Art de la guerre monétaire et économique

Russie : La forte mobilisation face au krach/ Vers un contrôle des capitaux»?/ Record d’exportations d’armes pour Moscou/Conférence de presse annuelle de Vladimir Poutine

Russie : La forte mobilisation face au krach

Russie. Le rouble a repris des forces alors que le gouvernement et la banque centrale lancent une série de mesures en situation d’urgence.

Gouvernement et banque centrale russes se sont activés hier pour mettre fin à la descente aux enfers du rouble, qui a repris quelques couleurs avant la première prise de parole attendue de Vladimir Poutine sur la pire crise monétaire depuis son arrivée au pouvoir. «Il y a des périodes de crise où il faut se retrousser les manches», a souligné le porte-parole du Kremlin, Dmitri Peskov, à la télévision publique, faisant part de son «optimisme prudent».

Simple pause dans la spirale baissière ou amorce d’une réelle reprise? Quoi qu’il en soit, la journée a apporté une bouffée d’air frais à une Russie estomaquée par un plongeon du rouble de 9,5% lundi et de 7% mardi, du jamais vu depuis la crise financière de 1998.

En fin de journée hier, l’euro était revenu à 76,65 roubles, contre 85,15 roubles la veille, et le dollar à 61,81 roubles, contre 67,88 roubles. L’indice boursier RTS a fini sur un rebond de 14%, après deux chutes de 10% de suite.

Permalien de l'image intégrée

La parole du président russe, fort d’une popularité impressionnante depuis l’annexion de la Crimée, n’a pas encore été entendue. La situation promet donc de largement dominer sa grande conférence annuelle d’aujourd’hui, un exercice pendant lequel il jongle pendant plusieurs heures avec les questions des centaines de journalistes russes et étrangers présents.

Depuis début 2014, le rouble a perdu la moité de sa valeur, conséquence d’une année d’isolement croissant de la Russie pour cause de crise ukrainienne et de la dégringolade des prix du pétrole, principale source de revenus de l’Etat. Le choc monétaire du début de semaine commence déjà à se répercuter sur les prix.

Au plus fort de la journée mardi, le rouble est allé jusqu’à perdre plus de 20%, atteignant les seuils chocs de 100 roubles pour un euro et 80 roubles pour un dollar.

«C’est une situation très dangereuse et les jours sont comptés avant une ruée des déposants vers les banques» pour retirer leur argent au risque d’un écroulement du système bancaire, a mis en garde le quotidien Vedomosti, comparant la situation actuelle aux Etats-Unis de septembre 2008, au moment de la faillite de Lehman Brothers, ou l’Europe d’avril 2010 à l’éclatement de la crise de la dette.

Le Kremlin a laissé pointer un certain agacement hier face au gouvernement qui a «enfin pris le problème au sérieux», selon le conseiller économique Andreï Belooussov. Le message semble avoir été entendu. Le Premier ministre Dmitri Medvedev, qui encore la semaine dernière conseillait aux ménages la patience, a présidé hier sa deuxième réunion de crise en deux jours, réunissant cette fois les dirigeants des groupes exportateurs qui pèsent lourd sur le marché des changes.

Il s’est surtout employé à rassurer les investisseurs qui redoutent des mesures étatiques pour encadrer les échanges du rouble, rejetant toute «régulation excessivement stricte». «Le pays dispose des ressources monétaires nécessaires» pour faire face à la crise sans toucher aux principes de l’économie de marché, a-t-il assuré.

L’échec de la banque centrale à enrayer mardi l’effondrement du rouble, malgré une hausse radicale de son taux directeur (17% contre 5,5%), ont remis sur la table l’idée de restrictions administratives sur les mouvements de capitaux.

Le ministre des Finances a de son côté mis la main au porte-monnaie et lancé la vente des devises à sa disposition, environ sept milliards de dollars,jugeant le rouble «extrêmement sous-évalué».

Il s’agit d’appuyer la banque centrale, qui a déjà dépensé plus de 10 milliards de dollars depuis le début du mois pour défendre la monnaie, et portait à elle seule jusqu’à présent la charge de défendre le rouble.

C’est également avec le gouvernement qu’ont été définies une série de nouvelles mesures détaillées par la Banque de Russie pour assurer la stabilité financière. L’objectif est de soutenir un secteur bancaire composé de multiples petits établissements et mis à rude épreuve par le choc monétaire du début de semaine.

Ces annonces ont aussitôt dopé le rouble, qui reste cependant à des niveaux difficilement imaginables il y a encore une semaine et aux effets très concrets pour la population.

Face à un taux de change évoluant en montagnes russes, le fabricant informatique Apple a préféré suspendre ses ventes en ligne dans le pays, tandis que l’importateur de vins Simple a décidé de suspendre ses livraisons pendant deux jours.

Les étiquettes valsent déjà: pour la seconde fois en un mois, le prix des billets d’avion a augmenté (14%), ainsi que ceux du constructeur automobile Nissan (3% à 5%).

«Outre le renchérissement des produits importés qui pénalise le pouvoir d’achat des ménages et alimente des pressions inflationnistes déjà intenses, la chute du rouble met à mal les entreprises russes endettées en devises étrangères», ont prévenu les économistes de la société financière CMC-CIC Securities.

Agences 18/12/2014

«La Russie se dirige vers un contrôle des capitaux»

Selon Igor Nikolaev, 2015 sera difficile mais pas catastrophique pour Moscou

Les marchés financiers russes sont restés nerveux mercredi malgré l’annonce de la banque centrale russe d’une série de mesures pour soutenir le rouble. La devise russe, qui a perdu la moitié de sa valeur par rapport au dollar et à l’euro au cours des dernières semaines, persiste à s’effriter en dépit d’une brutale remontée du taux d’intérêt directeur lundi soir.

La banque centrale promet des injections de liquidités en devises aux banques russes, ainsi qu’un gel de la réévaluation du portefeuille de titres des banques. Les investisseurs attendent avec impatience des signaux politiques venant de Vladimir Poutine, qui donne sa conférence de presse annuelle ce jeudi. Entretien avec l’économiste Igor Nikolaev,directeur de l’Institut d’analyse stratégique à Moscou.

  • Le Temps: Quelle est la priorité de la banque centrale russe aujourd’hui?

Igor Nikolaev: La priorité habituelle de la banque centrale est la lutte contre l’inflation. Mais aujourd’hui la donne a changé et la priorité est devenue la stabilisation du rouble. Car, à quoi bon se battre contre l’inflation si la monnaie elle-même subit des variations aussi fortes? Il faut rétablir le contrôle sur le rouble et sortir de l’hystérie observée ces derniers jours. La confiance d’abord, la lutte contre l’inflation ensuite.

  • – Le brusque relèvement du taux directeur à 17% décidé lundi soir n’a pas suffi à arrêter la chute du rouble. Comment jugez-vous les mesures prises par la banque centrale?

– De toute évidence, la mesure n’est pas bonne, puisqu’elle n’a pas débouché sur une stabilisation de la situation sur le marché financier. La banque centrale doit prendre un ensemble de mesures.

