Art de la guerre monétaire et économique

Réhabiliter le populisme Par Bruno Bertez

Réhabiliter le populisme Par Bruno Bertez

Cela fait longtemps que je m’interroge sur le populisme et sa fonction dans le Système. Ce n’est que récemment que je suis parvenu à une interprétation satisfaisante. C’est un paradoxe de la part d’un intellectuel qui n’a pas la réputation d’être facilement accessible et qui utilise des outils de travail plutôt complexes, sinon sophistiqués.

Ce qui m’a mis sur la voie, c’est l’analyse de ce qui se passe aux Etats-Unis: d’un côté, le succès de Trump et, de l’autre, l’échec de Ron et Rand Paul. L’exemple est d’autant plus convaincant, si on veut bien considérer que la réponse des « Dominants » dans les deux cas est la même, le boycott, l’insulte. Une même réponse à deux phénomènes en apparence très différents, conduit à se dire, si la réponse est la même, c’est que la menace est la même.

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Les dominants, quand ils luttent contre la tentative de montée de Rand Paul et quand ils tirent à boulets rouges sur Trump, luttent contre le même ennemi, la masse, le peuple, celui qui conteste leur ordre du monde, celui qui refuse l’impérialisme guerrier tous azimuts, celui qui refuse la gestion économique et monétaire au seul profit des 1%, au profit des intérêts particuliers. Tous deux sont contre la Fed et la politique économique du gouvernement. J’ai écouté très attentivement Trump et je connais très bien les idées de Rand Paul, ils s’attaquent aux mêmes choses avec des discours très différents, des cibles très différentes et des vocabulaires également très différents.

Si vous écoutez Rand Paul et que vous avez la culture pour comprendre, vous entendez un discours isolationniste, conservateur, très critique sur les dérives modernistes de la gestion économique et monétaire. Ce discours ne touche que quelques pourcents de la population, malgré les qualités didactiques de la famille Paul; ce sont des gens qui réussissent à expliquer à peu près clairement des choses très compliquées. Pourtant, leurs messages ne passent pas. Rand fait quelques misérables pourcents.

Si vous écoutez Trump, c’est totalement différent, il n’y a pas d’idées, pas de démonstration, il y a des affirmations tonitruantes, à l’emporte-pièce, des jeux de mots de mauvais goût, des attaques en-dessous de la ceinture. Dans les salles et les meetings, on aime Trump, on partage les rires, les excès et les émotions qui vont avec. Trump fait un tabac, alors qu’il est attaqué de toutes parts et dans des mesures et des formes normalement incompatibles avec la démocratie. Un peu comme l’est le Front National.

A ce jour, Trump reste en tête chez les Républicains avec environ 30% d’adhésion. Trump frappe comme un sourd sur les PHD, les équivalents des Enarques là-bas, comme un sourd sur l’establishment prétentieux de la ploutocratie. Trump n’a pas besoin d’argent, il en a, et puis il collecte beaucoup, donc il ne dépend pas des milieux économiques dominants, c’est un marginal, voire un paria, mais un paria qui a les moyens.

Le danger de Trump pour l’establishment est le même que celui que leur fait courir Rand Paul. Cependant, les intellectuels de la droite conservatrice ont beaucoup de mal à se rallier à lui, il est vulgaire, il n’est pas du même monde. Là aussi, nous retrouvons une similitude avec ce qui se passe en France ou ailleurs en Europe; les intellectuels de la droite conservatrice boudent les populistes. Ils ne sont pas assez bien pour eux. La droite conservatrice a les idées, le standing, mais elle est impuissante, car elle est incapable de s’abaisser à avoir des troupes. Trump, lui, a compris que ce qui comptait dans une élection, ce sont les troupes, les voix. Et pour les avoir, il faut aller les chercher, les mains dans le cambouis.

Marx et Lénine n’ont pas fait la fine bouche, ils ont eu exactement les réactions inverses de nos intellectuels, au lieu de bouder le peuple et ses ténors populistes, ils les ont accueillis. Dieu sait pourtant si la théorie révolutionnaire marxiste est autrement compliquée et difficile à suivre, elle l’est autrement que les théories de bon sens de Rand ou de Trump. Ils ont inversé le processus et ils ont dit, les populistes, les ouvriers, les prolétaires, bref les gens primaires, les 99% sont ceux qui sont lésés, ceux qui sont exploités, mais ils ont le pouvoir du nombre, et ils ont la motivation, donc il faut faire avec eux et les transformer en fer de lance de notre action politique. Ils ont remplacé le mépris par son symétrique, la glorification, ils ont mis le peuple primaire sur un piédestal.

C’est Marx qui expliquait sa méthode d’exposition, elle consiste toujours à partir de ce que l’on voit et de remonter: « si vous tentez d’expliquer ma théorie de l’exploitation par la philosophie, vous n’y parviendrez jamais, mais si vous montrez au prolétaire l’évidence de son exploitation par le fait que son patron mène grand train et que lui et ses enfants crèvent de faim, alors il comprendra ».

