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Les Clefs pour Comprendre : Le SMIC, le chômage et le marché Par Bruno Bertez

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Les Clefs pour Comprendre : Le SMIC, le chômage et le marché Par Bruno Bertez

Ou il est dit et redit que qui veut faire l’ange fait la bête.

Laissons Gattaz, ce triste sire représentant du socialisme patronal et du capitalisme managérial à ses rêveries malsaines.

 Restons sur la question de la nécessaire suppression du SMIC. Elle se pose en les mêmes termes que les questions de réglementation des loyers. Il ne vous échappera pas que la France vit dans une crise du logement chronique. Un habitant de Sirius dirait, c’est parce les réglementations et les interventions de la puissance publique empêchent la formation d’un vrai marché du logement et donc empêche la découverte des prix ou s’équilibreraient l’offre et la demande.

Bref la crise du logement est, transposée à l’emploi, de même origine: on refuse de reconnaitre le rôle du marché, sa fonction d’équilibrage des offres et des demandes, on refuse son rôle de clearing efficace.

Pour résumer on refuse que le logement s’inscrive, comme c’est le cas ailleurs, dans le cadre d’une économie de marché. On refuse que ce soit, et on retrouve la similitude avec le travail, un bien comme un autre, avec une offre et une demande expression des désirs des uns et des autres.

Et bien il en va de même pour le marché de l’emploi. Tout, en France s’organise autour de la négation et de la formation d’un marché de l’emploi. Tout est fait pour y échapper. Donc on échappe à ses résultats et conséquences, à savoir l’échange, la confrontation volontaire des désirs des agents économiques. Et tout dysfonctionne. On fait semblant d’oublier que le mal est structurel, le taux de chômage n’est pas descendu sous la barre des 7% en France depuis 1982!

Le problème n’est pas la politique ou le découpage droite/gauche, le problème est culturel. On accepte de se battre sur le marché mondial des marchandises, on accepte le marché des marchandises, lesquelles ne sont rien d’autre que du travail cristallisé, mais on ne perçoit pas la contradiction majeure qui y réside. Le marché mondial des marchandises fixe le prix des marchandises et donc du travail contenu, c’est à dire qu’il implique que le prix du travail puisse s’établir, lui aussi sur un marché. Cela est incontournable et les erreurs théoriques comme disait Trotski conduisent inéluctablement aux catastrophes pratiques, ce qui est là le cas.

Avant la mondialisation et l’imbécillité européenne, cela ne se voyait pas ou peu car il n’y avait pas de contrainte extérieure aussi forte. Maintenant, la statue du commandeur est là, partout. Ou plutôt, un peu moins dans les services, pas du tout chez les fonctionnaires, mais elle est partout ailleurs ou il y a un marché des biens et services échangés sur un marché mondial.

Le système français vit et crève d’une contradiction: il veut participer à la grande confrontation globale sans en accepter les règles. Il nie les règles et lois immuables de l’économie. Qui veut faire l’ange, fait la bête, chassez le naturel il revient au galop, voilà ce que les élites devraient méditer. On ne commande à la nature qu’en respectant ses lois.

La notion de travail est un héritage. Un héritage de l’esclavage, un héritage des découvertes de Marx. Plutôt que d’avoir le courage de faire la Révolution et de changer de système, nos zozos français ont peur, ils veulent en même temps refuser l’exploitation de l’homme par l’homme, condamner moralement la vente de la force de travail, mais en même temps ils acceptent que ceci soit la règle du monde global. Ils s’y inscrivent et ils en redemandent! Bref ils mélangent tout dans une ragougnasse théorique infecte qu’ils servent aux citoyens ignorants. Nous sommes ni sans morale, ni sans compassion, mais l’économie fait mauvais ménage avec le mélange et la confusion des genres.

Le tout, sans percevoir que c’est un comportement infantile, socialiste bien sûr, qui consiste à refuser le choix. L’enfant c’est : « tout est possible en même temps ». Les socialistes sont des enfants pourris gâtés qui ne peuvent rester enfants que parce que d’autres subviennent à leurs besoins. Ce sont eux les vrais exploiteurs. Pour les socialistes, on peut refuser le marché du travail à l’intérieur et s’en rendre esclave par l’extérieur, on peut ne pas avoir de genre, être à la fois homme et femme, et femme et homme. etc. Hélas, le réel a la tête dure, il se rebelle et fait retour. La France est un pays de plus en plus inadapté, névrosé, elle marche de plus en plus à coté de ses pompes.

Pendant ce temps, les médecins, eux se font cirer les pompes à l’Elysée, comme le conseiller spécial du président et de Valls avec ses 30 paires de chaussures!

 

Le SMIC c’est un prix fixé, c’est une donnée imposée par l’histoire, la politique, la morale etc. Or en terme économique, tout prix fixé a priori est un non-sens, puisque cela équivaut à mettre du fixe sur du variable. L’économie de base dit : on ne peut contrôler le prix d’une variable et sa quantité. Le prix du travail humain non qualifié varie en fonction de l’ouverture des frontières et des échanges.

