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Les Clefs pour Comprendre du Samedi 6 Décembre 2014 : Voyage au sein des mystères de la Grande Pyramide monétaire Par Bruno Bertez

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 Les Clefs pour Comprendre du Samedi 6 Décembre 2014 : Voyage au sein des mystères de la Grande Pyramide monétaire Par Bruno Bertez

Nous appelons le « coûte que coûte », le « advienne que pourra », des Banques Centrales en 2012, le « all in ».

En osant aller « all in », les Banques Centrales ont réussi à stopper « le run » sur l’ultime « base money » qu’est l’or. Il suffit de regarder les graphiques, ils parlent d’eux-mêmes.

Source: Bloomberg, ADM ISI


Source: Bloomberg, ADM ISI

Ce qui nous a conduit  à cette réflexion, c’est  l’examen d’un œil neuf de ce qui s’est passé en 2012 avec la cassure des corrélations entre la création monétaire Banque Centrale et leur inversion.

En 2012, il y a eu concertation, c’est un fait, maintenant incontestable. Cette concertation a débouché sur les mesures japonaises et celles de Draghi.


Source: Bloomberg, ADM ISI

Alors que l’on allait vers une création monétaire accélérée et généralisée, l’or, au lieu de monter, a commencé à chuter. C’est le mystère qu’il faut éclaircir.

Pourquoi, ce qui, dans la pensée classique, la création monétaire, devait faire monter l’or sinon le soutenir, pourquoi cela a-t- il précipité sa chute? Ma réponse est: parce que l’on a accepté de faire ce qu’il fallait pour prolonger la durée de vie du système « papier » à cette époque. On a accepté de franchir une étape qui repoussait les limites. On a franchi un seuil, pas forcément réel, mais de crédibilité.

En tant que facteur explicatif, notre  thèse est que lorsque les Banques Centrales se sont jetées à l’eau en 2012, elles l’ont fait « all in », le tout pour le tout, prenant tous les risques avec l’idée d’aller jusqu’au bout. Et que le Smart Money l’a cru.

En acceptant d’aller jusqu’au bout, elles ont fait ce qu’il fallait faire pour bétonner le système. Le facteur risque de dislocation du système a disparu, car on a payé le prix. Le facteur risque de dislocation du système ayant disparu, le grand trade fondamental est redevenu « papier » contre « asset physique ». Le papier s’est globalement revalorisé contre tout ce qui est physique, contre le réel.

Ce qui permet de comprendre la cassure des corrélations magiques de 2012, printing=hausse de l’or, c’est la revalorisation globale du compartiment « papier » par émission colossale de liquidités. Un paradoxe qui se formule: plus j’émets de papier, plus il se revalorise.

On a ainsi arrêté le « run » sur l’ultime « base money » qu’est l’or. Autrement dit, nous suggèrons que la hausse de l’or avant, était un « run caché » sur l’ultime « base- money » et que les mesures massues, atomiques, prises, ont stoppé le « run ».

Si notre interprétation est correcte, elle va s’avérer très utile pour anticiper ce qui va se passer ces prochains mois ou années.

Mais pour bien comprendre, il faut avant tout, toujours avoir présent à l’esprit, le fait que la seule grande distinction qui vaille en terme systémique, c’est celle entre « le papier » et les choses physiques, le réel. Entre ce qui est une promesse et ce qui vaut en soi parce qu’on l’a dans la main. 

La financialisation ou financiarisation, c’est la transformation de tout, absolument tout, en papier. En jouant sur le fait, la réalité statistique qui fait que tout le papier n’a pas besoin d’être honoré. La décision globale de maintenir à tout prix la financialisation implique que l’argent ne sorte pas du papier, ne parte pas à la recherche de sa ou ses contrevaleurs ultimes.

Dans une analyse radicale, comme celle que nous ébauchons, la question de la chute des prix du pétrole est centrale. Elle nous fait revenir loin en arrière quand en Juin-Septembre 2010 les prix des commodities ont recommencé à monter.

