Crony Capitalism

Aluminium et manipulation des prix : Goldman Sachs (de nouveau) au coeur du scandale

Aluminium et manipulation des prix : Goldman Sachs (de nouveau) au coeur du scandale

La banque d’affaires est accusée d’avoir manipulé le prix de l’aluminium, ce qui lui aurait permis de gagner plus de 5 milliards de dollars aux dépens des consommateurs.

Warrant Marrant – Comment Goldman Sachs transforme l’aluminium en or

Depuis mardi 23 juillet, une commission sénatoriale américaine se penche sur les pratiques des acteurs du marché de l’aluminium, en première ligne la banque d’affaires Goldman Sachs, relate BBC News.

La firme est accusée de faire payer plus cher tout ce qui est fabriqué en aluminium à commencer par les canettes de Coca-Cola et autres sodas ou encore de bière.

Du moins, c’est ce que soutient la compagnie MillerCoors, l’un des plus importants producteurs de canettes aux États-Unis.

Le New York Times révèle que la manipulation des prix débute à Détroit, dans les 27 entrepôts utilisés par la banque d’affaires. C’est là que Goldman Sachs stocke des barres aluminium achetées par ses clients. Jusque-là, rien d’anormal.

En revanche, ce qui pose question c’est le va-et-vient incessant d’une flotte de camions qui transportent 1 500 livres de barres de métal entre les différents entrepôts. Deux ou trois fois par jour, parfois plus, les conducteurs font le même circuit. Ils chargent dans un entrepôt. Ils débarquent dans un autre. Encore et encore, rapporte le New York Times.

Pourquoi donc ce manège d’un entrepôt à un autre ?
Ce déplacement de la marchandise permet d’allonger les délais de livraison, qui peut passer ainsi de six semaines à un an et quatre mois.

« Plus le stockage est long, plus la facture est élevée et plus les bénéfices pour la banque d’affaires montent. Au passage, Goldman fait coup double directement sur le marché boursier puisque le coût de stockage est une part importante du prix de l’aluminium », explique La Tribune.

Le contrôle des matières premières par les banques d’affaires comme Goldman Sachs « leur permet à la fois de prévoir et d’influencer les prix des matières premières et donc de déterminer la tarification des produits dérivés. Certains observateurs ont fait remarquer que la participation des banques dans l’entreposage a permis de dissimuler des informations sur les marchés, notamment sur la manière de s’approvisionner en matières premières, en créant un marché comprimé et en alimentant artificiellement l’appétit des investisseurs pour les contrats à terme sur les matières premières », explique US News.

On est alors en droit de se demander ce que fait le régulateur, ici la London Metal Exchange qui fixe les règles sur le marché.

Le problème, révèle La Tribune, est que le régulateur est partie prenante dans cette affaire. La London Metal Exchange « touche 1 % des locations d’entrepôts donc elle profite indirectement de l’allongement des durées de livraison et, elle est loin d’être indépendante puisque jusqu’à l’an dernier elle était détenue intégralement par des banques… dont Goldman Sachs! »

De son côté, la banque d’affaires s’est contentée de répondre « que si les prix de l’aluminium ont fortement augmenté au cours des dernières années, ils sont encore près de 40 % inférieurs à ce qu’ils étaient en 2006. Le système de stockage n’a pas fait grimper le prix de l’aluminium », rapporte The Telegraph.

STÉPHANIE FERRÈRE/ Finance et investissement 29.07.2013

http://www.finance-investissement.com/goldman-sachs-de-nouveau-au-coeur-du-scandale/a/52545

2 réponses »

  1. Infâme, comme toujours, mais on doit quand même reconnaître l’extrême ingéniosité de ces braves gens!

    Et l’on se prend à penser à tout ce que cette ingéniosité pourrait réaliser si elle était appliquée a de vrais problèmes d’humains…

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