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L’Edito du Jeudi 3 Janvier 2012: La monnaie, chaine invisible de votre servitude Par Bruno Bertez

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L’Edito du Jeudi 3 Janvier 2012: La monnaie, chaine invisible de votre servitude Par Bruno Bertez 

 L’année 2012 restera dans l’histoire comme l’année de la monnaie. Nous avions dit l’an dernier, l’année des banques centrales, mais nous préférons maintenant, même si cela recouvre la même chose, dire l’année de la monnaie.

 On dira, plus tard, dans les livres, c’est cette année là que Draghi a décidé de tout faire coute que coute pour préserver l’échafaudage européen et qu’il a promis de créer autant de monnaie que nécessaire pour parvenir à son objectif. On dira, c’est cette année là que Bernanke , alors qu’il n’ y avait aucune situation de crise, c’est cette année là que Bernanke a décidé l’argent gratuit, illimité, à l’infini. L’année 2012 rentrera dans l’histoire comme l’année du FREE MONEY. Vous comprenez que notre premier texte de 2013 soit consacré à la monnaie. La dialectique de la monnaie se déroule, sous nos yeux: Ce qui a pris naissance au sein de la société  des hommes comme un formidable outil de liberté s’est retourné en un terrifiant instrument d’asservissement. L’argent est libre; le prix à payer est terrible, les hommes ne le sont plus! L’argent bien commun, né de la coopération et de la volonté de vivre ensemble des hommes s’est retourné en un tyran, récupéré qu’il est par les puissants. L’avilissement de la monnaie ce n’est pas l’inflation, c’est sa confiscation par une classe pour vous asservir.  Nous annonçons d’ores et déjà 2013, ce sera l’année de la taxation.

 La monnaie est un formidable outil de liberté; Elle facilite les déplacements, elle permet la multiplication des transactions, elle autorise le report dans le temps de la consommation, elle facilite l’investissement et beaucoup d’autres choses encore. En un mot, elle a été  source de progrès et de prospérité.

 Peut être devrions nous parler au passé.

 Les hommes, les citoyens en ont été dépossédés au profit du Pouvoir et maintenant d’une coalition de classes sociales liées à ce Pouvoir.

 Ceci est  vrai à la fois au niveau national, au niveau international ou global.

 Comme toute chose, la monnaie contenait en germe, comme on le dit s’agissant du blé, toutes ses contradictions. Par un retournement dialectique qui constitue un cas d’école pour les apprentis philosophes, elle est devenue une arme des pouvoirs contre les citoyens.

 Nous soutenons que la monnaie est devenue la chaine invisible de la mise en coupe des hommes, la chaine de leur servitude. Et la nous ne visons pas le superficiel, c’est à dire la dépendance de certains vis à vis de l’argent, non  nous visons quelque chose de plus subtil que nous allons tenter sinon d’expliciter, du moins de faire entrevoir.

 Faisons rapidement justice à ce que chacun peut constater; Le Pouvoir contrôle les circuits de la monnaie, il voit dans son Panopticon tout ce que vous touchez comme revenus, tout ce que vous possédez, épargnez, transférez, donnez ou léguez.

  La monnaie et le contrôle de ses circuits sont le moyen de traquer la matière taxable et de la confisquer; à point tel que la monnaie est une prison et que ceux qui veulent en sortir sont qualifiés d’exilés, vilipendés. Ne parle t on pas, d’ailleurs d’évasion lorsque les gens veulent disposer librement de leur bien à l’étranger. Votre monnaie, vos sous, sont sous surveillance perpétuelle et vous avez à peine encore le droit d’utiliser l’argent dit liquide. Nous n’insistons pas car vous avez compris.

 Il en va de la monnaie comme de l’internet, des messageries, de Facebook , tout ce qui au départ décuplait vos libertés a été annexé mis en coupe par les grands yeux, les grandes oreilles, les intrusions informatiques du Pouvoir.

 

 

 La crise de terrorisme a fait beaucoup pour tuer la liberté d’internet ; la crise financière est en train de faire énormément pour tuer ce qui restait de liberté monétaire.

 Dans les démocraties- sociales- kleptocratique , la  liberté est une plante qui ne fleurit qu’en pot, derrière les barreaux de la prison d’état et sous les caméras.

 Le présent texte veut aller plus loin.

