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Politique Friction du Mardi 20 Novembre 2012 : Rating, la France victime de ses choix Par Bruno Bertez

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 Politique Friction du Mardi 20 Novembre 2012  : Rating, la France victime de ses choix Par Bruno Bertez

La dégradation de la note de crédit de la France ne nous semble pas très négative dans la mesure où elle était attendue.  Les motifs de la dégradation, en revanche, sont intéressants. Ils mettent le doigt sur les causes de la mauvaise situation française. Il apparaît clairement que la France est victime,  d’abord de la politique choisie par ses dirigeants, et ensuite de ses choix régulièrement anticapitalistes. Le récent débat sur la compétitivité illustre parfaitement les vices du système français, ses contradictions et ses perversions.

  

Lundi soir, 19 novembre 2012, Moody’s  a annoncé la dégradation de la note de crédit de la France.

  La France perd son triple A et devient AA1. La perspective reste négative car les prévisions économiques sont négatives. Cependant, Moody’s ajoute que la note de la France reste plus élevée qu’elle ne devrait l’être,  ce qui veut dire qu’elle est encore surcotée, car elle a une économie large et diversifiée. L’Agence relève aussi ses promesses de consolidation budgétaire et de réformes structurelles.

Moody’s  trouve que la capacité de la France à résister à de futurs chocs européens  se réduit et que les risques qui pèsent sur la croissance s’amplifient. C’est sur ce dernier point que Moody’s insiste. Le driver premier de la révision en baisse, c’est le risque sur la croissance. Traduisez, en clair, cela veut dire: la politique de ponction sur le pouvoir d’achat, l’austérité. Ou encore, présenté autrement, la politique de « Goche » qui préfère tondre les citoyens. Spolier et décourager les actifs, pour maintenir les dépenses en faveur des inactifs. On a fait le choix de pénaliser ceux qui produisent pour maintenir le niveau de vie de ceux qui ne font rien.

Et voici pour l’essentiel.

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L’exposition de la France à l’Europe périphérique par ses échanges commerciaux, par son système bancaire, est disproportionnée. Les obligations qu’elle a contractées pour soutenir les autres membres européens en difficulté ne cessent d’augmenter.

Cela rejoint ce que nous avons diagnostiqué dès les choix de Sarkozy, à savoir que la France aurait dû se préoccuper de sa propre situation, mettre de l’ordre dans ses propres affaires, et non pas engager son propre crédit pour sauver les pestiférés. La bonne politique européenne en 2010 aurait du être de circonscrire l’incendie, d’isoler par un cordon sanitaire les malades et surtout pas de se mettre en position d’être, soi-même, victime de la contagion. En venant au secours des pestiférés, les pays encore à peu près valides se sont mis en position de se faire drainer des ressources, de se faire saigner, d’augmenter leurs dettes et, ainsi, de devenir eux-mêmes une proie pour la grande peste. Du temps de la vraie Grande Peste, le pape a survécu en se tenant isolé, cloitré, sans contact avec l’extérieur, protégé de la contagion. Et il a été plus utile vivant que mort.

Le problème français, c’est d’abord une soumission aux diktats des kleptos bancaires comme le relève Moody’s, les banques sont exposées de façon disproportionnée, indécente, au risque des pestiférés, et ensuite, le choix politique qui a consisté à se mettre en situation de recevoir le virus en aidant les pestiférés. Il eut suffi, dès le début, de refuser la soi-disant solidarité suicidaire,  d’accepter la restructuration des créances détenues par le secteur bancaire et d’adosser les banques aux Etats, le temps qu’elles se recapitalisent, et la crise serait terminée. C’est, de toutes façons, ce vers quoi on s’achemine, mais avec des ardoises multipliées par dix, avec des économies affaiblies par l’imbécile austérité, avec des citoyens furieux et récalcitrants d’être tondus. Avec des dissensions, voire des haines grandissantes, au sein de l’Europe au point que le « vivre ensemble » est compromis.

L’entêtement à persévérer dans les mauvaises voies, la dépendance à l’égard des kleptos et de leur pensée unique, puis, en France, la volonté de réaliser l’agenda de l’Internationale Socialiste, tout cela a conduit là,  au bord du précipice.

La mystification nouvelle des « peine-à–jouir » de l’austérité, lesquels lui donnent le masque de la quête de la compétitivité, s’inscrit dans le même cheminement, honteux. La complicité jamais démentie d’un MEDEF qui ne rêve que de baisser le niveau de vie des Français a quelque chose de pathétique. Les seules revendications utiles auxquelles le MEDEF  devrait prêter son concours sont celles  du retour à la liberté du marché du travail. Retour à la liberté de gestion. C’est la seule revendication justifiable et logique dans sa position d’employeur. On demande aux firmes d’être compétitives ; et bien,  il faut leur en donner le moyens,  restaurer la liberté de gestion et la responsabilité en cas de faillite, de manquement ou d’échec. Bref, il faut restaurer un monde d’incitation et de responsabilité pour tous et surtout, pour les dirigeants, les riches, les ultra-riches. Il faut cesser de geindre, de faire semblant de dénigrer le monde patronal et le monde du capital et, en même temps le protéger, l’entretenir dans ses vices et dysfonctionnements. Protégés, ces gens  deviennent mous et prébendiers, comme des politiques!

Dans un système fondé sur l’incitation et la responsabilité, la sélection des plus aptes à diriger et à en tirer le légitime profit se fait. Et cela garantit l’efficacité de l’ensemble. Cela garantit la légitimité des actions des dirigeants et du capital, cela restaure une règle du jeu, dure, mais juste, qui s’impose à tous. Le système capitaliste n’est juste et efficace que lorsqu’il est dur, surtout pour les détenteurs du capital et ceux qui occupent les postes les plus élevés.

BRUNO BERTEZ Le Dimanche 18 Novembre 2012

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