La crise économique réveille enfin les médias dominants. Quelle est la prochaine étape?
«… Le consensus général parmi les enquêteurs économiques alternatifs semble être que 2015 sera l’année de déclenchement des événements et des fantaisies mortelles.» Brandon Smith
Note du Saker Francophone Comme tous les analystes indépendants, Brandon Smith ressent cette fin d'année 2015 comme un moment propice au déclenchement d’événements majeurs. On continue de suivre son raisonnement sur les collusions entre élites supra-nationales et sur la transmission du pouvoir à un cercle élargi bien au delà de Washington. Les mois à venir seront sans doute riches d'enseignements ... ou pas selon la poursuite implacable de la grande crise d'effondrement du Système.
Par Brandon Smith – Le 19 août 2015 – Source alt-market/ Le Saker Francophone

L’année dernière, quand les analystes économiques alternatifs avertissaient que le prix des matières premières et du pétrole, baissant juste après le début de la diminution du QE3, étaient des signaux assourdissants annonçant une baisse de tous les autres indicateurs financiers, la réaction générale dans le courant dominant était que nous sur-réagissions, que nous étions paranoïaques et que la secousse était temporaire. Peut-être que les faits ont besoin de se répéter pour prouver que ce n’est pas de la paranoïa et qu’ils sont vraiment là pour vous frapper.
Si peu de temps après, il est vraiment incroyable de voir comment la rhétorique des béni-oui-oui économiques traditionnels est en train de changer. Les analystes aveugles qui ont été les supporteurs enthousiastes d’une reprise économique mondiale inexistante sont actuellement soigneusement relégués dans les placards du concierge au New York Times, là où le bureau de Paul Krugman devrait se trouver. Les médias ont dû reconnaître, à contrecœur, l’existence d’instabilités globales comme, par exemple, une hausse des taux d’intérêt américains entraînant un retour de la récession (Note spéciale aux médias mainstream: laissez tomber les manipulations inutiles des indicateurs de stimulus de la Fed, on n’a jamais quitté la récession). Ils sont également maintenant obligés de reconnaître que l’effondrement du marché chinois et la dévaluation du yuanont de profondes implications dans la crise mondiale, alors qu’il y a un an, ils clamaient que les problèmes de la Chine resteraient en Chine. Même les médias chinois mettent maintenant en garde au sujet de la chaîne des interactions entre des économies fiscalement interdépendantes, et des conséquences du ralentissement de la Chine sur le monde entier.
Les médias dominants nous divertissent finalement avec la notion, évidente, que les vastes problèmes financiers de l’UE ont peu à voir avec la crise en Grèce et plus à voir avec le poids écrasant des dettes et les problèmes de l’emploi dans les pays du cœur de la zone Euro comme la France et l’Italie.
Et tout à coup, les experts sont de nouveau préoccupés par l’épidémie de mini-récessions au Japon et la réalité de la contraction budgétaire qui n’est pas seulement un mode de vie, mais une dynamique exponentielle qui s’aggrave rapidement, plutôt que de rester stable. Cette préoccupation est, bien sûr, toujours suivie par des suggestions que la lumière peut être vue au bout du tunnel et que la croissance va inévitablement revenir. Les médias traditionnels peuvent évoquer des faits réels, mais cela ne les empêche pas de les transformer en contes de fées.
Cette modification dans la rhétorique ordinaire des médias n’est pas nécessairement due à une prise de conscience. Au contraire, cela peut être dû aux nouveaux récits mis en avant par le cœur des institutions bancaires de l’élite comme le Fonds monétaire international et la Banque des règlements internationaux, institutions qui se sont donné pour mission d’apparaître compétentes dans le sillage d’une crise économique dont ils SAVENT bien qu’elles va se déclencher. Le FMI a régulièrement fait des déclarations concernant un désastre potentiel sur les marchés mondiaux en raison des mesures de relance des banques centrales (qu’il défendait à l’origine), ainsi que des hausses de taux potentielles, envoyant des messages contradictoires aux dévots des médias traditionnels. Les dernières analyses des marchés mondiaux par le FMI ont été beaucoup plus sombres que celles des médias traditionnels jusqu’à récemment. Il semblerait que les médias ont reçu soudain une nouvelle feuille de route reprenant les éléments de langage des thuriféraires de la mondialisation.
