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L’Edito spécial du Dimanche 13 Juillet 2014: Le Système se teste et se renforce Par Bruno Bertez

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L’Edito spécial du Dimanche 13 Juillet 2014: Le Système se teste et se renforce Par Bruno Bertez

Les marchés traversent une phase de doute. Il n’y a pas que le marché de Paris qui sent mauvais, toutes places européennes « puent » et les émanations en provenance de WST ne sont guère plus flatteuses à nos narines. Mais, maintenant que nous espérons avoir attiré votre attention et vous avoir rendu sinon plus prudents, du moins plus vigilants, il nous parait utile de préciser notre pensée.

Nous ne cherchons nullement à toucher le « top », diagnostiquer ce fameux Graal de tout commentateur. Nous pensons que la notion de « top » est une notion du vieux temps, celui ou les marchés constituaient un reflet de l’économie réelle, du fondamental articulé au cycle du crédit. Bref du vieux temps ou les marchés étaient une résultante et non des instruments. La notion de « top » est ringarde, elle correspond à un monde d’avant, d’avant la Grande Expérience Monétaire; d’avant le détachement des ombres des corps et la constitution d’un monde zombie, le monde des assets financiers unifiés.

La différence essentielle de nos commentaires avec ceux des fondamentalistes est que nous incluons dans notre analyse et nos outils, la modernité, le fait que les Maîtres ont réussi à ce jour, la Grande Disjonction.

Le prix des assets financiers est sorti du champ du fondamental, du champ de l’économie réelle, du champ des valorisations traditionnelles par les cash-flow, pour entrer dans le champ unifié du monétaire, du money-like et de la moneyness. Et tout est fait pour que les assets financiers ne quittent plus ce champ, qu’ils n’y ait plus de référent, qu’il n’y ait pas de fuite au système.

La semaine dernière, l’indice des 30 plus grandes actions américaines, le Dow Jones, a atteint le record de 17 000 points. Soit deux fois et demie le niveau le plus bas atteint pendant la crise financière. Quelques jours avant, c’est le Dax allemand qui a dépassé le niveau de 10 000 points pour la première fois de son histoire. Le SMI suisse n’a pas encore regagné son niveau de 2007, mais il a pratiquement doublé depuis le creux de 2008. 

Le prix des assets est interne au champ monétaire, il s’inscrit dans une combinatoire de rendement, de risque et de promesse de liquidités infinies. On est sorti des limites, des contraintes de rareté et c’est la conséquence ultime, non perçue, non théorisée par les fondamentalistes, du décrochage de 1971. La monnaie est libre comme l’air, le crédit aussi, les assets également. Nous sommes sortis du monde dual, du monde pesant ou la régulation se faisait par les deux outils/leviers, le monétaire et le budgétaire et nous sommes dans un monde mono-outil, un seul outil est utilisé et c’est le monétaire. Le monétaire c’est l’outil des taux, de la manipulation des préférences pour le risque et l’absolu complément à savoir: la promesse de liquidités infinie, de l’existence du « Put ». Le « Put » est essentiel c’est lui qui garantit qu’il ‘ y aura pas de « Run ».

L’articulation entre le budgétaire et le monétaire d’avant la modernité était l’ancrage du système, son rattachement aux flux, aux revenus, à la possibilité de taxer, d’honorer les dettes et de prélever, mais nous avons dissocié les deux grâce aux taux zéro et aux QE. La capacité à taxer n ‘est plus une limite aux déficits et aux dettes. Ce qui est la nouvelle limite c’est la possibilité de la Banque Centrale d’acheter la dette émise par le souverain, c’est à dire la possibilité de swaper des liquidités contre ces dettes et que ces liquidités soient acceptées.

Nous sommes dans un nouveau système, un système qui s’est libéré des flux et qui est « Asset Based. » Ce système fonctionne par le crédit, les coups d’accordéon sur le crédit, le fine tuning. La notion ancienne de cycle du crédit est dépassée. Le crédit est émis en fonction des collatéraux, c’est à dire en fonction des assets sous-jacents qui servent à le garantir. Plus le prix des assets monte et plus on peut émettre de crédit et plus on peut émettre de crédit, plus on, a de hausse des collatéraux etc; et comme le crédit, c’est ce qui complète les revenus (insuffisants) pour produire la croissance, alors on a une croissance qui est dépendante du prix des assets, une croissance asset-based.

 Marie Owens Thomsen, la cheffe économiste de Crédit Agricole Private Banking, basée à Genève,  dans une note diffusée mercredi relève des chiffres hors de toute proportion, selon elle, avec ce qui se fait dans le monde pour soutenir l’accès à la propriété: les Etats-Unis (fédéral, Etats et local) consacrent dans leur dernier budget 1200 milliards de dollars aux retraites, 1300 milliards à la santé et 1000 milliards à l’éducation, mais 5000 milliards dans les garanties hypothécaires. Ces 5000 milliards sont des garanties et non des dépenses, mais le chiffre «donne une idée de l’engagement des autorités sur ce marché». D’autant que cet engagement ne paie pas, comme le montre la montée du coût du logement.