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EN LIEN: Les Clefs pour Comprendre du Dimanche 23 Décembre 2012: L’or est toujours, toujours manipulé, pas plus en ce moment! par Bruno Bertez

  PLUS DE BERTEZ EN SUIVANT :

 La capacité de nos systèmes à persévérer dans l’erreur est proprement étonnante. Nous n’avons pas choisi de traiter de ce sujet ce jour ; mais nous sommes obligés, comme malgré nous, de faire un  détour,  d’y revenir. Il fait irruption dans notre analyse. Il s’impose de lui-même. Pas moyen d’y échapper.

 Les hommes seraient-ils méchants volontairement ? Nous ne le pensons pas. Bien peu ont la force, la capacité, pour être cyniques. Il faut une puissance peu commune pour faire le mal sciemment. Tout est permis à condition de pouvoir le supporter ! Bien peu ont cette capacité à le supporter.

 C’est pour cela que nous ne partageons pas la thèse conspirationniste : aucun groupe d’hommes ne se réunit pour plonger le monde dans le malheur et l’obscurantisme.

 Même les plus dangereux, et là nous pensons, par exemple, à George W. Bush, sont persuadés d’une certaine façon qu’ils font le bien. Ils sont convaincus d’accomplir une mission positive. Et nous sommes sûrs que c’est la même chose pour les mondialistes qui croient que la solution à tous nos problèmes est de détruire les Etats-nations ; et nous sommes sûrs que c’est la même chose pour les inflationnistes et leurs laquais de l’internationale noire kleptocratique. Le patron de Goldman Sachs prétendait, souvenez-vous, accomplir God’s work, l’œuvre de Dieu. Il est névrosé au point d’en être lui-même persuadé. Bernanke est aussi lui-même convaincu d’être le Sauveur qui a manqué au monde dans les années 20. C’est cette certitude qui l’autorise à tout… coûte que coûte, coûte que coûte aux autres, à nos sociétés et à nos enfants.

 

 

 Ces gens ne sont pas méchants en eux-mêmes. Ils sont simplement possédés du mal, comme on le disait au Moyen Age, et ce n’est pas hasard si cela nous vient à l’esprit car ils nous plongent dans le Moyen Age de la théorie économique. Ils sont névrosés, voire fous, capturés qu’ils sont, aveuglés qu’ils sont, par leurs théories fausses. Ces gens-là ont une foi et c’est cette foi qui les dépasse et les guide à faire le mal.

 Bien sûr, la fausseté ne s’imposerait pas s’il n’y avait des intérêts en jeu. L’erreur et le vice sont toujours estampillés par l’intérêt. La fausseté n’est pas suspendue dans les airs, elle s’enracine dans la défense d’un système pervers inique, dans la défense d’intérêts particuliers.  De ces intérêts particuliers qui sont à l’œuvre dans la crise et qui ont d’autant plus de détermination qu’ils ont bonne conscience. Pour eux, ils sont dans le Vrai ; ils détiennent la Vérité.

 Cette Vérité est celle des maîtres. C’est celle des gestionnaires d’un monde à deux vitesses dans lequel  la souveraineté du peuple et la recherche du bien commun sont truquées, tronquées, dès leur genèse. Bien peu se rendent compte que les maîtres contrôlent tout. Ils façonnent l’opinion publique. Ils canalisent le Souverain vers les voies qui leur conviennent. Ils définissent le bien commun et l’intérêt général. Ils dictent les réponses que l’on donne dans les votes et dans les sondages. Ils vont même jusqu’à suggérer le peu de questions que le peuple se pose.

 

Comment est-ce possible ? C’est possible à cause de l’éducation, à cause de la transmission du savoir. De ce faux savoir, de ce Triste Savoir, qui est le savoir économique. C’est possible grâce à l’argent qui subvertit les médias et les corps intermédiaires. Et c’est possibles aussi, il faut le dire fortement, grâce à la paresse, grâce au principe du moindre effort qui conduit les hommes à toujours plus de renoncement sur la ligne de plus grande pente de la facilité et du confort.

 La facilité, c’est le recours, la prégnance, la dictature de « l’évidence ». Le discours de « l’évidence » qui est le discours du maître, c’est celui-ci : la preuve que c’est bien ainsi que cela se passe, c’est que vous le voyez. Croyez-en vos yeux, tel est le discours terrible du pouvoir, mis en forme par la communication.

