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L’Edito de Bruno Bertez : L’idéologie des grands prêtres de la monnaie vous tue. Ils se trompent, ils vous trompent et ils vous ruinent (Avec Note du Lupus)

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L’Edito de Bruno Bertez :  L’idéologie des grands prêtres de la monnaie vous tue. Ils se trompent, ils vous trompent et ils vous ruinent

En économie, on utilise des modèles. Modèles pour prévoir, modèles pour agir et conduire. L’économie est devenue mathématique. Les équations et les abstractions remplacent la compréhension et l’analyse objective des phénomènes. Les modèles ne cherchent pas à comprendre, mieux, même ils servent à masquer l’ignorance. Les modèles sont le refuge de l’ignorance.

On utilise les modèles parce que l’on est incapable de mettre en place des théories explicatives qui rendent compte des phénomènes observés. Les modèles ne peuvent jamais dire autre chose que ce qu’on leur fait dire, ils tracent des rapports entre les variables sur la base de constatations historiques et ils font le pari, ils reproduisent le pari que les choses vont se répéter. Un modèle est fondé sur la répétition, ce qui remplace, en fait, l’expérimentation scientifique abusivement. La fausse efficacité des modèles vient du fait que ce sont les modèles des « dominants », ils ne reconnaissent jamais leurs échecs, on n’en a jamais fait assez. Quand ils échouent, ce n’est jamais de leur faute, c’est de notre faute, témoins les diatribes de Draghi contre nous, les citoyens et nos Gouvernements.

Les relations entre les variables d’un modèle sont, dans la plupart des cas, historiques, c’est à dire relatives et constatées pour une période donnée, caractérisée par un état de la société, par un état du monde, par un état du développement humain, une certaine conjoncture. Vous nous avez compris. Mais l’énumération devrait être beaucoup plus longue. Certes, on peut penser qu’il y a des relations éternelles, immuables, qui traversent l’histoire, certaines écoles d’économistes le pensent et d’autres le rejettent. Mais, pour la réflexion qui nous occupe, cela n’a guère d’importance.
Venons-en à cette question des taux d’intérêt.

On a constaté dans le passé une relation entre les taux d’intérêt et la hausse des prix. Inflation et taux semblent corrélés. La hausse des taux d’intérêt administrés par les Banques Centrales semble faire chuter l’inflation, et l’exemple est celui de la hausse opérée par Volcker qui a « cassé » l’inflation en portant les taux à 19%.

De là à conclure le symétrique, à savoir que si on baisse les taux, l’inflation augmente se trouve stimulée, il n’y a qu’un pas, que les modélisateurs ont bien sûr franchi. Ils ont constaté une relation entre les taux et l’inflation et ils en tirent des conclusions, pour agir, pour piloter, pour prétendre diriger. Ils ont constaté que la hausse des taux « casse » l’inflation et que la baisse des taux « soutient les affaires », soutient la demande et donc la tendance à accélérer la hausse des prix, ils en concluent à une relation modélisable.

Cela est bien sûr totalement idéologique et anti-scientifique car :

Bernanke croyait au monétarisme et à la possibilité de piloter les prix par le biais de la quantité de monnaie et des taux, donc il a émis des prévisions, guidé les agents économiques dans ce sens. Sorte de prophéties qui se réalisent d’être crues, à court terme, mais qui ne préjugent pas de leur efficacité à long terme.

Bernanke est tombé dans le piège idéologique de ses maîtres à penser, c’est maintenant un acquis. Et les agents économiques s’aperçoivent eux aussi qu’ils ont été trompés… et ils redeviennent encore plus pessimistes.

Non seulement Bernanke s’est appuyé sur une idéologie, sur des théories fausses, sur des modèles bidons, mais il n’a rien compris au fonctionnement du système bancaire. Il continue de croire que le système bancaire prête à partir de réserves, qu’il est intermédiaire alors que le système bancaire ne prête pas à partir de réserves, il « produit » des réserves à partir de l’acte originel qui est la création de prêts. Pour parler techniquement, Bernanke croit à la théorie endogène de la monnaie, alors que tout prouve maintenant que cette théorie est fausse, tout comme son prolongement, la « théorie des loanable funds ». Bernanke, en plus, a mal lu Keynes, mais c’est une autre histoire: quand on a la grosse tête, on lit mal les autres.

Nous sommes ces jours-ci au cœur du problème avec le conflit qui émerge entre les banques et les Banques Centrales et singulièrement entre les banques allemandes et la BCE; c’est un fait nouveau, les banques se révoltent, elles se rebellent. La connivence a cessé, c’est selon nous un tournant du système.

Les banques savent que la théorie des Banques Centrales est fausse car elles exercent leur pratique quotidiennement. Elles savent que le crédit progresse quand les débiteurs ont la capacité à payer les intérêts et à rembourser, quand les emprunteurs ont des occasions profitables d’investir. Elles savent qu’elles ne regardent absolument pas leur position en réserves ou en dépôts avant de faire un prêt. Elles savent que si leur marge, leur spread est insuffisant, elles n’ont aucun intérêt à « user », à « engager » leurs fonds propres. Pire, elles savent qu’un jour les taux remonteront et qu’elles perdront de l’argent si elles font correctement l’évaluation de leurs actifs. Les banques ont compris que ce qui était déterminant, c’est la solvabilité, et que celle-ci ne faisait et ne ferait que se dégrader si la politique actuelle persiste.