La BRI prévient que le monde est actuellement sans défenses contre la prochaine crise des marchés. Je tiens à souligner que la BRI a de grande capacités pour prédire les accidents économiques, y compris celui de 2007, juste avant le début de la crise du crédit et des dérivés. Cette capacité à prévoir les catastrophes financières est en grande partie due au fait que la BRI est la force dominante dans le système mondial des banques centrales et est la cause de la crise, plutôt que son simple annonciateur. Cela revient à dire qu’il est facile de prévoir les catastrophes que vous vous apprêtez à générer.
Il n’y a aucun doute que les mises en garde de la BRI et du FMI ont tendance à venir trop rarement et trop tard, ou qu’elles commencent à composer aujourd’hui des communiqués de presse d’avertissements précautionneux qui sonnent un peu comme ceux des analystes alternatifs il y a quelques années. Le but de ces organisations mondialistes n’est pas d’aider les gens à se préparer, mais seulement de se placer comme des pronostiqueurs habiles de sorte qu’après un effondrement, ils pourront prétendre nous avoir tous mis en garde, pour ensuite utiliser cet argument pour expliquer pourquoi ils sont les meilleures personnes pour administrer les économies de la planète dans son ensemble.
Alors, maintenant que le grand public est prêt à entendre une information claire sur les dangers économiques, qu’est ce qui va arriver ensuite?
Le changement dans le récit des médias est un mauvais signe. La couverture médiatique initiale de l’implosion des dérivés en 2008 n’était pas négative jusqu’à ce que nous soyons bien installés dans la trajectoire de l’avalanche. Si la même chose est vraie aujourd’hui, alors un événement de marché est imminent. Voici quelques-unes des questions dont vous entendrez parler très sûrement dans l’année qui vient.
La contagion chinoise
Oubliez la contagion grecque, nous allons entendre beaucoup plus parler de la contagion chinoise dans les prochains mois. Le think-tank mondialiste Carnegie Endowment for International Peace a déjà bien avancé le concept dans son magazine Foreign Policy. Avec la dévaluation du yuan, les analystes traditionnels s’excitent sur une possibilité de guerre des monnaies, un concept qui les a rarement occupés dans le passé. La dévaluation du yuan n’est cependant pas nécessairement négative pour la Chine elle-même. En fait, le FMI dans ses déclarations récentes fait valoir que l’économie de la Chine est entrée dans une nouvelle normalité avec une croissance plus lente mais plus stable. Le FMI a également annoncé que le choc récent et la chute du yuan sur les marchés mondiaux rend effectivement la monnaie plus viable pour son inclusion dans les droits de tirage spéciaux, un panier de monnaies mondiales, une décision censée être finalisée d’ici novembre de cette année.
Attendez-vous à ce que les nouvelles économiques soient axées non-stop sur la Chine pour le reste de l’année, conduisant peut-être à la perpétuation du faux paradigme Est/Ouest et à l’idée que les Américains devraient blâmer la Chine pour la crise financière globale, plutôt que les banquiers mondiaux qui ont provoqué la pagaille. En attendant, les dirigeants mondialistes vont continuer à rester neutres, se présentant comme des artisans de la paix et de la résolution des problèmes, faisant valoir que l’accident n’est la faute de personne, que le danger est dans la complexité, et que les économies interconnectées doivent être simplifiées avec une monnaie mondiale unique et une seule autorité mondiale.
L’économie américaine pâtit des effets de la crise
L’insistance de la Réserve fédérale pour une hausse des taux sera probablement fixée avant fin 2015. Discuter d’une augmentation des taux d’intérêt en septembre peut être une combine, et une décision de dernière minute pour la retarder pourrait bien advenir. Cette tactique de réunions de dernière minute et de retards surprises a été utilisée à la fin du scénario du QE, ce qui a mis beaucoup d’analystes en garde et a laissé penser qu’une diminution ne se produirait jamais. Eh bien, elle s’est produite, exactement comme une hausse des taux se produira, mais seulement un peu plus tard que ce à quoi les analystes traditionnels s’attendaient.