 Il y a du chômage, créons un droit au travail. Il y a des mal-logés, créons un droit au logement. Il y a des gens qui s’aiment, qui voudraient se marier et ne le peuvent pas, créons un droit au mariage.  Le mythe de l’égalité, de l’existence de droits, fait partie de ces évidences.  Tout ceci autorise les pouvoirs à faire ce qu’ils font de mieux : décréter.  Ainsi le 26  Décembre, le Président Français, juste avant la publication de chiffres calamiteux du chômage, rodomonte: 2013  sera l’année de l’emploi!  C’est une forme de pensée et d’action/inaction qui est générale.  De même en économie. Les gens n’achètent pas, ils n’ont pas assez d’argent, ils n’ont pas assez de pouvoir d’achat. Mais, bien sûr, créons du crédit, de la monnaie gratuite.

 Le recours à l’évidence est le mal très profond qui mine nos sociétés. C’est un mal culturel, social et politique. Il est devenu constitutif de l’homme moderne. Peut-être est-il lié en partie à l’existence de la télévision qui donne à voir les images qui se font passer pour vérité ; le règne de l’évidence, c’est le règne d’un monde en deux dimensions tout en surface, en combinatoire de signes, sans profondeur ou sans intériorité. Et bien sur sans histoire. Hélas, c’est un monde acculturé. L’évidence est trompeuse, mais, en plus, elle est biaisée. Elle passe au travers d’un prisme qui est au service des maîtres, des intérêts du système, des intérêts de certains groupes sociaux.

 L’évidence conduisait à saigner les patients dans les temps anciens de la médecine. C’est ainsi aussi que l’on lisait aussi dans les urines. On se demande bien quoi. Il faut des yeux exceptionnels pour voir les microbes dans les urines. Les choses n’ont pas changé, surtout en matières économique, sociale et financière. Pour relancer la croissance, on saigne, on organise l’austérité, c’est-à-dire l’appauvrissement. Pour lutter contre l’excès historique de la production  de dettes, on crée encore plus de crédit, on en empile à tours de bras. C’est l’âne qui n’a pas soif et que l’on traîne devant le puits.

 L’évidence, c’est ce que donnent à voir les maîtres pour conserver leurs pouvoirs de gestionnaires du système.

 Que nous dit la crise ? Elle nous dit non, le système ne fonctionne pas comme ils disent, comme ils le mettent en scène dans leurs télés. Le système fonctionne conformément à la logique, mais à une logique cachée, inconsciente. Cette logique n’est accessible que par le travail, par la recherche, par la science désintéressée. Il faut défricher, labourer, semer pour récolter le savoir.  La flagornerie des économistes de gouvernements et de banques réunis ne suffit pas.

 Le système, ce n’est pas ce que l’on voit avec les marchés bidonnés, les offres et les demandes suspendues dans les airs de la subjectivité, les QE, les LTRO et les OMT. Non, le système, ce sont des hommes, des entreprises, du réel.  Le système, ce n’est pas les statistiques truquées, c’est l’effort, le travail, la domination, la subordination ; bref, ce sont les hommes plongés dans la vie et dans le quotidien.

 Les élites américaines disent que tout va bien et que l’on est sur la bonne voie. S’il n’y avait pas de Fiscal Cliff.

 Le peuple, lui, ne dit pas que tout va bien. Il y a 47,7 millions de food stamps qui sont distribués. 47,7 millions de personnes qui vivent de cette forme de soupe populaire, moderne. Cachés, planqués chez eux, dans la honte. Ces 47,7 millions représentent plus que toutes les populations combinées de l’Alaska, de l’Arkansas, du Connecticut, du Delaware, de Columbia, d’Hawaï, de l’Idaho, de l’Iowa, du Kansas, du Maine, du Mississipi, du Nebraska, du Nevada, du New Hampshire, du Nouveau Mexique, du North Dakota, de l’Oregon, du South Dakota, de l’Utah, de la West Virginia et du Wyoming. C’est vrai, nous sommes un peu lourds dans cette énumération, mais il faut quand même donner un peu de poids aux mots. C’est presque 48 millions de personnes qui vivent dans l’indignité. Plus d’1 Américain sur 2 vit de transferts sociaux ; 1 million d’Américains étudiant dans les Public Schools vivent dans la rue ou dans leur voiture. Dans une enquête publiée la semaine dernière, 76% des personnes interrogées pensent que cela va mal ; 24% trouvent que cela va bien. Et si on leur demande : et, dans 4 ans, est-ce que cela va aller mieux ? Il y en a 52% qui pensent que non et 48% qui pensent que oui.

