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Imprimantes 3D: Les potentiels insoupçonnés d’une révolution en cours

Imprimantes 3D:  Les potentiels insoupçonnés d’une révolution en cours

L’impression 3D offre des possibilités novatrices. Comme par exemple la numérisation des plans de fabrication.

 

Depuis que des imprimantes 3D – faciles d’usage, à prix abordables et suffisamment petites –  sont apparues sur le marché, il y a environ 2 ans, des entreprises mais surtout des particuliers se sont précipités pour les acheter. Aujourd’hui, pour quelques centaines de francs suisses, tout un chacun peut s’en procurer une. Les imprimantes sont de type FDM (Fuse Deposition Modeling),  à savoir un modelage par dépôt de matière plastique en couches successives. En quelque sorte, une image 3D est décomposée en autant de couches 2D nécessaires pour créer un objet en trois dimensions. L’imprimante va donc déposer lentement de la matière sur la matière un peu comme de «fins boudins de terre» en poterie. Cette méthode est efficace car elle permet de façonner d’une seule fois une pièce tant qu’à l’extérieur comme à l’intérieur, ce qui est souvent difficile avec des méthodes de production soustractive (à savoir par soustraction de matière). Ce type d’impression 3D est surtout très utile en milieu industriel pour créer des modélisations, des prototypes mais aussi des pièces en petite série. 

D’autres technologies permettant de développer de manière industrielle des pièces mécaniques ou d’autres objets sont aujourd’hui aussi disponibles sur le marché. Nous y reviendrons dans un prochain article. 

Mais pour l’heure, il est important de comprendre le fonctionnement actuel de ces imprimantes et surtout l’avenir qu’elles nous réservent.

 PLUS DIMPRIMANTE 3D EN SUIVANT:

D’abord, il faut saisir que désormais chaque objet, chaque pièce mécanique peut être «digitalisée»  en 3D,  c’est-à-dire transformée en un fichier contenant des algorithmes qui pourront être envoyés via Internet partout dans le monde pour un coût de transport quasiment nul. En supposant que la présence massive d’imprimantes 3D dans le monde s’accélère, on peut s’imaginer de nouvelles perspectives comme la fabrication locale d’objets. On vient d’ores et déjà énoncer trois bouleversements industriels notoires: 

l l’algorithme comme élément central de l’usine du futur; 

l le transport virtuel et non physique d’objets de par le monde; 

l la fabrication relocalisée dans chaque ville, chaque quartier. 

Ces trois éléments seront au cœur de la «nouvelle révolution industrielle» puisqu’ils annoncent la fin des délocalisations des lieux de production. À l’avenir, les ateliers du monde, dont, entre autres, en Chine, disparaîtront. Ces ateliers se réimplanteront alors dans chaque quartier, ce qui changera la vie des gens. 

Mais une autre «(r)évolution» plane à termes sur ce nouveau processus, c’est la possibilité de fabriquer à distance des machines. En effet, si je peux fabriquer des objets, des pièces mécaniques – et une machine n’étant qu’un ensemble de pièces mécaniques – je peux à terme me mettre à les assembler pour réaliser cette dernière: un moteur à explosion par exemple. Si c’est alors le cas, les usines de quartier de demain fabriqueront à la fois des solex et des Rolex! 

Cette idée de relance économique semble de l’ordre du rêve, mais nous observons qu’une fois que les imprimantes 3D seront dans les mains de l’utilisateur final, tout un processus d’encouragement de l’excellence dans la conception sera lancé. Les imprimantes 3D comme la Cube de 3D Systems, la Replicator de MakerBot ou encore l’Ultimaker de l’entreprise hollandaise d’Ultimaking (à construire soi-même) sont devenus les stars de ce commerce et progressent à vive allure . En effet, selon la firme d’analyse économique Deloitte & Touche, cette année, le secteur des imprimantes 3D a doublé et son chiffre d’affaires global atteindra les deux milliards de dollars. 

Le marché des imprimantes 3D et leur combinaison gagnante avec l’Open Source et Internet est principalement aux mains des makers (ou fabriqueurs) des FabLabs, TechShop et autres centres créatifs qui s’en servent comme technique de conception et la fabrication de petites séries rentables. Ces nouvelles formes de production et de création de valeur annoncent un changement difficile à anticiper, mais qui ne tardera pourtant pas à faire sentir ses effets. 

