Site icon Le blog A Lupus un regard hagard sur Lécocomics et ses finances

Trumponomic : Le nationalisme économique comme doctrine économique appliqué aux Etats – Unis

Publicités

Trumponomic : Le nationalisme économique comme doctrine économique appliqué aux Etats – Unis

 Nationalisme économique.

« A l’instar du populisme d’Andrew Jackson, nous allons construire une mouvement politique totalement nouveau . Les conservateurs vont devenir fous. Je vais pousser à l’adoption d’un plan d’investissement d’un millier de milliards dans les infrastructures. Avec des taux d’intérêts négatifs dans le monde entier, c’est une grande opportunité pour tout reconstruire. Ce sera aussi formidable que dans les années 30, plus important que la révolution Reagan, les conservateurs et les populistes réunis dans un mouvement nationaliste économique. » « Je suis Thomas Cromwell à la cour des Tudors. » Stephen K. Bannon, dans une interview publiée, vendredi 18 novembre, sur le site Hollywoodreporter.com

L’idée de base de ce programme a été récemment exposée dans une interview par Steve Bannon, le principal stratège nouvellement nommé de Trump. Trump l’a désigné comme un de ses plus importants conseillers, avec le chef de cabinet Rience.

Dans l’interview, Bannon a commencé par expliquer qu’il n’est ni un raciste ni un nationaliste ethnique, mais un «nationaliste économique». Il veut, comme élément central, un immense programme d’infrastructures se montant à 1 000 milliards de dollars. Il veut des routes, des ponts, des écoles, même des chantiers navals, et veut… faire financer tout cela par l’étranger. L’idée de base est d’offrir un rendement du capital raisonnable dans un monde plein d’intérêts négatifs, et d’attirer des capitaux étrangers en masse. Lorsque d’autres zones économiques sont en difficulté – car ce n’est que pour cette raison qu’elles ont des intérêts négatifs – la nouvelle administration veut en profiter et offrir des possibilités de placement attractives aux États-Unis pour les capitaux qui demandent en vain des taux de rentabilité dans leurs propres pays.

Ce que Bannon veut exploiter, implicitement, c’est cette dominance du dollar comme monnaie mondiale. Les États-Unis ont un taux d’épargne extrêmement faible en comparaison historique et internationale. Les ménages privés, les entreprises et l’État épargnent beaucoup trop peu et consomment trop.

Si le président nouvellement élu, qui est le cœur du système monétaire mondial (la monnaie de référence), fait son programme d’un agenda purement intérieur («l’américanisme plutôt que le mondialisme»), cela deviendra tôt ou tard difficile et même inconfortable à long terme pour le système monétaire. Le dollar US reste la monnaie de référence ou de réserve de l’économie mondiale. De nombreuses monnaies d’autres pays sont fixes ou liées au dollar avec une marge de fluctuation. Elles reprennent donc ses taux d’intérêts. Les marchés de capitaux étasuniens sont les plus profonds et les plus liquides au monde, c’est pourquoi leur formation des prix – taux d’intérêts, cours des actions – rayonne aussi sur de grandes monnaies flexibles, comme l’euro. La plus grande partie du commerce mondial est facturée en dollars. Les prêts en dollars dominent l’attribution internationale du crédit. La majorité écrasante des prêts internationaux sont appréciés en dollars US, et notamment en Libor plus.

Dans toute une série de pays émergents il y a déjà une pénurie effective de dollars (dollar-shortage). Cela concerne le Venezuela, l’Égypte, le Nigeria, l’Angola, l’Ouzbékistan, etc. Ces pays n’ont, comme l’Europe immédiatement après la Seconde Guerre mondiale, plus de devises en dollar pour payer les échanges. Dans quelques-uns de ces pays, cela a déjà causé un manque d’approvisionnement critique en denrées alimentaires, parce que celles-ci ne peuvent plus être importées. Le pire pourrait bientôt arriver. L’Arabie saoudite a pu se donner un peu d’air grâce à un énorme placement obligataire. Ce pays hyper riche n’a pas pu honorer non plus ses paiements, notamment aux travailleurs immigrés d’Inde, du Pakistan, du Bangladesh ou à de grandes entreprises de construction américaines, espagnoles et italiennes.

Des taux d’intérêts américains croissants et la hausse du dollar conduisent ainsi à une situation où la couverture des engagements en dollars devient toujours plus coûteuse et fait même d’un dollar US fort, un thermomètre de l’aversion mondiale pour le risque, comme l’a été la volatilité sur le marché boursier jusqu’en 2009.

Néanmoins, le nouveau gouvernement veut une politique de relance très importante. Il veut appliquer un grand programme d’infrastructures et en plus, du moins selon les déclarations faites pendant la campagne électorale, réduire les impôts sur une assiette encore plus large, pour les contribuables privés comme pour les entreprises. Cela paraît une démarche à haut risque. Elle n’est pas simplement comparable à 1982, lorsque le président Reagan a appliqué sa politique budgétaire marquée par les dépenses de défense et les baisses d’impôts. À l’époque, les taux d’intérêt ont baissé considérablement, et maintenant ils doivent monter. À ce moment-là, l’endettement privé et celui de l’État étaient relativement bas par rapport au produit intérieur brut, aujourd’hui les deux sont très élevés. L’administration Trump ne peut cependant que partir de taux d’inflation très faibles, alors que Reagan a commencé avec une inflation à deux chiffres.

Taux d’épargne net des États-Unis. (Source: US Bureau of Economic Analysis, Fredgraph)

Ce n’est que si l’étranger finance un tel programme et si le taux d’épargne intérieur augmente avec le temps que ce calcul risqué peut tomber juste.

http://lesakerfrancophone.fr/le-dollar-larme-la-plus-efficace-donald-trump-lance-lassaut-contre-leurope

EN BANDE SON : 

Quitter la version mobile