 

 

 

 Et c’est cela l’important. C’est cela qui détermine l’état de l’économie, l’état de la société.  La déflation qui sert d’alibi à Monsieur Bernanke, cette déflation dont il rêve la nuit pour justifier ses imbécilités, c’est l’humeur sociale désespérée.  Et qui se manifeste à Atlantic City, la capitale des casinos du nord-est par une file d’attente de plusieurs centaines de mètres à l’ouverture de la soupe populaire.

 

 L’humeur, le sentiment dans lequel vit un pays, est bien plus parlante que les statistiques publiées par les maîtres illusionnistes du chômage. Le travail est rare, mal payé, rationné, et, en plus, déqualifié. En 4 ans, le revenu médian des foyers américains a chuté de 4.000$. Si l’on prend la population des Américains en âge de travailler, et non pas les populations qui se prêtent aux triturations mensongères, on trouve que 100 millions d’Américains en âge de travailler n’ont pas d’emplois. Une nouvelle monnaie, aux Etats-Unis, comme en temps de guerre en France,  un marché noir des food stamps s’est instauré. Les food stamps décotent par rapport à leur valeur faciale car on ne peut pas tout acheter avec.

 L’évidence met les gens au chômage, elle les plonge dans le désespoir. L’évidence, cela ne marche pas; pas plus que les saignées, les ventouses, les cataplasmes, les corrélations et toutes les idioties de nos charlatans économistes.

 Ce qui marche, c’est de partir de ce qui existe, puis de le décortiquer, puis de découvrir ce qu’il y a derrière, puis de remonter l’histoire et de comprendre comment on en est arrivé là. Bref, ce qui marche, c’est de retourner sur terre, d’abandonner le monde des chimères, des idées, des tautologies, des « voilà pourquoi votre fille est muette ».

 Un exemple. La cause du chômage, ce n’est pas Peugeot ou Mittal qui licencient. La cause du chômage, c’est Alan Greenspan qui a, de 2003 à 2005, maintenu les taux d’intérêts trop bas trop longtemps, créant ainsi de fausses demandes et des investissements de production inadaptés. La cause du chômage, ce sont les détournements économiques qui ont été opérés pendant cette période et qui ont créé une économie de carton-pâte qui ne peut tenir que par l’addiction monétaire et/ou les subventions.

 

 Au cœur de tout, se trouve la monnaie. La monnaie, c’est comme le mort du bridge, elle semble neutre, ne rien faire, mais en réalité, c’est elle qui détermine tout. La monnaie transfère les richesses vers les uns, organise la pauvreté des autres. C’est un mensonge, une tromperie, que de dire la monnaie est neutre, que de dire que les banquiers centraux sont indépendants. C’est faux. Elle profite aux uns, pendant qu’elle tue les autres.

 On voudrait vous faire croire que l’on peut émettre toute la monnaie que l’on veut tant que les prix ne montent pas.  C’est l’une des plus belles escroqueries intellectuelles des temps modernes. Les prix dans nos systèmes restent bas parce que nos produits subissent la concurrence de l’étranger et parce que nous importons une quantité énorme de biens et services.  Nos indices de prix ne traduisent pas la situation réelle de nos systèmes. Tout  se passe comme si les régulateurs réglaient le chauffage de Miami sur la base des relevés de températures du Pôle Nord.  Avec les importations en provenance des pays à bas salaires, le guide de l’indice de prix ne vaut plus rien pour réguler la chaudière nationale. Pendant ce temps, à la faveur de l’alibi des prix sages, on crée de la monnaie, et cette monnaie, elle va enrichir ceux qui la reçoivent prioritairement, ceux de la sphère financière.

 Le stock de monnaie doit être relié aux grandeurs économiques réelles, à la production, à la circulation des biens et services, pas à des indices de prix synthétiques, abstraits, manipulés, reflet de ce qui se passe dans un autre monde.

 On voudrait vous faire croire que quand la monnaie est surabondante, fabriquée électroniquement à coût zéro, le taux d’intérêt naturel devrait être nul. On voudrait vous faire croire que lorsque le boutiquier Bernanke rajoute quelques zéros aux chiffres qui figurent dans son grand livre de comptes, le pays est plus riche. Que vous êtes plus riches. Hélas, non, ce n’est pas vous qui êtes plus riches, mais les autres, ceux qui reçoivent cet argent. Ceux qui sont plus riches, c’est ceux qui bénéficient de la manne et qui sont tout près des vannes, les Goldman Sachs, les Citi, les Deutsche Bank, les Paribas. Et de cet argent électronique, ils s’en servent pour spéculer, pour monter le prix des assets. Pour monter le prix des maisons, comme ils le font maintenant aux Etats-Unis afin de les louer plus cher aux citoyens en faillite. Aux Etats Unis le système bancaire a deux trillions de dépôts de plus que de prêts en cours; situation unique dans l’histoire. On veut vous faire croire que ces politiques monétaires non-conventionnelles sont dans votre intérêt alors qu’elles ne servent qu’à enrichir les uns, dans l’absolu,  et à vous appauvrir, vous, dans le relatif.

