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L’Edito Spécial du Dimanche 6 Avril 2014: Fin de la Synthèse, place à la Deuxième gauche, une sorte de cohabitation avant l’heure Par Bruno Bertez

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L’Edito Spécial du Dimanche 6 Avril 2014: Fin de la Synthèse, place à  la Deuxième gauche,  une sorte de cohabitation avant l’heure Par Bruno Bertez

Nous affirmons que Hollande suit, en accéléré, en comprimé, le canevas de Mitterrand et cela, depuis nos premiers écrits inspirés par l’analyse critique du programme électoral et, ensuite, par l’examen des premières décisions prises. Nous avons rapidement développé  l’idée que, non seulement Hollande trahirait ses promesses, son électorat et son parti, mais que trahir, sans l’avouer, sans le claironner, ne suffirait pas. Nous avons affirmé qu’il fallait une reddition en rase campagne. C’est ce qui a été fait en paroles le 14 janvier. C’est ce qui se fait actuellement. Hollande a choisi comme premier ministre, celui qui est le plus à droite, le fils de Rocard et de DSK.

  Mitterrand a buté sur les contraintes extérieures, sur les lois fondamentales de l’économie qui font que deux et deux font quatre. Cette contrainte signifie que l’on ne peut tout promettre, tout accorder,  dans un monde de concurrence, dès lors que l’on est ouvert sur l’extérieur. Pour tenir ses promesses, la seule solution est de se fermer, de s’isoler, de se protéger. Cela est apparu clairement à Mitterrand, sous la forme de la crise du change, du besoin de dévaluer la monnaie. Mitterrand, comme prévu, s’est soumis aux Allemands, il a dévalué et fait l’austérité. 

La contrainte extérieure, à notre époque, ne peut se manifester par la crise de change et le besoin de dévaluer car il y a le carcan de l’euro. On ne peut dévaluer la monnaie. Mais, en revanche, on peut dévaluer son équivalent dans le temps, la quasi monnaie, c’est à dire les emprunts, la dette du pays en difficulté. La nouvelle statue du commandeur de la mauvaise gestion, c’est le déficit, la dette, le taux d’intérêt qu’il faut consentir aux créanciers.  

Mitterrand a nommé Fabius en 1984, pour faire, pour ratifier politiquement son tournant économique. Les couleuvres de la restructuration industrielle étaient trop grosses pour que Mauroy les avale. Mais Fabius, « moderniste », modéré de la première gauche, homme quand même de l’Union de la Gauche, n’a pas suffi, le reniement n’était pas assez clair. Il a fallu la cohabitation de 1988  pour aller plus loin dans le reniement, pour l’alignement sur l’Allemagne. La cohabitation, ce fut une social-démocratie, radicale, au sens français, c’est à dire rad-soc. Objectivement, c’est une sorte de poursuite du glissement à droite de Mitterrand. Elle a suffisamment déconsidéré celui qui en a porté le chapeau, Chirac, qu’en fait il a fait le lit de la réélection de Mitterrand. Bravo l’artiste ou, comme disait de Gaulle, l’Arsouille. Heureusement, Mitterrand, bon prince, a tout fait pour récompenser celui qui l’avait si bien servi. 

Nous soutenons que Hollande, confronté exactement à la même situation que Mitterrand, la contradiction entre la politique intérieure et les contraintes extérieures véhiculées par l’Allemagne, nous soutenons qu’il réalise en accéléré, en comprimé, le parcours de Mitterrand, après le ralliement sans le dire, après le ralliement explicite, voici qu’il met en place volontairement la cohabitation! Valls, c’est à gauche l’équivalent de la cohabitation avec Chirac en 1986. ceux qui, comme nous, ont une fois pour toutes admis l’existence de l’UMPS  ne s’étonneront pas de notre interprétation. 

