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L’Edito du Dimanche 12 Mai 2013 : Quand Robin des Bois trahit le peuple par Bruno Bertez

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 L’Edito du Dimanche 12 Mai 2013 : Quand Robin des Bois trahit le peuple par Bruno Bertez

Qu’il s’agisse de Bernanke ou de Draghi , ils prétendent lutter contre le chômage; qu’il s’agisse de Obama ou de Hollande, ils prétendent lutter contre les inégalités. Le mythe de la lutte contre le chômage, tout comme son jumeau, la lutte contre les inégalités, est utile, il permet de tromper les peuples et de faire précisément le contraire. Ce que les Pouvoirs disent n’est destiné qu’à masquer la réalité. Et c’est pour cela qu’ils sont élus.

Au fond, nous sommes persuadés que les gens le savent et qu’ils l’acceptent . Ils ont compris que chômage et l’aggravation des inégalités étaient des maux nécessaires… pour maintenir l’ordre/désordre établis. Au fond, les peuples ont peur, ils ont une peur panique du changement, de l’aventure, de prendre leur destin en mains et mettre toutes ces cliques dehors. Comme ils sont lâches, mais humains, ils trichent, ils se jouent la comédie. Ils votent pour des gens qui sont comme eux, dont ils savent qu’ils sont contre le changement, des gens qui sont les mieux à même d’entretenir leurs rêves, tout en ne touchant à rien d’essentiel. Les gens veulent qu’on leur fredonne l’air du changement.

    Les banquiers l’ont compris, qui, dans les médias à la botte, subrepticement, quotidiennement,  entretiennent la peur. La peur de l’Armageddon financier. Tous ces gens sont clivés, schizophrènes, capables -pas toujours sans rougir pour certains, suivez mon regard– ces gens  sont capables de dire une chose et de faire le contraire. En fait, ce ne sont pas des menteurs, car nous sommes persuadés qu’ils croient ce qu’ils disent, ils croient à leur promesse. Mais c’est à un certain niveau.  Et le secret de leurs capacités, c’est d’être capables de vivre en même temps plusieurs niveaux de réalité. Ceux qui ne sont pas convaincus eux-mêmes, qui ne sont pas aliénés dans leurs propres illusions, sont des cyniques et ceux-là ne sont pas convaincants, ils ne sont pas populaires.
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La dominante de la situation est que nous sommes en présence de peuples vieux, de peuples fatigués, plus soucieux de la protection de leur confort et de leurs illusions que d’assurer l’avenir de leurs enfants. Plus soucieux de sécurité que de dignité et de liberté.

Ils veulent le maintien du désordre établi, mais, en même temps, la bonne conscience. Ils se jouent la comédie du changement et pour cela votent pour ceux qui leur paraissent les plus à même de les tromper dans cette comédie. D’ où la fausse alternance depuis 2009, alternance dans la continuité.

Qui ne voit que les protestations de lutte contre le chômage, les priorités à l’emploi, les rodomontades déclamatoires du style « je veux des résultats » ne sont destinés qu’à une chose, permettre que le chômage augmente pour augmenter la productivité, pour retrouver la compétitivité perdue,  sans troubler le statu quo.

Qui ne voit que l’austérité n’a qu’un but, rendre les dettes recouvrables et faire faire le plein des usuriers de la banque et de la finance devenue folles. L’austérité vise à reproduire à l’identique. À préserver.

Qui ne voit que les politiques monétaires, les liquidités « en -veux-tu-en-voilà », les taux zéro, l’argent gratuit, les bail-out, les assurances de sauvetage gratuites, tout cela ne vise qu’à gonfler les patrimoines de la kleptocratie/debtocratie pour qu’elle ne fasse pas faillite, pour qu’elle reste en place, pour que les ultra-riches le restent, même si c’est au détriment des plus pauvres. Finalement les pauvres aiment l’ordre, ils aiment être dominés.

Tout le monde le perçoit, le vit et donc le sait. Mais le sait à un niveau qui est celui du « je- n’en- veux-rien-savoir », le niveau de la protection contre le changement, contre  l’adaptation.

Le monde de la crise est celui du Savoir que l’on ne veut pas connaître et assumer. C’est celui du bourreau encore un instant, celui du mythe. Et le mythe est tellement fort et pervers que l’on en arrive à jouer à la crise, à croire qu’elle n’existe pas. Il y a l’imaginaire, qui est ce que l’on dit de la crise, en dessous, il y a le savoir sur  la réalité de la crise,  et il y a le sous-jacent, le caché, l’enfoui, l et c’est au niveau du caché que se situe l’accord entre les chefs et les peuples. Au niveau du refoulé. Dans ce territoire qui est  celui de  la peur, de l’angoisse de l’inconnu, du non-figurable.

Les chefs ne trompent pas, ils font ce qu’ils ont à faire, ils sont en phase secrète avec les citoyens sur une autre longueur d’onde, tous sur le même bateau, celui qui va couler dans la nuit. Dans la nuit des temps,  parce que c’est le temps de la nuit pour nos sociétés fatiguées et même fatiguées d’être repues. C’est ce que prouve le regain malthusien.

Le monde moderne, c’est celui de la disjonction entre ce que l’on fait et ce que l’on dit, entre le mythe et le savoir, entre le vrai et le faux, entre la réalité et les signes. C’est la rencontre des découvertes des sciences sociales et des techniques manipulatoires de la publicité. Le rêve domine et c’est pour cela que l’on devient inadapté.

