Le point commun entre Bankia (anciennes Caisses d’épargne) et la région de la Catalogne : une gestion publique calamiteuse de l’argent des petits épargnants et des contribuables qui plombe l’économie espagnole

Dessin Chappatte
Quand Bankia et la Catalogne appellent au secours leur Suzerain
Madrid injecterait jusqu’à 20 milliards d’euros pour aider Bankia.
Les dirigeants de Bankia ont convoqué la presse ce samedi matin pour dévoiler un nouveau plan d’assainissement. Le titre de cet établissement né du mariage de sept caisses régionales en mai dernier et entré à la bourse de Madrid le 20 juillet 2011, a été suspendu vendredi pour éviter la débâcle. En effet moins d’un an plus tard, Rodrigo Rato son président ,très connu pour avoir été ministre de l’Economie et directeur général du FMI, a dû démissionner, la cotation du titre s’est écroulée, valant désormais 40% du prix de départ (3,75 euros), et avec l’aide que devrait apporter l’Etat, ce dernier prend « une participation de contrôle », a reconnu Bankia, qui sera donc nationalisée.Selon Daniel Pingarron, analyste de la maison de courtage IG Markets, le gouvernement pourrait y joindre deux caisses d’épargne placées sous tutelle, Novacaixagalicia et CatalunyaCaixa, afin de créer « ce qui constituerait la plus grande banque publique de l’histoire espagnole », pour ensuite l’assainir et la revendre. Bankia, qui représente 10% du système financier espagnol et qui est donc considérée comme une banque « systémique », ne peut pas faire faillite sous peine de contaminer tout le secteur. Bénéficiant ainsi du statut « immoral » du Too BIG too fail.
Quelques détails fournis par la presse espagnole montrent l’ampleur du gouffre. La banque a avoué vendredi qu’en ajustant son bilan à sa juste valeur, ses résultats 2011 faisaient apparaîre une perte de 2,979 milliards d’euros, et non un bénéfice de 309 millions comme annoncé auparavant.Bankia compte un portefeuille immobilier de 37,5 milliards d’euros, dont 31,8 milliards seraient pourris. Il s’agit des prêts à hauts risques accordés de façon irresponsable pendant les années de boom. La banque a certes saisi des milliers de biens, mais leur valeur a chuté fortement faute de preneurs. «Le pire, selon un analyste cité par l’AFP, est le manque de transparence, ce qui créé les doutes sur les bilans de l’établissement.»
PLUS DE DETTE ESPAGNOLE EN SUIVANT :
Chaque jour apparaît un nouveau chiffre », soupire Daniel Pingarron, : « on a commencé avec environ 4 milliards, puis on est passé à 7 milliards, après la comparution (du ministre de l’Economie) Luis de Guindos (devant les députés) cette semaine, on était déjà rendu à 8,75 milliards, et aujourd’hui on parle d’environ 15 milliards: c’est de pire en pire chaque jour ».
Le sauvetage de Bankia, 100% exposée à l’économie espagnole qui est elle-même en récession, ne suffit pas. Pire, l’opération risque de vider les caisses du Frob (Fonds spécial d’aide à la restructuration du secteur bancaire). Il va falloir les renouveler avec plus de dette publique,cela constitue, selon l’analyste, un mauvais message au marché. Car Bankia n’est pas la seule empêtrée dans la crise suite à l’explosion de la bulle immobilière en Espagne. S’il est le plus spectaculaire, ce sauvetage n’est pas le seul dans un secteur bancaire qui accumulait, fin 2011, 184 milliards d’euros d’actifs immobiliers problématiques, soit 60% de son portefeuille.
Au total, huit institutions bancaires ont reçu des fonds publics pour un montant de 32,869 milliards d’euros et 6,2 milliards d’euros ont été versés par le Fonds privé de garantie des dépôts, selon le journal l’Expansion.