Le simple relèvement du taux directeur, qui était déjà élevé [10,5%], doit s’accompagner d’autres mécanismes. Il s’agit en premier lieu d’injections de liquidités en devises étrangères, sous la forme de repo [pension livrée]. Le Ministère des finances et la banque centrale doivent coordonner leurs actions. Ce n’est pas ce que l’on voit aujourd’hui, alors que le Ministère des finances se met de son côté à vendre ses propres devises sur le marché.

  • – Le gouvernement est-il suffisamment réactif?

– La politique monétaire doit bien sûr s’accompagner de mesures macroéconomiques, car la crise est survenue avant tout à cause d’un ralentissement de l’économie russe. Or, ce n’est pas ce que nous observons. Le président russe aurait dû interdire toute augmentation d’impôt dès le 1er janvier prochain pour relancer l’activité économique.

  • – Que peut faire le gouvernement pour sauver de la faillite les grandes entreprises publiques qui se sont très fortement endettées?

– Le risque de défaut est aujourd’hui faible. Pour faire face aux échéances, nous disposons des réserves de la banque centrale, soit 416 milliards de dollars, et des réserves en devises du gouvernement. Tous ces instruments permettent au gouvernement de sauver la face au moins jusqu’à la fin de l’année 2015. Ce sera une année difficile, mais sans catastrophe. Par contre, les vrais problèmes nous attendent l’année suivante, car il ne restera plus de réserves et les possibilités financières de l’Etat seront tout à fait amoindries.

  • – Les milieux d’affaires craignent le retour à un contrôle strict des changes pour lutter contre la fuite des capitaux et la spéculation sur le marché des devises.

– C’est tout à fait possible. C’est ce vers quoi nous nous dirigeons, même si la banque centrale continue de s’en défendre publiquement.

  • – Quelles conséquences peut-on en attendre?

– Tout dépend de l’ampleur des mesures. Si le durcissement n’est pas coordonné avec d’autres mesures non monétaires, les conséquences seront extrêmement négatives. De nouvelles fluctuations brutales du rouble sont à prévoir.

http://www.letemps.ch/Page/Uuid/75d46b88-861e-11e4-9cd5-59e213f8caa2/La_Russie_se_dirige_vers_un_contr%C3%B4le_des_capitaux

Record d’exportations d’armes pour Moscou 

Le pays continue d’augmenter son volume de vente dans un marché global en stagnation.

Jamais la Russie n’avait autant exporté d’armes depuis la fin de l’Union Soviétique. Selon l’Institut international de recherche pour la paix (Sipri), Moscou a réalisé une performance record en 2013, avec des ventes en croissance de 20% par rapport à l’année précédente, dans un marché global en recul de 2%. D’après le Sipri, les fabricants d’armes russes ont exporté pour une valeur de 8,23 milliards de dollars sur leurs marchés traditionnels, qui sont en ordre décroissant l’Inde, la Chine et l’Azerbaïdjan.

Les experts russes estiment les chiffres du Sipri très en deçà de la réalité. «Il s’agit d’une grossière erreur, martèle Igor Korotchenko, directeur du centre d’analyse russe du commerce mondial des armes. Les exportations se situent dans une fourchette entre 14 et 15 milliards de dollars.» L’expert américain Dmitry Gorenburg suggère que ses collègues russes ont tendance à comptabiliser des informations confidentielles qui ne se traduisent pas dans les faits.

 Stabilité 

Korotchenko estime que les exportations d’armes russes sont stables. «Je pense qu’il n’y aura pas de croissance en 2014, les exportations resteront au même niveau. Pareil pour 2015, à moins qu’un très gros contrat ponctuel avec l’Inde ou un autre client régulier ne modifie la donne. La demande est en croissance. Les budgets militaires sont en hausse dans le Sud-Est asiatique. Cette région va assurer la demande pour notre industrie militaire.» L’expert pense que la détérioration des relations entre Russie et Occident n’aura pas d’impact sur les exportations d’armes.

«Les exportations russes pour 2013 atteignent effectivement le niveau record de 15,7 milliards de dollars, mais le déclin est inéluctable, en partie à cause des sanctions internationales», estime pour sa part Ruslan Pukhov, qui vient de publier un rapport intitulé Les aspects militaires de la crise ukrainienne. «Notre industrie dépend malheureusement d’équipements électroniques et de machines-outils qui viennent d’Occident», note l’expert. Il s’agit en particulier d’équipements destinés à produire des pièces pour les missiles balistiques de dernière génération, comme le Boulava et le Topol. Pukhov note aussi les puces très sophistiquées des satellites espions russes parmi les pièces importées. 

Réarmement massif 

La dégradation des relations diplomatiques entre Moscou et les capitales occidentales autour de la crise ukrainienne n’est qu’un des facteurs susceptibles de peser sur les commandes futures d’armes russes. Le réarmement massif de l’armée russe utilise une part croissante des capacités de production russes, qui sont peu élastiques. En dépit de la récession économique menaçant, le budget militaire russe va augmenter de 30% en 2015, pour atteindre 62 milliards de dollars (un autre record post-soviétique). «Les possibilités de financement des sociétés militaires sont réduites à cause de la crise et des sanctions», note Pukhov.L’expert n’exclut pas toutefois que le budget alloué à la défense soit rogné. Lundi, le gouvernement russe a reçu la consigne de réduire les dépenses de 10% à cause de la chute du prix du pétrole, par rapport auquel est calculé l’équilibre budgétaire russe. «Nous avons atteint le plafond des exportations. Peut-être parviendrons-nous à maintenir ce niveau quelque temps, mais le déclin est inéluctable. La seule incertitude porte sur son calendrier», conclut Pukhov.

 Les types d’armes russes les plus demandés sont les systèmes de défense antiaérienne et les avions de chasse Soukhoï. «La Russie et les Etats-Unis sont les seuls pays à proposer toute la gamme, depuis les missiles portables jusqu’aux systèmes les plus puissants», note Pukhov.

Forte de sa position dominante dans le commerce des armes, la Russie n’entend pas se laisser brider par les règlements internationaux. L’information reste officieuse, mais il est déjà clair que Moscou ne signera pas le Traité sur le commerce des armes adopté par l’ONU, et qui doit entrer en vigueur le 24 décembre. «Ce traité est taillé sur mesure pour les intérêts des Etats-Unis, qui vont s’en servir pour nous interdire de livrer des armes aux pays leur déplaisant, comme par exemple la Syrie», explique Korotchenko.

Emmanuel Grynszpan/ Le Temps 18/12/14

http://www.letemps.ch/Page/Uuid/6d03cb1e-8567-11e4-9cd5-59e213f8caa2/Record_dexportations_darmes_pour_Moscou

Conférence de presse annuelle de Vladimir Poutine

Entre 1 200 et 1 300 journalistes participeront à la conférence de presse.