En cas de retard, celui-ci sera de courte durée, déclenchant un rebond technique sur le marché des actions (une reprise temporaire du prix des actions après une chute importante, causée par les spéculateurs qui achètent afin de couvrir leurs positions), avec des taux augmentant avant décembre, lorsqu’on les ventes au détail seront indéniablement lugubres, à l’approche de la saison de Noël. Il est important de se rappeler que le travail de la Fed est de faire dérailler l’économie américaine, pas de la protéger.
Dans l’intervalle, la conférence du FMI sur les DTS continue, avec l’inclusion du yuan maintenant largement considérée comme une menace pour le statut de réserve mondiale du dollar. Les médias traditionnels sont en train de préparer le peuple américain (ou du moins ceux qui y portent un peu d’attention) à la perte du statut de monnaie de réserve mondiale pour le dollar. La propagande vise à présenter la position de monnaie de réserve du dollar comme une mauvaise chose. Les médias font valoir que la perte du statut de monnaie de réserve pourrait effectivement aider l’économie américaine à se remettre sur la bonne voie et qu’une harmonisation mondiale des monnaies souveraines sera un coup de pouce face à notre situation budgétaire. Ceci est clairement une tentative pour anesthésier le public contre toute inquiétude face à la chute éventuelle de lavaleur du dollar.
Panique sur le prix du pétrole
Les prix du pétrole vont continuer à se dégonfler, et les séquelles seront difficiles à évaluer. Avec John Kerry avertissant publiquement que l’échec d’un accord avec l’Iran (y compris les lucratifs contrats d’exportation de pétrole qui y seraient inclus) pourrait conduire à la perte du statut de monnaie de réserve mondiale du dollar, je ne suis pas très optimiste quant aux perspectives d’avenir des marchés de l’énergie.
Kerry affirme qu’un échec de l’accord avec l’Iran mettrait les États-Unis en porte-à-faux face aux alliés qui ont négocié l’accord, mais ce n’est pas toute l’histoire. Ce qui se passe réellement, c’est une tentative de Kerry pour distraire le public loin des véritables raisons de la chute future du dollar, incluant la montée en puissance des DTS et la probabilité que l’Arabie saoudite va bientôt se découpler du dollar en tant que mécanisme unique d’achat pour leur pétrole (l’Arabie saoudite est, étonnamment, l’un des principaux partisans de l’accord avec l’Iran). Il est possible qu’une non-validation de l’accord avec l’Iran soit utilisée comme une excuse pour une perte du statut de monnaie de réserve mondiale du dollar ce qui aurait fini par arriver de toute façon.
Les événements vont toujours plus vite
Les nouvelles économiques vont extrêmement vite cette année, et cela deviendra plus frénétique quand nous nous rapprocherons de 2016. Le consensus général parmi les enquêteurs économiques alternatifs semble être que 2015 sera l’année de déclenchement des événements et des fantaisies mortelles. Dans ma série en six parties intitulée Un dernier regard sur l’économie réelle avant qu’elle n’implose, je suis d’accord avec l’essentiel de ce calendrier. Si 2014 a été la nouvelle 2007 avec tous ses signaux d’alertes, alors 2015 est la nouvelle 2008 avec le chaos et les paradigmes fracassés.
