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L’Edito du 31 Mars 2012 : La répression dans ses œuvres, le grand croc à phynances est prêt Par Bruno Bertez

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L’Edito du 31 Mars 2012 : La répression dans ses œuvres, le grand croc à phynances est prêt Par Bruno Bertez

La répression financière (suite)

 Le premier trimestre 2012 vient de s’achever. Un trimestre étonnant. Etonnant, bien que non spectaculaire, discret.Les indices boursiers ont enregistré une hausse et des  performances historiques, sans faire la « Une » des journaux, sans euphorie, sans volume. Animation minimum, succession de petits pas, de records marginaux en records marginaux, on a réalisé un grand bond.

 

   L’indice S&P 500 a fait un bond de 12% pour une performance totale de 13%. Nous vous rappelons que l’ETF S&P 500  est la valeur phare mondiale, c’est la valeur la plus traitée sur la planète. Le NASDAQ a sauté plus haut encore +18,7 %; APPLE a fait le triple saut périlleux +48%; certaines financières ont gagné plus de 60%; la construction 31%; la distribution 21%. La place américaine n’a pas fait cavalier seul, loin de là,  puisque le DAX allemand a progressé de 17,4% et le Nikkei japonais  de 19,3%.

EXPRIME EN DOLLAR US

S&P500 Secteurs

PLUS DE BERTEZ EN SUIVANT :

Nous avons dit que les volumes étaient faibles; de fait, ils ont chuté de plus de 14% sur le trimestre comparable de l’année 2011.

source The Big Picture

La clientèle finale se dérobe, les fonds mutuels américains souffrent de sorties continues, c’est la cinquième année consécutive de perte de substance et le 11e mois consécutif de sorties, outflows.

source The Big Picture

En sens inverse, les ETF  attirent de plus en plus et ils augmentent leur part de marché. Nous soulignons que la mobilité sur  les ETF est plus grande que sur les mutuals funds, ils sont utilisés pour  spéculer ou hedger.

 D’une façon simplifiée et pour abréger, à en juger par les enquêtes qualitatives, les petits investisseurs, les initiés, les grosses fortunes boudent le marché. A un point tel que la presse n’hésite pas à qualifier le rally :

 « The rally everybody misse », le rally que tout le monde a raté.

On distingue deux phases très nettes et distinctes dans le déroulement et le comportement des marchés depuis le premier Janvier.

Une phase I, du 1er Janvier au 28 Février, où pour ainsi dire tout a monté, tout sauf les Treasuries  longues bien entendu.

Une phase II, du début Mars à maintenant, où tout a glissé à l’unisson, le pétrole, l’or, l’argent, le crédit aussi bien de qualité que le high yield. Tout a glissé sauf les actions qui ont poursuivi leur marche en avant.

On constate donc, fin  Février, date du second LTRO  de la BCE, une cassure, une rupture dans les marchés. La synchronie se brise, les corrélations se disloquent, en particulier entre le S&P 500 et le crédit.

Le LTRO, comme les QE  de la FED, s’est révélé haussier global avant la réalisation effective; derrière cette réalisation, la communauté spéculative s’est dégagée, elle se dégage. La poursuite de la hausse du S&P n’en apparait que plus intrigante.

Chacun sait que les investisseurs guettent les divergences, ils y voient un signal de fragilité des tendances en cours. Des divergences, il y en a d’autres, ainsi les utilities,  n’ont pas confirmé le mouvement des industrielles.

On peut avancer les deux hypothèses classiques:

– Il va y avoir réconciliation, un rattrapage après l’avance prise par les actions, sorte de rotation

– Le complexe pétrole, or, argent, crédit, est précurseur, il préfigure ce qui va se passer sur les actions, l’anomalie de leur fermeté va se corriger. Elles vont faire la pause ou corriger.

Bien entendu, nous ne prenons pas position.

La Bourse n’est plus la libre confrontation des offres et demandes de titres, c’est un outil au service des prétentions volontaristes des régulateurs.

La Bourse est devenue un gigantesque jeu de bonneteau -dixit WIKIPEDIA- un jeu d’argent, de l’ordre de l’escroquerie.

Les banques centrales, maitresses du jeu et leurs complices obligés -car en faillite-  changent la donne, le jeu de la carte, quand cela les arrange, au moment où ils le veulent.