Toute la politique monétaire depuis le printemps 2009 vise à empêcher l’effondrement des prix et la dépression déflationniste, le prix du pétrole était central, c’est un collatéral clef du système. Il ne fallait surtout pas qu’il chute et désolvabilise tout le système financier en chaîne. Mais l’or et le pétrole, tout en ayant des points communs, n’ont pas le même rôle dans le système. La nature monétaire ultime de l’or est prédominante sur sa nature commodity. Le système monétaire et financier actuel n’est que partiellement « backé » par le pétrole, mais il reste totalement « backé » par l’or.  Et plus nous rapprocherons des vraies situations « souveraines », c’est à dire de situation où les contrats importent de moins en moins et où la force compte de plus en plus, alors plus on prendra conscience du fait que l’or est le répondant souverain.

Et on a réussi, jusqu’à ces dernières semaines,  à maintenir le niveau élevé des prix du pétrole grâce non pas au rapport offre/demande d’usage, mais grâce à la demande de spéculation nourrie par les taux zéro. Pourquoi le laisse-ton chuter maintenant, pourquoi prend-on le risque de refaire un tour de déflation/désolvabilisation? Est-ce par erreur de jugement, par conflit entre la géopolitique et l’économique? Est-ce que tout le « reflation trade » va s’effondrer, avec ses conséquences en chaîne sur les commodities, les monnaies commodities, les dettes commodities, les systèmes politiques des pays commodities?

Nous attendons avec impatience le premier commentaire officiel d’un Banquier Central, pour voir comment ils veulent orienter les réflexions et interprétations sur la chute du pétrole et son incidence sur le système. 

Revenons à l’or après ce détour sur le pétrole. 

Pour bien comprendre la thèse que nous avançons, il faut revenir aux bases et même aux bases des bases. C’est à dire au Goldsmith,  ancêtre des banques et banquiers. Aux origines de la monnaie telle que nous la connaissons, ceci n’en déplaise aux chartalistes qui, naïvement, croient ce qu’ils voient, c’est à dire que l’origine de la monnaie est étatique. 

C’est exactement le schéma de ce qui s’est passé dans l’histoire. Voir en caricature John Law, y compris avec la fin tragique du grand « run » des Princes contre ce que l’on appelait déjà  le Système.

Quand vous perdez confiance, vous faites ce que l’on appelle un « run », vous vous débarrassez du papier à tout prix et vous réclamez votre or détenu et stocké par Goldsmith.

La clôture de la vitrine de l’or par Nixon n’est pas, contrairement à ce que l’on veut vous faire croire, la démonétisation de l’or, mais sa monétisation ultime, il est devenu sacré. La décision de Nixon n’a jamais été prise pour démonétiser l’or, mais pour protéger l’or de Fort Knox, pour le mettre à l’abri, car c’est l’extincteur ultime de dette.

Il est dans un sarcophage, protégé. On le protège en déclarant que l’on n’en donnera plus en échange des dollars papiers. On a sacralisé l’or de façon ultime, c’est à dire de la façon ultime dont les pays en ont besoin: pour faire la guerre.

On est revenu aux sources du mystère de l’or. Son utilité est suprême, elle est de ne pas être utilisée. L’or est équivalent de toutes les marchandises, de tout travail, de toute force de combat, parce qu’il est hors-jeu, sacré. Il est tellement précieux qu’il ne doit plus circuler. On dit la mauvaise monnaie chasse la bonne, c’est à dire que la mauvaise monnaie-papier-dollar circule, en veux-tu en voilà, et que la bonne, l’or, ne doit pas circuler. Elle doit être enfouie, réservée aux Princes (Etats) qui tirent leur titre et statut de la guerre et ont besoin de l’or pour faire la guerre. Une guerre toujours potentiellement possible, on le voit ces jours-ci.

Digression. Nous nous amusons, mais sérieusement, nous prétendons  que l’or est sacré dans nos systèmes tout comme la mère est sacrée dans nos sociétés régulées par l’interdiction de l’inceste. L’or au niveau symbolique de nos sociétés a à voir avec le symbole du « brillant », avec  ce que les psychanalystes désignent comme « le phallus » ; avec le Graal, et finalement avec le Père. Personne ne s’est penché sur ce grand mystère de nos sociétés, sa capacité de symbolisation, à savoir cette capacité à créer des équivalents symboliques généraux.  C’est la même structure sous-jacente de symbolisation que l’on retrouve dans l’or. C’est fondamental, c’est à dire au fondement de nos systèmes. Nous sommes à la racine de la Valeur, le désir pur. Cela nous dépasse, parce que cela nous est constitutif.

