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News de Barbarie: Ne pas empêcher les djihadistes d’aller se faire trouer la peau / Jean-Michel Quatrepoint :«Un super État islamique aux portes de l’Europe est possible»/ Face à Daech, le dilemme humanitaire/ L’Etat islamique multiplie les succès en Libye/ Le grand gagnant de la Coupe du Monde du Djihad est… (Pepe Escobar)/ La logistique pour les nuls : qui ravitaille EI ?

Jurassic World, the fouth installment of the Jurassic Park film series is in the theaters. Meanwhile, the modern world is witnessing a real prehistoric threat in the Middle East called, ISIS.

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Ne pas empêcher les djihadistes d’aller se faire trouer la peau

11/6/15 Le Temps

L’avis de Pierre-Marcel Favre sur les aspirants djihadistes européens qui rejoignent les rangs de l’Etat islamique

Certains bien-pensants, naïfs, vont craindre l’islamophobie. Certes, en leur temps, Bossuet, Chateaubriand, Condorcet, Flaubert, Montaigne, Montesquieu, de Tocqueville, Vigny, Voltaire, Malraux, Churchill ont été coupables d’écrits fortissimo, y compris Voltaire avec son Le Fanatisme ou Mahomet, réédité par Hachette en 2012.

Je ne mange pas de ce pain-là. J’adore la musique arabe, à commencer par Oum Kalthoum. De même, l’architecture «islamique» des mosquées comme celle de Bibi-Khanym à Samarcande ou encore Ispahan. J’ai visité la plupart des pays musulmans, y compris la Somalie et l’Arabie saoudite, dont on connaît les méfaits. Cela me permet d’avoir de la distance, une vision réaliste de la situation actuelle et du futur, qui n’est pas loin d’être noir, comme le fameux drapeau de l’Etat islamique…

La Suisse et l’Europe redoublent d’efforts pour empêcher le départ des djihadistes pour l’autoproclamé EI. Et tout récemment, Mme Nicoletta della Valle, directrice de l’Office fédéral de police, déclarait «cibler les candidats».

Mais pourquoi ne devrait-on pas faire exactement le contraire? Cyniquement, bien sûr. Les quelques jeunes exaltés de culture musulmane ou récemment convertis ne sont bien heureusement pas encore très nombreux en partance de Suisse. Mais pour l’ensemble de l’Europe, on estime qu’ils sont déjà une dizaine de milliers sur place ou prêts pour le combat en Irak et en Syrie, bientôt en Libye, en attendant, comme prévu, d’ouvrir le front de la Jordanie, du Maghreb, etc. Ils savent tous qu’ils risquent leur vie pour Allah! Peut-être ne se rendent-ils pas pleinement compte qu’ils ne sont que de la chair à canon, désignés volontaires pour être en première ligne, presque sans retour possible, avec la certitude d’être abattus par leurs propres commandants s’ils reculent. Ou encore à disposition pour des attentats suicides.

Mais, bon Dieu, c’est leur choix. Préférez-vous vraiment qu’ils participent à de nouveaux attentats comme le massacre de Louxor en Egypte qui a fait 62 morts le 17 novembre 1997, ou celui de Bali en 2002, 202 morts, essentiellement des Australiens, ou de Djerba, toujours en 2002, 21 morts dans une synagogue, ou de Madrid en 2004, 191 morts, ou l’attentat à la bombe de Marrakech en 2011 qui a fait 17 morts, ou celui du Musée juif de Bruxelles, en 2014, 4 morts, ou encore à Charlie Hebdoet à l’épicerie casher, 17 morts cette année? Et j’en passe.

Ce qui importe en premier lieu, c’est de repérer les quelques-uns qui reviennent, désarmés, mais entraînés. Mais pas d’em­pêcher les départs pour le Djihadistan.

Et surtout, il convient de cesser d’être naïf. De dire constamment «ne faisons pas d’amalgame», «ne stigmatisons pas». Si nous sommes capables d’un peu d’anticipation, il faut bien comprendre que nous sommes tout simplement au tout début d’une guerre. D’une radicalisation extrême avec l’antisémitisme qui l’accompagne. Pas, bien sûr, d’une guerre des musulmans contre l’Occident. Mais bien d’une guerre de certains musulmans contre d’autres fidèles de Mahomet et contre l’Europe et les Etats-Unis.

Et il est clair que «nous» en sommes en partie responsables. Par exemple, George W. Bush avec ses interventions en Irak. Bernard-Henri Lévy en poussant Sarkozy à une attaque de la Libye dont on connaît le merveilleux résultat. Mais le mal est fait. Le réveil d’un islamisme radical est en cours.

Une chose est absolument certaine: il est désormais illusoire de préconiser l’intégration en Europe, hélas. Et on ne peut pas freiner, encore moins arrêter l’immigration. C’est tout simplement un fait. Nous sommes obligés de constater que s’installe le communautarisme. Même un «modéré», tel le recteur de la grande mosquée de Paris, Dalil Boubakeur, affirme: «Nous avons 2000 mosquées, en construisons 2000 autres dans les deux ans.» Ce n’est plus un risque, mais une réalité, on s’achemine vers un communautarisme qui ne sera pas sans danger.