Le président russe Vladimir Poutine répondra aux questions des journalistes lors de sa traditionnelle conférence de presse annuelle, jeudi 18 décembre, à partir de 12h, heure de Moscou. Suivez la rencontre en direct avec Le Courrier de Russie

poutine conférence

Entre 1 200 et 1 300 journalistes participeront à la conférence de presse, selon l’attaché de presse du président russe Dmitri Peskov, dont 150 chaînes de télévision et de nombreux médias étrangers.

Il s’agit de la dixième édition de cette rencontre traditionnelle entre Vladimir Poutine et les journalistes. 

13h20 : Sur la dévaluation de la monnaie

La dévaluation ne marche pas, la dévaluation de la hrivna (monnaie ukrainienne) n’a pas marché, il faut agir sur le marché intérieur via la Banque centrale.

Il y a une possibilité pour nous, par exemple, d’influencer les sociétés pétrolières par l’intermédiaire de nos représentants dans leur conseil d’administration. Mais nous n’allons pas agir comme ça.

A propos des spéculateurs, et de votre question sur « qui sont-ils ? » : il peut s’agir de Russes, ou d’étrangers, des sociétés, des fondations, qui cherchent à gagner de l’argent en poussant par exemple la Banque centrale à vendre ses réserves d’or sur le marché pour stabiliser le rouble. Mais la Banque centrale ne l’a pas fait, et elle a eu raison. Avant-hier, j’ai parlé avec un des acteurs du marché par téléphone, je lui ai demandé s’il avait de l’argent en stock, il m’a répondu oui, trois milliards. On ne peut pas les forcer à agir, à plusieurs ils peuvent représenter jusqu’à trente milliards, ce ne sont pas des kopeks ! Ils doivent assurer la stabilité de leur société, et on doit les rassurer sur la liquidité du rouble.

13h15 : Sur le projet de gazoduc via la Turquie 

L’économie turque est également en hausse, et elle a besoin de ressources énergétiques. Nous n’allons quand même pas lui dire non ? Bien sûr, que nous allons lui vendre ce dont elle a besoin.
 
Allons-nous créer un hub à la frontière greco-turque ? Cela dépendra de nos partenaires européens. Veulent-ils avoir des livraisons de gaz stables sans risques sur le transit ? Oui ? Très bien, nous allons travailler dessus. Non ? Très bien, nous n’allons rien faire.
 
Pour le moment, il n’y a pas de livraisons moins chères et plus stables que celles qui viennent de Russie. Et ce n’est pas prêt de changer.

13h10 : La Russie et l’Asie

On dit souvent que la Russie se tourne vers l’Asie. Je vous invite donc à lire des journaux américains, eux aussi, disent que les Etats-Unis se tournent vers l’Asie. Pourquoi ? Pour des raisons économiques, évidemment!

L’Asie se développe très vite, et tout le monde veut tirer profit de son développement.
 
Notre contrat (gazier) avec la Chine n’est pas déficitaire, contrairement à ce que l’on raconte. Oui,  nous avons donné des avantages à la Chine, et la Chine nous a donné des avantages à nous. Mais notre politique de prix de vente pour la Chine n’est pas très différente de celle que nous avons en Europe. Nous allons non seulement construire un pipeline, mais aussi assurer la gazéification de l’Extrême-Orient. C’est un grand chantier, avec à la clé des emplois, des revenus pour l’Etat. 

13h05 : Sur les prisonniers

Je considère que les gens doivent jusqu’aux fêtes de fin d’année être échangés et séjourner dans leurs familles. Les représentants à Kiev ont refusé tout échange avant les prochaines négociations à Minsk. Demain, il doit se tenir une vidéo-conférence entre les différents acteurs, qui devrait aboutir sur une nouvelle rencontre à Minsk. Nous verrons.

12h55 : Sur l’Ukraine

Un journaliste de l’agence ukrainienne Unian : « Vous menez une opération de châtiment à l’Est de l’Ukraine. Vous avez envoyé des troupes russes en Ukraine. Que direz-vous aux familles des soldats russes péris en Ukraine? Vous détenez plus de 30 citoyens ukrainiens en Russie, dont Nadejda Savtchenko. Quand allez-vous les libérer ? »

Sur Savtchenko : Sur elle, j’ai une position très claire. Dans cette salle sont présents vos collègues, des journalistes. Certains d’entre eux ont péri en Ukraine. Je rappelle que l’obligation des autorités ukrainiennes était d’assurer qu’ils puissent faire leur travail sans avoir peur pour leur vie et leur santé. Pourtant, des journalistes ont été tués. Selon nos organes de sécurité, Nadejda Savtchenko a participé à ces meurtres.

Si lors de l’enquête, on découvre qu’elle est innocente, elle sera libérée. Si on découvre qu’elle est coupable, le tribunal donnera son verdict.
 
Les Ukrainiens ne sont pas prisonniers, ils sont suspectés d’avoir participé à des attentats terroristes.
 
Ce qui se passe à l’Est de l’Ukraine est effectivement une opération de châtiment, mais c’est Kiev qui la mène. C’est Kiev qui a amené ses armes et ses troupes à l’Est du pays, et non l’inverse.

Que s’est-il passé en Ukraine? Après le coup d’état qui a eu lieu à Kiev, une partie du pays a rejeté cet état de fait. Mais au lieu de commencer à dialoguer avec eux, Kiev a envoyé l’armée contre eux. Maintenant, ils font face à un blocus économique.

La crise doit être résolue par des moyens politiques et non militaires, on va aider les gens, on a déjà envoyé plusieurs convois humanitaires. On doit respecter le principe du droit international du droit des peuples à disposer d’eux-mêmes.

Nous sommes prêts à être des intermédiaires entre Kiev et le Donbass, et à restaurer l’intégrité politique de l’Ukraine.

En ce qui concerne les accords de Minsk, j’étais un des acteurs, avec Petro Porochenko. Ce dernier souhaite trouver une solution mais il n’est pas le seul ! Porochenko aspire certes au règlement du conflit, mais il nous faut des actions concrètes et pas des déclarations belliqueuses.

12h50 : Sur les relations avec l’Occident

Tout ce qui se passe dans l’économie russe n’est pas le tribut de l’affaire de Crimée, c’est le prix de notre Etat, de notre civilisation. Après la chute du mur de Berlin, nous étions très ouverts envers nos partenaires occidentaux, mais nous avons vu ces partenaires soutenir des terroristes. Il y a toujours des gens en Occident qui sont contre nous, il y a eu des tentatives de discréditer les JO. Qui a besoin de ça ? C’est sans fin. Je vous ai déjà parlé lors du club de Valdaï, j’ai parlé d’un ours russe qui vit dans sa taïga, moi-même parfois je me dis que comme lui il faudrait se calmer, et manger des baies et du miel, peut être qu’alors on va le laisser tranquille ? Mais non. On va lui mettre une chaîne, l’attacher à une chaise et lui arracher ses griffes.

Il ne s’agit pas de la Crimée, il s’agit de notre souveraineté, vous savez ils vont l’empailler cet ours ! Sur l’ensemble des problèmes de notre économie, 25% viennent des sanctions : soit nous franchissons cet obstacle, soit il ne nous reste plus qu’à accrocher la peau de l’ours sur le mur.

