Douce France

The War is Over : Pour que ce qui s’est passé à Calais ne soit pas passé à la trappe

L’arrestation de Piquemal est-elle une divine surprise? par Éric Verhaeghe

Piquemal

L’arrestation de Piquemal est-elle une divine surprise?

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L’arrestation du général Piquemal, ancien commandant de la Légion Étrangère, lors de la manifestation interdite de Pegida à Calais, et sa comparution immédiate, constituent-elles une faute politique majeure qui laissera de lourdes traces dans l’opinion? La question peut paraître incongrue, mais la réaction des réseaux sociaux à cet incident laisse à craindre des effets en chaîne inattendus.

Piquemal en comparution immédiate

Les images de l’arrestation du général ont abondamment circulé. Ceinturé par plusieurs policiers, le général en retraite n’a pas été ménagé. Certes, il n’est pas en sucre. Mais l’image laissée par la police est extrêmement négative: alors que nombre de militaires se plaignent d’être affectés aux patrouilles que les policiers ne veulent plus faire, la bousculade qui a eu lieu risque fort d’attiser un sentiment de frustration qui n’est bon pour personne.

En malmenant ainsi un symbole de la Légion Etrangère lors d’une manifestation placée sous la surveillance de la Préfète locale, la police donne un visage à ce qu’une partie grandissante de l’opinion déteste: la partialité de l’Etat, qui tape dur sur ceux qui sont désignés comme dissidents, et qui ne manque jamais d’indulgence vis-à-vis des thuriféraires.

La décision de traduire Piquemal en comparution immédiate ne manquera de soulever des rancoeurs dans les rangs de ceux qui déplorent une justice à deux vitesses: sans pitié pour la majorité, toujours clémente avec les minorités.

Piquemal sera-t-il soutenu par l’armée?

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Pour l’armée française, saignée à blanc ces dernières années par les coupes budgétaires et utilisée aujourd’hui à des missions ingrates, la situation risque de devenir très vite embarrassante. Le gouvernement ne peut guère se couper de la troupe. Mais comment préserver le lien sur une affaire aussi glissante?

Dans la pratique, l’interdiction faite à Pegida de manifester à Calais ne repose sur aucune légitimité politique. Permise par un état d’urgence dont le principe même est battue brèche, cette interdiction a tout de la décision arbitraire: les troubles à l’ordre public à Calais sont causés par des activistes qui soutiennent les migrants, et par les migrants eux-mêmes qui cherchent par tous les moyens à quitter la jungle.

Pourquoi, dès lors, interdire les seules manifestations organisées par des gens qui n’ont aucun méfait à se reprocher? si ce n’est parce que l’état d’urgence est devenu le prétexte à une discrète intimidation contre les « dissidents ».

Le gouvernement prend un très grand risque à s’engager dans une répression féroce contre des symboles de la nation, au plus grand bénéfice des doctrinaires d’un multilatéralisme européen dont plus aucun Français ne voit, au quotidien, la justification économique et politique. Il prend notamment le risque de fâcher la troupe à qui il doit tant.

Piquemal arrêté, une divine surprise?

On se souvient que Charles Maurras, qui n’aimait pas l’Allemagne, avait qualifié la défaite foudroyante de la France en 1940 de « divine surprise », puisqu’il ne croyait plus voir tomber la IIIè République qu’il abhorrait. L’arrestation de Piquemal peut-elle, par l’émotion qu’elle suscite, par le symbole qu’elle bafoue, par la rupture qu’elle dévoile entre la France d’en haut et le pays réel, constituer l’électrochoc dont le pays a besoin pour remonter vers la surface? Les jours à venir vont nous le dire.

Peut-être la puissance de la répression qui va s’abattre dissuadera-t-elle les opposants de réagir. Peut-être les murmures dans les rangs ont-ils déjà fait comprendre au gouvernement que le jugement de demain devait être clément. On voit mal comment l’Etat pourrait soutenir durablement, dans le climat délétère où nous sommes, l’emprisonnement pendant un an d’un symbole de la Légion Etrangère, dont le seul crime est d’avoir voulu manifester ses opinions.

Peut-être, dans les haussements de menton dont Manuel Valls est coutumier, la folie va-t-elle continuer. Piquemal en prison montrera le vrai visage de l’état d’urgence: une oeuvre liberticide pour étouffer le sursaut collectif dont nous avons besoin. Et peut-être le peuple français découvrira-t-il enfin qu’il est le seul juge et le seul maître de son destin.