Malgré la crise «traumatisante» de 2007, «presque rien n’a changé», regrette l’économiste. Certes, elle salue un «énorme travail de restructuration» de la dette hypothécaire, qui a permis de nettoyer les instruments financiers et de réduire le taux d’endettement des ménages, cependant, le marché, en particulier les agences publiques de soutien à la propriété, fonctionne toujours de la même façon. Le Temps

Les fondamentalistes introduisent dans leurs équations de valorisation les ancrages de la croissance à long terme, des marges bénéficiaires, des taux naturels de long terme, des price-earnings normalisés, lissés, bref ils introduisent la pesanteur du réel.

Ils passent à côté de l’essentiel qui est que le réel c’est ce qui est banni, rejeté , vorwerfen, de la nouvelle politique moderne asset-based.

L’introduction de l’inflation dans les équations ne change rien à leur inadéquation. Le jeu de la monnaie ne se déroule pas là, pas dans la hausse des prix des CPI.

L’émission monétaire libérée, est fondamentale, mais ailleurs, pas dans le jeu de l’inflation. Non l’émission monétaire affranchie est ce qui permet à ce système moderne, neuf, de durer, de maintenir le monde zombie séparé du monde réel. C’est la possibilité de créer de la monnaie « out of thin air » qui permet la lévitation structurelle qui constitue l’originalité du nouveau système. En fait tout se passe comme si on avait réussi à créer le fameux mouvement perpétuel. et précisons-le, la création monétaire effective n’est pas obligatoire, ce qui est important c’est la promesse, le « Put ». D’où le caractère indispensable du pilotage par la communication.
C’est ce que Draghi, l’élève vient de comprendre quand il a annoncé la semaine dernière, la réforme de la politique de communication de la BCE.

les réunions de politique monétaire se tiendront à partir de janvier prochain toutes les six semaines, et non plus tous les mois, et un « compte rendu » des discussions sera publié. 

On a découvert le mouvement perpétuel, voilà ce qu’il faut admettre. Nous sommes dans un Autre Monde.

Bien sûr , vous comprenez que dans pareil monde, les difficultés de petits acteurs comme Espirito, sont des péripéties, de petits cailloux même pas dans la chaussure, à peine sur l’autoroute.

il faut s’habituer à voir grand, gros, énorme, à voir TBTF et ne plus se laisser impressionner par les broutilles. Les petits accidents comme Espirito vont devenir monnaie courante, ils vont faire partie du système et … de son renforcement. Le nouveau système apprend, il se perfectionne, il s’adapte. Ceux qui sans cesse rêvent de son échec, de sa faillite sont dans l’erreur; tous les cahots (chaos) le rendent plus solide, il invente et construit ses boucles d’autorégulation d’auto-préservation, d’autoreproduction.

 Selon les calculs duCRML, le risque financier couru par le groupe Espirito Santo Financial est au plus haut depuis 2007. Il figure cependant au 34e rang des établissements les plus à risque en Europe, un classement en tête duquel figure Deutsche Bank. La BES est au 47e.

NOTA BENE

Pour ceux qui veulent bien comprendre ce qu’est un système monétaire asset-based, nous leur conseillons de se plonger dans l’étude historique des grands précurseurs:

  • – Le Système de John Law
  • – Les Assignats français
  • – Le RentenMark
  • – Le ReichsMark

Nous conseillons aussi de lire Stanley Fischer, Ex de la Banque Nationale d’Israël, qui fut le professeur de Bernanke et Draghi. Il est actuellement aux cotés de Yellen.

Toutes ces tentatives de mise en place de Grands Systèmes ont été produites par les situations financières catastrophiques qui prévalaient alors. Tout se passe comme si on reprenait l’ouvrage, là où il a été laissé en intégrant la correction des erreurs qui furent alors commises et surtout en intégrant les progrès de la modernité, des sciences sociales, de la propagande etc.

On lira avec intérêt la séquence des mesures d’accompagnement qu’il fut peu à peu nécessaire de prendre.
Il n’est pas déraisonnable de transposer par exemple les promesses des Cies Universelles de John Law en promesses de la Cie universelle du S&P 500; ou encore de noter la similitude du backing des assignats par les biens spoliés avec les conseils du FMI pour spolier les citoyens, , ou encore les adossements patrimoniaux du RentenMark et ReichsMark au capital agricole et industriel de l’Allemagne.

    • Dans un article du journal The New Yorker, repéré notamment par Reuters, Janet Yellen, présidente de la Fed, estime que la Réserve Fédérale américaine aura besoin de poursuivre sa politique monétaire non-conventionnelle exceptionnellement accommodante une fois que l’économie aura atteint les objectifs de la Banque. Selon elle, la politique publique peut soutenir l’économie qui rencontre toujours certaines difficultés.

BRUNO BERTEZ Le Dimanche 13 Juillet 2014

illustrations et mise en page by THE WOLF

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