Valls, c’est Chirac, c’est à dire la cohabitation. C’est la rupture avec la pratique socialiste qui date des années 20. La fin de l’ambiguïté, le ralliement pieds et poings liés aux Allemands qui n’ont qu’un objectif, nous faire adopter leur Bad-Godesberg de 1959. Bref, leur social-démocratie. Valls, c’est la deuxième gauche, c’est à dire les enfants adultérins de Rocard et de DSK ; c’est même, conformément aux goûts et perversions de DSK, une partouse avec la CFDT.

 

Expliquons-nous. Le Parti socialiste vit sur un mythe. Ce mythe date de fort longtemps, disons pour simplifier, les années 1920, le Congrès de Tours. Ce mythe consiste à agir et se positionner comme un parti réformiste et, en même temps, à tenir le langage révolutionnaire de la lutte des classes des communistes. Ce mythe a été entretenu par Blum, par exemple, qui, tout en étant contre la violence et donc contre la révolution, parlait encore de « dictature du prolétariat ». L’Union de la Gauche qui a porté Mitterrand au pouvoir est une réaffirmation de l’objectif révolutionnaire, de l’objectif de rupture avec le capitalisme. Le meilleur exemple en étant le programme des nationalisations. Mais c’était une couverture électorale, pour tromper. Les socialistes, dans leur majorité, n’ont jamais voulu faire la révolution, tout ce qu’ils voulaient, c’est en agiter le drapeau pour, non pas appliquer un programme, mais pour satisfaire des appétits! Il ne faut pas oublier que le Parti Socialiste est tout, sauf ouvrier et ce, depuis longtemps. Ses directions successives sont bourgeoises et même de plus en plus bourgeoises klepto, il suffit de regarder qui dirige vraiment et qui paie. Il suffit d’examiner ses liens avec le très grand capital, souvent délocalisé depuis des générations -suivez mon regard-: « les maîtres de l’argent fascinent les serviteurs du Prince, et dès lors que ses financiers ont été oints socialistes, le souverain peut consentir à transgresser sa chrétienne répulsion affichée pour cet univers impur ». 

Hollande a encore été élu sur ce mythe, la promesse de rupture résumée dans cette phrase que l’ultragauche lui lance sans cesse au visage, « je hais la finance », équivalent de ce que Mitterrand proclamait, sa « haine du monde de l’argent ». Ce qui ne l’empêchait pas de mettre ses fesses dans la Rolls de Pelat et de lui faire entretenir sa famille illégitime. La conversion de Hollande à la religion de la finance date de très loin, mais elle a été réaffirmée à l’étranger lorsqu’il s’en est allé s’agenouiller devant les messieurs de la City de Londres. 

Il faut décoder le langage des socialistes et des socio-démocrates. C’est un double langage. 

A destination de la Première Gauche, des travailleurs, des communistes, la haine de l’argent, cela veut dire : je hais le profit, je hais le système où règne la tyrannie du profit. A destination de la deuxième Gauche, de la CFDT, du Patronat collabo, cela veut dire : je suis un socio-démo, le profit n’est pas mon ennemi; mon ennemi, ce sont les  excès de la finance, les inégalités, l’argent qui prospère en dormant, etc. 

Tout ceci donne le monstre, le mouton à cinq pattes hypocrite qui est à la base du remaniement. Nous voulons parler du Pacte dit de Responsabilité, qui organise l’irresponsabilité du patronat, Pacte dont le sens profond est la baisse du pouvoir d’achat des ménages pour dégager une augmentation des cash-flows des entreprises. Le mouton hypocrite, c’est la reconnaissance du théorème allemand de Helmut Schmitt : « Les profits d’aujourd’hui font les investissements de demain et les emplois d’après demain ».

