Politique Friction du Lundi 14 Janvier 2013: Réforme du marché du travail, connivence et corporatisme par Bruno Bertez
Le présent texte constitue une suite de nos réflexions sur la dérive du système français et son évolution vers quelque chose de pas très sain. Un système ou la connivence et le « passe moi le sel je te passe le poivre« , se développent , laissant de coté les besoins et les nécessités réelles. Le grand perdant du système français, c’est la réalité, escamotée au profit de l’harmonie entre ceux qui, normalement, sont adversaires, mais qui rêvent d ‘être partenaires. Partenaires sur le dos des peuples, en tant qu’élite cooptative, auto -reproductive, qui fonctionne en miroir. En miroir, cela veut dire qu’au lieu de traiter les vrais problèmes, on se gargarise de négocier, de dialoguer, bref d’être partenaires reconnus.


Hollande a reconnu le patronat institutionnel en se rendant dans ses locaux, il a même bu la couleuvre d’aller chez les pires patrons, ceux de l’AFEP de l’Ambroise Roux de sinistre mémoire. Cet Ambroise qui prétendait convoquer les patrons de presse afin de leur dire ce que leurs journalistes devaient écrire! Donc Hollande a fait sa part de trajet.
Dans ce contexte, il était normal que le MEDEF et ses satellites fassent de même et passent les remerciements; Voilà qui est fait ! Sur le dos du réel, des vraies entreprises et des authentiques patrons. Sur le dos des nécessités et de l’efficacité bien sur.
Le but de toutes ces comédies est d’accréditer la toute puissance de la déesse « dialogue ». De la Tchatche. Car en France la valeur suprême de l’action sociale et politique, ce n’est pas le résultat, mais le processus, le fameux dialogue, le consensus corporatiste. Qu’importe si les résultats sont idiots, s’ils vont à l’encontre du souhaitable, l’essentiel est que ces résultats existent et surtout qu’ils aient permis aux ZOZOS de se rencontrer, de se congratuler, de se valoriser. Bref de se maintenir en place, non par la reconnaissance de leurs mandants, mais leur reconnaissance réciproque, en tant que simulacres d’ennemis.
Vous comprenez mieux la valorisation du dialogue en France, ils en ont la bouche pleine; cette valorisation est la valorisation d’eux mêmes, le renforcement de leur statut! La preuve qu’ils existent: ils parlent !