Or, si la capacité du Frob a été augmenté à 15 milliards en février, il devra lui-même être abondé par l’Etat pour pouvoir renflouer les banques en difficultés. De quoi encore alourdir les comptes de l’Etat qui doit aussi voler au secours des régions très endettées.
A Madrid, Raphaël Minder, journaliste suisse et correspondant du New York Times, constate une situation qui ne cesse de se dégrader. «Chaque jour a son lot de mauvaises nouvelles, raconte-t-il au Temps. On découvre que des banques ont dissimulé de gosses pertes.» Du reste, Standard & Poor’s a baissé hier la note de cinq banques espagnoles, dont Bankia. Le secteur bancaire, qui doit encore réaliser 30 milliards d’euros de provisions supplémentaires en 2012, en a déjà passé pour 53,8 milliards.
Il y a une semaine, des centaines de clients des banques se sont précipités pour vider leurs comptes. «On ne peut toutefois pas parler de panique bancaire à ce stade, observe Raphaël Minder. Il y a toutefois beaucoup d’argent qui quitte le pays et des entreprises transfèrent leurs comptes à l’étranger.» Près de 200 milliards d’euros auront ainsi été déplacés sous des cieux plus sûrs. Autre observation: le journaliste suisse estime que les Espagnols, quoique très résignés, restent confiants. «Ils se disent sans doute que leurs dirigeants de même que les responsables européens ne peuvent pas laisser encore pourrir la situation et qu’ils finiront par prendre les mesures décisives.»
Complot Anglosaxon contre l’Europe du Sud pour mettre de l’huile sur le feu
Professeur d’économie et de finance à l’IMD à Lausanne, Arturo Bris minimise. «Il n’y a pas de problème généralisé avec les banques espagnoles, affirme-t-il. La crise ne concerne que quelques caisses. Les grandes banques comme Santander, BBVA, Caixa sont en bonne santé et vont même mieux que leurs concurrents allemands ou britanniques.»
Arturo Bris estime qu’il y a une campagne orchestrée par les grands journaux anglo-saxons, notamment le Financial Times et le Wall Street Journal, pour attirer l’attention vers le sud de l’Europe. «Il y a bien une crise, mais elle concerne tout le système bancaire européen. Lors des stress tests réalisés l’an dernier, les banques espagnoles affichaient une meilleure santé que la moyenne, malgré quelques points noirs.» Pour le professeur, il est nécessaire que l’Union européenne et la Banque centrale européenne éliminent les incertitudes sur l’avenir de l’euro. «L’incertitude et la volatilité heurtent des pays comme l’Espagne et profitent à des pays comme l’Allemagne qui exportent de plus en plus en Chine et préfèrent un euro plutôt faible que fort», conclut-il.
EN COMPLEMENT : La Catalogne demande l’aumône au gouvernement central
La Catalogne, la plus riche des régions autonomes d’Espagne, a besoin de l’aide financière de l’Etat central faute de pouvoir refinancer sa dette cette année, a annoncé vendredi son président, Artur Mas. « Peu importe comment on y arrive, mais nous avons besoin de pouvoir effectuer des paiements à la fin du mois. On ne peut pas redresser son économie si on ne peut pas payer ses factures », a-t-il dit à un groupe de journalistes étrangers.
La Catalogne, qui regroupe environ 20% de l’activité économique de l’Espagne, a plus de 13 milliards d’euros de dette à refinancer cette année, qui s’ajoutent à son déficit budgétaire. La confirmation de ses difficultés par son président a eu un effet immédiat sur les marchés financiers: l’euro est brièvement tombé sous 1,25 dollar, son plus bas niveau depuis juillet 2010, tandis que le rendement de la dette à 10 ans espagnole remontait vers 6,30%.