 

Le Pacte de responsabilité sur lequel butaient Ayrault et la Première Gauche et une partie des EELV, c’est la rupture que l’on ne peut plus cacher avec les origines révolutionnaires, dissimuler, c’est l’acceptation de la sociale-démo, façon Rocard, façon CFDT, façon Patronat dit progressiste, façon Fondation Saint-Simon. C’est la fin de la lutte des classes, la troisième voie, tout le monde « il est est réuni », sans différence, sans antagonisme, réuni sous la domination du très grand capital financier kleptocratique cher à des gens comme Pigasse, patron de la Banque Lazard. C’est l’antichambre du vrai, de l’authentique organisation  fasciste de la société. C’est la cohabitation dans l’esprit, c’est l’UMPSCFDTMEDEFCGPF. L’école d’Uriage et ses tentations scélérates n’est pas loin ! Et ce n’est pas un hasard si ce pseudo modèle vient d’Allemagne, là où la tradition de collaboration a pris naissance et s’est incarnée de la manière douloureuse que l’on sait, mais que l’on cache. 

Le mal français vient de loin, il vient des mensonges de Jaurès qui défendait, dès 1904, la participation aux gouvernements bourgeois, de Blum au Congrès de Tours, du Mitterrand  de 1983, du Rocard autogestionnaire du PSU, et son  « exploitez-vous vous-même » et bien sûr, comble de l’hypocrisie, de Jospin qui prétendait faire la pirouette d’accepter l’économie de marché tout en crachant sur « une société de marché » ! 

On relira le discours prononcé par Rocard en décembre 1988 à Orly, tout est dit : « Nous prenons en charge le fait que le seul moteur économique est celui de l’intérêt, que l’humanité n’est pas composée de petits saints, et que nous ne pouvons pas projeter sur un projet d’organisation sociale un espoir mythique de voir l’espèce humaine s’améliorer ». C’est clair, le moteur, c’est le profit, on ne le conteste plus. C’est notre Bad-Godesberg. Mais attention, si nous reconnaissons comme incontournables la concurrence et le profit, nous affirmons, en même temps, notre volonté de justice sociale, de combat  pour l’égalité. Le modèle social-démocrate, explique Rocard, c’est un niveau de vie élevé, le respect des droits de l’homme et du pluralisme et un haut niveau de protection sociale. 

La social-démocratie, si on suit ses défenseurs, c’est la reconnaissance de la légitimité et de l’utilité du profit comme moteur de l’activité économique, mais le refus de ses conséquences, à savoir le refus des inégalités qui en découlent ; c’est le refus de l’accumulation des richesses qui est la conséquence du profit. La social-démocratie, c’est la primauté de la demande, c’est à dire le keynésianisme à tous crins, surtout au crin de l’endettement et du déficit. Mais avec Hollande du 14  janvier, c’est aussi l’économie de l’offre, le socialisme de l’offre. C’est, pour faire plaisir aux Allemands, la poursuite de l’austérité par la réduction des dépenses et du déficit, mais c’est aussi un haut niveau de protection sociale. De fait, nous sommes au cœur de l’impossible: le socialisme vu et révisé par la deuxième gauche, le socialisme devenu social-démo, se réduit à sa composante clef : un haut niveau de protection sociale, or c’est précisément ce que les moyens de la France ne lui permettent plus d’offrir.

Valls se présente lui-même, comme l’enfant de Rocard et de Jospin. En  fait, il est plus proche  de DSK que de Jospin. Il accomplit la conversion formelle des socialistes français à la social-démocratie, il fait le petit Bad-Godesberg que Hollande a annoncé en Janvier. Il le fait, non par réflexion, mais par opportunité, presque par association d’idées : si on veut faire et réussir le Pacte de Responsabilité, il faut opérer cette conversion. Le pacte de responsabilité, c’est le profit et la concurrence pour les entreprises et le socialisme pour les personnes! C’est le capitalisme pour les ultra-riches et la confiscation égalitaire pour les sujets, le peuple, les serfs. 

Interview de Henri Emmanuelli  dans Médiapart , leader historique de la Première Gauche anti socio démo: Emmanuelli , lui a bien compris le coup de force que la Droite n’ a même pas entrevu

-Le parti socialiste n’existe plus!

-Il faut réunir un Congrès extraordinaire!

-Harlem désir doit démissionner!