Il convient de ne pas paniquer. De ne pas fantasmer. Mais de prendre les bonnes décisions. Cela commence par reconnaître les réalités, suivre les sites de propagande islamiste, lire entre autres le «Mein Kampf daechien»L’Administration de la sauvagerie –, lire Philippe Val, Malaise dans l’inculture, lire Abdennour Bidar, Lettre ouverte au monde musulman, reconnaître que le périmètre d’action des assassins s’élargit, même maintenant à l’Afrique du Sud, se rappeler ce qui est acceptable et ce qui ne l’est pas, en particulier l’esprit «munichois», être sans illusion aucune et ne pas hésiter à appliquer nos lois…

http://www.letemps.ch/Page/Uuid/a7d543d6-0f90-11e5-bce4-0f8872f43eca/Ne_pas_emp%C3%AAcher_les_djihadistes_daller_se_faire_trouer_la_peau

Jean-Michel Quatrepoint :«Un super État islamique aux portes de l’Europe est possible»

Par Alexandre Devecchio/ Le Figaro  Publié le 09/06/2015

FIGAROVOX/EXTRAITS – L’effondrement du régime d’Assad est désormais une hypothèse plausible, explique le journaliste Jean-Michel Quatrepoint, vice-président du Comité Orwell.


Jean-Michel Quatrepoint est journaliste économiste. Il a travaillé entre autres au Monde, à la Tribune et au Nouvel Economiste. Il a écrit de nombreux ouvrages, dont La crise globale en 2008 qui annonçait la crise financière à venir.

Dans son dernier livre, Le Choc des empires. Etats-Unis, Chine, Allemagne: qui dominera l’économie-monde? (Le Débat, Gallimard, 2014), il analyse la guerre économique que se livrent les trois grands empires qui règnent en maitres sur la mondialisation: les Etats-Unis, la Chine et l’Allemagne.


FIGAROVOX. – Le 21 mai dernier, la cité antique de Palmyre tombait aux mains de l’État islamique. Cela a-t-il marqué un tournant géopolitique? Bachar el-Assad est-il menacé?

Jean-Michel QUATREPOINT. – Bachar el-Assad tente d’organiser une zone de défense dans le réduit alaouite sur le littoral. Mais Daech progresse inéluctablement. Au sein du régime d’Assad, c’est un début de sauve-qui-peut. L’armée est épuisée. Les hauts dignitaires se disent qu’il vaut mieux partir trop tôt que trop tard. Les Russes commencent à évacuer leur personnel, ce qui n’est pas bon signe. L’affaiblissement du régime ne renforce pas les opposants dits démocratiques, qui ne représentent pas grand-chose, mais bien la seule force offensive de la région qu’est Daech.

Lorsqu’il y a des mouvements révolutionnaires, ce sont toujours les extrêmes qui l’emportent dans un premier temps: la terreur jacobine contre les modérés girondins, les bolcheviks contre les mencheviks. On ne peut plus exclure aujourd’hui que Daech prenne, dans les semaines ou les mois qui viennent, le contrôle quasi-total de la Syrie. L’État islamique aura ainsi un territoire qui s’étendra sur la Syrie et la moitié de l’Irak. Le Liban, mosaïque ô combien fragile, va également être totalement déstabilisé. Enfin, Israël a joué avec le feu en appuyant la chute de Saddam Hussein et peut-être bientôt celle de Bachar el-Assad, et en faisant de l’Iran et des chiites ses principaux adversaires. Les combattants du Hezbollah ou du Hamas sont des enfants de chœur à côté des djihadistes de Daech. Les Occidentaux vont regretter Bachar el-Assad comme ils regrettent Saddam Hussein ou Kadhafi. Le regard des Européens est encore tourné vers la Russie alors que la véritable menace se trouve de l’autre côté de la Méditerranée avec Daech. Il faut bien comprendre que l’État islamique est messianique et a pour but de nous islamiser. C’est toute la différence entre chiisme et sunnisme. Les chiites ne sont pas messianiques, hors de la sphère musulmane. L’Iran n’a pas de volonté de conquête. La vraie ambition des sunnites fondamentalistes est au contraire d’aller toujours plus loin.

Le Maghreb pourrait-il à son tour être affecté?

La Tunisie est une poudrière. En Algérie, la gérontocratie au pouvoir est en bout de course malgré le souvenir de la guerre civile qui fait que la population algérienne reste très hostile aux islamistes. Au Maroc, le roi commandeur des croyants a encore une légitimité auprès de sa population. Mais en profondeur l’islamisme radical gagne du terrain partout. À terme, toutes les frontières de la région pourraient exploser et laisser place à un super État islamique aux portes de l’Europe.