Brandon Smith
En savoir plus : À propos des DTS : Le FMI annonce plutôt septembre 2016
Traduit par Hervé, relu par jj et Diane pour le Saker Francophone
http://lesakerfrancophone.net/lelephant-dans-le-magasin-de-porcelaine/

Panique à Wall Street
«...Mais tout ceci est à côté de la question. Que les ennuis aient commencé avec la Chine ou avec les marchés de crédit, n'a probablement pas d'importance. Ce qui importe est que le système sur le point d'être mis à l'épreuve une fois de plus parce que les garanties appropriées n'ont pas été mises en place, parce que les bulles se dégonflent, et parce que les décideurs politiques qui étaient censés surveiller et réglementer le système on décidé qu'ils étaient plus intéressés à l'enrichissement de leurs collègues voraces de Wall Street qu'à la construction d'une base solide pour une économie saine. Voilà pourquoi une simple correction pourrait se transformer en quelque chose de bien pire.» Mike Withney
Par Mike Whitney -–Le 24 août 2015 – Sourcecounterpunch / Le Saker Francophone
«Non seulement le marché des actions est, pour la seconde fois, à son point le plus surévalué de l’histoire américaine, mais en plus, avec un effet de levier sur les flux de trésorerie probables à long terme des entreprises plus important qu’à tout autre point précédent dans l’histoire.» – John P. Hussman, Ph.D. Debt-Financed Buybacks Have Quietly Placed Investors On Margin, Hussman Funds
«Cette année, ressemble aux derniers jours de Pompéi : tout le monde se demande quand le volcan entrera en éruption.» –Senior Banker commentant le Financial Times
Le bain de sang de la bourse de vendredi dernier a été le pire crash sur une journée depuis 2008. Le Dow Jones a chuté de 531 points, tandis que le S & P 500 en a perdu 64, et que le Nasdaq a glissé de 171. Le Dow a perdu plus de 1 000 points sur la semaine retournant dans le rouge sur l’année. Dans le même temps, les matières premières ont continué à être massacrées avec le prix du pétrole tombant brièvement en dessous du seuil critique de $40 le baril. Plus révélateur, la jauge de la peur du marché, l’indice (VIX), a monté en flèche à son plus haut en 2015, annonçant une plus grande volatilité à venir. Le VIX est resté à des niveaux exceptionnellement bas depuis un certain nombre d’années car les investisseurs étaient devenus plus confiants, s’imaginant que la Fed interviendrait chaque fois que les actions chutent trop bas. Mais la débâcle de la semaine dernière fait lever le doute sur les intentions de la Banque centrale. La Fed va-t-elle venir à la rescousse de nouveau ou non? Pour la grande majorité des investisseurs institutionnels, qui fondent maintenant leurs décisions d’achat sur la politique de la Fed, plutôt que sur les fondamentaux du marché, c’est la question cruciale.
Apparemment, la vente massive de la semaine dernière a été déclenchée par la décision inattendue de la Chine de dévaluer sa monnaie, le yuan. L’annonce a confirmé que la deuxième plus grande économie du monde se refroidit rapidement augmentant la probabilité d’un ralentissement mondial. Au cours de la dernière décennie, la Chine a représenté «un tiers de l’expansion de l’économie mondiale, … presque le double de la contribution des États-Unis et plus que le triple que l’impact de l’Europe et du Japon». Les craintes d’un ralentissement ont été grandement intensifiées vendredi lorsque une enquête a montré que le secteur manufacturier en Chine a diminué au rythme le plus rapide depuis la récession en 2009. Voilà tout ce qu’il fallait pour provoquer la débandade des marchés mondiaux. Selon le site de World Socialist Web :
«Le ralentissement de la croissance en Chine, reflété dans les chiffres sur la production, les exportations et les importations, l’investissement des entreprises et les prix à la production, alimente un quasi-effondrement de la soi-disantéconomie des marché émergents qui dépend du marché chinois pour les exportations de matières premières. La semaine passée a vu une nouvelle chute des prix des actions et du cours des devises en Russie, Turquie, Brésil, Afrique du Sud et d’autres pays. Ces économies sont frappées par un exode massif de capitaux, et par la mise en doute de leur capacité à satisfaire aux obligations de la dette.» (Panic sell-off on world financial markets, World Socialist Web Site)
Alors qu’une correction n’était pas complètement inattendue, après avoir connu un marché haussier durant six ans, la chute brutale des actions entraîne les analystes à reconsidérer l’efficacité des politiques monétaires de la Fed, celles-ci ayant eu peu d’impact sur la consommation individuelle, les salaires, la productivité, le revenu des ménages ou la croissance économique, tous ces indicateurs restant plus faibles que ceux qui avaient suivi toutes les récessions dans l’ère de l’après-guerre. À toutes fins utiles, le plan pour gonfler les prix des actifs par la chute des taux à zéro et l’injection de milliards de liquidités dans le système financier a été un échec lamentable. La croissance du PIB continue à planer à un taux abyssal de 1,5% alors que les signes d’une reprise vigoureuse et autonome ne sont vus nulle part. Dans le même temps, la dette du gouvernement et des entreprises continue de gonfler à un rythme effréné, pompant le capital hors du circuit des investissements productifs qui pourraient jeter les bases d’un niveau d’emploi plus élevé et d’une croissance plus forte.