12h45 : Sur le mur de Berlin

Vous venez de dire que le mur de Berlin avait chuté et qu’un nouveau mur se dresse, mais ça n’est pas nouveau. L’élargissement de l’OTAN est un mur qui se dresse, un mur virtuel, le bouclier anti-missiles. Personne n’a freiné cette direction, nos partenaires ont pensé qu’ils formaient un empire et que nous étions leurs servants, notre position par rapport aux crises, notamment en Ukraine, montre que la voie la plus juste est la voie qui consiste à ne pas construire de murs.

12h30 : Sur la situation économique

Notre assurance, c’est notre politique macroéconomique, qui est juste.

Vous me parlez de bureaucratie ? Parlez-en à Bruxelles, leurs bureaucrates n’ont rien à envier aux nôtres.
 
Nous essayons de créer les meilleures conditions pour notre industrie, mais c’est difficile, quand l’argent est plus facile à gagner dans le domaine énergétique.  Nous recevons beaucoup de demandes au gouvernement : ceux qui veulent développer les hautes technologies sont peu nombreux, les gens veulent surtout avoir accès à nos gisements et y investir leur argent, car le retour sur investissement est plus rapide.
 
Mais dans les conditions actuelles, la vie-même va obliger les gens à développer d’autres industries. Nous travaillons sans relâche afin de diversifiser nos industries. Il faut créer de bonnes conditions pour le business, garantir la propriété, il faut favoriser la concurrence, il faut aider le développement des régions, comme en Extrême-Orient, garantir des privilèges aux PME et continuer dans cette direction.

12h20 : Sur le rouble

Je vais être bref sur le rouble et la situation économique. Bien sûr que la situation a été provoquée par deséléments extérieurs. Mais aussi parce qu’on n’en a pas assez fait pour diversifier notre économie nationale ces 20 dernières années. Aujourd’hui, la situation a changé.

Les prix du pétrole et du gaz influent sur notre économie. Et je considère qu’aujourd’hui, la Banque centrale prend des mesures adéquates et appropriées.

C’est possible que le rouble baisse, que les prix des matières premières baissent, et contre cela nous allons appliquer les mêmes mesures qu’en 2008. Nos institutions vont se concentrer sur les personnes qui en ont le plus besoin.

Nous allons diversifier notre économie, la vie va nous y forcer. Notre banque centrale ne compte pas dilapider ses réserves, et elle fait bien. 8,4 mille milliards de roubles : voici le montant de nos réserves.

Avec ces réserves, nous pourrons accomplir toutes nos obligations sociales.

Même si la conjoncture économique reste très mauvaise, la situation actuelle va durer pendant encore deux ans, mais elle peut aussi s’améliorer plus rapidement, personne ne peut le dire précisément.

La Banque centrale et le gouvernement agissent d’une manière adéquate, ils auraient pu être plus opérationnels, c’est la seule critique qu’on peut leur faire.
 
La banque a augmenté le taux d’intérêt, j’espère qu’il ne sera pas toujours aussi haut.
 
Je suis persuadé que l’économie va s’adapter aux nouvelles conditions, je reste optimiste.L’économie va se stabiliser. Ce qui va arriver est inévitable. Que doit on faire ? Pour stabiliser le rouble, il faut serrer la liquidité en roubles, la Banque centrale doit réagir comme elle le sent.Il ne faut pas gaspiller les réserves d’or.
 
Je sais qu’il y a des critiques contre la Banque centrale, et le gouvernement doit faire face à ses responsabilités.Il faut prendre d’autres mesures :la lutte contre l’inflation, c’est le devoir de la Banque centrale; il y a aussi le prix de l’essence, le prix de l’alimentation : dans de telles situations il faut travailler au quotidien, rencontrer les acteurs du marché, les extracteurs de pétrole… Tout cela doit être réfléchi, sans interférer sur le travail de la Banque centrale. La politique de Nabioullina (à la tête de la Banque centrale, ndlr) mais sa politique est adéquate.

12h15 : Bilan de l’année 2014

Pour l’année 2014, le budget russe sera en excédent commercial, évidemment.

Notre mortalité est en baisse, notre natalité est en hausse. Notre capital maternité est de 429 000 roubles, et nous continuons de l’augmenter. Les salaires des enseignants et des médecins ont également augmenté. 11 700 militaires ont reçu des logements.

13h38 : Sur Khodorkovski

Question : Vous ne regrettez pas sa libération ? 

Lorsque Khodorkovski m’a écrit sa demande de libération, il ne parlait pas de politique mais du besoin d’être auprès de sa mère.
 
Ma décision a été humaine : sa mère était malade, et j’ai dit oui. Pour qu’il soit avec elle et qu’il s’en occupe. La question n’est pas de savoir s’il va faire de la politique : c’est son droit en tant que citoyen russe. La question est de savoir si Dieu lui en donnera la chance. En somme, je ne regrette rien et je pense que cette décision était juste.

13h35 : Sur le soutien de l’État aux projets sociaux

Ces projets sont très importants et bien sûr, je vais m’y intéresser. J’ai déjà dit qu’il fallait des bourses pour que les enfants doués puissent aller à l’université. Je peux promettre au moins une chose pour le moment, même si c’est encore un projet officieux : après les JO, j’ai initié la création d’un cluster de formation des écoliers de Sotchi pour les sports d’hiver. Nous avons déjà trouvé un lieu, à proximité de la mer Noire, où seront rassemblés des enfants venant de tout le pays, issus d’écoles de musique, de sport et de mathématiques . Il faut que ces trois matières y soient enseignées. Ils sont déjà deux cents dans la section sportive et je souhaite qu’il y en ait autant dans les sections musique et mathématiques.

13h30 : Sur la cinquième colonne

Question : Savez-vous qu’en utilisant ce terme, vous divisez notre société ?

Tout ce que je veux, c’est au contraire consolider notre société, et non la diviser. Mais je vous fais confiance, et si effectivement par ma remarque, j’ai contribué à sa division, je vais y méditer. Mais on ne peut pas toujours lisser ses discours, parfois il faut dire les choses clairement, telles qu’elles sont.
 
Vous me demandez aussi quelle est la différence entre l’opposition et la cinquième colonne ? Vous savez, bien évidemment, que cette année, nous avons célébré les 200 ans de la naissance de notre grand poète Mikhaïl Lermontov.
 
Nous avons tous en mémoire ses lignes du poème Borodino : « Mourons près de Moscou, comme nos frères y sont morts ». Mais nous nous souvenons tous aussi très bien qu’il a écrit un autre poème : Au revoir, sale Russie ! Pays des maîtres et des esclaves ! 
 
Lermontov était-il un opposant ? Oui, certainement. Etait-il patriote ? Oui, bien sûr. Moralité ? Un opposant défend in fine les intérêts de sa patrie, alors que la cinquième colonne ne fait que travailler sous les ordres d’Etats étrangers.