-Emmanuelli réserve son vote après la déclaration de politique générale du gouvernement!

-Il déclare que son vote n’est pas acquis!

-On vit en France dans une sorte de monarchie répulbicaine!

-Les coups de force sont permanents, les lobbys agissent par pression!

-Le parti socialiste est devenu un parc à moutons!

-Le départ des EELV est un rétrécissement de la majorité!

Tout est dit .

La sociale démocratie, très bien définie par Rocard, c’est un mensonge d’Etat. Un mensonge qui consiste à dire : étudiez, travaillez, prenez des risques, innovez, épargnez, essayez de vous élever au-dessus des autres, mais surtout ne vous avisez pas de vous enrichir ou de prétendre être au-dessus. La social-démocratie, c’est le contraire du « enrichissez-vous » de François Guizot. Elle veut que vous fassiez semblant de ne pas savoir que l’on va vous confisquer le produit, la récompense de votre activité et de vos efforts. L’image de la social-démocratie, c’est cet âne qui est attaché  à la roue qu’il est obligé de faire tourner avec, devant son nez, la carotte qui, toujours, court devant lui, hors de portée, et que, jamais, il ne pourra attraper. L’image caricaturale de la social-démocratie, c’est la nouvelle ministre de la transition énergétique, Ségolène qui nous la fournit, c’est ce malheureux baudet du Poitou qui déploie son énergie, attaché à la roue qui tourne, qui tourne pour une carotte qu’il n’aura jamais. Un baudet qui ne coûte rien ou presque! La ministre de la Réconciliation Familiale est en ce sens exemplaire. Symbolique. 

Il est évident que Hollande et Valls vont dans le mur. 

Notre conviction est qu’il n’y a aucune possibilité pour que la conversion de Hollande produise les résultats qu’il espère. 

-…….D’abord, parce que le PS a toujours été, en pratique, social-démocrate et qu’il n’y a aucune nouveauté réelle, concrète, il n’y a qu’habillage et Com. 

-…….Ensuite, parce que les finances du pays ne permettent plus le maintien de ce qui est au cœur de la social-démocratie: la protection sociale. 

-…….Enfin, parce qu’il n’y a pas de couches sociales sur lesquelles appuyer cette conversion. La première gauche va encore à la soupe,  mais  l’ultragauche est en train de se raccommoder, d’abord PC et Front de Gauche, ensuite avec le NPA et Attac 

Comme d’habitude, la France se décide à imiter l’Allemagne quand il est trop tard. Quand le modèle allemand, en fait, montre ses limites, puisqu’il ne tient plus que grâce au pillage de la demande mondiale et à l’exportation de son chômage. Les entreprises allemandes délocalisent leurs investissements, le potentiel productif s’érode. Le corps social allemand se fragmente.

 La désindustrialisation du pays français et l’absence de structures susceptibles de recueillir des investissements accrus va faire trébucher le Pacte de Responsabilité. Le rêve de la nouvelle croissance « escrologique » est une ineptie, on l’a vu lors du plan keynésien d’Obama en réponse à la crise, c’est un gaspillage inorganisé. Il ne suffit pas d’investir dans le vent -c’est le cas de le dire- il faut des occasions concrètes d’investissement rentable dans des projets susceptibles de bénéficier d’un marché et de débouchés mondiaux. 

Hollande a visiblement tiré une partie de la leçon que nous ne cessons de répéter; on ne gouverne pas un pays par des synthèses Enanistes politiciennes, il a choisi de casser la synthèse et de choisir la Deuxième Gauche. C’est bien, mais cela ne suffira pas, le monde est plus complexe que cela, plus complexe que ce qu’il croit, et surtout, il est plus lourd, plus inerte. Il ne se réduit pas à des combats entre écolos et industrialistes, entre des bobos et des populistes, entre des partisans de Keynes ou ceux de Friedman, entre des fachos et des universalistes…

BRUNO BERTEZ Le Dimanche 6 Avril 2014

illustrations et mise en page by THE WOLF

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