La chaine causale de la création de prêts et de la mise au monde de monnaie est l’inverse de celle que croit Bernanke. Les banques sont originatrices des prêts et donc de monnaie, elles ne prêtent pas à partir des réserves. Ce qui est premier, c’est la volonté, le désir de prêter et de s’endetter, c’est l’état du système: il incite ou non à créer du crédit. Et les taux ultra-bas, la compression des spreads de tous ordres, la peur de perdre sur les inventaires lors de la future régularisation des taux, la rareté des fonds propres, tout cela fait que les banques n’ont pas d’incitation à prêter. Ce n’est pas de la mauvaise volonté ou de la méchanceté, c’est de la logique, de la raison pure. La création de réserves dans l’espoir que cela incite à prêter est une idiotie. Et la preuve, c’est l’évolution historique depuis 7 ans. C’est le démenti cinglant aux thèses de ces gens.

Certains économistes et commentateurs ont eu peur de l’hyper-inflation lors de la mise en place de la politique ultra-accommodante, ils se sont ridiculisés. Créer des trillions de réserves dans l’espoir que cela encourage la propension à emprunter, d’une part, et la propension à prêter, d’autre part, s’est révèle une erreur colossale. Pourquoi?

Parce que nous étions en situation de surendettement, de « peak debt », parce que les revenus ne progressent pas et que les banques sont vulnérables, fragiles, Parce que l’humeur est frileuse, à la rétention. La préférence pour la liquidité et la sécurité domine.

Parce que la fameuse transmission magique de nos autorités ne se fait pas; leur modèle bancaire idiot les empêche de comprendre; le modèle bancaire idiot adossé à la théorie des « loanable funds » ne tient pas debout.

C’est ainsi qu’il faut comprendre l’échec de la politique monétaire non conventionnelle des Banques Centrales; elles ont mis les taux à zéro, ou en-dessous, avec l’objectif de hausser l’inflation. Elles ont acheté des titres à long terme, claironné qu’elles voulaient fabriquer de l’inflation pour influencer les comportements, rien n’y a fait ; depuis 7 ans, elles échouent. L’objectif d’inflation n’est toujours pas atteint, au contraire, on s’en éloigne. Mais il ya un domaine où elles ont réussi et cela, c’était prévisible!

Les autorités ont réussi a à créer de l’inflation dans un secteur précis, le secteur du prix des assets. Ceux-ci sont à des niveaux records et ils se situent dans des zones de valorisation qui sont en moyenne 50% au-dessus de ratios historiques les plus fiables, ceux du ratio Q de Tobin ou Shiller améliorés.

Cela démontre une chose: quand l’humeur est positive, favorable à l’exubérance, alors, la création monétaire, les taux zéro et les guidances provoquent des achats et une augmentation de la vitesse de circulation dans cette sphère donnée, c’est ce qui est arrivé dans la sphère des assets. La vitesse de circulation de la monnaie dans la sphère des assets de capital a fortement progressé.
Mais quand l’humeur, l’exubérance de consommer ne sont pas là, la politique monétaire ultra-accommodante fait un gros « plouf ». L’incidence de telle ou telle politique dépend de l’état du terrain auquel elle s’applique, tout comme une semence lève ou ne lève pas en fonction du terrain et du climat.

Nous soutenons que les taux bas sont la cause de la prolongation de la crise, qu’ils sont la cause des dislocations sociales en cours et que les seules solutions, certes un peu douloureuses à court terme, sont, d’abord, l’abandon des politiques non-conventionnelles et,ensuite, la mise en place d’une restructuration des dettes, la proclamation d’un Jubilé.

Nous sommes tous des Grecs.

BRUNO BERTEZ LE 13/6/2016

NOTE DU LUPUS

Milton est mort, vive Friedman !

Ce texte de BB est à marquer d’une pierre blanche…D’un point de vue théorique il est le chainon manquant au « dézingage » en règle du monétarisme (le bréviaire des Néolibéraux en matière économique)…

40 ans après sa naissance le monétarisme apparait ici pour ce qu’il est à la fois une escroquerie intellectuelle sur le plan théorique et sur le plan économique le faux nez d’un keynésianisme délirant qui aura servi d’un point de vue politique de marche pied à une idéologie totalitaire de type fascisante. Idéologie totalitaire qui n’a de libérale que le nom s’accommodant fort bien au  passage d’un pouvoir fort et de l’absence d’ état de droit……Sous l’égide du droit du plus fort… en cela l’école de Chicago porte bien son nom  et son parrain Milton aurait pu s’appeler Al…Rien à voir dans ce  néolibéralisme à connotation monétaire avec le libéralisme classique des lumières ou les apports inestimables de l’école autrichienne…On est là face à une idéologie entièrement au service des Etats Unis avec une Banque centrale totalement dépendante  du pouvoir politique et des marchés non libres entièrement faits à la main et servant la soupe aux initiés copains et coquins…Avec à la clef un leitmotiv : privatisation des profits et socialisation des pertes…

Après avoir été le fer de lance économique et politique des Néo-libéraux aux Etats Unis, le monétarisme a ensuite façonné à sa botte le visage de la Mondialisation qui s’en est suivi….et a ainsi gagné peu à peu l’ensemble de la planète tant d’un point de vue théorique que pratique….Aujourd’hui les nouveaux globalistes tendent à vouloir récupérer le monétarisme à leur profit UNIQUE car ils voient dans l’arme monétaire le moyen d’asseoir et de consolider leur FUTUR pouvoir oligarchique…

EN BANDE SON

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