Pendant ce temps-là, nous débattons pour savoir si être islamophobe, c’est être fasciste. Le problème n’est pas là. À l’intérieur de l’islam, il y a désormais une faction qui recrute massivement et qui a décidé d’imposer sa propre vision du monde et de la société. Le fascisme d’aujourd’hui, c’est le djihadisme. Et il est à nos portes. La communauté musulmane doit en être consciente et prendre ses responsabilités. Elle se trouve, toutes proportions gardées, dans la même situation que les Allemands à la veille de l’arrivée au pouvoir d’Hitler.

http://www.lefigaro.fr/vox/monde/2015/06/09/31002-20150609ARTFIG00342-jean-michel-quatrepoint-un-super-etat-islamique-aux-portes-de-l-europe-est-possible.php#xtor=AL-155-

Face à Daech, le dilemme humanitaire

Luis Lema/Le Temps Juin15

Quelque 10 millions de personnes vivent dans les zones contrôlées par l’Etat islamique. Bon nombre d’organisations humanitaires ont renoncé à s’y rendre.

Avec la progression des djihadistes, le problème n’en devient que plus lancinant. Comment venir en aide à ces habitants qui ont vu le piège de l’Etat islamique se refermer sur eux? Entre la Syrie et l’Irak, ils seraient désormais près de 10 millions à se trouver à l’intérieur des «frontières» – au demeurant fluctuantes – du «califat» autoproclamé. Or tout concourt à ce qu’ils deviennent les derniers laissés-pour-compte d’une région déjà soumise à tous les fléaux.

«En Syrie, nous n’opérons plus dans ces zones», affirme tout de go Abeer Etefa, une responsable au Caire du Programme alimentaire mondial (PAM), l’agence de l’ONU qui gérait les entrepôts de Palmyre. «Quant à l’Irak, nous évaluons au jour le jour. Cela dépend des changements de la nature du pouvoir. Mais une chose est claire: la situation ne fait, ici aussi, qu’empirer.»

Violemment anti-occidentale, prête à assimiler sans sourciller les employés de l’humanitaire aux «croisés» qu’elle combat, Daech n’entretient aucune sorte de collaboration officielle avec les grandes organisations humanitaires. Mais ce qui est vrai pour la direction du groupe djihadiste l’est un peu moins lorsqu’il s’agit d’administrer les villes et les villages dont il s’est rendu maître.

Toutes les organisations contactées affirment avoir recours à une série d’intermédiaires (chefs tribaux, responsables de village, ONG locales, sociétés du Croissant-Rouge…) qui peuvent signifier autant de point d’accès vers ces régions off limits pour les humanitaires. Encore faut-il avoir une connaissance approfondie de la réalité du terrain.

A ce jeu-là, le Comité international de la Croix-Rouge (CICR) part avec de forts atouts, particulièrement en Irak. Alors que le pays a connu pratiquement trois décennies de conflits successifs, le CICR ne l’a jamais quitté. Bien plus: certains chefs tribaux actuels peuvent être ceux-là même à qui les délégués du CICR rendaient visite… dans les prisons, au lendemain de l’invasion américaine.

Problème supplémentaire, toutefois: les Etats-Unis (et l’Europe dans une moindre mesure) guettent. Il n’est pas question, sous peine de subir les foudres de la législation antiterroriste, de donner le sentiment de soutenir, même indirectement, les activités de l’Etat islamique.

Le PAM, lui aussi, tente d’avoir recours à des «partenaires», acceptables par l’Etat islamique, qui puissent prendre le relais de la distribution de vivres. «Nous avons une unité légale chargée de vérifier que chacun de nos partenaires répond aux lois en vigueur, explique Abeer Etefa. Nous travaillons en complète transparence.»

«Cette question peut se résumer à celle de la «réputation» pour les organisations», affirme Eva Svoboda, chercheuse au Overseas Development Institute, un think-tank basé à Londres. Il peut en effet s’avérer désastreux de voir son nom associé à la liste de ceux qui aident le terrorisme. «Cette perspective freine l’engagement des humanitaires, poursuit Eva Svoboda. Dans le débat public, on pense souvent que tous ceux qui se trouvent «de l’autre côté» le font volontairement. Or, souvent, les gens n’ont pas le choix. On ne peut pas simplement se dire qu’on ne va rien faire et laisser ces gens mourir.»

Cette épée de Damoclès peut peser lourd. Au terme de débats déchirants, la grande organisation caritative Islamic Relief a franchi le pas: «Nous ne menons plus aucune opération dans les régions contrôlées par Daech, ni en Syrie, ni en Irak», confirme le directeur de sa branche suisse, Jamal Krafess. Auparavant, l’organisation musulmane gérait elle-même un camp de déplacés internes, abritant des dizaines de milliers de personnes dans le nord de la Syrie. Ils ont dû être «abandonnés». Pour expliquer ce retrait, l’ONG met en avant des questions exclusivement liées à la sécurité de ses employés. Mais par le passé, elle avait aussi été affectée par des accusations, provenant d’Israël, selon lesquelles Islamic Relief finançait des activités de groupes liés au Hamas palestinien.

