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Etats Unis – Neocons : Les Kagan sont de retour, des guerres vont suivre (Robert Parry)

Les Kagan sont de retour, des guerres vont suivre


Par Robert Parry – Le 19 mars 2017 – Source Strategic Culture

Victoria Nuland, l’ancienne secrétaire d’Etat adjointe pour les affaires européennes qui a poussé au coup d’Etat en Ukraine et aidé à choisir les dirigeants post-coup d’Etat. (Elle est la femme du théoricien néocon Robert Kagan.)

La famille Kagan, l’aristocratie néoconservatrice de l’Amérique, a resurgi après avoir surmonté la déception de n’avoir pas regagné l’influence qu’elle attendait de l’élection de Hillary Clinton et la perte de son pouvoir officiel au début de la présidence de Trump.

Pontifiant sur d’éminentes pages d’opinion, la famille Kagan pousse maintenant à une invasion américaine intensifiée de la Syrie et attaque les Républicains pour ne pas se joindre avec plus d’enthousiasme à la chasse aux sorcières anti-russe à propos de la prétendue aide de Moscou à l’élection de Donald Trump.

Dans une tribune libre parue le 7 mars dernier dans le Washington Post, Robert Kagan, cofondateur du Project for the New American Century (Projet pour le nouveau siècle américain) et architecte majeur de la guerre d’Irak, a attaqué les Républicains pour servir de « complices après coup de la Russie »en n’enquêtant pas plus agressivement.

Ensuite, Frederick Kagan, directeur du Critical Threats Project (Projet pour les menaces critiques) à l’Institut de l’entreprise américaine (néocon), et son épouse, Kimberly Kagan, présidente de son propre think tank, l’Institut pour l’étude de la guerre, a vendu l’idée d’une invasion américaine plus importante de la Syrie dans une tribune libre parue le 15 mars dernier dans le Wall Street Journal.

Pourtant, même si les Kagan gardent leur position dans le monde des think tanks du Washington officiel et dans la publication de tribunes libres, ils restent pour l’essentiel extérieurs aux nouveaux centres de pouvoir de l’ère Trump, bien qu’ils semblent avoir détecté une porte ouverte de force.

Il y a un an, leurs perspectives semblaient beaucoup plus brillantes. Ils pouvaient choisir parmi un grand nombre de candidats républicains d’orientation néocon à la présidence ou – comme Robert Kagan – ils pouvaient soutenir la candidate démocrate de l’establishment, Hillary Clinton, dont l’« interventionnisme libéral » correspondait exactement au néoconservatisme, n’en différant que légèrement dans les rationalisations utilisées pour justifier guerres et encore plus de guerres.

L’ancienne secrétaire d’Etat adjointe aux Affaires européennes, Victoria Nuland, a plaidé pour le coup d’État ukrainien et a aidé à choisir les dirigeants de l’après-coup. (Elle est l’épouse du théoricien du néocentre Robert Kagan.)

Il y avait aussi l’espoir qu’une présidence Hillary Clinton reconnaîtrait combien sympathiques étaient les faucons libéraux et les néocons en faisant passer l’épouse néocon de Robert Kagan, Victoria Nuland, de secrétaire d’État adjointe aux affaires européennes à secrétaire d’État.

Ensuite, il y aurait un puissant élan pour accroître l’intervention militaire américaine en Syrie et faire mousser la Nouvelle Guerre froide avec la Russie, remettant à l’ordre du jour un « regime change »  pour ces deux pays. Ainsi, au début de l’année dernière, les possibilités semblaient infinies pour la famille Kagan de bander leurs muscles et de se faire un tas d’argent.

Une entreprise familiale

Comme je l’ai noté il y a deux ans dans un article intitulé A Family Business of Perpetual War (Le business-modèle familial de la guerre éternelle), « L’expert néoconservateur Robert Kagan et sa femme, la secrétaire d’État ajointe Victoria Nuland, dirigent une entreprise familiale remarquable : elle a provoqué une guerre chaude en Ukraine et aidé à déclencher la Nouvelle Guerre froide avec la Russie et lui intervient pour demander que le Congrès augmente les dépenses militaires afin que l’Amérique puisse faire face aux nouvelles menaces à sa sécurité. »

L’éminent intellectuel néocon Robert Kagan (Crédit photo Mariusz Kubik – http://www.mariuszkubik.pl)

 « Cet extraordinaire duo mari et femme fait quasiment d’une pierre deux coups pour le complexe militaro-industriel, une équipe interne-externe qui crée le besoin de plus de dépenses militaires, exerce des pressions politiques pour assurer des crédits plus élevés et s’assure que les fabricants d’armes reconnaissants prodiguent des subventions généreuses aux groupes de réflexion bellicistes partageant la même opinion qu’eux à Washington.