Les dettes des 17 régions d’Espagne et la montée ininterrompue des créances douteuses de ses banques depuis l’éclatement de la bulle immobilière en 2008 font craindre une amplification de la crise de la zone euro, surtout si Madrid était contraint de demander une aide internationale, comme l’Irlande, le Portugal et la Grèce. Au total, les régions ont 36 milliards d’euros de dettes à refinancer cette année et leurs budgets devraient enregistrer un déficit cumulé de 15 milliards.
L’an dernier, nombre d’entre elles avaient couvert une partie de leurs besoins de financements en repoussant de plusieurs mois, voire de plusieurs années, le paiement de certains de leurs fournisseurs, comme les entreprises de voirie où les entreprises d’équipements hospitaliers. Cette année, le gouvernement central a mis à leur disposition une facilité de crédit exceptionnelle pour le paiement des fournisseurs, que la Catalogne a déjà sollicitée à hauteur de deux milliards d’euros.
Mais ce guichet est censé fermer le mois prochain et Madrid a promis un nouveau mécanisme de soutien aux régions, qui n’ont pratiquement plus accès aux marchés financiers internationaux depuis le premier plan de sauvetage de la Grèce en 2010.
Obligations Patriotiques
La Catalogne, elle, a émis ces deux dernières années des « obligations patriotiques » (« bonos patrioticos ») à des taux d’intérêt de 4,5% à 5,0% mais elle estime aujourd’hui que la capacité de ses habitants à souscrire à ce type d’emprunts est épuisée.
Un quart de l’épargne des Catalans est déjà investi dans ce type de titres, a dit Artur Mas. Une autre possibilité consisterait à obtenir des financements bancaires à court terme mais la région de Valence, voisine de la Catalogne, a récemment dû accepter un taux d’intérêt de 7% pour un emprunt à six mois, un niveau jugé insupportable.
Les intérêts de paiement déboursés par la Catalogne ont déjà doublé en deux ans et devraient atteindre deux milliards d’euros cette année.
Artur Mas s’est prononcé pour l’émission par l’Etat central d' »Hispanobonos » à un taux d’intérêt correspondant à la moyenne des taux que les régions devraient payer si elles se finançaient par d’autres sources. Des sources gouvernementales ont déclaré à Reuters que le ministre de l’Economie espagnol, Luis de Guindos, et son collègue du Budget, Cristobal Montoro, divergeaient sur le mécanisme apte à venir en aide aux régions.
Le 4 mai, l’agence de notation Standard & Poor’s a abaissé de quatre échelons la note de la Catalogne pour la ramener à BBB-, un échelon seulement au-dessus de la catégorie spéculative. Fitch note pour sa part la dette catalane BBB+.
Le déficit budgétaire de la région était censé être contenu à 1,2% du produit intérieur brut l’an dernier mais il a atteint près de trois fois ce chiffre.
Les autorités tentent de le ramener à 1,5% cette année, un objectif que de nombreux économistes jugent irréaliste alors que l’économie du pays est vouée à une récession d’environ 1,5%. Pour tenter de juguler son déficit, la Catalogne a déjà réduit les traitements de ses fonctionnaires, créé une taxe sur le tourisme, institué une franchise d’un euro par prescription médicale, appliqué la surcharge maximale prévue sur les carburants et gelé ses investissements dans les infrastructures.
SYNTHESE REALISEE PAR THE WOLF Le 26 Mai 2012
Source : agences+le temps
EN BANDE SON :
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Bonjour maître Lupus,
Merci pour cet article.
En effet, l’économie ibérique a été portée pendant de nombreuses années par la spéculation immobilière.
L’effondrement des prix immobiliers de l’ordre de 30% qui a débuté en Espagne en 2007 n’est pas prêt de se terminer emportant avec lui l’ensemble de l’économie espagnole.
Questions :
Jusqu’où ira t on ?
Quand le marché immobilier se stabilisera t il ?
Quand l’économie ibérique repartira t elle ?
A suivre…
Bien Cordialement,
Laurent
http://www.immobilier-finance-gestion.com/
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