Prônant l’approche inverse, Médecins sans frontières a tenté de conclure un accord directement avec la direction de l’Etat islamique. Mais cet accord a volé en éclats avec la prise en otage, en Syrie, de membres de l’organisation humanitaire. «Nous le savons, les besoins dans ces régions [contrôlées par l’Etat islamique] sont immenses, concède Fabio Forgione, chef de mission de MSF à Bagdad. Mais à moins d’avoir des garanties directes, nous avons décidé de ne plus nous y rendre.»

Au demeurant, MSF est très présente dans le reste de l’Irak où, au prix de nombreuses difficultés, elle parvient à venir en aide à des dizaines de milliers de personnes. «En réalité, de vastes régions du pays sont devenues des sortes de zones tampon, sans que l’on sache toujours précisément qui en a le contrôle. Dès que nous percevons une possibilité, nous y allons.»

Faut-il tenter de parler directement avec Daech à propos des questions humanitaires? Le débat fait rage depuis des mois à Washington, tant les Etats-Unis craignent de consolider par ce biais l’ennemi qu’ils sont en train de combattre. Ce débat, en réalité, y a été amené notamment par le Norvégien Jan Egeland, ancien secrétaire général adjoint de l’ONU, chargé des affaires humanitaires. L’aide, disait-il en substance devant des responsables américains, ne doit pas être tributaire des groupes qui contrôlent le terrain, mais bien des victimes qu’il s’agit d’atteindre.

A Genève, le CICR suit la même ligne: «Le groupe Etat islamique est partie au conflit, rappelle Pierre Dorbes, chef des opérations adjoint pour la région. Il est donc légitime de chercher à engager le dialogue avec lui.»

Quitte pour cela à courir le risque de légitimer également le «califat» de l’Etat islamique? «Les gens l’oublient, mais ce genre de questions se pose très souvent lors de conflits, enchaîne Eva Svoboda, de l’Overseas Development Institute. Au fond, nous sommes devant un dilemme classique de l’humanitaire. Mais dans ce cas précis, l’idéologie de l’Etat islamique est si extrême que cela rend le débat incandescent.»

Une «loi» non écrite de l’humanitaire voudrait que plus un groupe armé obtient des portions de territoire, plus il serait enclin à faire des concessions afin de garantir des services à ses «habitants». En Afghanistan, les chefs des talibans avaient donné instruction à leurs combattants de ne pas cibler les convois humanitaires qui venaient aider les populations dont ils avaient la charge. Idem, dans une certaine mesure, dans la Somalie contrôlée par les Shebab.

L’Etat islamique, d’une certaine manière, est tiraillé plus que nul autre par cette double mission. D’une part, mener par le fer un combat sans règles et sans lois autres que terrifier ses ennemis; de l’autre côté, administrer des territoires aujourd’hui très étendus, et subvenir aux besoins des habitants de leur «califat». Un exercice d’autant plus délicat qu’aussi bien la Syrie que l’Irak sont désormais en grande partie en ruines.

D’ores et déjà, les djihadistes ont compté, sans le dire, sur les appuis d’organismes internationaux, y compris à Raqqa, leur principal bastion, où l’hôpital de la ville a été réparé. Ailleurs, des ingénieurs irakiens ont aussi été dépêchés dans des zones contrôlées par des djihadistes afin de réparer par exemple des canalisations d’eau.

«Nous avons à l’esprit le problème qui consiste à aider ces groupes en leur prêtant main-forte, reconnaît Jens Laerke, porte-parole du bureau de coordination des affaires humanitaires de l’ONU, à Genève. Mais dans le contexte de ces pays, toute aide de ce type revêt pour nous un aspect purement humanitaire.»

http://www.letemps.ch/Page/Uuid/a6ec24a2-1072-11e5-bce4-0f8872f43eca/Face_%C3%A0_Daech_le_dilemme_humanitaire

L’Etat islamique multiplie les succès en Libye

Etienne Dubuis/ Le Temps 11/6/15

De présumés djihadistes dans la région de Syrte. 

Les djihadistes ont annoncé mardi la prise de Syrte, la ville d’origine de feu Mouammar Kadhafi. Des négociations se sont déroulées dans l’urgence mercredi à Berlin

Tout a été très vite depuis ce mois d’octobre 2014, au cours duquel un obscur groupe djihadiste basé dans l’est de la Libye a prêté allégeance à l’Etat islamique. Après avoir pris le contrôle d’une partie de la région de Derna, l’organisation s’est fait connaître cet hiver par des actions aussi spectaculaires que macabres: attentat à la voiture piégée et assaut d’un hôtel dans la capitale, Tripoli; exécutions massives de plusieurs dizaines de chrétiens égyptiens et éthiopiens, dans l’est et le sud.

Mais les djihadistes ne se sont pas contentés de semer l’effroi. Ils ont parallèlement grignoté du terrain sur leurs adversaires pour prendre le contrôle de plusieurs petits territoires dispersés le long de la côte méditerranéenne et sur les premières marches du Sahara. Après Derna, dans l’est, ils se sont emparés notamment de Sabratha, dans l’ouest, de Noufliyeh et de quelques poches de désert, dans le centre, et maintenant de Syrte, à mi-chemin entre le croissant pétrolier libyen et la puissante ville de Misrata.