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http://www.eric-verhaeghe.fr/larrestation-de-piquemal-est-elle-une-divine-surprise/

Piquemal: l’armée s’est-elle réveillée?

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Piquemal fait machine arrière

La Chancellerie a mis les petits pas dans les grands pour calmer le jeu. La comparution immédiate de Piquemal a finalement cédé, « en raison de son état de santé« , la place à une comparution au mois de mai. Cette façon élégante de botter en touche et de désamorcer la crise s’est accompagnée d’un petit geste de l’intéressé: celui-ci a fait part de ses regrets.

« Je regrette de m’être trouvé avec eux, j’aurais préféré qu’on soit seuls, ça ne ce serait pas passé comme ça car nous nous sommes un cercle citoyen », a-t-il déclaré sur RTL.

Tu présentes tes excuses, et tu bénéficies d’une mesure de clémence le temps que les passions retombent.

Piquemal lâché par la Légion

Dans la journée, la Fédération des Anciens de la Légion a apporté son seau d’eau au combat contre l’incendie. Son président s’est désolidarisé de Piquemal, en rappelant l’obligation de réserve des légionnaires. La méthode n’est pas complètement propre, pas complètement surprenante, et en dit long sur l’émoi qui s’est emparé de l’armée.

Manifestement, les pressions sont allées bon train sur les officiers supérieurs pour apaiser les tensions et éviter l’ouverture d’un front extrêmement dangereux où la justice et le pouvoir seraient entrés en conflit avec l’état-major ou une partie de celui-ci.

Piquemal a-t-il réveillé la Grande Muette?

En creux, cette affaire laisse paraître une crise grandissante au sein de l’armée. Si le gouvernement a fait machine arrière dans sa détermination à juger Piquemal, c’est évidemment parce que l’armée a réagi vivement et de façon inquiétante durant le week-end. Il faut probablement voir dans cet incident une alerte sérieuse sur le moral des troupes.

N’oublions jamais que, depuis 1789, l’essentiel des changements de régimes républicains a été le fruit de militaires. Ce fut le cas avec La Fayette, qui ébranla fortement la monarchie, avec Bonaparte, avec Pétain et avec De Gaulle. Depuis 1875, les changements de régime se sont toujours produits par une intervention d’un officier supérieur.

Piquemal et le moral des armées au plus bas

On notera au passage que le moral des militaires est au plus bas, et que l’armée est discrètement inquiète par la radicalisation d’un certain nombre de ses éléments. Le renseignement militaire, selon le Canard Enchaîné, ne cache plus son émoi face au nombre grandissant de cas de radicalisations dans le rang. Certains militaires seraient passés au service de Daesh, et la crainte de voir un engagé commettre un attentat avec son arme de service existe.

Encore un élément qui montre qu’un malaise s’est fait jour dans le pays, dans l’indifférence apparente des décideurs publics.

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http://www.eric-verhaeghe.fr/piquemal-larmee-sest-elle-reveillee/

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http://brunobertez.com/2016/02/08/pour-que-ce-qui-sest-passe-a-calais-ne-soit-pas-passe-a-la-trappe/

6 réponses »

  1. Piquemal a dirigé la légion étrangère et ne peut pas être taxé de racisme. Pour le reste la justice appréciera s’il était soumis à un devoir de réserve et l’a enfreint ou si on lui reproche simplement sa participation à une manifestation interdite…

    Pour ma part je trouve incroyable que cette manifestation sur le sol français ait été à l’initiative de PEGIDA. Les français seraient-ils devenus amorphes à ce point que même en matière de manifestation les ordres viendraient d’Allemagne…

  2. le jugement de demain devait être clément.
    le président de la Fédération des Anciens de la Légion s’est désolidarisé de Piquemal,

    waouh tout les gradé on baissé leur froc ; ha la carrière , l’avancement…

  3. Très bon article et beaucoup de gens pensent comme vous,et le pouvoir a peur, et j’ai aussi bien aimé ,quand un régime est à l’agonie, il devient autoritaire ( voir aussi le vénézuela, là, ils ne veulent pas partir..) mais on a vu ce qui se passerait si le fn était majoritaire, souvenez vous de la haine de valls, de ces mots de guerre civile.
    S’il faut se taper quelques extrêmes gauches et quelques zadistes, une poignée de racille (obligé) et quelques barbus, ma foi, pour avoir la paix( car les socialos et les sbires émigreront surement sous d’autres cieux, là où le fric volé les attend) , ben je suis d’accord, une bonne crise, c’est comme la fièvre, une saine réaction, après on est mieux…

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