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A Chaud!!!!! du Samedi 11 février 2012 :  »Géopolitique: quand Gribouille gére l’Europe » par Bruno Bertez

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A Chaud!!!!! du  Samedi 11 février 2012 :  »Géopolitique: quand Gribouille gére l’Europe » par Bruno Bertez

« L’Europe choisit l’austérité , les Etats Unis la refusent

L’Europe affaiblit ses banques, les Etats Unis les protègent »

 Bill Gross : “We are witnessing the death of abundance and the borning of austerity, for what may be a long, long time”.

Étant marchand de valeurs à revenus fixes , Bill Gross ne peut que parier et prier pour sa paroisse. Les détenteurs d’obligations aiment la déflation, ils sont enclins à prévoir donc des mondes déflationnistes. C’est la même chose pour Rosenberg , ne conseillant que les obligations et les valeurs à haut rendement il a tendance à voir partout les stigmates de la déflation. En passant, chez lui, cela n’est certainement pas lui qui fait les courses et paie les factures. Gross a essayé de se lancer sur les actions, avec les conseils du maestro Greenspan qui y a cru un moment, cela ne lui a pas vraiment réussi. Donc il revient à ses premiers amours et prêche pour elles. 

   Il faut toujours se poser la question de savoir pourquoi les gens parlent, àquel titre, quels intérêts ils défendent, qu’est ce qui les fait vivre etc. Cela aide à décoder. 

Churchill disait et l’étayait par de multiples références historiques que les Etats Unis finissaient toujours par faire ce qu’il fallait après qu’ils aient épuisé toutes les autres alternatives. C’est une nation contradictoire, avec de grandes idées de grandes convictions, mais dans les circonstances sérieuses, ils sont pragmatiques, réalistes et ils  se déterminent cyniquement en fonction de leur seul intérêt. La morale, les valeurs, c’est bon pour les autres, en régime de croisière, par temps calme.

PLUS DE BERTEZ EN SUIVANT :

Contrairement à l’Europe et contrairement aux apparences, la gestion américaine est stratégique, dominée qu’elle est en souterrain par les Instituts comme la Brookings, la Rand, les Think Tanks de la Ivy League , les fondations ,vieilles familles etc. Obama vibrionne c’est d’accord, mais dans d’étroites limites et dans un cadre bien balisé et délimité. Selon toute vraisemblance, il repassera car, comme par hasard, on n’a aligné face à lui que des personnages falots, contestables et contestés.  Sans envergure sauf RON PAUL, mais ce dernier, non establishment est boycotté par les médias.

Obama, les professeurs de la Ivy League le pensent est le meilleur, non pas pour gouverner, mais pour traverser et faire traverser ce passage difficile. Il est l’homme qu’il faut pour préserver les intérêts à long terme des américains et des classes gouvernantes.

On ne peut pas échapper au keynésianisme qui est une sorte d’aumône aux pauvres pour qu’ils ne fassent pas la révolution, on ne peut pas échapper à la dette, mais on a le cynisme de croire que l’on n’aura jamais besoin de la rembourser: Le monde et surtout pas les chinois et les producteurs féodaux du pétrole ne sont en position d’exiger le remboursement ou même de faire la moindre pression. Ils ont bien trop à faire à maintenir  »l’ordre » chez eux et à rester en place.

Pour l’élite américaine, c’est un mauvais moment à passer, les autres ne sont pas en position de contester le droit américain de prélever le maximum sur la richesse mondiale. La crise et c’est essentiel, n’est pas, pour les Américains,  »un game changer »

Leur conviction est que  »The WORLD AMERICA MADE » est le meilleur des mondes possibles et que cela leur donne sinon tous les droits, du moins toutes les justifications.

Voir le livre que vient de publier le stratège Robert Kegan.

Donc ils ne vont pas changer, ils vont forcer le monde à avaler les couleuvres, à accepter de payer le prix pour que l’ordre américain, la Pax American dure et même se renforce ou se restaure.

La grande erreur des Européens est de croire que la crise est game changer, que dorénavant ce ne sera plus comme avant, de croire que les américains sont sur le déclin! Ils ne voient pas que les Etats Unis et leur clone Anglais ne changent qu’à la marge , qu’ils ne font que raboter ce qui est le plus saillant à la fois pour des raisons de politique intérieure et pour l’image extérieure. Sur le fond les Anglo saxons y  croient et veulent que cela continue comme avant. Que le système monétaire et financier reste la pièce centrale du dispositif global , à leur profit.

Le britannique Osborne disait il y a quelques jours qu’il ne laisserait pas les Européens détruire l’industrie britannique, l’industrie pour lui, c’est la City. Les américains bien entendu ne suivent pas les européens dans leur délire contre les banques. Mais cela ne leur déplait pas que Sarkozy fasse le forcing dans ce sens et  porte un coup fatal , si cela se fait et si cela se généralise en Europe, aux concurrents des banques américaines et britanniques. La morale c’est bon pour les autres, surtout quand cela les affaiblit !

