Site icon Le blog A Lupus un regard hagard sur Lécocomics et ses finances

Islamisme : Pour Erdogan un coup d’état (d’éclat) tombé du ciel ! (Avec Note de Bruno Bertez)

Publicités

Sultan va la cruche à l’eau…

« C’est un signe de Dieu, Herr Vice-Chancelier ! Si ce feu, comme je le crois, est l’œuvre des communistes, nous devons écraser cette peste meurtrière d’une main de fer ! »

— Hitler au vice-chancelier von Papen, le 28 février 1933 à propos de l’incendie du Reichstag 

16 Juillet 2016 , Rédigé par Observatus geopoliticus Chronique du Grand Jeu

… qu’à la fin elle ne se brise pas.

Le fidèle lecteur du blog ne sera pas surpris par la tentative de coup d’Etat en Turquie, nous en avions prévu l’éventualité fin mars, avant tout le monde. Ainsi, hier soir, une partie de l’armée s’est soulevée, mais une partie seulement. 265 morts plus tard, le putsch a fait pschitt et le pouvoir d’Erdogan en sort renforcé.

Le coup, teinté d’amateurisme, était désorganisé en diable, peu soutenu, à la fois par la population mais aussi par l’armée elle-même, patiemment noyautée par le sultan durant des années : seules la gendarmerie et une partie de la force aérienne ont pris part au soulèvement. La coordination des différents groupes putschistes laissait franchement à désirer – certains bataillons se rendaient déjà tandis que d’autres, au même moment, bombardaient le palais présidentiel.

C’était perdu d’avance… Ce qui explique peut-être la prise de distance assez rapide, à la fois des partis politiques turcs qui ont tous condamné la tentative (y compris le HDP kurde, némésis d’Erdogan) et des leaders des grandes puissances (même si Kerry a paru un instant hésiter). A ce propos, notons que tous, parfois avec réticence, parfois avec vigueur, ont blâmé le putsch – Israël comme Hamas, Russie comme USA, Arabie Saoudite comme Iran… C’est assez rare pour être souligné. Il n’y a guère qu’à Damas que des tirs de joie ont été entendus.

Des scènes assez insoutenables ont eu lieu par la suite : certains soldats ont été lynchés et, encore plus dérangeant, des partisans islamistes d’Erdogan ont décapité des prisonniers au cri d’Allahu Akbar, fait documenté par Les Crises. Ne vous attendez bien sûr pas à en lire un mot dans la presse grand public. Ah ce délicieux « retour aux institutions démocratiques » chanté à Bruxelles…

Et maintenant, qui est derrière ?

Il semble à peu près exclu que Washington ou Moscou aient quelque chose à voir là-dedans. Aux premières heures, quand on ne connaissait pas encore l’étendue de la conspiration, l’on pouvait peut-être se dire que l’un des deux grands pouvait être derrière – voire les deux ensemble ! (Kerry était à ce moment à Moscou avec Poutine et Lavrov) C’était quand même un peu tiré par les cheveux car le timing posait problème : il y a quelques mois, d’accord, mais maintenant… Après le Brexit, Washington n’a sans doute pas envie de voir une autre composante de l’empire, l’OTAN, battre de l’aile. Quant à Moscou, Erdogan venait de s’excuser platement et semblait même avoir diminué son soutien aux djihadistes « modérés », ce que paraît confirmer l’actuelle offensive syrienneprès de la frontière turque grâce aux intenses bombardements russes. L’amateurisme de la tentative de putsch finit par nous convaincre que ni Russes ni Américains n’y sont pour quelque chose.

La piste interne alors. Sans doute… Erdogan a mené son pays à l’abîme ces dernières années, l’isolant de presque tous ses voisins, important la guerre civile syrienne sur son propre territoire, fermant médias, emprisonnant pour crime de lèse-majesté. Que le coup ait échoué ne change rien : adulé par les uns, il est franchement détesté par l’autre moitié de la population parmi laquelle se trouve ce qui reste d’officiers kémalistes. L’armée, fidèle ou non, est excédée des divers retournements sultanesques, de son aventurisme djihado-syrien, de ses déroutes stratégiques. Quant à la fameuse piste Gulen, du nom de ce religieux soufi devenu la bête noire du sultan, elle reste à prouver.

Mais il y a encore une dernière possibilité : Erdogan lui-même. Car qui, au final, profite du chaos d’hier ? Lui ! La manip est un jeu d’enfants : un général fidèle au sultan assure les rebelles du soutien de l’armée, les laisse débuter l’opération puis retourne sa veste : les putschistes se retrouvent le bec dans l’eau, sans l’appui escompté. Il semble d’ailleurs que les simples soldats n’aient pas très bien compris dans quoi ils s’engageaient.