Ce qui est si étrange à propos du comportement des marchés la semaine dernière, c’est que les mauvaises nouvelles sur la Chine ont descendu les actions en vrille au lieu de les propulser dans la stratosphère, ce qui a été le modèle pour les quatre dernières années. La raison pour laquelle la volatilité était restée si basse et les investisseurs si confiants s’explique par le fait que chaque annonce de mauvaises données économiques a été suivie par les promesses joyeuses de la Fed de maintenir ouvertes les vannes de l’argent facile jusqu’à ce que la tempête passe. Cela n’a pas été le cas cette fois-ci, en effet, la présidente de la Fed, Janet Yellen, n’a même pas abandonné l’idée de hausser les taux courant septembre, ce qui est presque impensable étant donné les grabuges du marché la semaine dernière.
Pourquoi? Qu’est-ce qui a changé? Il est sûr que Yellen ne va pas rester les bras croisés et laisser anéantir six années de gains boursiers en quelques séances, ou alors? Ou bien, y a-t-il quelque chose qui nous échappe ici et qu’il n’est pas dans les pouvoirs de la Fed de changer? Est-ce-que c’est ça?
Mon sentiment est que la Chine n’est pas le vrai problème. Oui, il est le catalyseur de la vente massive, mais le vrai problème est dans les marchés du crédit où les écarts sur les obligations à haut rendement continuent de se creuser par rapport aux bons du Trésor américain.
Qu’est-ce que cela veut dire?
Cela signifie que le prix du capital est à la hausse, et quand le prix du capital augmente, cela coûte plus cher aux entreprises d’emprunter. Et quand cela coûte plus cher aux entreprises d’emprunter, elles réduisent leurs emprunts, ce qui diminue la demande de crédit. Et quand la demande de crédit diminue dans un système basé sur le crédit, alors il y a un ralentissement correspondant de l’investissement des entreprises qui impacte le prix des actions et la croissance. Et c’est particulièrement important maintenant, puisque la majeure partie de l’investissement des entreprises est détournée en rachats d’actions. Découvrez cet extrait d’un poste à Wall Street Parade :
«Selon les données de Bloomberg, les sociétés ont émis un superbe $9,3 trillions d’obligations depuis le début de 2009. Le principal bénéficiaire de cette frénésie de la dette a été le marché boursier plutôt que l’investissement dans la modernisation des usines, de l’équipement ou de nouvelles embauches pour rendre l’entreprise plus concurrentielle dans l’avenir. Les capitaux ainsi récoltés finissent fréquemment en rachat d’actions ou en stimulation des dividendes, gonflant ainsi le marché boursier aux dépens d’un niveau d’endettement plus lourd dans les bilans des entreprises.
Maintenant, avec les prix des matières premières qui plongent et la guerre des monnaies qui se propage, les préoccupations de la contagion financière sont de retour dans les marchés et les écarts de rendement entre les obligations d’entreprises et les instruments plus sûrs et plus liquides comme les bons du Trésor américain, s’élargissent d’une manière similaire aux signes avant-coureurs du krach de 2008. Le marché de $2,2 trillions des junk bonds (obligations toxiques à haut rendement), ainsi que le marché des investissement soumis à notation, ont vu les écarts s’élargir lorsque les sorties des fonds indiciels Exchange Traded Funds (ETF) et des fonds obligataires ont fait monter la vapeur.» (Gardez l’œil sur les Junk Bonds : ils commencent à se comporter comme 2008, Wall Street Parade)
Comme vous pouvez le voir, les sociétés n’empruntent pas à taux zéro à la Fed. Elles empruntent à des taux de marché sur le marché obligataire, et ces taux sont progressivement en hausse. Alors que cela n’a pas ralenti la folie de rachat d’actions jusqu’à présent, le temps presse. Nous approchons rapidement du point où le service de la dette, la baisse des revenus, trop d’effet de levier, et des taux plus élevés ne feront plus des rachats d’actions une option raisonnable, arrivé à ce point les actions vont tomber de haut.
En voici plus de Andrew Ross Sorkin du New York Times :
«Depuis 2004, les entreprises ont dépensé près de $7 trillions en rachat de leurs propres actions- souvent à des prix gonflés, selon les données de Mustafa Erdem Sakinc de l’Academic-Industry Research Network. Cela équivaut à environ 54% de tous les bénéfices provenant des actions des entreprises de l’indice S&P 500 entre 2003 et 2012, selon William Lazonick, professeur d’économie à l’Université Lowell du Massachusetts.»
