Quel été! Par Marie-Hélène Miauton

Marie-Hélène Miauton dresse le catalogue des calamités qui ont essaimé dans le monde pendant l’été. Il n’y a pas eu que la pluie et le froid

Non, cette chronique d’après les vacances ne va pas vous parler de la météo, quoiqu’il y aurait beaucoup à dire, mais plutôt des drames qui ont ponctué l’actualité internationale durant la dite belle saison. Pour ne citer que les principaux, rappelons la question ukrainienne, tristement associée à un avion de ligne abattu, sans doute par erreur, avec ses 298 passagers civils. Les pourparlers pour résoudre la crise n’avancent pas, et pour cause. Chacun reste accroché à son os, accuse l’autre de toutes les turpitudes et fait durer le plaisir. Les commentateurs affirment que nous avons là tous les ingrédients d’une guerre mondiale. S’ils disent vrai, alors Poutine, mais tout autant Obama et l’UE sont fous d’envenimer les choses à coups de sanctions, d’intrusions, d’informations contradictoires et d’anathèmes.

A côté de cela, l’éternel conflit israélo-palestinien n’en finit pas de pourrir. Il s’est réveillé en sursaut au mois de juillet faisant autour de 2000 morts, essentiellement civils, dans la bande de Gaza. Là encore, on se demande qui des faucons israéliens qui pilonnent des familles acculées dans leur réduit ou du Hamas qui s’en sert comme bouclier humain sont les plus criminels. On sent bien dans cette dramatique histoire qu’aucune des deux parties n’est plus disposée à régler le problème à l’amiable. Dans amiable, il y a amis, notion évidemment bannie depuis bien longtemps.

Ajoutez à cela l’incroyable avancée des islamistes en Irak pour instaurer un nouveau Califat, ce qui signifie un territoire sous l’autorité d’un calife, lui-même successeur de Mahomet. On croit rêver sauf que c’est un cauchemar pour de vrai, avec ses égorgements, décapitations, crucifixions, destructions, déportements, viols et autres tortures. La civilisation en marche!

Dans un autre registre, l’épidémie Ebola semble inquiéter sérieusement l’OMS qui, on le sait, est vite sur les dents. Dans ce cas précis on peut la comprendre car, avec ses 1145 morts, cette maladie s’avère beaucoup plus grave que les deux alertes précédentes, la grippe aviaire avec ses 245 morts ou la pandémie H1N1 qui n’en a compté aucun. Elle réveille dans les esprits la terreur des grandes pestes ancestrales. A côté de cela, les petits foyers d’insécurité que sont le Mali, les échauffourées en France (sous prétexte de soutenir les Palestiniens, on y conspue les juifs comme on espérait que cela ne serait plus jamais possible), les émeutes de rue aux USA (la Garde républicaine vient d’être appelée en renfort, ce n’est pas rien). Sans oublier une situation économique pour le moins atone en Europe, croissance zéro, déficits publics abyssaux, ceinture serrée à en étouffer dans trop de foyers, faisant craindre à terme une véritable récession qui ne saurait durablement épargner la Suisse.

Cet inventaire débilitant ne vise pas à démoraliser le lecteur mais à lui rappeler combien ses lamentations sur la pluie, le vent et le froid qui sévirent pendant six semaines depuis début juillet témoignent d’une grande futilité face aux incommensurables misères du monde.

Source Le Temps 22/8/14

http://www.letemps.ch/Page/Uuid/6be996c0-2962-11e4-8ab3-d33d36d7ae61/Quel_%C3%A9t%C3%A9