Le populiste, sans l’avoir théorisé, parle de ce que l’on voit, comme le chômage, la réalité de la pauvreté, de l’absence d’avenir, de la désertification des campagnes, des villages qui se vident, du mépris insultant des petits Enarques qui gouvernent, de l’immigration, de l’injustice que constitue la préférence à ce qui n’est pas national, il parle de ce que les gens ressentent et vivent. Ce n’est pas noble, mais cela touche, cela fait mouche, car, pour ceux qui souffrent, qui sont délaissés, laissés pour compte, les belles paroles théoriques ne servent plus à rien, ils ont compris qu’elles étaient destinées, comme ils disent, à les « embobiner ».

Le populiste est celui qui vise juste dans sa communication, il est proche de sa clientèle et il sent, il sait, ce qu’il faut dire. Il sait ce qu’il faut dire, car il ne s’adresse pas à la tête, ou très peu, il s’adresse à la personne dans son entier. Il a compris que pour lutter contre la sophistication de la propagande, contre la mystification généralisée qui fait prendre les vessies pour les lanternes, il ne faut pas se situer au même niveau, surtout pas. Il faut parler d’ailleurs et ailleurs.

Nous sommes dans des mondes orwelliens, des mondes où les Dominants sont guidés par les publicitaires façon Bernay, par des manipulateurs et, dans ce monde, quand on ne dispose pas des mêmes moyens, il faut combattre autrement. Comment lutter contre toute la bureaucratie européenne et française, contre les médias aux ordres qui ont des centaines de milliards à disposition pour vous tromper, si ce n’est en étant direct, simple, proche des gens?

Dans le monde actuel où une alliance s’est formée entre les élites, les fonctionnaires, les classes dominantes, les techniciens du mensonge, l’étranger, etc., le populisme est au fond la seule opposition possible. Est-ce un bien ou est-ce un mal? La question est importante, mais la réponse n’est jamais donnée d’avance, car elle dépend des stratégies des autres groupes sociaux et de leur réaction à l’expression populiste. Si elles répondent par le mépris, le raidissement, la répression, les contrôles, la violence d’Etat, ce n’est pas la même chose que si elles écoutent, tiennent compte et acceptent de partager le pouvoir, d’infléchir la gestion en tenant compte des aspirations du peuple.

EN BANDE SON : 

8 réponses »

  1. il y a des gens qui pensent que tout ceci est organisé i.e. que trump serait en cheville avec Clinton
    =>si cela passe alors c’est bien pour lui
    =>si trump echoue alors il fait elire clinton (tout en ayant monitoré la conscience de l’amerique lors de sa campagne pour préparer les 5 prochaines années=> grosse guerre?)

    il ‘sgai de faire de la maoitique: que l’amerique decide

    Je suis frappé par la façon dont traitent les journaux etrangers specialement us(!): le Fn et les marion par rapport à la façon des journaux francais: c’est comme si les journaux us voulaient prendre de l’avance car ils savaient qu’il se prépare quelquechose

    pour rand:
    il est bcp plus « refermé » ou reac que Ron
    Joyce la fille de Ron est decrite par un membre de ma famille qui travaille avec elle comme étant integriste d’extreme droite (ces texans wealthy de ma famille bien que republicains avaient voté obama! je precise que ce sont pour moi un bon indicateur contrarien :
    qu’en 2005 ils n’avaient pas vu les subprime, bien que promoteur -au texas il n’y arien eu-qu’en aout dernier ils etaient contre l’etalon or ou pensaient que c’était absurde

    l’elite us est deconnectée (comme en France ou à bruxelles : c’est le propre des hauts de cycle)
    )

    je pense que les enfants Paul sont moins mesuré que leur père car ils voient les us sombrer alors que leur père avait tout dit

    suite:
    Donald J. Trump ‏@realDonaldTrump 9 hil y a 9 heures Voir la traduction
    In Britain, more Muslims join ISIS than join the British army.
    http://www.nationalreview.com/article/428146/more-than-few-islamic-extremists?utm_campaign=trueAnthem%3A+Trending+Content&utm_content=5667aeff04d3016bf289ee1e&utm_medium=trueAnthem&utm_source=twitter

  2. M.Bertez je vous conseille cet article du Figaro concernant les propos de Valls (« nous voilà! ») dont, pour l’occasion, vous parcourrez les nombreux commentaires qui vous donneront une certaine idée de l’état d’esprit ambiant… le thème repose sur un catalogue des trahisons de la gauche…et de la droite: un régal!. M.Valls: pompier_pyromane du FN et promoteur d’une future guerre civile?.

    « Manuel Valls et la guerre civile : le coup de gueule de Périco Légasse »http://www.lefigaro.fr/vox/politique/2015/12/11/31001-20151211ARTFIG00302-manuel-valls-et-la-guerre-civile-le-coup-de-gueule-de-perico-legasse.php?pagination=5#nbcomments

    • Merci, édifiant et pour vous remercier je vous invite à aller faire un tour dans un bistrot par exemple un Tabac PMU Française des jeux, dans une ville de 30 à 40 000 habitants, et d’écouter d’abord, puis de vous mèler aux discussions. On en apprend plus qu’à la lecture de tous les médias, le mien y compris. Dans cette ville le vote FN est de 40% environ , avec régularité. Le ton des discussions était donné par la « UNE de l’infâ me journal local qui était une exhortation au « vote citoyen » , entendez par là dans l’article que le vote citoyen c’est le vote anti- FN.