Rien de tel en tout cas pour isoler les derniers bastions de l’opposition et purger l’armée de ses poches kémalistes. D’ailleurs, Erdogollum ne l’a-t-il pas déclaré lui-même ? « Ce coup d’Etat est un cadeau de Dieu car il va nous permettre de nettoyer l’armée », CQFD. La chasse aux sorcières a déjà commencé : 2 745 (!) juges ont été démis de leurs fonctions. Le rapport avec le putsch militaire ? Aucun. Pas grave, les Occidentaux resteront silencieux…

Le sultan surfe sur la vague afin de conforter son pouvoir autocratique et toutes les barrières s’abattent devant lui. Hier encore, il était dans une impasse, avait perdu la face vis-à-vis des Russes, ne savait plus quoi dire ni quoi faire en Syrie. Il est aujourd’hui plébiscité par la rue (la minorité agissante en tout cas) et conforté par les messages de soutien (nominal) de toutes les chancelleries. De quoi faire passer, auprès de l’opinion turque, la pilule amère de la réconciliation avec Israël et de l’abandon plus ou moins prévisible de la rébellion syrienne.

Oui, ce putsch était décidément un cadeau de Dieu…

http://www.chroniquesdugrandjeu.com/2016/07/sultan-va-la-cruche-a-l-eau.html?utm_source=_ob_email&utm_medium=_ob_notification&utm_campaign=_ob_pushmail

Quels enseignements pouvons-nous tirer, nous, Français et Européens de l’Ouest, de l’échec de ce coup d’État éclair

 

La Turquie a décidé d’abandonner définitivement le kémalisme pour redevenir une nation confessionnelle, et l’un des cœurs du monde islamique sunnite. Imams et politiques marchent main dans la main. Enfin, forts de ce constat, comment pouvons-nous laisser nos dirigeants négocier avec le sultan Erdoğan avec, à la clé, la funeste hypothèse de la libre circulation de ses ressortissants dans l’Union européenne ? Erdoğan ne protégera jamais l’Europe, car il en est un adversaire historique. La Turquie n’est pas un pays européen. Faudrait-il encore expliquer cette évidence ?

Les Turcs de France se sont d’ailleurs mobilisés pour soutenir leur chef, hurlant « Allah Akbar » dans les rues de Strasbourg. Édifiant et très inquiétant.

Mais ça n’est pas tout. L’Union des organisations islamiques de France (UOIF) a publié un tweet explicite : « Ya Allah protège la stabilité et la démocratie de l’État turc ! Ya Allah protège la Turquie ! » Les opposants turcs oppressés apprécieront…

Surtout, de quel droit une organisation religieuse « française » (sic) se permet-elle de prendre position sur une situation étrangère qui, théoriquement, ne la concerne pas ? L’UOIF recevrait-elle des financements d’Ankara ? Quoi qu’il en soit, il faudra dissoudre cette association, dont les liens avec les fondamentalistes sont prouvés, ainsi que ses connexions avec des États étrangers.

Ce coup d’État raté ne fera que renforcer la mainmise de son clan sur le pays qui possède la deuxième force militaire du pourtour méditerranéen… En comparaison, François Hollande et Angela Merkel sont des nains. Il n’est donc pas étonnant que ce dernier puisse les manipuler et installer des cinquièmes colonnes chez nous.

Gabriel Robin Boulevard Voltaire 17/7/2016

http://www.bvoltaire.fr/gabrielrobin/coup-detat-avorte-en-turquie-quels-enseignements-en-tirer,272079

NOTE DE BRUNO BERTEZ

Un incroyable soutien au dictateur turc Erdogan en France même !

Les Turcs de France se sont mobilisés pour soutenir leur chef, hurlant « Allah Akbar » dans les rues de Strasbourg.

L’Union des organisations islamiques de France (UOIF) a publié un tweet incroyable : « Ya Allah protège la stabilité et la démocratie de l’État turc ! Ya Allah protège la Turquie ! » . Avec les assassinats en cours, les arrestations et les épurations en cours, les bisounours apprécieront.

De quel droit une organisation religieuse « française » , selon toute vraisemblance subventionnée, se permet-elle de prendre position sur une situation étrangère qui, théoriquement, ne la concerne pas ? L’UOIF recevrait-elle en plus des subsides et des financements d’Ankara ?

De toute façon, ce qui vient de se passer est clair, il suffit de lire les comptes rendus, les imans ont immédiatement appelé à soutenir Erdogan, et à le protéger. Les fidèles ont été appelés à descendre  dans la rue; on ne sache plus, la page du Kémalisme est tournée,  le régime est clairement redevenu confessionnel. Confessionnel sunnite avec à sa tête un illuminé mégalomane qui a la seconde armée de la région.

EN BANDE SON

   NI PUB, NI SPONSOR, NI SUBVENTION, SEULEMENT VOUS ET NOUS….SOUTENEZ CE BLOG FAITES UN DON

Quitter la version mobile