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Brèves de Trottoirs du Mardi 20 Aout 2013: Entre des Chiffres, des Lettres et Plus belle la vie !

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Brèves de Trottoirs du Mardi 20 Aout 2013: Entre des Chiffres, des Lettres et Plus belle la vie !

 Les critiques quant à la fiabilité des statistiques économiques n’existent pas qu’en Chine. Aux Etats-Unis, certains dénoncent aussi un manque de crédibilité de certains indicateurs.

Dans ce cas, il ne s’agit pas de manipulations pures et simples mais plutôt de changements de méthodologie ­jugés opportuns. Dernier en date, celui concernant la méthode de ­calcul du PIB, annoncé fin juil­let. Celle-ci prend désormais en compte, entre autres, la recherche et le développement comme un investissement et non plus comme un coût de production. Résultat, l’économie est gonflée de 3%, soit la taille de l’économie belge, souligne le Financial Times. Le changement, encouragé par les Nations unies, n’est pas insensé. Mais son timing est jugé discutable et politique par nombre d’analystes. Car augmenter la taille du PIB permet méca­niquement de réduire la dette, puisque celle-ci est affichée en pourcentage du PIB.

Pour John Williams, fondateur de la société Shadow Government Statistics, c’est surtout dans le calcul de l’inflation que les changements de méthodologie de ces dernières années posent problème. Deux d’entre eux ont permis de main­tenir le renchérissement bas: l’introduction des notions de substi­tution et de qualité. La première signifie que l’on ne prend pas en compte la hausse d’un bien tant que l’on peut le remplacer par un autre, considéré comme identique. Dans l’esprit d’Alan Greenspan, ex-gouverneur de la Réserve fédérale, à l’origine du changement, un steak devenu trop cher, par exemple, peut être remplacé par un hamburger. L’autre notion signifie que l’on ne prend pas en compte une hausse de prix si la qualité du bien s’améliore. Ainsi, l’essence augmente, mais elle pollue moins. Pour John Williams, cela revient à tricher car «le coût de la vie – que doit mesurer l’inflation – augmente». Comme l’inflation, qu’il juge sous-évaluée, sert pour calculer le PIB réel, ce dernier est mécaniquement surévalué. «C’est pour cette raison que les Etats-Unis semblent redémarrer plus vite et plus fort que l’Europe aujourd’hui encore», assure-t-il.

Quant au chômage, John Williams en critique aussi le calcul, qui exclut trop de personnes, notamment un chômeur qui ne chercherait plus activement du travail – lire les annonces ne suffit pas – après quatre semaines. D’après ses calculs, le chômage ne devrait pas être à 7,6%, comme affiché par le gouvernement, mais à 23%. Bien loin des 7% fixés par la Fed pour commencer à retirer son soutien à l’économie.

La Grèce a mal, elle aussi, à ses chiffres

En Grèce la crise de confiance profonde ouverte par la révélation, fin 2009, de manipulations statistiques à grande échelle par le gouvernement grec de Costas Caramanlis (2004-2009) pour camoufler le déficit abyssal de près de 16% du PIB, laisse encore des traces… Les chiffres essentiels, tels le chômage (26,7% en juin), le niveau d’endettement public (toujours 159,6% en 2012) ou les recettes fiscales non encaissées (2,6 milliards d’euros pour 2012) sont corrects. Mais plus on zoome, plus c’est flou. S’y ajoute la politique: le directeur d’Elstat, l’agence nationale statistique, depuis 2010, Andreas Georgiou, est aujour­d’hui accusé par les opposants aux plans d’aide européen d’avoir gonflé la dette grecque pour justifier l’intervention de Bruxelles…

La Suisse n’est pas irréprochable, Influencées par des lobbys ou manquant de rigueur scientifique, certaines statistiques suscitent la controverse

Exemple le chiffre figure sur la plate-forme suisse de lutte contre la contrefaçon: les dommages subis par l’industrie informatique en raison du piratage de ses produits s’élèvent à 386 millions de francs suisse par an. Le site, sous l’égide notamment de l’Institut fédéral de la propriété intellectuelle, rappelle ainsi que l’industrie «est sévèrement touchée par le fléau de la contrefaçon et du piratage».

D’où vient ce chiffre (daté de 2004) qui alarme les autorités? De la Business Software Alliance, l’association des grands fabricants de logiciels (Microsoft, Adobe, etc.). Plusieurs médias anglo-saxons ont pointé le manque de fiabilité de ces données. The Australian rapportait que le lobby s’était attiré les foudres de l’Institut de criminologie du pays, car il était incapable de prouver le bien-fondé de ses calculs. Mais le montant est toujours présenté, en 2013, sur le site officiel helvétique. «Le dommage ne peut être aisément déterminé car le phénomène se déroule dans l’ombre et la méthode de calcul n’est pas uniforme», se justifie Stop Piracy.

De manière générale, les chiffres de la contrefaçon présentés par l’administration fédérale des douanes sont sujets à caution. Celle-ci publie des statistiques à peu près stables de 2004 à 2007, puis une explosion du nombre d’interventions depuis 2008. Le fléau se répand-il comme le suggère ce tableau officiel? Depuis 2008, les lois ont été renforcées et l’importation privée de contrefaçon interdite. Pas sûr, de fait, que le nombre de touristes ramenant de fausses Rolex ait tant augmenté.

Certaines publications de l’Office fédéral de la statistique (OFS) ont été aussi contestées. Telle que la comparaison internationale des salaires (indexés au coût de la vie) publiée en 2012. Celle-ci reléguait la Suisse en 6e position, derrière l’Allemagne et le Royaume-Uni. Contrairement aux autres pays, les chiffres helvétiques ne reposaient pas sur la moyenne des salaires, mais sur la médiane, comme le précisait l’OFS au moyen d’un astérisque. Le tableau, ainsi présenté, défavorisait la Suisse. «Dans la publication de 2013, le pays occupe effectivement la première position», note l’OFS.

Source Le Temps 20/8/2013

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