13h25 : Sur la réduction du nombre d’hôpitaux à Moscou et le risque que le phénomène ne se répète dans les régions

Il s’agit de questions fondamentales aujourd’hui : la santé et l’enseignement.
 
Nous devons penser aux personnes qui utilisent et ont besoin de ces services. Des millions de personnes attendent que la situation s’améliore. Les gens sont mécontents. Ils se posent des questions : comment la mairie de Moscou peut-elle améliorer notre situation tout en fermant des hôpitaux ? La municipalité agit avec les compétences dont elle dispose. Et trop de lits d’hôpitaux sont occupés par simple souci de prévention, surtout en hiver.
 
Dans les bonnes cliniques, la personne est d’abord hospitalisée, puis reçoit des soins ambulatoires. Cela permet d’avoir un système plus efficace et de payer moins de charges, d’investir plus dans la formation du personnel et un équipement de qualité.
 
A Moscou, il y a un programme de primes pour les personnes qui seront mutées (pas licenciées) : entre 200 et 500 mille roubles. Elles auront droit à des formations pour améliorer leurs compétences.

13h20 : Sur la dévaluation de la monnaie

La dévaluation ne marche pas, la dévaluation de la hrivna (monnaie ukrainienne) n’a pas marché, il faut agir sur le marché intérieur via la Banque centrale.

Il y a une possibilité pour nous, par exemple, d’influencer les sociétés pétrolières par l’intermédiaire de nos représentants dans leur conseil d’administration. Mais nous ne le ferons pas.

À propos des spéculateurs et de votre question sur « Qui sont-ils ? » : il peut s’agir de Russes ou d’étrangers, de sociétés, de fondations qui cherchent à gagner de l’argent en poussant la Banque centrale, par exemple, à vendre ses réserves d’or sur le marché pour stabiliser le rouble. Mais la Banque centrale ne l’a pas fait, et elle a eu raison. Avant-hier, je me suis entretenu par téléphone avec un des acteurs du marché financier. Je lui ai demandé s’il avait de l’argent en réserve, il m’a répondu : oui, trois milliards. On ne peut pas forcer ces gens à agir : à plusieurs, ils peuvent représenter jusqu’à trente milliards – ce ne sont pas des kopecks ! Ils doivent assurer la stabilité de leurs entreprises, et nous devons les rassurer sur la liquidité du rouble.

13h15 : Sur le projet de gazoduc via la Turquie 

L’économie turque est également en hausse, et elle a besoin de ressources énergétiques. Nous n’allons quand même pas lui dire non ? Bien sûr, que nous allons lui vendre ce dont elle a besoin.
 
Allons-nous créer un hub à la frontière greco-turque ? Cela dépendra de nos partenaires européens. Veulent-ils avoir des livraisons de gaz stables sans risques sur le transit ? Oui ? Très bien, nous allons travailler dessus. Non ? Très bien, nous n’allons rien faire. Pour le moment, il n’y a pas de livraisons moins chères et plus stables que celles qui viennent de Russie. Et ce n’est pas près de changer.

Sur l’agressivité des Russes à l’égard des Occidentaux et les vols de l’aviation militaire russe aux frontières de l’Europe

Question d’un citoyen britannique

En ce qui concerne les entraînements militaires,vous dites que la Russie a contribué à tendre la situation, mais nous n’attaquons personne, nous ne faisons que défendre nos intérêts, il n’y a aucune offensive de notre part, la Russie a supprimé l’aviation stratégique dans les régions lointaines depuis longtemps alors que les avions américains continuent, pourquoi ?

Nous n’avions pas réalisé ce type de vols pendant des années alors que les Américains n’ont jamais cessé d’en faire, nous avons donc dû les reprendre récemment. Nous avons deux bases à l’étranger et ces deux bases sont destinées à lutter contre les terroristes, en Kirghizie et au Tadjikistan pour agir en Afghanistan où vous avez, vous aussi, intérêt à ce que ce soit calme. Les Américains ont des bases partout, en Europe y compris.

Nous avons un budget de défense de cinquante milliards de dollars et le budget du Pentagone est de 10 fois plus important, il faut être raisonnable, qui met en place une infrastructure de guerre ?

Pour le bouclier antimissile, qui a enfreint l’accord ? Ce n’est pas nous, ce sont les USA, ils nous menacent, ils mettent des boucliers anti-missiles en Alaska, en Pologne. Nous voulons des relations égales dans les domaines de l’économie et de la sécurité. Nous avons fait beaucoup d’efforts pour entrer à l’OMC. Qui est en violation des règles internationales ? Des sanctions ont été prises à notre encontre. Nous voulons travailler sur la lutte antiterroriste avec nos partenaires, la non-prolifération, le trafic de drogue, les maladies infectieuses. Mais de façon égale.

14h15 : Sur l’agriculture

Nous allons accorder 200 milliards de roubles d’aide à nos agriculteurs.

Nous avons eu cette année une récolte record : 104 millions de tonnes de blé. Il faut veiller à ce que les recettes que nous allons obtenir en vendant notre récolte ne restent pas dans les poches des intermédiaires, mais reviennent aux agriculteurs. Actuellement, nous observons une hausse de prix pour les produits alimentaires, c’est mauvais pour les consommateurs, mais c’est une chance pour nos fermiers.

14h08 : Sur l’Union économique eurasienne

Le Kazakhstan est également un pays producteur de pétrole, et comme nous, il rencontrera des problèmes dans son économie. C’est inévitable, je le répète, car nos économies sont confrontées à la baisse des prix des matières premières.
 
Mais on s’en sortira. Ensemble, c’est plus simple. Notre volume d’échanges de marchandises à l’intérieur de l’Union douanière a augmenté de 50% depuis sa création et c’est un chiffre positif.

14h05 : Sur les élites

La vraie élite russe sont des laboureurs, des travailleurs, qui portent le pays sur leurs épaules depuis toujours. Toute autre mention de l’élite est fausse. Il y a des riches, et des pauvres. Et il y a aussi des patriotes parmi les riches. De nombreux riches sont mécontents, et je les comprends.

14h : Sur l’éventualité d’un coup d’Etat

Question : Vous accusez de quelconques forces extérieures responsables de la guerre, de la crise financière : à quel point faites-vous confiance à votre entourage ? N’avez vous pas peur d’un coup d’Etat ?

Il n’y aura pas d’assaut sur le Kremlin, rassurez-vous. Il est bien protégé. C’est aussi un garant de notre stabilité. La vraie base d’un développement stable, c’est le soutien du peuple. Et nous l’avons.
 
En Ukraine, le coup d’Etat était une erreur. L’Ukraine n’est pas un pays d’Afrique.  Je n’accuse personne mais constate les faits. Vous vous souvenez du document signé le 21 février entre Kiev et les trois ministres allemand, polonais et français ? Ils nous ont dit : Faites en sorte que Ianoukovitch ne fasse pas usage de la force. Il ne l’a pas fait, et c’est justement pour cela que la situation a dégénéré, qu’un coup d’Etat a eu lieu.
 