Comme en Irak et en Syrie, les disciples du «calife Ibrahim» ont trouvé en Libye un terrain favorable, caractérisé par l’effondrement de l’Etat central. Au pouvoir hypercentralisé de Mouammar Kadhafi a succédé une anarchie sanglante, caractérisée par la présence de dizaines de groupes armés. Un chaos au sein duquel l’organisation est parvenue à imposer suffisamment sa marque pour «siphonner» les milieux djihadistes et pour sortir du lot.

Au point de devenir un acteur militaire majeur? Une telle perspective n’est pas à écarter, dans la mesure où les deux pouvoirs susceptibles de neutraliser la mouvance djihadiste, les autorités de Tripoli dans l’ouest et celles de Tobrouk dans l’est, n’investissent pas dans ce combat toute l’énergie qu’elles pourraient. L’une et l’autre en gaspillent une bonne part à se disputer entre elles, ce qui a pour effet d’ouvrir un boulevard à l’Etat islamique.

Les deux camps sont parfaitement conscients du danger. Le parlement de Tobrouk, reconnu par la communauté internationale, a appelé à l’aide, fin mai, pour éviter à la Libye un «scénario à l’irakienne». Celui de Tripoli, non reconnu à l’étranger, a appelé au même moment les «Etats concernés par la lutte contre ce phénomène destructeur» à «coopérer» avec lui en le soutenant dans les domaines de la logistique et du renseignement.

L’un et l’autre ont buté sur une profonde méfiance de la communauté internationale, cependant. Une méfiance dont témoigne l’embargo sur les armes que l’ONU a décrété contre la Libye. La mesure a pour but d’empêcher que des équipements militaires ne tombent entre de mauvaises mains dans un pays instable, en proie à tous les trafics. Mais elle a pour effet de priver de moyens les ennemis de l’Etat islamique. Et donc de favoriser les djihadistes.

La communauté internationale paraît décidée à procéder par ordre. Avant de lever l’embargo sur les armes, elle souhaite consolider l’Etat libyen, ce qui suppose d’amener les autorités de Tripoli et celles de Tobrouk à s’entendre sur de nouvelles institutions communes. Envoyé spécial des Nations unies pour la Libye, le diplomate espagnol Bernardino Leon tente depuis de nombreux mois de rapprocher les positions, dans l’espoir de créer un gouvernement d’union. Mais la dernière mouture de son projet a été rejetée en début de semaine du fait de la composition jugée déséquilibrée d’une institution clé, le Conseil supérieur de l’Etat.

Les négociations entre les deux autorités se sont déplacées ce mercredi du Maroc vers l’Allemagne. Preuve de l’importance qui leur est accordée: les 23 représentants libyens y ont retrouvé non seulement des émissaires de l’ONU mais aussi des délégués des cinq membres permanents du Conseil de sécurité (Chine, Etats-Unis, France, Russie, Royaume-Uni), ainsi que de l’Allemagne, de l’Espagne, de l’Italie et de l’Union européenne. C’est que le temps presse. Une course contre la montre est lancée contre la désintégration de la Libye… et son bénéficiaire le plus sûr.

http://www.letemps.ch/Page/Uuid/d3a5c874-0fa8-11e5-bce4-0f8872f43eca/LEtat_islamique_multiplie_les_succ%C3%A8s_en_Libye

Le grand gagnant de la Coupe du Monde du Djihad est…


Pepe Escobar

Par Pepe Escobar – Le 6 juin 2015 – Source :Russia Today

Les membres de la coalition de volontaires créée par les USA pour (supposément) combattre EIIS/EIIL/Da’ech en Syrak se sont réunis la semaine dernière à Paris. En théorie, ils devaient se pencher sur les suites à donner à la chute de Ramadi en Irak et de Palmyre en Syrie.

Le scénario de la réunion, quant à lui, était directement tiré du Manifeste du surréalisme.

Le numéro deux du Département d’État des USA, Tony Blinken, a juré que Washington n’avait aucune réserve à propos de sa stratégie gagnante. Il a précisé que la stratégie gagnante avait tué au moins 10 000 djihadistes du faux califat. Ce qui en a fait sourciller plus d’un dans le chœur de l’armée d’espions de la CIA.

Blinken a également insisté sur les progrès accomplis. Il doit avoir confondu cela avec la prise des grosses légumes de la FIFA par le FBI. La coalition a évidemment accordé tout son soutien à Bagdad, sous forme de belles paroles et d’une vague promesse de fournir plus d’armes, sans toutefois manquer d’exhorter le gouvernement à être plus accueillant envers les tribus sunnites.

Personne n’a soulevé le fait que le succès du faux califat dans la province d’Al Anbar, est dû au soutien des baathistes parmi les sunnites, que Donald Rumsfeld qualifierait de restes du régime de Saddam. C’est cela qui empêche Bagdad d’être plus accueillant.

La coalition a évidemment à peine parlé de la Syrie. Il n’y a absolument aucune différence idéologique et religieuse entre le Front al-Nosra (la branche d’al-Qaïda en Syrie), et EIIS/EIIL/Da’ech. Pourtant, le Qatar et la Turquie partagent le même lit avec le Front al-Nosra, tout en laissant entendre qu’ils s’opposent au faux califat.