Vous pouvez voir le jeu qui se joue ici. Les investisseurs lambda (maman et papa) sont tondus de nouveau. Ils ont donné des trillions de dollars aux PDG d’entreprises (via des achats d’obligations) qui ont encaissé l’argent, l’ont partagé entre eux et leurs copains actionnaires richissimes, (par le biais de rachats d’actions et de dividendes qui n’ajoutent rien à la capacité de production de l’entreprise ) en se comportant comme des bandits. Voici, en substance, comment fonctionnent les rachats d’actions. Les travailleurs ordinaires collent leurs économies d’une vie dans des obligations (parce qu’on leur a dit que «les actions sont risquées, mais les obligations sont sûres»), elles offrent un rendement un peu meilleur que celui de la dette publique, faible mais ultra-sécurisé (bons du Trésor américain) . Ce faisant, ces travailleurs offrent des récompenses somptueuses à des dirigeants comploteurs qui les utilisent pour s’arroser, eux-mêmes et leurs actionnaires coupe-gorge, avec des bénéfices exceptionnels qui ne seront jamais remboursés. Lorsque les analystes parlent de problèmes de liquiditésur le marché obligataire, ce qu’ils signifient vraiment est qu’ils ont déjà partagé la galette entre eux et que vous aurez de la chance si vous voyez jamais un sou en retour. Ça vous semble familier?
Bien sûr, que ça nous semble familier. La même chose est arrivée avant le crash de 2008. Maintenant, nous arrivons à la fin du cycle de crédit qui pourrait produire le même résultat. Selon un analyste :
«Il y a eu une inquiétante détérioration de l’image globale de la demande mondiale avec la poursuite des assauts sur les marchés émergents et le marché des devises, une détérioration aussi des paramètres du crédit avec l’augmentation de l’endettement aux États-Unis et les sorties des fonds de crédit en liaison avec l’élargissement significatif des spreads de crédit. […] La période bénie des contes de fées, avec une faible volatilité, un environnement stable des arbitrages de ces dernières années est probablement terminée.» (Credit : Magical Thinking, Macronomics)
En d’autres mots, les bons moments sont derrière nous, alors que les temps difficiles sont juste devant. Bien que la fin d’un cycle de crédit ne signifie pas toujours un krach, l’accumulation massive de l’effet de levier dans les actifs financiers non productifs comme les rachats d’actions suggère que ces dernières sont exposées à une coqueluche grave. Voici plus de Bloomberg :
«Les marchands de crédits ont un talent surnaturel pour tirer la sonnette d’alarme bien avant que l’on ne réalise que les actions ont un problème. Cette fois-ci, c’est pareil. Les investisseurs ont arraché d’un coup sec $1,1 milliard d’investissements en fonds obligataires US notés la semaine dernière, le plus grand retrait depuis 2013, selon les données compilées par Wells Fargo & Co. […]
Le crédit est le signal d’avertissement que tout le monde cherchait, a déclaré Jim Bianco, fondateur de Bianco Research LLC à Chicago. C’est quelque chose qui a été un très bon indicateur avancé pour les quinze dernières années.»
Les acheteurs d’obligations sont moins intéressés à empiler des valeurs qui rendent un niveau historiquement bas de 3,4% à un moment où les entreprises utilisent de plus en plus le procédé pour les acquisitions, les rachats d’actions et le versement de dividendes. En outre, la Réserve fédérale se prépare à relever ses taux d’intérêt pour la première fois depuis 2006, peut-être dès le mois prochain, mettant fin à une ère de politique d’argent facile sans précédent qui a rendu l’emprunt gratuit…
«Contrairement au marché du crédit, le marché des actions en 2008 a été très complaisants à propos de la crise des subprimes qui a conduit à une crise financière complète, » ont écrit les analystes … ..
« Donc, si vous êtes très excité au sujet de l’achat d’actions à l’heure actuelle, méfiez-vous des quelques signes d’avertissement assez grands envoyés à la cantonade par les marchands de crédit.» (U.S. Credit Traders Send Warning Signal to Rest of World Markets, Bloomberg)
Il est intéressant de noter que l’article ci-dessus a été écrit le 14 août, une semaine avant que le marché boursier n’explose. Mais le crédit était rouge clignotant bien avant que les opérateurs en bourse ne le remarquent.
