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Le futur de l’éducation

Le futur de l’éducation

 Khan Academy. La méthode bouscule le modèle traditionnel et respecte le rythme d’apprentissage de chacun.  

La Khan Academy  a été écompensée par le Melamed-Arditti Innovation Award au cours de la Global Financial Leadership Conference du CME Group , son fondateur Salman Khan rejoint le groupe des lauréats du titre auquel appartiennent Jimmy Wales, co-fondateur de Wikipedia, Myron Scholes, Harry Markowitz ou encore William Sharpe, tous trois prix Nobel d’économie, ainsi que Michael Bloomberg et Leo Melamed, créateur des futures financiers. 

EN LIEN:  https://leblogalupus.com/2013/09/19/critique-et-focus-sur-le-livre-la-revolution-scolaire-de-ron-paul-par-bruno-bertez/

Une histoire toute simple au départ. En été 2004, Sal Khan, alors analyste dans un hedge fund, aide sa jeune cousine Nadia, âgée de 12 ans, à faire ses devoirs de maths à distance par l’intermédiaire du bloc-notes Doodle de Yahoo. Incapable de réaliser de simples conversions d’unités, Nadia intégrera plus tard l’Université de la Nouvelle-Orléans en mathématiques. Entre temps, les petits cours de Sal Khan gagnent l’intérêt d’une ribambelle d’autres jeunes cousins pour lesquels il écrit un générateur de quiz afin qu’ils puissent évaluer leurs résultats. Les leçons sont publiées sur YouTube et Sal Khan se rend vite compte que ses cousins ne sont plus seuls à les suivre. En 2008, alors que les leçons ne sont encore qu’un hobby, Sal Khan ouvre une association à but non-lucratif et dès 2009, décide de quitter son emploi pour y consacrer sa vie. Plus de 100.000 personnes utilisait déjà ses vidéos. 

Mais le financement, assuré sur ses ressources personnelles, pose problème. Jusqu’à réception d’un virement de 10.000 dollars d’Ann Doerr. A l’issue d’une brève rencontre au cours de laquelle il lui explique son projet «d’éducation de haut niveau gratuite pour tous et partout», il en reçoit 100.000 dollars supplémentaires. Le conte de fée se concrétise lorsque Sal Khan apprend que Bill Gates le cite lors d’un débat public. Car les enfants du fondateur de Windows suivent les cours de la Khan Academy. En automne 2010, le projet reçoit le soutien de la Gates Foundation et de Google. 

Sal Khan s’insurge contre la programmation scolaire, centrée autour de cours magistraux sanctionnés par des examens épisodiques. «Cette méthode ne s’assure pas qu’un concept est acquis avant de passer à l’étape suivante» explique-t-il. «Elle ne respecte pas le rythme d’apprentissage de chaque élève et décourage la persévérance. Le curriculum progresse sans se préoccuper des résultats individuels. Si un élève n’a pas intégré une étape, il est laissé à la traine avec de graves conséquences à long terme. C’est un peu comme construire le second étage d’une maison sans s’assurer que le premier tienne debout». 

La méthode proposée par la Khan Academy, sous l’appellation de «classe inversée» bouscule le modèle traditionnel. L’élève peut reprendre la leçon autant de fois que bon lui semble et se tester au fur et à mesure, sans être en butte aux critiques de son enseignant ni de ses pairs. Le modèle récompense l’effort et la constance plutôt que le succès. Intégré dans un contexte scolaire, l’approche permet à l’enseignant de se libérer du cours magistral et de se consacrer au suivi de chaque élève. Elle permet aussi l’apprentissage hors du cadre scolaire ou dans des régions où les enseignants font cruellement défaut. 

«Aucun de nos concepts n’est réellement nouveau et je ne suis pas le premier à les défendre» admet humblement Sal Khan. Mais ce qui fait la force de la Khan Academy, outre sa disponibilité permanente et sa gratuité, ce sont les outils mis en place autour de l’enseignement: représentations en 3D, jeux interactifs, concours, cartographie des connaissances pour l’élève et pour le professeur. 

Amorcé avec les maths, le programme couvre actuellement l’ensemble des sciences exactes, l’économie, la finance et l’histoire. Il est disponible (pas toujours entièrement) dans 17 langues dont l’Espagnol, l’Allemand, le Chinois et même le Swahili ou le Xhosa. La version française a été construite avec Bibliothèques Sans Frontières, principale ONG de développement culturel dans le monde francophone. La Khan Academy est suivie dans 200 pays, réunit 150.000 enseignants et reçoit 10 millions de visites par mois. 1,5 milliards de problèmes ont été résolus par ses élèves. Alors que Sal Khan imaginait que seules les classes moyennes occidentales se prendraient au jeu, il a été stupéfait de constater que les élèves d’un orphelinat en Mongolie suivaient ses cours. Avec succès. 