PLUS DE BERTEZ EN SUIVANT :
Le dialogue est un mal français, c’est un mal de connivents, d’énarques et politiciens, un mal de corporatisme. Vieux fond des temps pas si anciens et qui refont surface. Ces gens se réunissent non pour le résultat, mais pour la mise en scène du processus, pour le spectacle. Vous connaissez le mal de ce pays, c’est la névrose. La perte du sentiment de réalité. Une névrose terrible qui conduit à affirmer que l’essentiel n’est pas de gagner mais de participer, une névrose qui conduit a oser dire : Qu’importe l’ivresse pourvu que l’on ait le flacon! Le flacon c’est le 20h à la TV.
Le dialogue c’est la négation des différences d’une part et de l’efficacité d’autre part. On se met d’accord non sur le vrai, le nécessaire, l’indispensable, mais sur ce que l’on peut faire avaler à ses mandants! D’ou les imbécillités, d’ou les moutons à cinq pattes et la prolifération des décisions contreproductives.
Le droit du travail français est caduc. Il a été élaboré en des temps ou la France était maitre de son destin, en des temps ou les valeurs moyennes sociales étaient domestiques, et ou on pouvait rêver de faire la nique aux marchés, à la rareté et à la Loi de la Valeur. Hélas l’irresponsabilité et la courte vue ont conduit à accepter que la nécessaire globalisation se fasse sous la conduite et les seuls critères de la finance, et les pays, ex-nations ont perdu la maitrise de leur destin. Ils doivent s’adapter, voilà le maitre mot.
S’adapter cela veut dire transmettre à leur système interne, les contraintes, les limites, les valeurs, les impératifs de l’étranger.
Le rôle des, si on peut dire, dirigeants est de transmettre, faire comprendre les lois extérieures. Un peu comme le rôle des parents qui, bien compris, est d’introduire les enfants au monde, et de leur faire comprendre et admettre comment cela fonctionne; et leur donner les armes pour y vivre.
Le droit du travail est inadapté. C’est classique, les textes et les dirigeants sont toujours, toujours en retard sur le réel et ses exigences, et c’est pour cela que le constructivisme ne marche pas, l’étatisme non plus. La base est toujours plus adaptée et consciente de la nécessité de s’adapter que le sommet, puisqu’elle est dans la vie, dans la sueur, dans les larmes et les pieds dans la m….e.
La réforme du droit du travail doit viser à :
-Transmettre au système français, les limites, les contraintes et les valeurs moyennes de l’extérieur.
-Favoriser le retour à l’incitation, à l’effort, et à la promotion individuelle.
-Permettre aux employeurs de faire face à l’incertitude, l’absence de visibilité produits par les errements des politiques.
-Permettre de redonner un contenu concret aux obligations et aux motivations des salariés.
L’impossibilité de licencier et la prolifération des textes ont conduit à une dérive terrible dans les relations entre le salarié et l’employeur, et finalement à un système ou le lien entre les deux est remplacé par l’abstraction des textes. Le droit du travail, au lieu de favoriser l’enrichissement et le sens du travail, le vide de toute substance, bref renforce l’aliénation aussi bien du travailleur que de l’employeur. Le meilleur exemple étant celui de cette incroyable disposition française qui conduit à considérer la signature, et l’accord du salarié comme vicié puisque soi disant en position de faiblesse. Le salarié n’est pas une personne de plein exercice, c’est quasi un individu irresponsable, sous tutelle! Il ne peut conclure de contrats!
La réforme du droit du travail devrait permettre de sortir du carcan épaissi, rigidifié par l’histoire, et laisse se créer les nouvelles pratiques adaptées à la situation. Dans le cadre d’une société ou la connivence est condamnée, ou chacun défend durement ses intérêts, en fonction de son statut, de ses atouts, et de ses ambitions.
Et que l’on ne vienne pas nous dire que le jeu est inégal, que le salarié est en position de faiblesse, c’est une intox des socialistes et de la fausse droite. C’est le salarié dans une société libre qui est maitre du jeu, le capitaliste ne peut rien sans lui, l’esclave n’est jamais celui que l’on croit. Mais on a inculqué aux salariés un tel pathos qu’il finit par y croire, et perd de vue que l’employeur n’est rien sans lui. Le salarié a toutes les cartes en mains, mais ce sont les politiciens et les syndicats qui lui font croire qu’il ne peut rien sans eux.
On est avec le salariat dans la même situation qu’en matière monétaire: les banques centrales se prétendent lutter contre l’inflation, alors qu’elles sont là pour en fabriquer et la faire accepter. Avec l’état et les syndicats c’est la même chose, ils sont la pour émasculer les salariés et en fait, les faire marcher droit au prix de mystifications de plus en plus grosses. La preuve en est que dans tous les vrais conflits, les syndicats sont débordés et que les salariés montent des organisations spontex, informelles afin d’échapper au culs de sacs dans lesquels les mènent leurs organisations (sic). La preuve en est que les organisations maintenant connaissent la parade et noyautent dès le début les comités spontex pour saboter leurs actions et les faire capoter.
Qu’à t-on fait la semaine dernière?
-On a fait le contraire de tout ce qu’il fallait faire, afin de parvenir a un accord! Afin de sacrifier à la déesse dialogue, et aux pressions du gouvernement.
-On a accepté le principe scandaleux d’une surtaxation des contrats à durée déterminée courts, au profit de l’UNEDIC.
Attention, ce ne sont pas ceux qui souffrent des contrats courts qui vont toucher plus, mais les assurances chômage.
En fait le patronat et les syndicats ont accepté de se faire un cadeau, à eux, au niveau de leur inefficace gestion de l’UNEDIC. Incroyable mais vrai et cela marche. Plus la ficelle est grosse et plus cela glisse.
C’est le gouvernement qui gère mal, qui détruit la visibilité économique, qui renforce l’incertitude, qui ment, qui induit en erreur par ses prévisions et promesses fausses, mais ceux qui cherchent à s’adapter à l’instabilité sont condamnés, rackettés. Ubu dans ses œuvres.
On sent là, poindre le fameux pollueurs-payeurs. Nous ne sommes pas contre le pollueur-payeur, c’est un principe de liberté et de la responsabilité. Mais dans ce cas il y a une initiative à prendre, une grande réforme de l’assurance chômage à proposer.
Ce sont les grandes entreprises qui licencient , pas les PME, TPE , etc non, donc dans le cadre du principe pollueur-payeur , il faut exonérer globalement la classe des PME, TPE, Travailleurs indépendants, et autres, des cotisations à l’assurance chômage, c’est la logique et l’efficacité même. Pourquoi ceux qui ne licencient pas, ceux qui embauchent, devraient ils payer pour les grandes entreprises, les SANOFI, les ORANGE, les FRANCE TELECOM, les VIRGIN? Pourquoi la classe des petites entreprises et des petits employeurs devrait elle subventionner les chouchous du MEDEF et des gouvernements réunis?

BRUNO BERTEZ Le Lundi 14 Janvier 2013
llustrations et mise en page by THE WOLF
EN BANDE SON:
NI PUB, NI SPONSOR, NI SUBVENTION, SEULEMENT VOUS ET NOUS….SOUTENEZ CE BLOG FAITES UN DON
En savoir plus sur Le blog A Lupus un regard hagard sur Lécocomics et ses finances
Abonnez-vous pour recevoir les derniers articles par e-mail.
Catégories :A Chaud!!!!!, Au coeur de la création de richesse : l'Entreprise, Commentaire de Marché, Douce France, Droit, propriété, propriété intellectuelle, Emploi, formation, qualification, salaire, L'Etat dans tous ses états, ses impots et Nous, Les Tribulations de la Kleptocratie, Répression Financière, Une info importante qui peut en cacher une autre

















Je me doutais que BB serait à des années lumière des commentaires de BFM… et même de la presse étrangère 🙂
Parmi les explications du mal français, il y a aussi avoir perdu le sens de la dignité, quand la patronne du MEDEF veut tordre le cou à la règle et est prête à vendre père et mère (ou presque !) pour faire la mariée jolie….
J’aimeJ’aime
On est toujours dans une logique de partageux. Taxer les contrats courts favoriserait les contrats longs… c’est une hérésie. L’emploi est systématiquement vu en France comme un gâteau dont les parts seraient interchangeables mais qui ne pourrait grandir… C’est grave de voir le patronat accepter cela. Mais je crois qu’on était davantage dans la politique, Parisot voulait un accord « a tout prix » pour bien finir son mandat et essayer de se représenter à un 3ème en revoyant les statuts à la mode nord coréenne.
J’aimeJ’aime