L’argent, les capitaux, les flux c’est le nerf de la guerre, c’est ce qui permet, passez la transposition,  »les drones et le caviar », dans le vieux temps on parlait du beurre et des canons, les temps ont changé.

Sarkozy ne l’a pas compris car, en fait il veut des choses contradictoires faute à la fois de bons conseils et de bonne réflexion. Il veut rester dans le monde global avec ses alliés anglo saxons, mais en même temps, il veut préserver , voire revenir aux spécificités européennes radicales socialistes.

Comme nous disait un jour Georges Marchais a l’occasion d’une émission de radio a propos de la malheureuse participation au gouvernement du PC,  »Il ne faut pas faire le grand écart, cela fait mal aux c…lles »

L’Europe, sous la conduite de Merkel et Sarkozy parie sur le fait que le système est au bout du rouleau, au lieu de s’adapter, de faire le gros dos, d’utiliser les subterfuges comme les font les anglo saxons, ils prennent des mesures qui n’ont de chance de réussir que si le système change. Ils ont la naïveté de croire qu’ils vont faire exemple, que l’on va les suivre. Ils taxent leurs fers de lance, leurs citoyens, reréglementent , attachent des boulets aux pieds etc

Dans un monde qui, selon toute vraisemblance continuera d’être dominé par les anglo saxons, au lieu de se préparer, l’Europe reconstruit des lignes Maginot. Ou bien on développe un modèle autonome , on s’isole et cela a un sens de jouer la carte du spécifique , ou bien on fait le pari de la poursuite de la globalisation sous le règne anglo saxons et on fait le maximum pour en tirer parti.

Le maximum pour en tirer parti, c’est tout en ensemble de priorités radicalement opposées, à 180 degrés de ce que l’on fait. Ce n’est pas l’austérité, l’aggravation fiscale et réglementaire, ce n’est pas la distribution, la répartition c’est l’investissement, la reconnaissance des bienfaits du leadership, de l’éducation, du travail productif, la récompense de l’effort, le refus de  la victimisation  .

Ce n’est pas l’idiotie qui consiste à ruiner les pays pour sauver les banques et en même temps à les affaiblir, à les émasculer face à la concurrence.

 Bref le maximum pour en tirer parti , c’est le contraire du Gribouille dans lequel  l’Europe et surtout la France s’enfoncent.

Tout et son contraire n’ont jamais fait une bonne politique.  Seule la cohérence paie. Tout le reste n’est que gaspillage. La politique incohérente des européens les met en première ligne pour payer le prix que les américains vont faire payer au reste du monde pour se sortir, vainqueurs, de la crise.

BRUNO BERTEZ Le 11 Fevrier 2012

EN LIEN : Les Clés pour comprendre : L’illusion de la stabilité produit l’instabilité par Bruno Bertez

EN BANDE SON :  

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NOTE

Le but de l’article ci dessus n’est pas de prendre parti et d’être normatif sur ce qui est bon ou pas bon, ce qu’il faut faire ou ne pas faire.

L’article déplace le point de vue et se place dans une optique géopolitique , ce qui normalement doit être le point de vue d’un vrai dirigeant , au sommet. Le vrai dirigeant voit loin, il a un projet et sait dans quel monde il veut s’inscrire et comment.

Prenant donc le point de vue géopolitique nous mettons en évidence une radicale opposition entre les Etats Unis et l’Europe : les USA disent après la crise tout va continuer comme avant, la crise n’est pas game changer , l’Europe reste dans l’analyse de 2009 , elle est persuadée que la crise est game changer .

Nous ferons remarquer que la Chine et la Russie qui avaient cru un moment que la crise était game changer ont abandonné cette illusion.

A partir de son analyse fausse l’Europe mène une politique contraire à ses intérêts de long terme, elle met en place une politique d^’austérité, certes plus saine , mais qui va faire rétrograder sa place dans le monde sans améliorer son consensus social il faut bien le dire.

L’Europe fait le grand écart entre son maintien dans la globalisation et sa spécificité: comme Marchais a fait en participant au gouvernement mais en maintenant les positions communistes. Il s’est fait laminer.

La Suisse a le même problème , elle voudrait rester spécifique , mais par ses banques , par ses multinationales , elle s’insère dans la globalisation version américaine . Résultat elle se fait laminer, elle passe de jours en jours sous les fourches caudines américaines.

Quand la règle du jeu est imposée par un plus fort il n’y a que deux solutions.soit on se protège et reste spécifique, soit on excelle et on joue le jeu encore mieux que le roi qui l’impose.

Cela a été aussi en son temps le problème de Mitterrand en 82 et 83 il fallait sortir de l’union monétaire ou s’aligner. La France a choisi comme d’habitude de ne pas vraiment choisir, on a vu ce que cela a donné.

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