L’objectif de ce que nous n’osons pas appeler leur gestion, est de faire en sorte que le maximum de gens , vous et moi, se séparent de leur argent au profit des gouvernements, des banques et des shadow banques.

Nous vous recommandons la lecture de la note de WIKIPEDIA, vous serez frappés par la justesse de l’analogie. On remplit le bol de punch quand il se fait un peu court, on menace de le retirer quand les gens sont trop ivres, on promet de le resservir etc. On appelle cela le fine tuning et la gestion des anticipations, nous appelons cela le bonneteau.

Sur la base de cette analyse simpliste bien sûr, à titre personnel, nous croyons plutôt à la poursuite du mouvement de hausse; il est trop tôt pour qu’il soit déjà trop tard, les comparses des maîtres du jeu n’ont pas vendu, il est difficile d’imaginer qu’ils vont rester collés.

Les maîtres du jeu et leurs comparses n’en sont qu’au premier stade.

Devinez qui vient diner ce soir ?

Les maîtres du jeu n’en sont qu’au premier stade, celui du racolage des badauds. On sort des parties gagnantes, pour attirer le client, les comparses misent et gagnent bien entendu, ceci est censé convaincre les naïfs. Quand les naïfs vont affluer, quand la foule se pressera, comme par hasard toutes les parties vont se révéler perdantes. le maitre du jeu et ses complices encaissent les mises , c’est a dire qu’ils arrosent, distribuent .

Relisez le schéma de ce qui s’est passé en 1929, épisode dont on se garde bien de parler, les fameux syndicats montés avec la complicité de la FED pour manipuler les marchés travaillaient de cette façon. N’oubliez jamais que Bernanke se prétend spécialiste de la crise de 1929!

Ainsi en Bourse, on favorise ce que l’on appelle pudiquement la prise de risque et que nous, terre à terre nous appelons le jeu. Allez sur le site de la BRI, il y a une très belle note sur la nécessité de stimuler la prise de risques pour relancer le crédit et faire sortir l’argent; si vous passez la barrière du vocabulaire, vous  ne serez pas déçus, vous comprendrez à quelle sauce vous êtes mangés. Bien entendu, la BRI comme tous les régulateurs, se garde bien de se poser la question de ce qui se passe lorsqu’on a refilé le mistigri du risque au public ou a ses institutions de prévoyance.

Donc, nos banques et shadows banquiers poussent à la roue, impriment une tendance, un momentum; lancent la grande roue de la loterie, puis, une fois que le tout a pris de la vitesse et que les aboyeurs publicitaires  médiatiques ont rameuté la foule, ils vendent les billets de loterie.

Notre idée est que nous n’en sommes pas encore là, les badauds, les relais, les gogos ne sont pas encore arrivés. Si nous ne trompons pas, il y a  donc des chances pour que le mouvement continue.

A la faveur de la publication des résultats, toujours meilleurs que prévu n’est-ce pas,  à la faveur de nouvelles indications économiques favorables, il y aura place pour la claque, dont la fonction est de faire venir la masse, qui a peu de moyens, mais qui est nombreuse.

En matière de loterie, les spécialistes savent que le public s’exagère ses chances de gagner et, pour cela, il suffit de montrer, remontrer les gagnants. Plus on montre les gagnants et plus le public croit qu’il a des chances de gagner même si, au contraire, ses chances baissent! Toujours en matière de loterie, ce sont les plus pauvres qui jouent, on dit que plus on est pauvre plus on rêve d’être riche et plus on a du mal à résister à la tentation du jeu.

Sous l’ancien régime, le roi complétait ses prédations par l’exploitation des loteries, c’étaient les gens du peuple qui s’y ruinaient. La Révolution a supprimé les loteries… pour les réinstaller dès que ses caisses furent vides… la morale  a ses limites.

LES LOTERIES DE JOHN LAW (EN LIEN)

Le monde moderne a découvert la véritable fonction de la Bourse, la spoliation organisée au profit du couple maudit banques et govies. Une  action, c’est un asset fondamental, doublé d’un billet de loterie, véritable  « bon de droit à écart de cours »  lequel permet de vendre l’action beaucoup plus cher que sa valeur fondamentale ne le justifierait. C’est pour cela que depuis le monde moderne de la financiarisation, l’investissement est structurellement perdant.

Si, un jour, une conscience de classe des épargnants se développait, nul doute que le système capoterait. Les partis de gauche n’ont rien compris, les classes moyennes se font autant exploiter au sens marxiste du terme que les salariés. On peut se faire exploiter au niveau de l’argent que l’on gagne, au niveau de l’argent que l’on dépense, au niveau de l’argent que l’on épargne.