Plus sérieusement, imaginez la fameuse pyramide monétaire inversée.

Tout en haut, donc, il y a ce qui est le plus risqué et vous comprenez pourquoi vos Maîtres veulent vous en coller le plus possible! Vous comprenez pourquoi vos maîtres veulent depuis 2009 sans cesse stimuler l’appétit pour le risque, c’est pour vous en coller le plus possible. Et vous faire remonter la pyramide. Il faut vous éloigner le plus possible de la pointe. Du cash, et de la monnaie ultime, l’or. 

Le cash, qui n’est pas une monnaie, mais une quasi-monnaie, un money-like,  c’est la dernière étape avant le « run » sur l’or. Intuitivement d’ailleurs, vous le sentez bien, surtout depuis que l’on parle d’amputer les comptes bancaires et de conversion forcée des billets de banques.

Au fur et à mesure que vous avez confiance en vos Maîtres, vous remontez la pyramide et prenez de plus ne plus de risques.

En sens inverse, quand vous perdez confiance, alors vous descendez le long de la pyramide, vous faites un gros et long arrêt au cash, mais si votre cash devient menacé, vous descendez encore jusqu’à la base-money ultime, la monnaie de base. Vous allez sonner à la porte de Golsdsmith et vous réclamez votre or.

Quand ils, les Maîtres, ont fait « all in » en 2012, alors il est apparu que le système était bétonné et que l’on aurait, que les marchés auraient, autant de cash qu’ils pouvaient en réclamer. Le « run », par l’énormité des masses promises et même créées, devait forcément s’arrêter au niveau du cash.

C’est ce qui s’est passé et la preuve qu’il y avait assez de cash pour tout le monde, c’est que les banques en ont eu en excédent et l’ont mis en réserve, en précaution en dépôt dans leurs comptes auprès des Banques Centrales. Les réserves excédentaires, oisives, sont le signe que le système est bétonné et qu’en cas de « run » sur le cash , c’est à dire en cas de descente le long de la pyramide, il y a en aura assez pour tout le monde. C’est le matelas pour faire face.

Il faut comprendre que la couche de cash dans la pyramide protège la couche ultime, celle de l’or.

Mais l’homme étant ce qu’il est, avide, gourmand, « greedy », il a progressivement employé l’excès de cash, attiré qu’il a été par les rendements offerts par des emplois plus risqués. Et on a alors beaucoup remonté le long de la pyramide. L’or a cessé d’être temporairement désirable car, avec un leverage de 40, vous obtenez une rentabilité de 80% pour des Treasuries à 2%. C’est attractif.

En 2012, donc, on a remonté, grâce aux mesures « coûte que coûte » concertées, tout le long de la pyramide, on a retrouvé l’appétit pour le risque, pour les couches supérieures de la pyramide. Et les Maîtres et les classes kleptocatriques en ont profité pour émettre des assets à risque à tour de bras et à des prix défiants tout bon sens, ce qui leur ont permis de s’enrichir encore plus, de vous faire abandonner les comportements de précaution et prudence -si ce n’est vous, c’est votre caisse de retraite- et de préparer le grand, le très grand transfert par lequel vous allez les décharger de la « pourriture » qu’ils ont dans leurs bilans. Déjà ils ont commencé de la décharger sur votre Banque Centrale, celle qui est censée vous appartenir. Cette « pourriture » qu’ils ont dans leur bilan et qui va encore augmenter quand la politique monétaire, un jour, va se normaliser.

Le plus colossal transfert de richesses de tous les temps, sans un vote. C’est ce que l’on appelle pudiquement du nom scélérat de « la grande dissémination ».La Grande Peste, monétaire, dont l’origine sera,  comme celle de 1347, l’usure.

 BRUNO BERTEZ Le Samedi 6 Décembre 2014 

illustrations et mise en page by THE WOLF

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