Mais tout ceci est à côté de la question. Que les ennuis aient commencés avec la Chine ou avec les marchés de crédit, n’a probablement pas d’importance. Ce qui importe est que le système sur le point d’être mis à l’épreuve une fois de plus parce que les garanties appropriées n’ont pas été mises en place, parce que les bulles se dégonflent, et parce que les décideurs politiques qui étaient censés surveiller et réglementer le système on décidé qu’ils étaient plus intéressés à l’enrichissement de leurs collègues voraces de Wall Street qu’à la construction d’une base solide pour une économie saine. Voilà pourquoi une simple correction pourrait se transformer en quelque chose de bien pire.
Note : Au moment de poster, dimanche soir, l’indice Nikkei est en baisse de 710 points, Shanghai de 296, et HSI de 1031. Les options sur les actions américaines sont profondément dans le rouge
Mike Withney vit dans l’État de Washington. Il est contributeur à Hopeless: Barack Obama and the Politics of Illusion (AK Press). Le livre est également disponible dans une édition Kindle. L’auteur peut être atteint à fergiewhitney@msn.com.

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Tout laisse à penser qu’au 1er stade observable du grand retournement economique mondial et à sa suite des séismes financiers dont la dernière série de secousses s’est propagé de Shangai aux places boursières occidentales, il se prépare un « Big one », comme 2ème étape, sur les marchés Action avec cette possibilité qu’une ligne de faille se répande jusqu’au secteur obligataire dont on sent, là aussi, une inclination naturelle à la friabilité structurelle.
Je pense que la « Grande Dépression 2.0 » sera l’enfant synthétique (Hegel) de sa mère des années 1930, mais qu’elle aura aussi les gènes de son grand-père « spirituel »: John Law.
Si l’on prend le temps de regarder certains graphiques on constate des directions communes tendant aux abysses (minerais, actions…) mais… le pétrole semble avoir rejoint son point bas, son « rock bottom » et si ce n’est pas le cas il n’en est pas loins.
Hors, comme vous nous l’expliquiez M.Bertez, ce type de marché est biaisé par le fait meme qu’il soit financiarisé et qu’il réponde à des logiques géostratégiques plus que de rapport légitime entre offre et demande.
Imaginons la suite, la réserve fédérale ne réajuste pas ses taux comme elle l’avait promis mais au contraire les maintient et se lance dans un QE4…
La réponse historique d’une telle décision est d’alimenter le marché des actions… mais celui-ci n’a t il pas déjà suffisamment lévité? mais surtout, les réalités économiques qui se sont faites jour, avec le basculement de la Chine dans la décroissance subie, n’ont elles pas décillé les acteurs du marché, provoquant chez eux un éveil douloureux… entre incrédulité et affolement devant ce qui semble etre une rupture ontologique, petite soeur d’une certaine défiance face aux sermons des « pythies delphiques » des banques centrales?.
Si la rupture est en voie d’etre consommée (et consumée sur l’autel de la réalité non virtualisante), alors la prochaine étape pourrait se jouer sur le marché obligataire. Il nous faudra observer si les taux allemands, par exemple, ne changent pas, signalant un effet de report, dont les lemmings sont si naturellement coutumiers… « animal spirit » que nos maitres ambitionnent de modéliser. Mais il sera aussi interessant d’observer les prix du baril puisqu’ils occasionnent de l’inflation en cascade et qu’une économie foncièrement dépressive se verrait cisaillée par une inflation importée… la stagflation aurait cette fonction d’écartèlement dans nos sociétés malades de leurs dettes… dettes non résorbables si ce n’est pas l’avilissement de la monnaie… ce que nos banquiers centraux semblent conduit à faire… une « Great Experiment 2.0 » conjuguant déflation massive et inflation galopante… les marchés action/obligation n’offrant plus ce havre de sécurité attendus, il ne restera plus que l’unique marché des matieres 1ères dont la contre partie/profit se trouve logée dans l’épargne des citoyens, et, dont la purge alimentera les passions instinctuelles… de celles qui font les combustibles des révolutions.
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beaucoup à dire mais simplement on nous vend l’inverse du « decouplage »
le « dédécouplage » ? 😉
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