Faites vos Jeux !!!!!

Les Jeux sont faits

Nous sommes en plein dans les manœuvres de la répression financière.

Nous en rappelons l’articulation:

– Suppression de toute rémunération réelle des placements sans risques

– Inondation globale de liquidités gratuites ou quasi

– Incitation objective, mathématique à monter dans l’échelle du risque pour conserver un revenu, surtout pour les retraites

– Incitation subjective à jouer par l’exemple, l’envie, les promesses

Bien entendu, personne ne dit qu’à la fin de la période des promesses, 2013 ou 2014 quand les taux monteront, tout l’édifice de fausses valeurs s’écroulera. Demain est un autre jour n’est-ce pas ?

La taxe de jeu, la lottery tax complète les autres taxes, les taxes fiscales et les taxes d’inflation.

Le dispositif est presque complet, les pièges sont tendus.

Le plus pernicieux dans le dispositif, c’est le jeu sur le temps. Le public, les citoyens, ont une  conception du temps différente de celle des banques centrales.

Pour un citoyen, une chose est blanche ou noire. Pour une banque centrale, elle peut être les deux, blanche et noire. Blanche ce mois-ci, noire le prochain. Et même simultanément.

Le grand secret des régulateurs est qu’ils peuvent faire tout et son contraire. On joue en même temps sur la déflation et l’inflation, sur le risk-on et le risk-off. Un temps pour tout, mais il est toujours temps de ratisser.

Quand on a des moyens illimités et la maitrise du temps, on gagne toujours, comme le maître du bonneteau ou comme le casino. Les joueurs, eux,  ont des mises limitées, un temps compté, des nerfs sensibles.

Les joueurs se disent, j’ai le temps devant moi, au moins jusque 2013 sinon 2014, ils croient avoir le temps. Je prends ce qu’il y a à prendre et je sortirais avant l’échéance, même avant les autres se disent-ils.

L’ennui est que tout le monde pense la même chose, a la même illusion. Sauf évidemment les banques centrales et leurs comparses banquiers et shadow banquiers.  Initiés structurels impunis.

Ce qui se passe est scandale moral et politique. Un scandale cynique. Interrogé sur la répression financière, Bernanke a eu le toupet de répondre:  « dans le monde global, l’ensemble des assets doivent être détenus par l’ensemble de l’épargne ». Sous entendu, les risques et les rémunérations se distribuent en fonction du marché. Faux car si vous avez des agents qui ont accès au leverage et à l’endettement gratuit et illimité, ils s’attirent le meilleur de la rentabilité et laissent le risque, mieux, la certitude de perte, aux autres.

La crise financière, dès lors que l’on refuse les défauts, les faillites, les restructurations, les ré-échelonnements, les moratoires, les abandons de créance, la crise financière implique un colossal transfert de richesses du secteur privé, citoyens et entreprises, vers le secteur public, govies et banques.

La répression financière est le dispositif qui permet ce transfert. Discrètement, sans consultation électorale.

Ce dispositif s’articule, il faut le rappeler, autour de la :

– Disparition réelle de toute rémunération de l’épargne sans risque 

– Mise en place du grand croc à phynances du père UBU pour dépouiller le secteur privé par la hausse des impôts, la fiscal-tax, l’accélération de l’inflation, l’inflation-tax, l’incitation au jeu, la lottery-tax.

Ne dites que vous y échappez, même si vous n’avez pas d’épargne, votre retraite subit la fiscal- tax, l’inflation-tax, la lottery-tax. Ce sont ceux qui ont le moins de possibilités de se défendre, les ressources les plus limitées qui subissent à plein les spoliations.

Faisant le compte rendu de la performance boursière du trimestre, Marketwatch, fille  du Wall Street Journal écrit « You have to play to win »,  ce que nous traduisons par la publicité bien connue du LOTO

« 100% des gagnants ont tenté leur chance ».

Si vous ne voulez pas regarder la fortune passer, si vous ne voulez pas être « left behind », jouez! Cela leur fait tant plaisir.

BRUNO BERTEZ Le 31 Mars 2012

EN LIEN : L’Edito du Lundi 26 Mars 2012 : L’or contre la répression Par Bruno Bertez (partie 1)

EN BANDE SON :

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