 

 La politique monétaire ne se transmet pas, Monsieur Bernanke et Monsieur Draghi ? Chiche ! Faites des QE en faveur du peuple au lieu de passer par les banques et vous verrez si la politique monétaire ne se transmet pas.

 Tout est là. Tous ces discours d’évidence, nous les épinglons régulièrement. Nous avons choisi une image que nous trouvons particulièrement adaptée : on vous fait prendre des vessies pour des lanternes.

 Au centre de tout, se trouve la monnaie. Tous nos maux viennent directement ou indirectement de la monnaie. Déjà, dire comme nous le faisons, la monnaie, c’est tomber dans le piège de l’évidence, dans ce piège qui, en se refermant, fait que l’on en comprend plus rien. On se trouve enfermé dans la caverne avec les ombres qui s’agitent, animées, projetées par les démiurges. Il n’y a que des ombres de monnaie.

 Car, une monnaie, on ne sait même plus ce que c’est. A force d’intox, on l’a oublié. Une monnaie, c’est quelque chose d’enraciné. C’est quelque chose qui a à voir avec la production, la circulation des marchandises, avec le règlement des dettes. Une monnaie, c’est ancré. Si ce n’est pas ancré, alors c’est suspendu dans les airs, cela flotte au gré de la pression atmosphérique. Cela vaut une rencontre de l’offre et de la demande, summum de la tautologie. Et si on vous demande, mais qu’est-ce qui la détermine, cette fameuse demande ? Ben… on bégaie lamentablement. Car cette fameuse demande, elle est subjective. Il suffit de manipuler la subjectivité et on a le pouvoir de forcer la demande de monnaie. On établit l’intersection de l’offre et de la demande là où on veut.  On est dans le relativisme complet.  La monnaie devient pure idée. Pure manifestation du vide. Pure manifestation du pouvoir du maître.

 Les monnaies de papier ne sont pas des monnaies, ce sont des signes de valeur. Ce sont des signes  dégradés par l’usure, par l’imposture, par l’inflation, par la politique. La monnaie, c’est la chaîne invisible de votre servitude.

 « Perception is all », disent les gourous de la politique économique américaine, les inénarrables Rubin et Summers.  « Perception is all », c’est la doctrine américaine. Cela veut dire que la monnaie est dans les esprits. Pensez-y. Il faut être fou pour oser l’affirmer. C’est une conception idéaliste de la monnaie que n’aurait pas renié le fameux évêque Berkeley. Vous savez, Berkeley, c’est le maître de l’idéalisme pratiqué par nos banquiers centraux ; c’est lui qui prétendait que le monde n’existait pas quand il ne le regardait pas. L’idéalisme monétaire pratiqué par les démiurges, c’est cela, la négation du monde.

 

 Rompez la chaîne de la crédulité, comme cela s’est fait en 2008, et tout s’effondre. Rompez la chaîne de la croyance, comme cela s’est fait en 2010 en Europe, et tout explose. Toujours, dans le monde des évidences, dans le monde de l’économie positive, idiote et idéaliste, toujours à un moment donné, la chaîne se rompt. C’est une vérité historique. Un constat sans exception. Toujours à un moment donné, le réel revient en force. L’économie idéaliste, fondée sur l’étude et la manipulation des signes détachés du réel, n’est ni une science, ni un savoir ; au mieux, c’est une incantation, au pire, c’est une escroquerie.

 Cette escroquerie est produite par les maîtres gestionnaires du système pour maintenir leur statut privilégié. L’économie idéaliste, cela consiste à considérer que les prix de marchés (manipulés), leurs fluctuations, leurs rapports, leurs corrélations, tout cela peut être accompli sans référer à quoi que ce soit de matériel, de concret. On peut évacuer l’effort, le sang et les larmes allègrement. Les signes sont là qui les remplacent et les occultent. Et c’est là le lien, l’articulation, avec le système de l’évidence : l’économie monétaire idéaliste évacue tout, refoule tout, au profit de signes qu’elle donne à voir et qu’elle manipule.