Trois raisons pour expliquer cette embellie du marché: Premièrement les imprimantes 3D sont devenues bon marché. Deuxièmement, elle sont faciles d’usage et troisièmement, il existe des milliers de fichiers à télécharger gratuitement pour fabriquer chez soi des objets qui vont de la lampe de chevet à la coque plastique de son iPhone en passant par de la vaisselle ou des jouets d’enfant. 

L’entreprise française Sculpteo est une «e-manufacture» proposant de personnaliser l’impression en 3D. 

De plus, en mettant à disposition une base de données de plusieurs milliers d’objets, ils sont en train de démocratiser la fabrication industrielle. Eric Carreel, Président de Sculpteo pense que les objets produits seront un jour de même qualité que ceux trouvés dans le commerce avec un avantage indéniable: celui de le fabriquer à nouveau par une simple impression à domicile. En se positionnant comme intermédiaire sur le marché de la fabrication additive d’objets, Sculpteo pense jouer le même rôle que PayPal avait été pour le e commerce en offrant un mode de paiement universel et sécurisé. 

À l’appui de ce que Sculpteo réalise, il est fort probable que l’essor des imprimantes 3D sera plus important chez les particuliers qu’au sein des entreprises et que cela annonce une ère nouvelle dans laquelle les «tinkerers» seront les principaux acteurs. 

Xavier comtesse Directeur romand Avenir Suisse/ Agefi Suisse Vendredi, 02.08.2013

http://agefi.com/forum-page-2/detail/artikel/limpression-3d-offre-des-possibilites-novatrices-comme-par-exemple-la-numerisation-des-plans-de-fabrication.html

EN COMPLEMENT: Impression 3D – la prochaine révolution industrielle?

Cela pourrait bien révolutionner le modèle industriel actuel. Aujourd’hui déjà, des appareils dernier cri sont capables de scanner des objets et de les reproduire en petites séries. Il pourrait en résulter des perspectives de croissance immenses – et les investisseurs ne seraient pas en reste

L’impression 3D utilise des modèles numérisés pour matérialiser, couche par couche, des objets dans le monde réel. «L’impression 3D pourrait révolutionner pratiquement tout ce que nous faisons», a déclaré Barack Obama. Dans un discours officiel prononcé en février passé, le président américain a précisé qu’il espérait que cette technique d’impression créerait des emplois high-tech aux Etats-Unis. Il est étonnant de voir ce que l’on peut d’ores et déjà produire avec l’impression 3D: des chaussures sur mesure, une batterie zinc-manganèse en état de marche, ou la carrosserie d’un bolide écologique, pour ne citer que quelques exemples.

Des scientifiques de l’Université Heriot-Watt d’Edimbourg, en Ecosse, ont même trouvé le moyen de fabriquer des cellules souches d’embryon humain à l’aide d’une bio-encre. Les scientifiques ne se contentent donc plus de rêver de fabriquer une oreille humaine à partir de collagène ou de cellules vivantes de cartilage, mais travaillent d’ores et déjà sur des organes plus complexes.

Bien que l’impression 3D n’en soit encore qu’à ses débuts, et ne puisse encore être utilisée qu’avec un nombre relativement limité de matériaux, cette courte liste illustre déjà clairement combien la technologie repousse les frontières actuelles.

Etant donné que les prix de ces imprimantes deviennent en outre de plus en plus abordables, elles pourront aussi susciter des envies chez les bricoleurs du dimanche. La reconstitution d’une locomotive devenue introuvable par des adeptes du modélisme, d’un bouton manquant sur la radio ou d’une pièce cassée d’un jeu d’échecs ne semble plus poser aucun problème, du moins sur le plan technique.

Mais les possibilités offertes par l’impression 3D suscitent également de nouvelles questions. A commencer par les droits d’auteur. Car, à l’avenir, il devrait être plus simple de télécharger rapidement des modèles de logiciels 3D à partir de plateformes internet que de les concevoir. Dès lors, des objets disponibles dans le commerce devraient pouvoir être reproduits en grandes quantités. Un exemple qui nous vient des Etats-Unis illustre l’impérieuse nécessité de modifier la législation: la confection d’une arme d’assaut par un particulier, pour laquelle l’utilisation d’une imprimante 3D a permis de contourner, en toute légalité, la législation sur les armes en vigueur, a suscité de vifs débats.