Il fallait dire à Kiev que si vous voulez être membre de l’UE, il ne faut pas utiliser de telles méthodes. On veut bien vous recevoir en Europe mais trouvez un compromis, travaillez tous ensemble. Si tout cela avait été fait, il n’y aurait pas cette guerre en Ukraine. Mais nos collègues (de Kiev) ont fait des promesses vides. Je pense que notre position était objective dès le début.

13h55 : Sur la fuite des capitaux

Nous n’avons pas l’intention de faire revenir les capitaux, nous voulons les légaliser, si les entrepreneurs veulent garder leurs actifs et leur propriété à l’étranger qu’ils le fassent. Mais nous voulons qu’ils déclarent ce qu’ils possèdent.

13h45 : Sur les déclarations de Ramzan Kadyrov, président tchétchène, selon lesquelles « les lois de la Fédération ne s’appliquent pas en Tchétchénie »

(Ramzan Kadyrov faisait référence à l’incendie des maisons des proches des auteurs de l’attentat de Grozny)

Les habitations des proches des terroristes ont été brûlées. Bien sûr, en Russie, tout le monde doit obéir aux lois en vigueur et personne ne doit être reconnu coupable avant une décision de justice. D’après les départements anti-terroristes, les proches des responsables étaient au courant des attentats mais cela n’excuse pas de rendre justice soi-même avant qu’un tribunal ait rendu une décision. Nous allons donc déterminer qui sont les gens qui ont  brûlé les maisons, ils étaient masqués. Je pense que la déclaration de Kadyrov a été faite sous le coup de l’émotion : il y a eu 14 policiers tués et 38 blessés, je suis sûr que ce qu’il a dit faisait écho aux attentes de la population.

On sait qu’après les attentats du 11 septembre, il y a eu des tortures, elles étaient illégales mais pourtant un manuel de torture avait été créé. La vie est compliquée. Nous devons respecter la loi, sinon ce sera la chaos.

13h40 : Sur les Jeux olympiques d’hiver à Sotchi

Tout ce que nous espérions pour les JO, tout ce que nous voulions atteindre, nous l’avons atteint. Et même davantage. Nous avons gagné ces JO, ainsi que les Jeux paralympiques.

Aujourd’hui, à Sotchi, tout est plein, surbooké. Sotchi est désormais une destination touristique qui fonctionne toute l’année, où l’on peut aller en été comme en hiver.

Si nous voulons vivre plus longtemps, si nous voulons que les gens fassent la queue non pour acheter de la vodka, mais pour faire du ski, nous nous devions construire ces stations, ces patinoires, ces stades. C’est comme ça que notre espérance de vie pourra augmenter.

Comme vous le savez, nous allons organiser la Coupe du monde de football en 2018. Les compétitions mondiales motivent toujours les enfants à faire du sport, et c’est très positif.

14h40 : Sur la Géorgie et l’Abkhazie

Qu’on parle d’Abkhazie ou du Sud-Est de l’Ukraine, le problème est le même : les autorités doivent discuter avec les gens qui vivent sur ces territoires, c’est là l’essentiel.

J’ai tenté de convaincre à l’époque M. Saakachvili, aujourd’hui en cavale, de ne pas lancer une opération militaire, et il l’a lancée malgré tout.

Rappelez-vous un peu l’an 1919 : la Géorgie a déclaré son indépendance, alors que l’Abkhazie a souhaité rester au sein de la Russie. C’est une longue histoire, en ce temps-là déjà, les Abkhazes ont été persécutés, et ils s’en souviennent toujours.

On nous accuse souvent de tous les péchés mortels, on dit que nous jouons à provoquer, c’est totalement faux, il y a une Histoire, des réalités, dont il faut tenir compte.

14h35 : Sur l’affaire Bashneft Ievtouchenkov

Cette affaire n’a rien à voir avec la remise en cause de la privatisation, la question est celle du transfert d’une propriété fédérale vers une propriété régionale. La seule chose sur laquelle les enquêteurs avaient des soupçons était le prix d’achat : ce bien a été acheté deux milliards alors qu’il avait été estimé à cinq ou sept. Il y avait donc un soupçon de blanchiment, mais qui n’a pas été prouvé. Je dois rencontrer les entrepreneurs russes bientôt et Ievtouchenkov est invité.

14h32 : Sur la Turquie

Sur Chypre, nous essayons d’avoir une position équilibrée et de trouver une solution qui satisfasse les parties grecque autant que turque. Pour autant, nous n’allons rien imposer, nous n’allons pas interférer : les habitants de Chypre doivent trouver un accord eux-mêmes.

Je n’avais aucun doute (sur le fait que l’UE ferait pression sur la Turquie pour la convaincre de s’associer à sa politique de sanctions contre la Russie). Quand je suis allé en Turquie, j’ai même proposé à Erdogan de ne pas annoncer tous nos accords au grand public. Mais c’est un type bien droit dans ses bottes : il a dit non, nous allons tout dire, nous n’avons rien à cacher, nous ne volons rien à personne, nous agissons dans le cadre de notre relation bilatérale.

L’histoire qui nous lie à la Turquie a connu des pages très diverses : heureuses, mais aussi tragiques. Je pense que nous devons prendre exemple sur la relation de la France et de l’Allemagne. Ces deux pays ont plus d’une fois fait la guerre dans leur histoire, mais aujourd’hui, ils coopèrent avec beaucoup de succès.

Nous avons beaucoup d’intérêts régionaux communs avec la Turquie. Beaucoup de questions internationales ne pourraient pas être résolues sans sa participation.

14h30 : Sur le Kvas

Question : nous faisons du Kvas, du très bon Kvass, le problème c’est que les distributeurs ne le prennent pas alors que la qualité est meilleure que les sodas comme Coca et Pepsi, que devons-nous faire ?

Je ne sais pas si le Coca Cola est nocif mais certains experts disent que oui, je laisse Coca Cola régler ses problèmes et je ne veux pas les offenser. Nous avons des boissons traditionnelles, notamment le Kvas mais nous avons aussi une eau qui est de très bonne qualité, nous devons donc créer les conditions favorables pour vous aider à les vendre sur le marché russe, qui nous appartient.

14h28 : Sur sa vie privée

Un ami m’a récemment posé la question : Tu as un amour dans ta vie, es-tu amoureux ?, J’ai répondu : oui et toi ? Lui aussi m ‘a répondu oui, en avalant de la vodka. Alors tout va bien ! 

14h25 : Sur le crédit immobilier

Avec la hausse du taux de la Banque centrale, qui a atteint 17%, c’est difficile. Pourtant, cette année, plus de personnes ont contracté de crédits immobiliers que ce qu’on pensait.
 
Même avec la hausse du taux directeur, le nombre de crédits n’a pas baissé. Les banques, étrangement, n’ont pas augmenté leurs taux. Et j’espère que cela va continuer ainsi, car c’est important pour les gens et l’économie.
 
Si les banques viennent à les augmenter, le gouvernement et la Banque centrale devront trouver des instruments pour les aides sociales aux jeunes qui souhaitent acquérir de l’immobilier.

