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Les Clefs pour Comprendre du Vendredi 31/10/2014: Le véritable enjeu des stress tests est politique Par Bruno Bertez

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Les Clefs pour Comprendre du Vendredi 31/10/2014: Le véritable enjeu des stress tests est politique Par Bruno Bertez

Nous avons lu beaucoup de textes plus ou moins bons sur les stress tests. Quasi tous, sauf un peu chez les Allemands, passent à côté de l’essentiel, à savoir que les stress tests sont une opération politique, qu’ils ont été conçus avec des hypothèses politiques non formulées et que, ce faisant, ils préjugent de transferts de richesses colossaux qui sont du ressort à la fois de la souveraineté nationale et de la démocratie de chaque pays de l’UE.

Les stress tests ont été construits à rebours. La méthodologie a été fixée en fonction du résultat auquel les non-élus européens voulaient aboutir.

-Les hypothèses de stress sont tellement bénignes que les tests ont été caricaturés dans le monde anglo-saxon comme des « no-stress tests ».

-Le choix de retenir les fonds propres comptables des banques, l’Equity inscrite au bilan est une idiotie; en cas de pépin, les gens et les institutions qui prêtent à la banque ne se remboursent pas par l’Equity comptable, au bilan! Dans la pratique, les créanciers attendent de la banque qu’elle fasse une augmentation de capital de fonds propres et cette levée de fonds dépend non du capital comptable, mais de la capitalisation boursière de la banque. On peut lever des fonds en fonction du cours de Bourse, c’est ce qu’ont démontré précisément les exemples concrets italiens; ce qui seul importe, c’est la valeur que le marché confère à la banque et c’est à partir de cette valeur que l’on peut lever plus ou moins de fonds. Comme les banques décotent souvent en regard de leur Equity comptable, structurellement, par conception, les tests sont biaisés dans un sens positif, faussement rassurant.

-Le fait de retenir les engagements de la banque, non pour leur valeur totale, mais pour leur valeur pondérée par le risque que l’on veut bien lui reconnaître arbitrairement aboutit à sur-estimer la capacité à faire face à un pépin imprévu. La méthode retenue n’aurait pas amélioré la sécurité, par exemple dans le cas de la crise des subprimes. Si on pouvait évaluer les risques comme le prétend la méthode, il n’y aurait aucun risque de crise, tout serait prévisible et donc prévu. Cette méthode n’aurait protégé, ni contre les subprimes, ni contre le risque de 2010 en Europe. La méthode choisie inclut l’impossibilité de toute crise majeure alors qu’elle y conduit irrémédiablement avec une sureté de prévision de 100%! L’origine de la crise, entre autres, c’est la méthode d’appréciation des risques. Cette méthode est une imbécillité qui consiste à évaluer le prix des assurances inondations alors que l’on vient de connaitre deux décennies de sécheresse, c’est à dire alors que le risque pluie ayant été très faible pendant longtemps, les primes d’assurances ont été baissées en conséquence!

-La méthode considère que les emprunts souverains sont dépourvus de risque, cela veut dire l’on réintroduit la notion de sanctuaire de la dette souveraine, alors qu’on l’a écorné, voire détruit, quand Merkel a fait passer des « haircuts » dans la situation grecque. Les emprunts souverains comportent un risque colossal dans certains cas et, en particulier, dans le cas italien en raison de la masse de dettes -167% du GDP au moins- et surtout du lien entre les banques et le souverain. Les banques italiennes sont gavées d’emprunts du gouvernement.

-Dire que les emprunts souverains ne comportent pas de risque, c’est prendre le pari que le « coûte que coûte » de Draghi fonctionnera et qu’il n’y aura aucun risque dedépréciation de ces emprunts en cas de durcissement des conditions monétaires mondiales; c’est parier sur la non re-dénomination, la non rupture de la zone euro. Ce qui veut dire que c’est parier sur l’action et les possibilités d’actions futures de la BCE et surtout sur l’accord de l’Allemagne; c’est la ratification discutable de « l’Allemagne paiera ». Au passage, remarquons que le fonds de sécurité de 55 milliards, est une rigolade compte tenu des montants en jeu.

– Donnant aux banques un satisfecit qui les exonère d’augmenter leurs fonds propres ou de déleverager, c’est considérer que le risque est supporté par d’autres dont on ne dit pas le nom et dont on ne fait pas débat. Implicitement on a décidé que les ménages, les peuples, les déposants, les épargnants supporteraient ce risque. L’honnêteté aurait été de l’expliciter; et d’en discuter sur la place publique ou dans les Assemblées. Ce qui est en jeu, ce n’est pas quelques dizaines de milliards, non ce sont des centaines de milliards, bien plus que les économies budgétaires dont on nous rabat les oreilles et qui, dans l’essentiel, sont fictives globalement même si elles font mal à ceux qui en sont les victimes.

-Le sens profond des stresse tests est cynique, ceux qui les ont conçus et faits sont au fond d’eux-mêmes persuadés que si le risque, le vrai qui est contenu dans le système, se manifeste, rien ne résistera, tout, absolument tout sautera et donc tenter de mettre une digue ne sert à rien; les stress test incluent leur propre inutilité.

Les no-stress tests représentent comme tout ce que l’on fait depuis 2008 de la politique à l’état pur, du fiscal et on nous les présente comme de la technique; avec des complices comme Noyer par exemple.

C’est le moment de prendre date et de proclamer haut et fort que si les risques se réalisent, alors les responsables de ces choix politiques seront jugés et punis devant l’histoire.

 BRUNO BERTEZ Le Vendredi 31 Octobre 2014

illustrations et mise en page by THE WOLF

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