Entreprises/Marchés: Le rachat d’actions atteint des niveaux jamais vu- Plus de 1 trillion de dollars depuis 2009 aux Etats-Unis!
Depuis l’éclatement de la crise financière fin 2008, le rachat d’actions semble être le maître mot de la stratégie de financement des entreprises américaines. Le montant total des rachats d’actions par les firmes outre-Atlantique s’élève en effet à plus de 1 trillion de dollars depuis 2009, soit 10% de la capitalisation boursière moyenne sur la période. Le nombre d’actions cotées aux USA a quant à lui chuté à un niveau jamais vu en deux décennies: on dénombre actuellement environ 4000 sociétés cotées contre plus de 8000 à la fin de la décennie 1990. Ce phénomène est qualifié de de-equitisation.

Cette tendance traduit en premier lieu le comportement prudent des dirigeants d’entreprise, qui ont favorisé la réduction du levier financier et la rémunération de l’actionnaire au détriment de l’investissement productif, choix logique dans un contexte de croissance mondiale déprimée. Les entreprises ont ainsi redistribué une partie des liquidités accumulées grâce aux baisses de dépenses sous forme de dividendes et de rachats d’actions. Les chiffres parlent d’eux mêmes: la rémunération totale de l’actionnaire (rachats et dividendes) pour les entreprises de l’indice S&P500 hors secteur financier représente aujourd’hui un montant équivalent à celui des dépenses d’investissement, alors qu’au début de la décennie 2000, on comptait environ 66 centimes de rémunération pour 1 dollar d’investissement. Ce sont les rachats d’actions qui ont servi de variable d’ajustement car ils sont avantageux, tant du point de vue de l’entreprise (relution, hausse du prix de l’action) que de celui de l’investisseur (fiscalité avantageuse par rapport aux dividendes).
La simple logique pro-actionnariale ou l’aversion aux risques liés à l’investissement ne fournissent cependant qu’une explication incomplète de la forte croissance des rachats d’actions. Il convient également de prendre en compte l’impact des politiques monétaires non orthodoxes sur le coût du capital. Les politiques de taux proches de zéro et d’assouplissement quantitatif menées par la Réserve Fédérale depuis 2008 ont fait baisser les rendements obligataires à des niveaux records, rétrécissant l’écart entre coût de la dette et coût des capitaux propres et incitant les entreprises à réviser leurs stratégies de financement en faveur de l’endettement. En d’autres terme, les entreprises s’endettent, non pour investir, mais pour racheter leurs actions. Cette tendance n’est pas encore clairement visible dans les bilans, la hausse de l’endettement étant compensée par la mise en réserve des résultats, mais elle apparait sans équivoque dans l’analyse des flux de financement qui révèle que la croissance des rachats d’actions est fortement corrélée à une hausse des flux d’endettement.
L’analyse historique révèle par ailleurs qu’une tendance similaire est apparue entre 2004 et 2007, lors de la transition entre l’ère Greenspan et l’ère Bernanke, déjà marquée par des rendements obligataires inférieurs à la normale.
Il est donc tentant de voir dans la de-equitisation à marche forcée un effet pervers de la politique de la Réserve fédérale qui, au lieu d’avoir l’effet positif escompté sur l’investissement productif, a conduit les entreprises à s’adapter à l’environnement de croissance faible en tirant parti des financements à moindre coût pour «sortir» les sociétés de la cote ou faire des rachats d’actions, optimisant ainsi la rentabilité des fonds propres. Le phénomène est donc un facteur clé de soutien des marchés Actions à court terme mais pourrait, à travers cet effet d’éviction de l’investissement et les répercussions macroéconomiques négatives qui en découlent, conduire à une sous performance à plus long terme.
Emmanuel Ferry Jean-Eudes Clot Banque Pâris Bertrand Sturdza SA/ Agefi Suisse Mercredi, 04.09.2013
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