La coalition perpétue aussi la fiction par son soutien à ce qui reste des rebelles modérés de l’Armée syrienne libre. Des rebelles modérés, il n’en reste plus. Ils sont tous passés au Front al-Nosra ou à EIIS/EIIL/Da’ech, car c’est là que l’action se passe, avec des tonnes d’armes et la possibilité de prouver sa valeur militaire sur le terrain.

Puis il y a la Jaish al-Fatah, l’Armée de la Conquête, une mixture sémantique digne de la novlangue qui dissimule le fait que l’Occident progressiste, de concert avec ses proverbiaux vassaux des pétromonarchies du Golfe, la couvre d’armes et d’argent liquide. L’Armée de la Conquête est en fait un collectif nébuleux formé de groupes takfiris comme le Front al-Nosra. Toutes les alliances qu’ils forment se dissolvent aussi vite dans les sables du désert.

Les choses prennent une tournure encore plus mauvaise lorsqu’on sait que Doha [capitale du Qatar], par l’entremise d’al-Jazeera arabique, est devenu maintenant le commanditaire officiel du Front al-Nosra, en invitant ses dirigeants à s’exprimer sur ses ondes et en s’efforçant d’établir une différence (pratiquement nulle) entre le Front al-Nosra et EIIS/EIIL/Da’ech. Dans l’une de ces entrevues, le Front al-Nosra a été limpide : l’Occident ne fera pas l’objet d’une attaque à la al-Qaïda tant que des armes, des dollars US et des euros continueront de pleuvoir sur le groupe. Sa mission en Syrie demeure un changement de régime, ce qui correspond exactement à ce que veulent Doha, Ankara, Riyad, Tel-Aviv et, bien sûr, Washington.

Al-Qaïda, la nouvelle normalité

Le journal turc Cumhuriyet a fourni un lien vers une vidéo montrant l’agence d’espionnage turque MIT armant al-Qaïda en Syrie par camions entiers.

Cela se passe pendant qu’Ankara persiste et signe dans la fiction en prétendant former des modérés pour combattre le faux califat. C’est insensé. Je le dis et le répète, il n’y a plus de modérés, seulement des groupes takfiris. Dès que des modérés franchissent la frontière turco-syrienne, ils deviennent des takfiris.

Pour sa part, EIIS/EIIL/Da’ech progresse constamment en direction d’Alep, en essayant de capturer des villages au nord-est de la ville. Inutile d’ajouter que la coalition se contente de regarder. Ce qui rend les choses encore plus absurdes, c’est que bon nombre de groupes d’opposants qui refusent d’être qualifiés de takfiris, comme le Front révolutionnaire syrien et le Front du Levant, mais qui combattent aux côtés des takfiris, ont demandé au Pentagone de bombarder les brutes du calife, mais en vain.

Ainsi, pendant que le Pentagone se plaint d’être à court de cibles tout en étant incapable de bombarder des colonnes de djihadistes en plein désert, pendant que les vestons cravates poursuivent leurs beaux discours à Paris, EIIS/EIIL/Da’ech est sur le point de conquérir une zone extrêmement stratégique s’étendant d’Alep dans le nord jusqu’à la frontière turque.

S’il réussit, cela aura pour effet de couper les liens de tout le monde, des soldats d’Assad aux supposés rebelles modérés.

Un des groupes modérés, le Front al-Izz, est sur le point de quitter la coalition. Son chef, Mustafa Sijari, a fait une révélation pour le moins extraordinaire. Il a prétendument été sommé par le Pentagone d’oublier Damas et de combattre EIIS/EIIL/Da’ech. Si cela est vrai, c’est une autre preuve que le Pentagone joue un rôle de figurant, en laissant les Arabes s’entretuer de la manière qui leur plaît, peu importe leur conviction religieuse.

Quant à la stratégie de Washington, c’est plutôt l’absence de stratégie qui prime. Les conseillers en matière de politique étrangère de l’administration-évitons-les conneries-Obama ne peuvent être pris au sérieux.

Les factions favorables à l’administration dans les officines à Washington soutiennent que les USA ne peuvent s’aliéner Téhéran en attaquant Damas, parce que les USA ont besoin du soutien iranien, par l’entremise d’une myriade de milices chiites, pour combattre EIIS/EIIL/Da’ech en Irak. En Syrie pourtant, les USA comptent sur les modérés en voie de disparition non seulement pour combattre le faux califat, mais aussi pour infliger des coups à Damas.

Nous pouvons déjà commencer à compter les multiples permutations des retours de flamme que pareil scénario trouble ne manquera pas de susciter. L’Empire du Chaos excelle dans l’art de fomenter (évidemment !, sinon quoi d’autre ?) le chaos. Quant à la destruction qui en découle, c’est aux habitants locaux d’en supporter le fardeau, pendant que l’Empire reste sur la touche.