      La clientèle est coupée en deux, les bourgeois et les ex-prolos, c’est a dire les nouveaux laissés pour compte, chômeurs,etc . .Les émigrés, arabes etc sont du coté des prolos et ils vivent ensemble sans problème ou heurts.

      Les bourgeois sont ce qu’ils sont, méprisables. Ils considèrent les autres comme des sous hommes, des moins que rien. cela se voit , cela se sent presque, ils n’aiment pas le peuple.
      C’est la clientèlede l’UMP et de la deuxième gauche , celle qui est au pouvoir. Les bien pensants.

      Je me suis fait la remarque suivante, remarque terrible:

      Les laissés pour compte sont censés ne pas aimer les émigrés, c’est une simplification abusive, que l’on ne vérifie pas dans le concret.

      En revanche les bourgeois détestent au plus haut point le peuple; et ce n’est pas une simplification, croyez moi.

      Qu’est ce qui est le plus grave, le fait que les laissés pour compte aient tendance à croire qu’il y a des boucs émissaires ou le fait que des Français de souche n’aiment pas leurs compatriotes?

      J’ai eu l’impression de revenir au temps les plus sombres de l’histoire de la France et j’ai senti, plus encore que compris, la Collaboration; cette période ou les élites se sont serré les coudes au dessus des frontières par peur du peuple.

  3. Vous avez certainement raison quand vous dites que les prolos ne pensent pas comme les bobos, la difference notable est que les uns sont aux pieds de la table et que les autres sont gentiment assis à déguster au banquet… la misère sociale et la peine, on ne la voit que partiellement d’en haut et on l’a vit pleinement d’en bas.

    Dans le milieu médical ou je travaille, il y a cette déconnexion frappante, chez de nombreux médecins, ou le chemin de la perception suit la pente la plus raide… celle de la simplicité intellectuelle.
    Les bisounours ne le sont jamais autant qu’avec une cuillère en argent dans le bec, ils ont des modèles intellectuels parfaitement formatés au standard de leur caste… aisée. Certains sont eurodolatres au point de vous servir comme argument bélier qu’Erasmus c’est génial et que l’euro leur permet de voyager partout en Euroland sans se prendre la tete avec la contrainte de frontières et de douanes…modèle éculé dans une ère de progres pensent-ils.
    La nation, cela n’a de sens qu’au moment des attentats quand on verse sa petite larme devant un drapeau tricolore, (opportunément atrophié de celui bleu-étoilé des collabos) et qu’une minute de silence vient à cloturer le sermon républicain.

    L’immigration syrienne? c’est triste du fait des guerres! (dont ils n’ont pas compris que nous en étions les responsables) et qu’accueillir ce flot de migrants c’est un acte fraternel qui va de sois mais loins de mon quartier, cela va aussi de sois… mais plutot vers les autres, vous savez les quartiers de prolos…. Expliquez leur qu’une éponge ne peut absorber plus que ce pourquoi elle est naturellement prévue, et que dit autrement: « l’enfer est pavé de bonnes intentions ». Non, ils ne comprennent apparemment pas ou ne veulent-ils pas (inconsciemment) comprendre?… Réponse de l’Hybris à la raison, certainement.

    Ce qui caractérise le bobo c’est que sa condition sociale l’éloigne de fait des épreuves de la conjoncture: tant que tout roule, le monde est encore acceptable. Vienne le vent de la conjoncture à tempeter et on s’accrochera aux idéalismes bon enfant. Vienne à tout perdre et on goutera de la gamelle du prolo… alors là!, un nouvel ordre du monde apparait… celui des réalités tangibles, celui des épreuves quotidiennes et des interrogations existentielles. La chute sociale du haut d’une tour d’ivoire, c’est un choc si violent que peu y survivent car devant eux, brisés, les attendent les douleurs du renoncement, des frustrations. Le chemin de leur perception est un chemin de croix, un chemin de pérégrination entre le ghétto-bobo du 16ème et la banlieue moisie du 93. Il ne s’agit plus d’emprunter la pente la plus raide (de la perception) mais au contraire d’affronter les hauteurs de la montagne… les prolos se révéleront alors, certainement, de bons guides. On en croise beaucoup dans des repères appelés « bistrots ».

    • Le problème de la misère c’est que ceux qui en parlent ne sont pas ceux qui la vivent…

      Les théoriciens ont cela de pathétique c’est qu’ils mettent en pratique chez les autres ce qu’ils ne veulent pas appliquer à eux même….
      Demandez par exemple aux chantres du multiculturalisme , grands bâtisseurs de HLM d’aller vivre dans le Bronx cloaque du mieux vivre ensemble qu’ils ont eux même contribuer à créer depuis 40 ans à coup de chômage de masse et d’immigration forcée… Vous m’en direz des nouvelles et cela même si je connais déjà les réponses…

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