14h20 : Sur la région de Yamal et la création d’une grande région regroupant plusieurs sujets de la Fédération

En ce qui concerne la réunification de certains sujets de la Fédération, nous avons une loi fédérale et il n’y a que deux moyens  : soit par référendum soit par un vote du parlement local. En même temps, tout le monde le sait très bien, les forces de production ne sont pas réparties de manière égale sur le territoire, il y a des différences de coefficient des revenus budgétaires qui peut aller jusqu’à 26, il y a des différences de niveau de vie. Même si tout cela est regrettable, je répète qu’il n’y aura pas de réunification de républiques forcée, la population doit être impliquée dans ce processus.

Sur l’agressivité des Russes à l’égard des Occidentaux et les vols de l’aviation militaire russe aux frontières de l’Europe

Question d’un citoyen britannique

En ce qui concerne les entraînements militaires,vous dites que la Russie a contribué à tendre la situation, mais nous n’attaquons personne, nous ne faisons que défendre nos intérêts, il n’y a aucune offensive de notre part, la Russie a supprimé l’aviation stratégique dans les régions lointaines depuis longtemps alors que les avions américains continuent, pourquoi ?

Nous n’avions pas réalisé ce type de vols pendant des années alors que les Américains n’ont jamais cessé d’en faire, nous avons donc dû les reprendre récemment. Nous avons deux bases à l’étranger et ces deux bases sont destinées à lutter contre les terroristes, en Kirghizie et au Tadjikistan pour agir en Afghanistan où vous avez, vous aussi, intérêt à ce que ce soit calme. Les Américains ont des bases partout, en Europe y compris.

Nous avons un budget de défense de cinquante milliards de dollars et le budget du Pentagone est de 10 fois plus important, il faut être raisonnable, qui met en place une infrastructure de guerre ?

Pour le bouclier antimissile, qui a enfreint l’accord ? Ce n’est pas nous, ce sont les USA, ils nous menacent, ils mettent des boucliers anti-missiles en Alaska, en Pologne. Nous voulons des relations égales dans les domaines de l’économie et de la sécurité. Nous avons fait beaucoup d’efforts pour entrer à l’OMC. Qui est en violation des règles internationales ? Des sanctions ont été prises à notre encontre. Nous voulons travailler sur la lutte antiterroriste avec nos partenaires, la non-prolifération, le trafic de drogue, les maladies infectieuses. Mais de façon égale.

14h15 : Sur l’agriculture

Nous allons accorder 200 milliards de roubles d’aide à nos agriculteurs.

Nous avons eu cette année une récolte record : 104 millions de tonnes de blé. Il faut veiller à ce que les recettes que nous allons obtenir en vendant notre récolte ne restent pas dans les poches des intermédiaires, mais reviennent aux agriculteurs. Actuellement, nous observons une hausse de prix pour les produits alimentaires, c’est mauvais pour les consommateurs, mais c’est une chance pour nos fermiers.

14h08 : Sur l’Union économique eurasienne

Le Kazakhstan est également un pays producteur de pétrole, et comme nous, il rencontrera des problèmes dans son économie. C’est inévitable, je le répète, car nos économies sont confrontées à la baisse des prix des matières premières.
 
Mais on s’en sortira. Ensemble, c’est plus simple. Notre volume d’échanges de marchandises à l’intérieur de l’Union douanière a augmenté de 50% depuis sa création et c’est un chiffre positif.

14h05 : Sur les élites

La vraie élite russe sont des laboureurs, des travailleurs, qui portent le pays sur leurs épaules depuis toujours. Toute autre mention de l’élite est fausse. Il y a des riches, et des pauvres. Et il y a aussi des patriotes parmi les riches. De nombreux riches sont mécontents, et je les comprends.

14h : Sur l’éventualité d’un coup d’Etat

Question : Vous accusez de quelconques forces extérieures responsables de la guerre, de la crise financière : à quel point faites-vous confiance à votre entourage ? N’avez vous pas peur d’un coup d’Etat ?

Il n’y aura pas d’assaut sur le Kremlin, rassurez-vous. Il est bien protégé. C’est aussi un garant de notre stabilité. La vraie base d’un développement stable, c’est le soutien du peuple. Et nous l’avons.
 
En Ukraine, le coup d’Etat était une erreur. L’Ukraine n’est pas un pays d’Afrique.  Je n’accuse personne mais constate les faits. Vous vous souvenez du document signé le 21 février entre Kiev et les trois ministres allemand, polonais et français ? Ils nous ont dit : Faites en sorte que Ianoukovitch ne fasse pas usage de la force. Il ne l’a pas fait, et c’est justement pour cela que la situation a dégénéré, qu’un coup d’Etat a eu lieu.
 
Il fallait dire à Kiev que si vous voulez être membre de l’UE, il ne faut pas utiliser de telles méthodes. On veut bien vous recevoir en Europe mais trouvez un compromis, travaillez tous ensemble. Si tout cela avait été fait, il n’y aurait pas cette guerre en Ukraine. Mais nos collègues (de Kiev) ont fait des promesses vides. Je pense que notre position était objective dès le début.

13h55 : Sur la fuite des capitaux

Nous n’avons pas l’intention de faire revenir les capitaux, nous voulons les légaliser, si les entrepreneurs veulent garder leurs actifs et leur propriété à l’étranger qu’ils le fassent. Mais nous voulons qu’ils déclarent ce qu’ils possèdent.

13h45 : Sur les déclarations de Ramzan Kadyrov, président tchétchène, selon lesquelles « les lois de la Fédération ne s’appliquent pas en Tchétchénie »

(Ramzan Kadyrov faisait référence à l’incendie des maisons des proches des auteurs de l’attentat de Grozny)

Les habitations des proches des terroristes ont été brûlées. Bien sûr, en Russie, tout le monde doit obéir aux lois en vigueur et personne ne doit être reconnu coupable avant une décision de justice. D’après les départements anti-terroristes, les proches des responsables étaient au courant des attentats mais cela n’excuse pas de rendre justice soi-même avant qu’un tribunal ait rendu une décision. Nous allons donc déterminer qui sont les gens qui ont  brûlé les maisons, ils étaient masqués. Je pense que la déclaration de Kadyrov a été faite sous le coup de l’émotion : il y a eu 14 policiers tués et 38 blessés, je suis sûr que ce qu’il a dit faisait écho aux attentes de la population.

On sait qu’après les attentats du 11 septembre, il y a eu des tortures, elles étaient illégales mais pourtant un manuel de torture avait été créé. La vie est compliquée. Nous devons respecter la loi, sinon ce sera la chaos. 

15h10 : Sur les Tatars de Crimée

Il s’agit de la réhabilitation politique de tous les peuples réprimés. La loi a été signée. Et c’est très important. Nous avons aussi décidé que toutes les langues de la péninsule seraient officielles. Une première ! Cela permettra à tous les habitants de Crimée de se sentir citoyen de Fédération de Russie.
 