Il demeure important de rappeler que les milices tribales sectaires qui ont été lâchées en Irak puis, des années plus tard, en Syrie, étaient une conséquence directe de la politique Made in USA de diviser pour mieux régner, mise en œuvre après la destruction initiale de l’État irakien.

Bref, le chaos prévaudra encore. EIIS/EIIL/Da’ech poursuivra son avance en Syrie, hors d’atteinte de la puissance de feu du Pentagone. Mais une contre-attaque efficace est cependant possible en Irak, non pas grâce à la puissance de feu du Pentagone, mais plutôt des milices chiites. C’est cela que le Département d’État définit comme une stratégie gagnante.

Traduit par Daniel, relu par Diane pour Le Saker francophone

http://lesakerfrancophone.net/le-grand-gagnant-de-la-coupe-du-monde-du-djihad-est/

La logistique pour les nuls : qui ravitaille EI ?


par Toni Cartalucci – Le 9 juin 2015 – SourceNEO

Depuis toujours une armée nécessite un important soutien logistique pour lancer une campagne militaire d’envergure. A l’époque de la Rome ancienne, un large réseau de routes fut construit non seulement pour faciliter le commerce mais aussi pour permettre aux légions romaines de se déplacer rapidement là où l’on avait besoin d’elles, ainsi que pour transporter les fournitures nécessaires au soutien des opérations militaires qu’elles devaient mener.

A la fin du XVIIIe siècle, le général Napoléon Bonaparte, expert en stratégie et dirigeant la France, notait qu’une armée marche sur son estomac, en référence au lourd réseau logistique nécessaire pour nourrir une armée et donc maintenir sa capacité de combat. Pour la France, en 1812, son incapacité à maintenir un approvisionnement régulier à ses troupes combattantes en Russie, ainsi que la décision russe de brûler ses propres terres, réserves et infrastructures pour que les envahisseurs ne les utilisent pas, furent les causes principales de la défaite.

L’Allemagne nazie va subir le même sort, en 1941 au cours de l’opération Barbarossa d’invasion de la Russie, quand ses capacités logistiques vont devenir insuffisantes à cause de l’immensité des territoires conquis. Une fois de plus, l’envahisseur fut coincé avec des ressources limitées, puis inexistantes, avant d’être anéanti ou forcé à fuir.

A notre époque, au cours de la guerre du Golfe des années 1990, une longue ligne d’approvisionnement suivant les forces américaines, doublée d’un clash prévu avec le cœur de l’armée de Saddam Hussein, arrêta ce qui aurait dû être une avancée éclair sur Bagdad, que beaucoup croyaient possible, à tort, uniquement par la volonté politique. Pourtant, même si la volonté de conquête était là, la logistique manquait pour la réaliser .

Ces leçons de l’histoire, pourtant frappantes, semblent complètement oubliées par les politiciens et agences de presse occidentales, soit par ignorance soit par une incroyable duperie.

Les lignes logistiques de État islamique

Le conflit actuel qui embrase le Moyen Orient, surtout en Irak et en Syrie où le soi-disant État Islamique opère, combat et vainc simultanément les forces syriennes, libanaises, irakiennes et iraniennes serait, nous dit-on, basé sur un support logistique financé par le pétrole au marché noir et le paiement de rançon.

La capacité de combat d’EI est celle d’une nation. Il contrôle de vastes territoires s’étendant de la Syrie à l’Irak. Il est non seulement capable de se défendre militairement et d’étendre son territoire, mais possède aussi les ressources nécessaires pour l’occuper, c’est-à-dire détenir les ressources suffisantes pour administrer les populations sous sa domination.

Pour les analystes militaires, spécialement ceux des forces armées occidentales, ainsi que les journalistes qui se souviennent des convois de camions nécessaires à l’invasion de l’Irak dans les années 1990, ainsi qu’en 2003, ceux-ci doivent surement se demander où sont les convois de camions de EI. Car, si les ressources nécessaires à entretenir les capacités de combat d’EI étaient disponibles à l’intérieur des territoires syrien et irakien, alors les armées syrienne et irakienne devraient, elles aussi, posséder une capacité de combat au moins égale, si ce n’est supérieure à celle d’EI. Ce n’est pourtant pas le cas.

Et si les voies logistiques d’EI n’étaient confinées qu’aux territoires syrien et irakien, alors les forces régulières de ces deux pays utiliseraient sûrement leur seul avantage, la puissance aérienne, pour couper les sources d’approvisionnement des djihadistes. Mais ce n’est pas le cas et pour une bonne raison.

Les armes et les terroristes inemployés à la suite de l’intervention de l’Otan en Libye, en 2011, furent rapidement envoyés en Syrie, opération coordonnée par le Département d’État américain et les agences de renseignement installées à Benghazi, berceau du terrorisme depuis des dizaines d’années. Les chaînes logistiques d’EI se trouvent justement là où les forces aériennes syriennes et irakiennes ne peuvent aller. Au nord vers ce membre de l’Otan qu’est la Turquie et au sud-ouest vers les pays alliés des États-Unis que sont la Jordanie et l’Arabie saoudite. Au delà de ces frontières, le réseau logistique s’étend sur une région qui va de l’Europe orientale à l’Afrique du Nord.

