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Cela se passe près de chez Vous : Offensive des anti-euros et anti BCE en Allemagne

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Cela se passe près de chez Vous : Offensive des anti-euros et anti BCE en Allemagne 

Schauble s’énerve et sort de ses gonds, il « dénonce » le populisme honteux du nouveau parti AfD. Jusqu’à là, le gouvernement évitait même de mentionner leur existence. Le recentrage et même le virage vers le centre gauche de tous les partis de gouvernement en Europe, laisse un terrain disponible pour les droites plus dures, voire ultras et c’est une donnée importante pour l’avenir. Il faudra suivre la capacité de ces groupes à infléchir leur discours afin de capter cette clientèle potentielle.

 

Hans -Werner Sinn   fait feu de tout bois. Dans un texte au FT, il explique: 

« La déflation n’est pas un danger pour les pays du Sud, c’est une précondition essentielle pour la restauration de leur compétitivité ». 

Ce qu’il déclare est une évidence qui souligne l’absurdité de la voie suivie par les responsables européens: ils savent que ce qu’ils recherchent c’est la dévaluation/déflation dans les pays du Sud et en France et en même temps, ils disent lutter contre la déflation comme si elle était un mal. Après on feint de s’étonner de l’absence de résultats! 

C’est comme avec le chômage, ils produisent du chômage pour restaurer la compétitivité -être compétitif, c’est produire plus avec moins de travailleurs- et ils prétendent faire de la lutte contre le chômage leur priorité. 

Sinn voit clair, il explique également que les dernières mesures d’achats de titres à long terme annoncées par Draghi sont « des bail-out fiscaux », « nothing else than a fiscal bail-out », ce que la BCE a formellement interdiction de faire. 

A lire, le nouvel ouvrage de Hans-Werner Sinn à paraître le 9 octobre: 

« The euro trap » 

On bursting bubbles, budgets and beliefs. 

Nous pensons que l’évolution de l’opinion publique Allemande et les relais qu’ont réussi à constituer les anti-euros sur la droite de Merkel méritent attention !

Président du prestigieux institut économique de Munich IFO, star des talk show à la télé allemande, Hans-Werner Sinn est devenu le critique le plus féroce de la politique européenne depuis la crise de l’euro. A l’occasion de la sortie de son livre The Euro Trap (le piège de l’euro), il répond aux questions de Challenges/ 30-9-14

Après New York, Washington et Milan vous passez deux jours à Paris, où vous irez de conférences en rencontres. Que vendez-vous ?

  • Mon nouveau livre « The Euro Trap » (ndlr, Le piège de l’euro), paru en août aux Etats-Unis et dans le monde anglophone, aux éditions Oxford University Press. Il va être traduit en d’autres langues, dont le français, je l’espère.

Quelle thèse y défendez-vous ?

  • J’y décris une histoire de l’euro qui montre que les problèmes de l’Europe du Sud sont nés d’un excès de crédit. Ces pays ont été shootés à l’argent frais, ce qui a fait monter les salaires plus rapidement que la productivité. Cela a augmenté les prix et a donc été au détriment de leur compétitivité. En Espagne, par exemple, les prix ont augmenté de 25% par rapport au reste de la zone euro, ce qui, sans la monnaie unique, aurait correspondu à une hausse de la peseta de 25%. Ça a porté un préjudice considérable à l’industrie ibérique.

Vous évoquez les problèmes du Sud. Incluez-vous la France dans ce Sud, qu’en Allemagne on appelle souvent les pays du Club Med ?

  • Bien sûr qu’elle en fait partie ! D’ailleurs son problème est que ses principaux clients sont en Europe du Sud. L’économie de la France a été frappée de plein fouet par la crise de l’euro.

La santé économique de la France vous inquiète-t-elle ?

  • Oui, elle me soucie beaucoup. La France n’a plus de croissance. Elle aussi a un taux de chômage des jeunes très élevé, et un taux de dépenses publiques est 57%, alors qu’en Allemagne il est passé, à force d’efforts et de réformes, de 49 à 44%. Autre sujet de préoccupation en France : son secteur public pléthorique. 25% des salariés sont employés dans la fonction publique, soit le double de l’Allemagne. Cette nationalisation des emplois a certainement préservé le bonheur privé des ménages, mais a mis en péril la compétitivité de l’économie.

Et l’Allemagne a, elle, sacrifié le bonheur privé ?

  • Je ne dirais pas cela. Ne vaut-il pas mieux que les salaires augmentent peu et que les salariés conservent leur emploi dans l’économie privée ?

Que vous inspire le tournant de Manuel Valls ?