Pour les Tatars de Crimée, la question des répressions est pénible, on leur doit beaucoup, et tout le monde, y compris les autorités locales, doivent respecter la loi car tous sont égaux indépendamment de leur nationalité.

Sur l’Iran

Cette année, le volume de nos échanges avec l’Iran a baissé, mais nous travaillons afin de pouvoir y remédier. Vous savez très bien que l’Iran est aussi un pays producteur du gaz et du pétrole, vous savez aussi qu’actuellement, les prix du pétrole baissent.

Pourquoi ? Serait-ce un complot conclu par l’Arabie saoudite et les Etats-Unis dans le but de punir l’Iran, le Venezuela et la Russie ? Peut-être. Peut-être que non. Nous ne pouvons pas le dire au juste. C’est possible aussi que les producteurs de pétrole veuillent réduire à néant les efforts des producteurs américains sur le pétrole de schiste. Il est également possible que les intérêts de l’administration américaine et de l’Arabie saoudite, sur ce point, convergent, car l’administration américaine ne s’inquiète pas outre-mesure des intérêts des producteurs privés du pétrole de schiste. Mais c’est risqué : on pourrait voir un jour une flambée des prix, il faut y penser.

15h05 : Sur l’effort de guerre

Question : Nous célébrerons l’année prochaine le soixante-dizième anniversaire de la Grande Guerre patriotique (Seconde Guerre mondiale), et nous vous sommes reconnaissants de tout ce que vous avez fait pour les anciens combattants. Cependant, que comptez-vous faire pour ceux qui ont non combattu, mais travaillé pendant cette période ?  

Nous avons commencé par nous occuper des anciens combattants. Mais quand nous nous sommes penchés sur ceux qui avaient travaillé à l’intérieur pour contribuer à l’effort de guerre, nous avons réalisé qu’il ne s’agissait plus de quelques dizaines de milliers de personnes mais de centaines de milliers. Et nous ne pouvons pas aider tout le monde. Nous travaillons actuellement sur le sujet, sur la façon de les soutenir. Ils ont effectivement aidé le pays en travaillant. Je ne ferai pas de déclaration publique là-dessus. Nous réfléchissons à l’aide que nous pourrions leur apporter et chaque pas compte, surtout en ce moment.

Sur les salaires des hauts fonctionnaires

Igor Setchine (PDG de Rosneft : il a refusé, il y a quelques semaines, de dévoiler le montant de son salaire,ndlr) est un manager efficace et je pense qu’il est rémunéré équitablement. Je ne saurais pas vous dire combien il gagne. Moi-même, d’ailleurs, je ne fais pas attention à mon salaire : il est versé sur mon compte, et c’est tout.

 
Les collaborateurs des grandes sociétés gagnent beaucoup d’argent, c’est vrai. Pourtant, ces salaires doivent être comparés non au niveau de vie de notre pays mais à ceux de leurs homologues étrangers. Il arrive souvent que des entreprises russes engagent des cadres étrangers. Et ces gens ne doivent pas être payés plus cher, à travail égal, que nos concitoyens. C’est une affaire de justice. Il faut respecter cela.
 
En revanche, nous devons mettre fin à la pratique des « parachutes dorés », ces primes de départ démesurées. Et nous ne sommes pas les seuls à le penser. Quant à mes collaborateurs proches, ce ne sont pas des hauts fonctionnaires mais des collègues. Et le destin de millions de nos concitoyens dépend directement de leur travail.

14h55 : Sur sa popularité

Question : Vous êtes l’homme de l’année parmi les hommes politiques russes, ça ne vous ne gêne pas ?

Je me suis exprimé plusieurs fois sur ce sujet, ce ne sont pas des choses qui sont figées, il faut prendre cela sérieusement et ne pas essayer de rester à tout prix dans le classement, si on pense à son taux de popularité, on commence à faire de mauvais choix. Pour moi l’essentiel est que les gens se sentent mieux et pas seulement sur le papier.

14h50 : Sur les relations russo-chinoises

Nous connaissons tous l’Organisation de coopération de Shanghai. Elle avait été créée afin de résoudre les questions territoriales entre la Chine et l’URSS. Et elle a très bien fonctionné : aucun conflit n’est à déplorer.
 
Cette structure n’a pas disparu, elle est même devenue plus que ce pour quoi elle avait été créée. Pourquoi ? Parce que nous en avons besoin. Aujourd’hui, l’Iran, le Pakistan et d’autres pays veulent la rejoindre, ils sont intéressés.
 
La Chine est notre plus gros partenaire commercial. Le volume de nos échanges commerciaux bilatéraux s’élève à 90 milliards de dollars, et il continue de croître. Nous collaborons dans l’Espace, la construction aéronautique et de nombreux domaines très prometteurs.

Sur la possibilité d’une interdiction sur l’import d’automobiles

Quand nous nous sommes retrouvés sous le coup des sanctions, le gouvernement a commencé de penser à une telle interdiction. Le premier pas a été de stopper les commandes d’État de ces véhicules étrangers. Car en achetant ces voitures, nous soutenons l’industrie automobile de pays qui ont pris des sanctions contre nous. Toutefois, nous soutiendrons les fabricants automobiles étrangers qui viennent travailler et s’implanter en Russie et suivent nos règles.

Sur les évacuations de voitures

 Il faut penser aux piétons : ils étaient mécontents du parking sauvage dans le centre de Moscou notamment. Mais une fois encore, cela doit se faire dans le cadre de la loi, et le montant des amendes doit correspondre aux revenus.

14h45 : Sur les autres pays slaves

Question : Certains pays slaves ont des relations inamicales avec la Russie. Est-ce que la Serbie, la Pologne, la République tchèque et la Bulgarie pourraient former une union ?

Ces pays se trouvent dans une situation de grande dépendance, très difficile. Et les sanctions ont sur eux des conséquences encore plus aigües que chez nous. Mais je suis certain qu’au sein de ces peuples, il y a une aspiration à une unité spirituelle.

Sur Kaliningrad

Je sais qu’au niveau régional, les relations entre Kaliningrad et les pays qui l’entourent sont très amicales. Les Polonais et les Allemands voyagent souvent à Kaliningrad, et les Russes, à leur tour, voyagent en Pologne et en Allemagne. Je pense qu’il faut mettre fin aux phobies, et développer la coopération.

4 réponses »

  1. « Comme vous le savez, nous allons organiser la Coupe du monde de football en 2018. » hihihihi

    Sinon j’ai l’impression de lire un homme politique normal avec des problématiques normales du style des années 60/70 en france, un kennedy un reagan

    Pendant qu’ici des abrutis transforment des musées pour servir leurs intérêts font des « grenelles » , des « pactes de responsabilité », des « hautes autorités » sur la « francité » sur l' »égalités des chances »…sur les « quartiers citoyens » le « tissu associatif », les « pôles d’excellence » « l abcd de l’école »

    Concrétement, il faut les buter jusque dans les chiottes, financièrement électoralement intellectuellement

Répondre à CHrisAnnuler la réponse.