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Mouvement Liberté : Réflexion ; Pour Ne Pas Perdre Le Fil Par Bruno Bertez

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Réflexion ; Pour Ne Pas Perdre Le Fil

Par Bruno Bertez Le 31 Juillet 2016

Nous avons souvent expliqué que nos écrits doivent se lire comme un feuilleton, un livre ou une chronique. Ils se suivent, se complètent et s’éclairent les uns après les autres.

Malgré les sollicitations d’amis comme Pierre Marcel Favre, l’excellent éditeur Suisse, nous ne sommes pas intéressés par la publication sous forme « livre » car le livre est « mort », statique, il ne permet pas de coller à l’actualité du vivant. A peine est-il publié qu’il faut, sur les matières que je traite, réviser et préparer une nouvelle édition. La compréhension se produit, elle n’est pas une donnée que l’on découvre, c’est un processus. Avec des essais et erreurs, bien sûr. L’approche n’est jamais que tang(d)entielle.

Seuls la continuité et le tout permettent de donner un sens à notre histoire présente.

Ce qui est fascinant, c’est le fatras quotidien, le chaos des nouvelles, l’actualité qui fuse de toutes part, qui se fait sous nos yeux, qui se dissimule pour mieux nous embarrasser dans nos commentaires. L’actualité est à décoder et tout est fait pour gêner le vrai décodage, la reconstruction du sens caché et même inconscient.

Ce qui se donne à voir c’est pour enfumer et donc pour induire en erreur. Tout ce qui vous est présenté est déjà transformé, traduit, torturé et prend un air d’évidence qui laisse votre esprit critique sans défense. C’est vrai bien sûr en ces temps de guerres, de tueries et d’attentats, mais c’est encore plus vrai en matière économique et sociale, depuis que nous sommes en crise.

L’une des réussites des élites par exemple est d’avoir réussi à vous faire oublier l’origine de tout ce que nous connaissons maintenant : la crise de 2008, crise de la finance, crise du système de la dette. Leur succès est d’avoir cassé le lien qui donne son sens au présent. Si il faut vous laminer, ce n’est plus une conséquence de la crise de la dette, une conséquence de la volonté de puissance allemande, non, c’est … parce qu’« il faut » … être moderne.

L’actualité est une reconstruction, elle ne se donne pas à voir comme telle. Tenter d’y voir plus clair dans un monde d’enfumage est bien plus passionnant qu’écrire un livre définitif. Les théories, les clefs se fabriquent en même temps que les serrures, et que se dressent les portes à ouvrir.

Pour que les gens acceptent de s’intéresser à des matières complexes, comme celles que je traite, il faut qu’ils y aient un intérêt, une curiosité ; car c’est un travail ou si on veut un investissement, pas une consommation. Il faut de l’attention, du vocabulaire, des outils intellectuels. Il faut de la motivation. L’enjeu, ce n’est pas d’être intelligent ou cuistre, mais de retrouver le fil du sens de sa vie. Etre désaliéné, cesser d’être étranger à soi-même.

Nous essayons de partir de ce qui apparait, de ce qui se produit afin que le lien puisse être fait entre l’Idée et la Réalité. On réussit à faire passer une idée à partir des faits, pas toujours, mais quelquefois. Les idées en tant que telles, ne passent pas ou plus. Le monde moderne rejette l’intellectualisme, tout s’acharne à rabaisser le travail théorique, la critique philosophique.

L’opposition n’est pas entre intellectuel et manuel, non elle est entre la perception, l’évidence, l’immédiat, les émotions d’un côté   et l’élaboration intelligente, le travail qui consiste à essayer de comprendre de l’autre. Ce travail est tourné en dérision. « Chien de lisard » dit-on déjà chez Stendhal ! Les mass médias bannissent l’intelligence car elle les met en danger. Elle est l’arme pour détruire leur nocivité et donc leur emprise. La fonction des mass médias est de légitimer ce que l’on sait déjà, de vous faire accepter ce qui est.

Les élites harkis travaillent pour les dominants

Bien peu comprennent que c’est un processus de domination : aux dominants le travail de l’intelligence est réservé et aux autres les jeux du cirque, le foot, la TV, les réseaux sociaux. Il est évident qu’il y a des élites qui pensent et qui nourrissent les classes ultra supérieures de théories, d’outils qui leur permettent d’exercer et de maintenir leur domination, même maintenant alors que nous sommes dans une véritable crise de reproduction de cette domination. Ces élites sont des sortes de traitres sociaux, ils détournent le bien commun, la connaissance, au profit des intérêts particuliers, comme ils le font déjà avec cet autre bien commun, la monnaie. Ils mettent un savoir et des acquis qui n’appartiennent à personne, qui sont des produits de l’histoire de l’humanité, au service d’intérêts particuliers. Nous pensons plus particulièrement à ces outils qui « s’originent » dans les théories de la communication, laquelle a été récupérée sous forme de propagande et de manipulation des sujets.

L’une des armes des dominants et de leurs élites complices est la destruction radicale de la notion de Vérité. Nous sommes au-delà du mensonge, nous vivons dans le ni vrai ni faux, dans un monde ou les catégories traditionnelles, éternelles ne sont plus adaptées. La parole politique ou publicitaire n’est ni vraie ni fausse, elle crée un autre monde. Un monde de croyances. Elle fait vivre dans un autre monde, elle structure cet autre monde et maintenant elle structure les êtres, les sujets eux-mêmes. Ils nous ont fait rentrer, eux les soi-disant laïcs récupérateurs de nos idolâtries, dans un nouveau monde de croyances, croyances humanistes par exemple. Ce qui fait que pour oser manifester son amour pour la vérité, il faut renoncer à ces nourritures humanistes, à ces biscuits et « nonos » du chienchien de Léo Ferré, et oser être cynique, il faut oser avoir « le regard méchant » de Musil. Il faut renoncer à la consommation de leur production de pseudo-vérités/croyances.