En dépit de toutes ces résistances, le passé nous enseigne une chose: rien ne sert de vouloir arrêter l’innovation. Et même, plus une innovation est importante, plus elle requiert des changements profonds dans les structures sociales, économiques et politiques. Le fait que l’impression 3D nous impose, dès le départ, de modifier notre façon de penser traduit son énorme potentiel. En fin de compte, les industries vont devoir revoir leurs canaux de production et de distribution, la législation devra être adaptée en conséquence et les frontières de l’impression éthiquement acceptables être redéfinies.

Pour l’instant, on ne trouve qu’un nombre limité d’opérateurs dans ce secteur économique très jeune. Seuls quelques pionniers sont cotés en bourse. On les retrouve dans l’indice Solactive 3D Printing TR (EUR) de Structured Solutions AG, qui intègre uniquement des entreprises satisfaisant à plusieurs critères de qualité.

Par Patrick Stettler UBS Public Distribution Suisse /Le Temps 27/5/2013 

http://www.letemps.ch/Page/Uuid/23aab7dc-c625-11e2-ba47-5fc21444577b/Impression_3D__


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13 réponses »

  1. Si, avec ces imprimantes, tout le monde devient producteur, cela provoquera pas mal de changements.
    Les structures politiques centralisées deviendront de plus en plus difficilement tenables. Le progrès technique devient l’ennemi de la kleptocratie.

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    • Dans un premier temps certainement. Dans un second … certainement pas.

      En effet, un simple compteur sur l’engin permettra de comptabiliser
      les « morceaux choisis » (sic) et de les taxer suivant des barèmes si complexes,
      qu’il faudra engager de nouveaux fonctionnaires pour pouvoir bien suivre …
      et taxer toussa, toussa !

      Gagez que l’équipe en place s’en frotte déjà les mains !

      Il ne faut jamais perdre de vue les deux seules certitudes qui nous concernent :

      LA MORT ET …. L’IMPÔT !

      C’est fou hein ?

      Ouais, je trouve AUSSI !

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  2. Les imprimantes 3D sont limitées et le resteront encore longtemps. Une construction mécanique peut être beaucoup plus compliquée que ce que le non initié peut imaginer. Certaines pièces nécessite des matériaux particuliers avec une certaine résistance à la traction, la compression, à l’usure, à l’oxydation, précision au micron, etc. qui ne peuvent être obtenus que par des traitements particuliers (trempage, traitement de surface, polissage au 1/100ème de micron, etc.) que les imprimantes 3D ne sauront pas faire avant longtemps. On peut bien sûr imaginer des produits conçus pour être fabriqués avec des matériaux plus fragiles qu’un appareil saura imprimer. Je ne doute pas alors qu’on nous ressortira à nouveau l’argument fallacieux de l’obsolescence programmée…

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    • Pour produire des biens selon les standards actuels de qualité, vous avez raison, cependant, si l’imprimante est compétitive, les gens préféreront probablement supporter une baisse de cette qualité standard qui sera compensée progressivement avec le temps en bénéficiant des avantages qu’ils pourront tirer du fait de produire eux-mêmes leurs biens.

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      • C’est sûr, ça va être passionnant de fabriquer un nouveau jeu de roulement tous les mois afin de remplacer ceux qui permettent aux roues et engrenages de sa voiture de tourner sans exploser et tout casser. Je persiste à dire que certaines choses ne pourront pas être imprimées.
        Sans compter qu’il sera toujours moins coûteux d’acheter un véhicule tout monté, plutôt que de l’imprimer et le monter soi-même.
        Cela dit, je ne saurai dire ce qu’il en sera dans plus de 50 ans… mais pour les 50 prochaines années, je ne vois l’impression 3D que comme un service complémentaire à ce qui existe aujourd’hui.

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  3. Malgré les controverses qui vont bientôt entouré cette machine absolument révolutionnaire, je pense que l’imprimante 3d va apporter beaucoup dans certains domaines. Par contre je viens de lire un article de Que Choisir (http://www.quechoisir.org/telecom-multimedia/informatique/enquete-impression-3d-la-replicator-2-au-banc-d-essai) qui à fait des tests et il semblerait que la qualité d’impression ne soit pas encore optimale, mais bon c’est comme tout il faut laisser le temps…

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