Vous connaissez notre analyse de la crise. Si vous ne l’avez pas en tête, reportez-vous à nos grands papiers sur le kleptocratie.

En un mot comme en cent, l’origine de la crise c’est le surendettement, l’excès de dettes. Excès de dettes permis par la connivence entre les Banques Centrales, les Gouvernements dépensiers et le système bancaire. La dette, c’est ce qui permet le rêve, repousse les limites de la rareté et du désir. La dette, c’est l’aliment dont se nourrit le « tout, tout de suite ».

Ils se sont mis d’accord autour des années 82 pour forcer la croissance en dépensant plus à crédit. Cela a débouché sur une accumulation de dettes, laquelle dette est devenu un capital, une créance dans les mains des banques, des financiers et des ultra-riches.Les dettes des uns sont toujours le capital des autres. Tout comme les revenus des uns sont toujours les coûts des autres.

Ainsi s’est formée une classe que nous appelons kleptocratique ou debtocratique. Ce n’est pas tout à fait la même chose que la classe ploutocratique que Mélenchon stigmatise car nous, nous ne visons que la perversion de la confiscation de la monnaie, du crédit excessif et son résultat, le surendettement des uns et le capital grossissant des autres. Nous ne visons pas  l’enrichissement fondé sur le productif. Nous sommes pour le mal nécessaire du capitalisme car il est productif, source de progrès. Malgré son, ou ses coûts sociaux,  il laisse encore un sens à ce que vous faites.

La crise, c’est la reconnaissance de l’insolvabilité généralisée et, théoriquement, cela devrait déboucher sur la destruction des dettes les plus fragiles, les plus fictives, les moins productives.

En 2009, au lieu d’accepter ce qui aurait été efficace et juste, les banquiers, avec l’aide des gouvernements de droite et de gauche ont voulu sauver les créanciers, les banquiers et l’ordre/désordre social qu’ils incarnaient. Nous laissons de côté l’ordre géopolitique impérial.

Ils ont décidé de faire passer cela pour de la gestion économique et financière et réussi  à faire croire que leurs mesures étaient destinées à lutter contre la récession et le chômage. Depuis fin 2008, le chômage dans l’OCDE  a progressé de plus de 30%. La croissance n’a jamais, dans le meilleur des cas, réussi à dépasser les 2%, elle est à nouveau au point mort. C’est la stagflation réelle.

Au lieu de ralentir et revenir en arrière sur la financiarisation, ils en ont fait plus. Ils ont mis le coût du crédit à zéro, grâce à cela, les kleptos et debtocrates s’endettent gratuitement et, en plus, leurs avoirs anciens prennent de la valeur. Avec cet argent, ils achètent à crédit pour gagner plus, des actifs, des biens, des titres. Ils raflent les richesses de ce monde.

Vous n’avez même plus les moyens de les concurrencer. Vous n’avez plus accès au capital, fini l’ascenseur social. Pour vous ou vos enfants. Ils trustent, monopolisent. On ne le dit pas assez, le renchérissement du capital vous met hors jeu, vous ne pouvez y accéder, vous êtes classes moyennes, destinées à rester moyennes sinon inférieures, en tous cas assurées de ne jamais devenir supérieures.Si vous voulez comprendre, appliquez notre raisonnement à l’immobilier, au logement. Le secteur illustre parfaitement le monde à deux vitesses. Appliquez cela à votre PME. Depuis fin 2008, le secteur du luxe progresse, celui des magasins populaires périclite. Appliquez ce raisonnement à l’école, à l’accès au savoir.

Le crédit est gratuit pour certains, mais, en sens inverse, la rémunération des épargnants et retraités a été supprimée. Avec l’inflation, les pauvres gens et les classes moyennes sont dépouillées au profit de ceux qui sont assez riches pour avoir accès au crédit. On ne prête qu’aux riches. C’est le plus grand transfert de richesse jamais réalisé dans l’histoire. Il est évalué à 1,6 trillions de dollars par an au seul niveau des pays de l’OCDE.

C’est Robin des Bois à l’envers, un Robin-Bernanke-Draghi qui prend aux pauvres pour donner aux ultra-riches.

Pew Research, organisme de réputation excellente aux Etats-Unis, vient de publier une étude terrible. L’étude, qui est toute fraîche du 21 Avril 2013,  montre que, de 2009 à 2011, le top 7% de la population américaine s’est enrichi de 28%; en sens inverse les 93% restants se sont appauvris de 4%.

Hélas, nous n’avons pas encore les chiffres de 2012. Ils feraient ressortir une aggravation, une accélération scandaleuse car, depuis cette année, « Ils » jouent leur va-tout, ils prennent tous les risques… sachant que c’est vous qui les supporterez.

La politique des banquiers centraux, des gouvernements de fausse gauche et fausse droite, n’a rien résolu: le chômage continue de sévir, on taxe, on monte les impôts, on rogne les retraites et les prestations, on parle confisquer une partie des dépôts bancaires, on contrôle, on menace… La klepto/debtocratie ne triche pas; tricher, c’est tourner les règles, ils n’en ont pas besoin, les règles sont faites par eux, pour eux.

BRUNO BERTEZ Le Dimanche 12 Mai 2013

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