Nous sommes plus loin que dans le mensonge ou l’enfumage nous sommes « Ailleurs », dans un monde que l’on a construit, que l’on construit sous nos yeux aveugles, pour mieux nous dominer. Nous habitons, nous sommes traversés par ce que nous appelons la Névrose Sociale.

Ils ont commencé par détruire la notion même de Vérité

La notion de vérité est centrale, elle a à voir avec celle de liberté. S’il n’y a pas de vérité, alors les Pouvoirs ont gagné. C’est le règne des sophistes, de ceux qui ont le droit, l’accès à la parole. Alors tout est relatif, historique, tout peut être construit ; c’est le constructivisme de nos ennemis, socialistes, dirigistes, planistes qui prend le pouvoir.

La vérité est en quelque sorte la référence de la liberté. Mais les élites ont fait un grand pas, elles ont réussi à persuader le peuple que la Vérité n’existe plus, et elles ont réussi à le faire en détournant la science; sous prétexte que la science révise sans  cesse ses connaissances, elles nous ont fait croire que tout était révisable.  Comme si le progrès continu des sciences, sa capacité à renouveler la connaissance de la vérité impliquait que la vérité n’existe pas ! La vérité existe, et ce n’est pas la vérité qui change, non, c’est la connaissance de la vérité qui progresse ! Ils nous font prendre un contre-sens pour du sens. Des gens comme Macron par exemple tentent de conquérir le pouvoir à partir de ces idées, des idées comme la Modernité ! La Modernité serait en quelque sorte la valeur qui permet la destruction de la vérité d’hier en introduisant un recours à la magie qui ferait que tout ce qui est à venir est supérieur à ce qui est.

Des imbéciles usurpateurs comme Foucault on beaucoup fait pour tuer les notions de vérité et d’objectivité, et les livrer sur un plateau d’argent aux classes dominantes. Ils ont détruit sans bien comprendre des catégories indispensables à la constitution du sujet et à la vie en   société au profit des Pouvoirs lesquels les ont récupérées, tordues, inversées pour en faire des chaines de la nouvelle servitude. Au lieu de vous renvoyer à la vérité, à l’objectivité, à la connaissance, à la rationalité, les pouvoirs vous renvoient à l’opinion, à la solidarité, à l’utile ! A ce qui marche.  La nouvelle vérité est au service des Pouvoirs et c’est radical, y compris dans ce qui est fondamental, la constitution des sujets. Vous êtes des produits ; des produits non pas du vrai, du symbolique, mais des produits de leur imaginaire. Vous êtes dans la célèbre « bouteille à mouches ».

Pour ne pas perdre le fil malgré l’enfumage

Nous avons dès le début de 2009 émis un diagnostic et un pronostic :

1- nous sommes dans une crise de reproduction du système, celui-ci bute sur ses limites, il a tenu, il a joué les prolongations par le crédit et le crédit est à la fin de son cycle.

2- Dans la voie qui est choisie qui est celle de tenter de prolonger le cycle du crédit, d’en repousser les limites, il n’y a pas de solution et surtout pas de possibilité de retour en arrière, nous avons écrit : « ils ont brulé nos vaisseaux ». C’est le toujours plus.

L’histoire récente est celle d’une illusion, illusion de la toute-puissance, illusion de la maitrise de tout, y compris de la Rareté et de la Valeur. La folie consiste à croire que la manipulation des perceptions et des chiffres dans les livres de compte change le Réel. Et c’est ainsi que l’on a créé un univers parallèle de valeurs financières, de richesses nominales, de promesses, d’actifs virtuels   qui n’ont plus aucune chance de pouvoir être honorés, sauf à accepter la destruction de ce en quoi ils sont libellés : la monnaie.

Toute l’histoire depuis cette date s’analyse comme le déroulement de cette tentative démiurgique, faustienne de donner vie aux ombres, de continuer encore un peu : on ne peut plus arrêter les faux remèdes, on ne peut qu’en augmenter les doses. Au besoin en en changeant les noms comme on essaie de le faire en ce moment avec « l’helicopter money » qui n’est rien d’autre qu’un QE avec des bretelles et des moustaches…

Mais au passage, tout notre système se modifie, il mute et se pervertit. Les changements touchent les produits, les processus, les structures, les superstructures, les théories, les corps sociaux, et en fine ils touchent l’ordre supérieur, l’ordre politique.

Qui ne voit que la dislocation des bipartismes, la dislocation des blocs comme l’européen la montée de ce qu’ils appellent les populismes, le discrédit de Clinton, l’ irrésistible ascension de Trump, le refus de l’invasion migratoire, celui de la destruction des classes moyennes etc etc, tout cela c’est l’ordre politique qui se défait sous nos yeux.?

Et ce n’est pas parce que les gens sont mauvais, méchants, fascistes, extrémistes, non, c’est parce que l’ordre politique est en cours de destruction par ceux-là même qui se plaignent de la monté des populismes, il est détruit par ceux-là même qui tentent de le prolonger à leur seul profit.

Au-delà du politique, il y a le géopolitique, c’est à dire la guerre ou la paix. Et la prochaine étape, ce sera la guerre, nous en avons semé les germes. Les esprits se préparent, les ennemis se fabriquent, les sociétés se remilitarisent.

La guerre sera la grande réconciliation entre la névrose et le réel.

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