  • Le Premier ministre a l’air de mettre davantage d’énergie que ses prédécesseurs à lancer des réformes. Reste à voir la mise en œuvre et les résultats. La France doit absolument se réformer, même si ses efforts ne porteront leurs fruits qu’à moyen terme. Il faut qu’elle tourne le dos aux habitudes de hausse de l’endettement, qui apporte un soulagement à court terme, mais qui a des conséquences dramatiques à long terme.  Les mesures qui seraient nécessaires seraient assez pénibles (…) En Allemagne, il y a dix ans, on a aboli certains revenus des chômeurs. Ca a forcé les gens à accepter des travaux qui étaient moins bien rémunérés. Je ne sais pas si la France est prête à faire ces sacrifices.

Craignez-vous un risque de contagion si la France allait encore plus mal ? 

  • La contagion est partie de l’Europe du Sud pour gagner la France. Bien sûr, que si votre pays allait plus mal, cela aurait un impact sur l’économie allemande, et mettrait aussi en péril le projet européen. C’est pour cela qu’en Allemagne les gens s’inquiètent autant pour la santé de votre pays.

Vous en voulez aux pays du Sud et à la France, pourquoi ?

  • Bien sûr que non. Mais je suis désolé que ces pays, France comprise, aient fait pression, contre l’avis de la Deutsche Bundesbank (la banque centraleallemande) pour que l’on mette en œuvre des plans de sauvegarde en émettant de l’argent. Enormément d’argent a été injecté dans la partie méridionale de l’Europe, sans pour autant que la pression soit maintenue pour poursuivre de vraies réformes.

Vous êtes également critique vis-à-vis de la BCE, qui, dites-vous, se mue en « bad bank », pourquoi ?

  • La BCE fait tout, sauf de la politique monétaire. Elle a pris des mesures fiscales. D’ailleurs la cour constitutionnelle allemande a bien dit que la BCE était sortie de son mandat avec son programme d’OMT. Depuis le passage à l’euro, les pays du sud ont perdu leur compétitivité. Si la BCE (Banque centrale européenne) injecte maintenant de l’argent, c’est comme un Doliprane. Ca ne résoudra pas le vrai problème

Vous martelez à longueurs de colonnes qu’un temps précieux et un argent fou ont été perdus ces dernières années. La situation s’est tout de même améliorée en Europe depuis deux ans, non ?

  • On a simplement calmé temporairement les marchés financiers, en résolvant les problèmes de dettes publiques par l’injection massive de fonds publics. Ce qui fait porter le risque sur le contribuable et a plombé la productivité de la zone euro. Des sommes énormes sont parties dans la consommation des pays du Sud et dans du béton, des projets immobiliers insensés.

Vous dites avoir été naïf au moment de l’arrivée de l’euro. Vous le regrettez ?

  • Oui, il y a 25 ans, j’ai salué l’arrivée de l’euro en tant qu’instrument d’intégration européenne. Je n’ai pas pris au sérieux les réticences des économistes plus âgés. Or, l’euro tel qu’il a été conçu a apporté des difficultés majeures en Europe du Sud, notamment du chômage de masse, et des dissensions entre pays européens d’une intensité que je n’avais jamais connue auparavant.

Quelle solution préconisez-vous ?

  • Pour garder l’euro, il faut un euro flexible, un euro qui respire. Il faut pouvoir y entrer, mais aussi en sortir. Si on ne peut en sortir, c’est une prison ! La sortie peut être temporaire. Il aurait mieux valu pour la Grèce qu’elle sorte de la monnaie commune en 2010. Depuis, elle a fait des progrès, certes, mais ses prix n’ont baissé que de 6% par rapport au reste de la zone euro, quand il aurait fallu qu’ils baissent de 30%, et les dettes ont continué à croître. Mais c’est aux Grecs de décider s’ils restent ou non dans la zone euro. Ils pourraient revenir après une période d’assainissement. Comme s’ils allaient à l’hôpital avant de revenir à la maison.

Vous débattez ce mardi avec Jean Pisani-Ferry, commissaire général à la stratégie et ex patron du think tank européen Bruegel, qui lui aussi vient de publier un livre sur l’euro chez le même éditeur que vous. Qu’est-ce qui vous divise ?

  • Son ouvrage est titré « après la crise de l’euro ». Or je pense que la crise est loin d’être finie. L’euro a déjà couté une décennie à l’Europe et avant que l’économie réelle ait récupéré, elle va probablement  lui coûter une nouvelle décennie.

BRUNO BERTEZ Le Samedi 4 Octobre 2014

illustrations et mise en page by THE WOLF

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