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Réponse à une Européiste convaincue et libérale sur la Grèce Par Bruno Bertez

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Réponse à une Européiste convaincue et libérale sur la Grèce Par Bruno Bertez

Dans cette réponse je m’adresse à Nathalie MP dont vous connaissez le blog remarquable. Je la publie sous forme de billet car ma réponse a une portée générale.

 » L’euro est une machine diabolique, on en a encore plus la preuve ce jour, l’intégration monétaire est une machine à tuer les démocraties. » :
Je ne suis pas sûre de cela (vous le savez). Je n’ai guère de compétences techniques sur la monnaie (et c’est bien possible que ça invalide tout mon commentaire), mais supposons que la Grèce ne soit jamais entrée dans l’UE ni dans l’Eurozone. Est-ce que ça aurait changé quelque chose au comportement des Grecs et de leurs gouvernements successifs ? Est-ce que le FMI n’aurait pas eu à venir à la rescousse comme pour la France (avec son Franc bien à elle) en 1983 ? »

 

 Nathalie, je sais que vous êtes ce que j’appelle une personne de bonne volonté. Mais votre remarque prouve la force de la propagande et surtout l’absence de débat économique qui entoure tout ce qui concerne la monnaie. Une seule remarque qui invalide votre commentaire: la Grèce n’a pu emprunter 400 Milliards pour une population de 11 millions que parce que les banques des pays excédentaires attirés par l’appât du gain, lui ont prêté cet argent.

Elles lui ont prêté cet argent car elles ont cru qu’elles feraient le plein sur leurs créances et qu’au passage elles gagneraient beaucoup plus qu’en prêtant par exemple aux Allemands. Donc la Grèce n’a pu s’endetter de 400 milliards que parce que, en face, il y a avait des gens cyniques pour lui prêter. Si il y avait des gens pour lui prêter de façon déraisonnable, c’est parce que, quelque chose, dès le départ ne tournait pas rond.

On a caché aux citoyens et on le fait encore maintenant, que les avantages de la monnaie commune et unique avaient un coût, une contrepartie. Ce coût c’était l’alignement de toutes les valeurs économiques domestiques sur les valeurs du plus performant et du plus rigoureux, c’est à dire les pays du Nord. Ce coût, c’était les abandons culturels, les pertes de spécificité et de l’identité et au passage, bien sur, la montée du chômage par mise au rencart de tout ce qui n’était pas assez productif selon les nouvelles normes. Le ressort des chefs pseudo-démocrates est toujours le même l’appât du gain sans effort. Si on avait promis le sang et les larmes, alors les citoyens y auraient regardé en deux fois.

Les peuples qui sont toujours enclins à la veulerie et au moindre effort ont cru qu’ils allaient pouvoir faire la fête et que c’étaient les autres qui allaient payer, voilà le fond de l’affaire. La démocratie n’est un système raisonnable que si elle est éclairée, 

Les Grecs en tant que peuple n’ont jamais été sollicités pour mettre leur signature au bas des contrats de prêts, ils ont été abreuvés de propagande, comme les Espagnols, les Italiens et aussi les Français, propagande qui leur a fait croire que l’Euro était la meilleure des choses et qu’avec lui, on rasait gratis, c’était le « free lunch » quotidien.

Le consentement des gens à l’union monétaire a été vicié, obtenu de façon dolosive, comme votre commentaire le prouve. C’était volontaire, je le sais car j’étais aux affaires à cette époque et il s’agissait, je peux vous l’assurer, de faire en sorte que la contrainte de la monnaie, le carcan, mette au pas les travailleurs Français encore trop marqués par le communisme et les idées de la lutte des classes.

J’ajoute méchamment que les pays excédentaires ont failli à leur tâche historique. Au lieu de prêter comme des usuriers pour favoriser la montée de la consommation des pays du Sud, ils auraient du faire ce qui était logique, normal, quand on veut construire honnêtement un espace économique unifié, ils auraient dû investir dans le développement économique des pays du Sud. Mais, ils ont préféré leur prêter de l’argent pour le gaspillage de la construction immobilière stérile, pour l’achat de Mercédès etc.

Les pays du Nord ont manqué à leur mission qui consistait à porter le développement économique des pays du Sud au niveau de la moyenne européenne. Ils sont coupables, n’en déplaise à Merkel et Schauble qui, sous l’angle de la mauvaise foi sont méprisables.

Ils ont agi comme des pillards, ils ont pillé la capacité d’endettement des pays du Sud. Voilà ce qu’il faut oser dire.

Ils ont agi également comme des « compradors » ce qui explique la solidarité des bourgeoisies « kollaboratrices » des pays du Sud y compris la France avec les bourgeoisies des pays du Nord.
Les bourgeoises « compradors » du sud dont le plus bel exemple est le MEDEF n’ont qu’une seule idée : faire suer le burnous à la faveur de la crise de la dette. La crise de la dette est un prétexte pour reprendre ce qui a été gagné depuis la Libération. Quand on dit que les salariés vivent au-dessus de leurs moyens, on oublie, on escamote, tous les gains de productivité qui ont été confisqués par la bourgeoisie « comprador » et les fonctionnaires.

Pour cela ces classes sociales dont on connait les comportements dans les années 40 sont prêtes à abandonner la souveraineté et la médiocre démocratie formelle dont nous jouissons encore. C’est leur revanche des années d’après-guerre ou il leur a fallu consentir un surcroit de salaires et d’avantages sociaux en raison du rapport de forces entre le capital et le monde du travail, rapport de forces lié à la puissance des partis communistes et de leurs syndicats.

L’euro permet la liquidation, la liquidation générale ….

 

BRUNO BERTEZ Le 23 Juin 2015 

illustrations et mise en page by THE WOLF

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