Site icon Le blog A Lupus un regard hagard sur Lécocomics et ses finances

Chine, ce n’est que le début, l’invariant qui se fracasse !

Publicités

Chine, ce n’est que le début, l’invariant qui se fracasse !

Les marchés semblent rassérénés par les dernières évolutions Chinoises. Nous pensons qu’ils ont tort, les difficultés du système Chinois ne font que débuter.

Comme à l’accoutumée, les analyses et commentaires que l’on entend ici et là restent totalement superficiels. Ils passent à côté de l’essentiel ; cet essentiel, qui est historique, c’est que la gigantesque bulle chinoise est en train d’éclater.

Le miracle Chinois était une bulle, c’était un produit des erreurs Américaines, du laxisme monétaire et de la politique délirante menée depuis le début des années 80. Les Américains ont créé, ont produit, ont fabriqué leur concurrent stratégique.

Et même si les anticipations de normalisation de la politique monétaire Américaine ne se concrétisent pas, nous affirmons que des dégâts irrémédiables ont été infligés au système Chinois. Ce ne sera plus jamais comme avant.

Les derniers mois, marqués par l’envolée boursière, étaient une sorte de stade final de développement de la bulle chinoise et les semaines en cours sont la première descente sur l’autre versant.

La complaisance des observateurs occidentaux et des marchés n’a d’égal que leur ignorance. Ils refusent de voir que la Chine était une catastrophe en attente d ‘arriver et que dès lors que le dopage monétaire, la confiance et les illusions disparaissent, alors la réalité d’une économie inadaptée, toute biscornue et fragile se donne à voir. Elle se fissure et le pire est que ce qui se donne à voir également, ce sont les limites de la compétence de leurs dirigeants, ils pataugent, ils changent de pied sans arrêt depuis deux ans.

La réalité est qu’ils n’ont aucune stratégie face à une situation neuve, non testée historiquement. La situation les dépasse. Et gare quand on s’en apercevra !

La première réaction brutale d’utiliser la force et la violence d’état pour stabiliser le marché boursier c’est à dire pour imposer le maintien de fausses valeurs a été contredite, par la seconde, qui consiste à s’orienter vers un Yuan flottant, ce qui équivaut, en bonne logique, à une tentative de découvrir au sein du pays, les vraies valeurs de marché. Ce nouveau choix est contradictoire du premier et de tout le reste, il suppose une crédibilité et une compétence que les leaders chinois n’ont pas.

Ils s’aventurent en terre inconnue avec une économie incroyablement mal-ajustée, un système de prix et de valeurs inflaté, soufflé par une bulle du crédit gigantesque. Une surévaluation immobilière de proportion épique. Un « shadow banking system » opaque de plusieurs trillions de dollars. Une gouvernance comptable et financière balbutiante. Un peuple non formé, joueur, primaire, victime d’un considérable développement inégal.

Ceci n’est qu’un aperçu des faiblesses et vulnérabilités du Système Chinois ; mais vouloir faire confiance aux forces du marché pour fixer le prix le plus important, le change est une folie intellectuelle.

Le Financial Times met le doigt sur un fait qui semble passer inaperçu par ailleurs ; le Crédit s’est effondré en Chine le mois dernier. Les chiffres cités par le FT indiquent que la création de Crédit aggrégée a chuté de …61% en Juillet à 116 mds de dollars. C’est un chiffre qui est inférieur de près de 30% à celui que prévoyaient les observateurs !

Qu’est-ce que cela veut dire, alors que les autorités font le forcing pour liquéfier l’économie ? Cela veut dire que le Shadow non seulement ferme les robinets, mais qu’il liquide. On comprend mieux la déroute du marché boursier, mais ce n’est qu’un début car la contraction du crédit va se propager à l’économie réelle. Le système Chinois va s’installer dans l’aversion au risk et si on stimule monétairement, on va se heurter aux forces du marché sur les changes ! Les cercles vicieux ne sont pas loin.

Comment accompagner le de-leveraging consécutif à l’éclatement de la bulle, éviter l’écroulement de la montagne de mauvaises dettes, soutenir l’activité pour éviter la récession et en même temps maintenir un marché des changes ordonné ? Les objectifs et contraintes semblent incompatibles.

L’éclatement de bulles produit toujours les mêmes nécessités, on l’a vu en 2008, avec ce qui s’est passé aux USA, on l’avait vu avant avec les 25 ans perdus du Japon et les mesures désespérées d’avilissement monétaire pour tenter d’y faire face, on le voit en ce moment avec l’éclatement de la bulle dite de l’Europe, qui force à la dévaluation et à l’entrée dans la guerre des monnaies. La Chine va devoir « printer », il n’y a pas d’autre issue. Mais comment maintenir tout le reste du système ordonné ? Les options sont limitées, les choix seront douloureux. Si les USA persistent à vouloir tenter de normaliser, ce sera, pour les dirigeants chinois mission quasi impossible. Il va certainement falloir abandonner les ambitions internationales de devenir monnaie de réserve, trouver une solution aux dettes en dollars des banques et des entreprises chinoises, elles sont certainement supérieures au trillion de dollar officiellement annoncé.

Il convient d’insister sur la situation Chinoise et de ne pas sous-estimer sa gravité : la Chine est une pièce essentielle de l’ensemble global. Son « mal-ajustement », sa fragilité, font que l’incidence de ses difficultés dépasse très largement les craintes que certains nourrissent sur le secteur du luxe et l’automobile. Cette crainte a même quelque chose de dérisoire. Elle témoigne de la courte vue des investisseurs. De leur incapacité à concevoir le monde comme global.

Tout se passe pour nous, comme si la foudre était tombée sur le monde financier, la Chine est un point sensible, clef, c’est un nœud. En tombant la foudre a touché les monnaies asiatiques de la périphérie comme le Ringgitt Malais, la Roupie Indonésienne, le Rouble Russe etc . Les bonds à risk ont fléchi un peu partout, y compris au cœur du système mondial, aux USA.

Les observateurs parlent de dévaluations compétitives, nous, nous parlons de dislocation du système, de fuite désordonnée des capitaux, de panique devant le risk, de désarroi et de confusion. Les observateurs se rassurent en évoquant les 3,7 trillions de réserves de la Chine, nous mettons en avant les colossales sorties de capitaux de ces derniers mois, alors que tout était encore calme en apparence.

Nous avons souvent écrit qu’une crise, c’est quand un invariant, un ancrage, un ilot de stabilité cède, nous disons que la Chine est un bon candidat dans le rôle de l’invariant qui se fracasse.

EN BANDE SON: 

Quitter la version mobile