Le London Telegraph a relaté dans un article de 2013 : «Selon CNN, une équipe de la CIA travaillait dans une annexe proche du consulat sur un projet pour envoyer les missiles provenant des tanks libyens aux rebelles syriens

Des armes sont arrivées d’Europe de l’Est, comme le montre l’article du New York Times de 2013 : «A partir de bureaux secrets, des officiers de la CIA ont aidé les gouvernements arabes à acheter des armes, dont un gros lot provenant de Croatie, et ont demandé aux commandants et groupes rebelles de déterminer qui doit les recevoir, selon des sources officielles parlant sous le couvert de l’anonymat.»

Et pendant que les médias occidentaux continuent de nommer EI et d’autres factions opérant sous le drapeau d’al-Qaida par le terme derebelles ou opposition modérée, il est évident que si les milliards de dollars d’armes allaient vraiment aux modérés, alors EI serait bien incapable de dominer le champ de bataille.

Des révélations récentes ont montré que, dès 2012, le ministère de la Défense américain avait non seulement anticipé la création d’une principauté salafiste sur l’Irak et la Syrie, précisément là où se trouve EI maintenant, mais l’avait même appelée de tous ses vœux en favorisant les circonstances de son apparition.

Quelle élasticité pour les lignes logistiques de l’EI ?

Alors que beaucoup en Occident jouent les ignorants face à la question de savoir d’où viennent les fournitures qui permettent à EI de garder une telle capacité de combat, quelques journalistes ont voyagé dans la région et ont filmé les immenses convois de camions ravitaillant l’armée terroriste.

Ces camions venaient ils d’usines se situant sur les territoires irakiens et syriens saisis par EI ? Bien sur que non. Ils arrivaient de loin, de Turquie, traversant la frontière syrienne en toute impunité et continuaient leur chemin sous la protection implicite des forces militaires turques toutes proches. Les défenses aériennes turques ont empêché l’armée de l’air syrienne d’attaquer ces convois et les djihadistes passant avec.

La chaîne internationale allemande Deutsche Welle a publié la première vidéo réalisée par un média occidental montrant qu’EI n’est pas alimenté par le marché noir du pétrole ou par les rançons contre les otages, mais par des fournitures valant des milliards de dollars, acheminées en Syrie par la frontière de ce pays membre de l’Otan qu’est la Turquie, grâce à des convois de plusieurs centaines de camions par jour.

Le reportage, qui s’intitule La chaine d’approvisionnement d’EI à travers la Turquie, confirme ce qui a déjà été rapporté par certains analystesgéopolitiques depuis début 2011, c’est-à-dire que les subventions dont bénéficie EI sont immenses, d’origines multinationales et étatiques, dont évidemment la Turquie elle-même.

En regardant une carte des territoires contrôlés par EI et en lisant les nouvelles de leur offensive à travers la région et même au delà, on imagine facilement que des centaines de camions par jour lui soient nécessaires pour conserver sa capacité de combat. On peut aussi imaginer d’autres convois traversant la frontière de l’Irak avec la Jordanie ou l’Arabie saoudite. D’autres encore peuvent entrer en Syrie venant de Jordanie.

Enfin, en considérant la réalité logistique et son importance capitale dans une campagne militaire tout au long de l’histoire, il n’y a pas d’autres explications possibles à la capacité d’EI à livrer une guerre de telle envergure sans que d’énormes ressources lui soient fournies de l’étranger.

Comme une armée marche sur son estomac et que l’estomac d’EI est plein de fourniture de l’Otan et des pays du Golfe, celle-ci devrait continuer à marcher vite et bien. La clef pour briser l’EI est de briser ses lignes de ravitaillement. Mais, pour cela, et justement parce que le conflit dure depuis si longtemps, la Syrie, l’Irak, l’Iran et d’autres auront à sécuriser leurs frontières pour forcer EI à combattre dans les zones turques, jordaniennes ou saoudiennes. Un scénario difficile à mettre en place car des pays comme la Turquie ont déjà créé de fait des zones tampons à l’intérieur même du territoire syrien, ce qui entraînerait la Syrie dans un conflit direct avec la Turquie si elle voulait y toucher.

Mais avec l’Iran qui se joint au bal en déployant des milliers de troupes pour renforcer l’armée syrienne, la Turquie pourrait prendre peur et abandonner ses zones tampons.

Le schéma actuel est donc celui d’une Otan tenant littéralement la région en otage avec la menace d’une guerre régionale catastrophique, juste pour entretenir le carnage perpétué par EI en Syrie, et l’alimentant grâce à un immense réseau logistique prenant sa source sur le territoire même de l’Otan.

Toni Cartalucci vit à Bangkok. Il est chercheur en géopolitique et écrivain, spécialement pour le magazine en ligne New Eastern Outlook

Traduit par Wayan, relu par jj et Diane pouir le Saker Francophone

http://lesakerfrancophone.net/la-logistique-pour-les-nuls-qui-ravitaille-ei/

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