. La Grèce, alors on refait des plans de ceci, de cela, et on endette encore plus les banques, on endette encore plus l’Etat alors qu’il était fort simple de dire “Alors, on fait banqueroute, on fait banqueroute comme ce intelligemment les Thermidoriens -les Thermidoriens n’avaient pas dit “On fait banqueroute” -mais ils avaient dit : ” voilà, vous avez prêté 300 francs à l’Etat, eh bien Cher amis, nous vous garantissons, et c’est un bel exemple de, eh bien nous garantissons que nous continueront à payer les intérêts sur 100 francs”. Et ils appellent cette opération, le tiers consolidé. Voyez les Thermidoriens ont été les maitres…

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