«Nous sommes à un tournant historique». Les facteurs déterminants de l’apprentissage et de la réussite seront modifiés de manière fondamentale. «On croyait autrefois que seuls 10 à 20% de la population était à même de lire ou d’écrire alors que l’on sait aujourd’hui que plus de 99% en est capable. Il en sera de même un jour pour la physique quantique» conclut Sal Khan.

Nicolette de joncaire naples (floride)/ Agefi Suisse 25/11/2013

http://agefi.com/europe-monde/detail/artikel/khan-academy-la-methode-bouscule-le-modele-traditionnel-et-respecte-le-rythme-dapprentissage-de-chacun.html?issueUID=464&pageUID=13884&cHash=85f5f9a9c82f669fc4538086747f3dc9

EN COMPLEMENT: Systèmes éducatifs: l’Asie en tête, la France dans la moyenne de l’enquête Pisa

Mathématiques, lecture, sciences: Shanghai rafle la première place du classement international Pisa 2012 sur les performances des élèves de 15 ans, comme en 2009, talonnée par plusieurs pays d’Asie du sud-est, a annoncé mardi l’OCDE.

La Finlande reste toujours bien placée parmi les 65 pays ou économies mais perd un peu de terrain. La France se maintient dans la moyenne mais elle continue d’être fortement marquée par les inégalités sociales et scolaires.

Shanghai a participé aux tests pour la première fois en 2009. Trois ans plus tard, elle obtient des résultats bien au-dessus de la moyenne des 34 pays de l’OCDE, une avance correspondant à près de trois années de scolarité en maths par rapport à la moyenne, à plus d’un an et demi en lecture, et à plus de trois trimestres en sciences.

Parmi les cinq pays les plus performants, on trouve Singapour et Hong Kong dans le trio de tête pour chacune des épreuves. Suivent Taïpeh, la Corée, le Japon, ou la Finlande pour les sciences.

«Déjà très performants en 2009, Shanghai, Hong Kong et Singapour ont continué à augmenter leurs performances dans les trois domaines. Du coup, la Finlande se retrouve avec un léger recul, sachant qu’il y a aussi de plus en plus de pays qui participent» à l’enquête Pisa, souligne Sophie Vayssettes, de la direction de l’Education de l’OCDE.

Trente pays participaient à la première enquête de 2000.

Les systèmes éducatifs asiatiques fonctionnent bien car «ils demandent beaucoup aux élèves. Il y a une culture de l’éducation : parents, enfants, enseignants, tout le monde travaille dans le même sens», explique Eric Charbonnier, spécialiste de l’éducation à l’OCDE. Il y a «l’idée de toujours s’améliorer, corriger ses faiblesses et mettre les enfants dans les meilleures conditions pour apprendre».

Réduire les inégalités

La formation des enseignants est aussi la clé de la réussite: «tous les pays qui sont en tête, qui ont progressé, ont mis la formation des enseignants au coeur» de leur système, ajoute-t-il. La France a remis sur pied cette formation à la rentrée 2013.

Le Brésil, la Colombie, l’Estonie, Israël, le Japon et la Pologne, qui ont progressé, «ont mis en place des politiques pour avoir des enseignants plus qualifiés avec l’exigence de diplômes d’enseignement, des incitations pour attirer les meilleurs étudiants dans le métier, des hausses de salaire et un encouragement à la formation continue des profs», relève le rapport.

Au cours de la dernière décennie, Pisa «est devenue le premier étalon pour évaluer la qualité, l’équité et l’efficacité des systèmes scolaires», souligne le secrétaire général de l’OCDE, Angel Gurria, en préambule du rapport. L’enquête permet ainsi «aux gouvernements et aux éducateurs d’identifier des politiques efficaces qu’ils peuvent adapter à leurs contextes locaux».

L’Allemagne avait vécu un véritable «choc Pisa» en 2000, «ses inégalités étaient énormes et même les immigrés de deuxième génération réussissaient moins bien que ceux de première génération», rappelle M. Charbonnier, relevant que le pays, comme quelques autres, a «vraiment réduit de façon significative ses inégalités, donc c’est possible».

Une voie que la France n’a pas réussi à trouver. Alors qu’elle est dans la moyenne de l’OCDE, les inégalités scolaires se sont creusées depuis 2003, avec une moindre probabilité de réussir pour les élèves défavorisés.

«En France, la corrélation entre le milieu socio-économique et la performance est bien plus marquée que dans la plupart des pays de l’OCDE», souligne l’enquête. «Lorsqu’on appartient à un milieu défavorisé, on a aujourd’hui clairement moins de chances de réussir qu’en 2003». Et «les élèves issus de l’immigration sont au moins deux fois plus susceptibles de compter parmi les élèves en difficulté».

Dans le bas du classement, on trouve le Pérou, le Qatar, l’Indonésie, la Colombie, le Kazakhstan ou encore l’Albanie, mais des progrès ont été réalisés en augmentant, par exemple, le nombre de bons élèves et en réduisant le nombre des élèves faibles.

AFP 3 DÉCEMBRE 2013


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