Voilà ce que l’on ne peut nier. Et pourquoi le nie-t-on? Parce que si on l’acceptait, alors les citoyens se poseraient la question : est-ce que c’est ce que nous voulons, est ce que nous acceptons de payer ce prix, la perte de contrôle du prix du travail, pour construire leur Europe?

Est-ce que nous acceptons de perdre le contrôle de notre ordre social pour enrichir les banquiers dans le grand trafic de la mondialisation? Si on vous avait dit, le Smicard français va être mis au chômage parce qu’il coûte 2200 euros alors que le Polonais ne coute que 773 euros, peut-être que vous auriez hésité à accepter le marché de dupes de la mondialisation et de l’Union Européenne!

Comme on a fixé un prix idiot que l’on ne peut tenir, alors deux choses se passent:

1 Le travail est rationné, il n’y en a pas assez pour tout le monde

2 Pour qu’il y en ait encore, on doit lui filer une subvention

Et c’est ce que fait le gouvernement depuis des dizaines d’années. Car le SMIC est subventionné par des baisses de charges sociales, par le fait que les bas salaires ne paient pas d’impôts, touchent des aides au logement etc.

Le Pacte de Responsabilité est un piège car en fait c’est une subvention à l’emploi, d’où ses contreparties, qui ne veut pas dire son nom. Car les partenaires européens ne l’accepteraient pas. C’est un cadeau empoisonné aux chefs d’entreprise pour leur faire porter la responsabilité: « Si le chômage ne se résorbe pas « après tout ce que l’on a fait pour eux »!

Tenez un exemple de la difficulté à faire sa révolution culturelle.

J’entendais ce matin sur France Info un commentateur pas trop stupide, plutôt de bonne foi. D’un seul coup, je bondis car il dit sans même y prendre garde, comme en passant: « de toutes façons, il faudra bien les trouver les 50 milliards, c’est obligatoire ».
Or dans toute la discussion sur le Pacte de responsabilité, on pose un invariant qui, à partir de là conditionne tout le reste. Cet invariant que l’on implante dans la tête des gens, c’est le coup des 50 milliards. Donc on escamote la seule discussion qui vaille- faut-il trouver 50 milliards-. Et voilà le tour est joué, l’esprit est pris au piège.

L’analyse critique au contraire, conduit à affirmer que la question de la nécessité de trouver 50 milliards se pose. Les marchés ne le demandent plus depuis que Draghi s’est couché et a donné aux banques la certitude de toujours être refinancées gratuitement ou quasi. La preuve, on la voit chaque jour, les primes de risque n’existent pour ainsi dire plus sur les dettes souveraines européennes. Les organisations internationales ont abandonné le credo de l’austérité et du rééquilibrage budgétaire. On a enfin compris que cela était contreproductif et faisait monter le ratio de dette. Il n’y a que l’Allemagne pour s’y accrocher; et l’Allemagne, il suffit de monter les dents et elle se couche. Elle n’a aucun moyen de forcer les gens à faire ce qu’ils refusent. La preuve, elle vient d’accepter, en cachette un nouveau rééchelonnement de la dette Grecque.

Tout est du même acabit, l’acabit des vessies que l’on fait passer pour des lanternes.

La réalité est que les banques et les marchés dominés par les banques et les ploutocrates ont besoin d’extraire du surproduit, de faire suer le burnous pour que leur capital fictif, dépassé, soit honoré, remboursé, conserve sa valeur, même si économiquement il devrait être euthanasié.

Pourquoi croyez-vous que les textes fiscaux, les lois, les mécanismes soient aussi compliqués?
Parce qu’il faut empêcher que les choses soient simples et claires, c’est à dire qu’elles apparaissent pour ce qu’elles sont.

Le SMIC actuel est une fiction, une fiction car il est subventionné, les Smicards sont des assistés, le travail est rationné parce qu’il ne faut pas que la réalité se montre dans sa nudité: le travail non qualifié n’est plus à son prix, il ne vaut plus ce que l’on dit qu’il vaut, sur la marché mondial.

Et comme on triche, on ment, on contrôle, on bloque, on masque par des subterfuges de plus en plus malsains, de plus en plus humiliants. Si on disait quelle est la valeur actuelle du travail français non qualifié, alors les gens voteraient eurosceptiques aux prochaines élections, ils refuseraient d’être mis en concurrence avec le travailleur Polonais à 773 euros. Or ils vont voter pour ce que l’on appelle la flexibilité, sans savoir ce que cela recouvre, cela recouvre la mise en concurrence de tous les travailleurs européens!

La suppression du SMIC est une opération « vérité ». Tout comme Raymond Barre a fait les opérations « vérité » des prix en son temps, après des décennies de prix bloqués ou faussés, tout comme on a fait un peu partout avec la suppression des subventions à l’énergie, des subventions au prix du pain etc.

Tout ce qui s’écarte de la « vérité » ne survit que par le mensonge et surtout la force. 

BRUNO BERTEZ Le Samedi  18 Avril 2014

illustrations et mise en page by THE WOLF

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