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Mister Market and Doctor Conjoncture du Samedi 9 Novembre 2013: BCE/ Fureur en Allemagne ! Par Bruno Bertez

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Mister Market and Doctor Conjoncture du Samedi 9 Novembre  2013: BCE : Fureur en Allemagne ! Par Bruno Bertez

EN LIEN: Mister Market and Docteur Conjoncture du Jeudi 7 Novembre 2013: La BCE baisse ses taux, comme prévu Par Bruno Bertez

 Il y a quasi-unanimité en Allemagne  pour condamner et s’indigner de la baisse des taux annoncée Jeudi par Draghi. Depuis plusieurs semaines, les représentants allemands luttaient pour dissuader Draghi de baisser les taux. Celui-ci, tout obnubilé par la situation des pays périphériques, a passé outre. Les officiels de la BCE font valoir le ralentissement de l’inflation comme motif. Il est évident que cela n’a aucun sens et que comme il se démontre très facilement, les politiques monétaires non-conventionnelles du type Fed ou BCE sont absolument incapables de s’opposer aux tendances à la déflation. Ce n’est pas un hasard si la hausse des prix ralentit aussi bien aux Etats-Unis qu’en Europe alors que les stimuli monétaires se situent à des niveaux record et que l’on a atteint les limites des politiques aventureuses.

 

En fait, lors de la dernière réunion de la BCE, un quart des membres se sont opposés à la décision de Draghi. Cela nous paraît important qu’un quart des membres du Governing Council  se soit opposé. Une telle situation va dans le sens des divisions, des ressentiments, ce qui est tout le contraire de l’unité et de la convergence. L’Europe se disloque, on le voit au plus haut niveau.

Draghi continue ses provocations. Et à notre avis, il est en train d’approfondir le conflit fondamental qui existe, non pas au niveau européen comme on pourrait le croire, mais au niveau global, entre les conceptions anglo-saxonnes et les conceptions orthodoxes en matière monétaire. Draghi est une sorte de Cheval de Troie, cela apparaît de plus en plus clairement. Le vrai problème de Draghi, c’est l’alignement sur les Anglo-saxons et le fait qu’il cède à leurs pressions. Il accepte  la conception monétaire imposée par les Anglo-saxons et tente de violer les Allemands.

Ce sont deux conceptions monétaires totalement opposées que celle des Allemands et celle des Anglo-saxons. Les Allemands croient à l’ancrage monétaire. Les Anglo-saxons croient à une monnaie totalement serve, simplement suspendue dans les airs des volontés gouvernementales et bien entendu des nécessités bancaires.

Pour les Anglo-saxons, la finance est une industrie et c’est leur industrie. Pour la majorité des Allemands, l’industrie, c’est l’industrie et la finance ne doit pas prendre le pas sur la production de biens et services.

Pas à pas, Draghi grignote sur les Allemands. Pas à pas, il dénature la BCE et l’euro.

Un de nos amis, journaliste allemand, va jusqu’à considérer que des mesures comme celle-là peuvent être des gouttes d’eau qui font déborder le vase de l’amertume allemande.

Meister, le patron du groupe parlementaire CDU-CSU, vient de déclarer : « Le risque de bulle dans le prix des assets existe et il ne va pas être abaissé par cette décision ». « Il y a déjà trop de liquidités qui circulent sur les marchés de capitaux ».

Ce qui est frappant, c’est que le SPD pense la même chose. L’un de ses porte-parole, Carsten Schneider,  a déclaré : «  En Allemagne,  le risque d’une bulle d’assets dans le secteur immobilier et sur les actions continue d’augmenter. «  

Il est évident que tout ceci ne va pas favoriser les relations au sein de l’Europe et ce n’est pas seulement un conflit de plus qui se développe, c’est un conflit majeur.

La semaine dernière, l’Allemagne a réagi très fortement aux critiques américaines qui l’accusaient d’être responsable des maux qui accablent l’eurozone. Les réactions à l’égard des pays européens qui avaient emboité le pas américain ont été modérées par souci de ne pas envenimer les relations publiquement, mais le mécontentement est extrêmement important. Et au sein du gouvernement allemand, certains ne cachent pas leur désir de faire payer cher ces critiques européennes au cours des prochains mois. Ces responsables allemands considèrent que de telles critiques sont un véritable coup de poignard dans le dos : « ils mordent la main qui les nourrit ».

Hier Matin , l’agence de rating S&P a baissé la note de la France d’un nouveau cran. Il y a de quoi éclater de rire à la lecture des justifications mises en avant par S&P.

On lit que l’approche du gouvernement français en matière budgétaire, en matière de réformes structurelles, en matière de réformes fiscales, en matière de production de biens et services et de règlementation du marché du travail, n’a quasi aucune chance d’améliorer de façon substantielle les perspectives de croissance à moyen terme. Vous comprendrez que nous nous dispensons de commenter ce genre de justifications. Pourquoi quand même ne pas être honnêtes et dire clairement : « Nous voulons à tout prix que les pays européens assainissent leur secteur financier conformément au besoin du système anglo-saxon ». Ce serait plus clair et plus productif.

La dégradation de la France par S&P est un véritable coup de poignard dans le dos.

Elle est contraire à l’appréciation des marchés. Le spread entre l’OAT  et le Bund Allemand a tendance à se réduire et non pas à s’élargir. On est à 0,48 environ, on valait 0,59 il y a peu. Cette réduction, malgré la situation détestable en France n’est pas un signe de méfiance c’est un signe de confiance.  On n’anticipe pas de dégradation, mais au contraire une  amélioration à horizon de 2 ans; les investisseurs japonais continuent d’entasser et d’empiler les emprunts souverains français. Ils considèrent que le rapport risk/ reward grâce à ce supplément de rendement de 0,50 sur les Bunds est attrayant. Ce faisant les japonais contribuent au succès de la tentative de stabilisation puisqu’ils maintiennent un taux des OAT inférieur à la croissance nominale estimée des prochaines années.

  Le FMI lui-même prévoit une stabilisation du ratio de dette sur GDP pour la France autour de 2015, ce qui n’est pas déraisonnable, les hypothèses de travail du FMI ne semblent pas outrageusement  optimistes, en particulier sur la trajectoire du déficit primaire.

Les hypothèses de stabilisation du ratio dette sur GDP français reposent il est vrai sur la stabilisation des taux de la dette française au niveau actuel et le maintien du spread OAT/Bund dans les niveaux raisonnables…. or que fait S&P ? Elle savonne la planche française en dégradant le rating de son crédit, c’est à dire que S&P fait en sorte que les emprunts français coûtent plus cher… ce que faisant S&P contribue à rendre plus problématique la stabilisation du ratio de dette. Si ce n’est pas du vice, cela y ressemble !

L’objectif des anglo-saxons n’est pas d’aider l’Europe, mais de l’affaiblir, il faut mettre au pas ce bloc qui s’obstine à gêner l’industrie de la finance dont ils sont les maîtres. Il faut faire plier les Allemands, les forcer à abandonner leurs conceptions monétaires « dépassées », il faut maintenir une pression, un doute sur la survie de l’euro et pour cela,  il faut s’attaquer au maillon faible, maillon central qu’est la double pilier franco-allemand. Sans la France ou avec la France en difficulté, l’euro est condamné, ou alors les Allemands doivent céder. Et c’est là le jeu, mettre en difficulté la France pour forcer les Allemands à abandonner leur rigidité.

BRUNO BERTEZ LeSamedi 9 Novembre 2013

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