Tout n’a pas commencé en 1971 ; il y a eu des précédents. Mais 1971, c’est quand  même le grand désarrimage.

  Quelques citations s’imposent :

« Depuis que le Président Nixon a rompu le lien final entre le dollar et l’or, aucune monnaie majeure pour la première fois dans l’histoire n’a de connexion avec une commodity ».  Milton Friedman, 1991.

« Il n’y a pas de moyen plus subtil et plus sûr de détruire les bases de la société que de débaucher la monnaie ». John Maynard Keynes,1920.

« Le papier monnaie sans ancrage s’est régulièrement avéré une malédiction pour le pays qui l’a employé ». Irving Fisher, 1921.

« Il y a de bonnes raisons de croire que la nature de la monnaie n’est pas vraiment comprise ». John Law, 1720.

Et voici le clou, le clou, il est du maestro : « nous pensons que si vous sapez les bases de la monnaie, vous sapez aussi les bases de l’économie. La difficulté est de définir quelle est la part de la structure de liquidités qui correspond à de la vraie monnaie » ; « la monnaie, je ne sais plus très bien ce que c’est ». Alan Greenspan, 2000.

« La liquidité, l’abondance monétaire, c’est quand on croit que l’on va vendre plus cher que l’on a acheté ». D. Kohn, 2003. 

La monnaie, la vraie, c’est déjà ce qu’il y a de plus complexe et de plus mal connu. La fausse monnaie, la fiat money, qui n’est en réalité que dérivé de dette, est encore plus complexe et plus opaque. C’est pour cela que c’est l’outil privilégié  de la classe kleptocratique. Un outil dont les banquiers centraux sont les opérateurs. 

La Grande Expérience monétaire de 1971 va faire sentir ses effets pendant des décennies. Le pire est que les catastrophes se succèdent depuis et que la prise de conscience n’est pas encore effectuée. Toujours les expériences monétaires ont:

1) Perverti les économies

2) Perverti les sociétés

3) Perverti les systèmes politiques

4) Débouché sur des catastrophes. 

Peu à peu, plongé dans une grande expérience monétaire, le système se disloque, il dysfonctionne. Tous les équilibres se rompent, toutes les légitimités s‘évanouissent jusqu’à la rupture finale faite de haine, de violence, et, bien souvent, de guerre. 

Le Fiscal Cliff américain fait partie des évidences, du spectacle qui se donne à voir pour détourner l’attention. Le Fiscal Cliff, c’est pour tromper les gens. C’est la grande illusion à l’échelle américaine c’est-à-dire à la David Copperfield, qui, vous le savez, coïncidence, a fait disparaître la Statue de la Liberté. 

A gauche, chez les Démocrates, on dit le système est trop inégalitaire. Il faut prendre aux riches, et aux moins riches aussi, pour donner aux pauvres. Mais surtout, il faut maintenir le déficit pour soutenir l’économie. 

A droite, chez les Républicains, on dit il faut réduire la taille du gouvernement. Le deficit spending c’est ce qui nous a conduits à la crise. La dette a doublé en quatre ans. Il faut réduire les dépenses. 

Petite digression. C’est exactement la même chose qui se passe en Europe.  Finalement, c’est un jeu de rôles. Vous remplacez Démocrates par pays du sud et vous remplacez Républicains par pays du nord. Vous verrez, l’isomorphisme fonctionne à merveille.

Gigantesque poudre aux yeux que tout cela, bien entendu. Cette poudre aux yeux fait partie du jeu de l’évidence et elle permet de laisser dans l’ombre, dans l’obscurité du système,  le refoulé, l’occulté, le tiers, qui ainsi se situe en-dehors, nous avons nommé : la Banque Centrale. 

La politique, le débat droite-gauche, c’est le symptôme de la névrose, le symptôme de la folie du système qui masque son ressort profond, son refoulé. Ce qu’il faut à tout prix préserver, c’est l’autorité monétaire et elle ne peut être préservée que si elle est souterraine, hors des regards. On dit, pour vivre heureux, vivons cachés ; nous préférons dire: le mal aime l’obscurité. 

BRUNO BERTEZ Le Jeudi 3 Janvier 2013

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EN LIEN:  Les Clefs pour Comprendre du Dimanche 23 Décembre 2012: L’or est toujours, toujours manipulé, pas plus en ce moment! par Bruno Bertez

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