Non seulement la communauté plus large des néoconservateurs en bénéficie, mais d’autres membres du clan Kagan aussi, y compris le frère de Robert, Frederick, qui émarge à l’American Enterprise Institute, et sa femme Kimberly, qui dirige sa propre affaire, l’Institute for the Study of War. »

Mais les choses ne se sont pas tout à fait passées comme les Kagan l’avaient prévu. Les Républicains néocons ont trébuché sur les primaires du GOP [le « grand vieux parti », le Parti républicain, NdT], perdant en faveur de Donald Trump, et ensuite – après que Hillary Clinton eut jeté dehors le sénateur Bernie Sanders pour revendiquer l’investiture démocrate – elle a perdu l’élection générale devant Trump.

Après sa victoire surprise, Trump – malgré tous ses nombreux défauts – a reconnu que les néocons n’étaient pas ses amis et surtout, il les a laissés dehors dans le froid. Nuland a non seulement perdu son poste politique de secrétaire d’État adjointe, mais a aussi démissionné du Service des Affaires Étrangères.

Avec Trump à la Maison Blanche, le milieu de la politique étrangère dominé par les néocons du Washington officiel en a pris un coup, mais il est loin d’être éliminé. Les néocons se sont fait lancer une bouée de sauvetage par les Démocrates et les libéraux, qui détestent tellement Trump qu’ils ont été heureux de relever l’étendard tombé à terre de Nuland et de la Nouvelle Guerre froide avec la Russie. Dans le cadre d’un plan douteux pour chasser Trump, les Démocrates et les libéraux ont exagéré les accusations sans preuve que la Russie avait comploté avec l’équipe de Trump pour truquer les élections américaines.

Le chroniqueur du New York Times Thomas L. Friedman a parlé pour une bonne partie de ce groupe lorsqu’il a comparé la prétendue « intrusion » de la Russie au bombardement japonais de Pearl Harbor et aux attentats terroristes du 9/11 par al-Qaïda.

Dans l’émission Morning Joe de MSNBC, Friedman a demandé que les allégations de hacking de la Russie soient traitées comme un casus belli : « C’est un événement de la dimension du 9/11. Ils ont attaqué le cœur de notre démocratie. C’était un événement à l’échelle de Pearl Harbour. » Tant Pearl Harbour que le 9/11 ont conduit à des guerres.

Ainsi, avec de nombreux libéraux aveuglés par leur haine de Trump, la voie était ouverte aux néocons pour se réaffirmer.

Provoquer les Républicains

Robert Kagan a pris la très réputée page de libre opinion du Washington Postpour provoquer des Républicains importants tels que Devin Nunes, président de la Commission du renseignement, qui était en photo au dessus de l’article et du titre du journal, L’ingérence de la Russie.

Le général Petraeus posant devant le Capitole avec Kimberley Kagan, fondatrice et présidente de l’Institut pour l’étude de la guerre. (Photo: ISW’s 2011 Annual Report)

Kagan écrit : « Il aurait été impossible d’imaginer, il y a un an, que les dirigeants du Parti républicain serviraient de fait de facilitateurs à l’ingérence russe dans le système politique de ce pays. Pourtant, étonnamment, c’est le rôle que joue le Parti républicain. »

Kagan reprend ensuite l’opinion commune du Washington officiel, qui a accepté sans scepticisme les affirmations des chefs du renseignement sortants de la présidence Obama, selon lesquelles la Russie avait « hacké »des e-mails démocrates et les avait diffusés via WikiLeaks pour nuire à la campagne de Clinton.

Bien que les responsables du renseignement d’Obama n’aient apporté aucune preuve vérifiable pour étayer leurs affirmations – et que WikiLeaks nie avoir obtenu les deux séries d’e-mails des Russes – celles-ci sont largement acceptées par le Washington officiel, comme raisons pour discréditer Trump et éventuellement chercher à le faire renoncer à son mandat.

Ignorant le conflit d’intérêt des personnes nommées par Obama, Kagan a jugé qu’« étant donné la signification de cette découverte particulière [sur l’ingérence russe], la preuve doit être convaincante » et a justifié « une enquête sérieuse, large et ouverte ».

Mais Kagan a aussi dû reconnaître le potentiel pour les néocons de se frayer un chemin vers le pouvoir derrière l’écran de fumée d’une Nouvelle Guerre froide avec la Russie.

Il a déclaré :

« La question la plus importante concerne la capacité de la Russie à manipuler les élections américaines. Ce n’est pas un problème politique. C’est un problème de sécurité nationale. Si le gouvernement russe a interféré dans le processus électoral aux États-Unis l’an dernier, il a la capacité de le faire dans toutes les élections à venir. C’est une arme puissante et dangereuse, plus dangereuse que des navires de guerre, des chars ou des bombardiers.

Ni la Russie ni aucun adversaire potentiel n’a le pouvoir de porter atteinte au système politique américain avec des armes de guerre. Mais en créant des doutes sur la validité, l’intégrité et la fiabilité des élections américaines, il peut ébranler ce système jusque dans ses fondations. »

Une réalité différente

Si alarmiste qu’ait été la tribune libre de Kagan, la réalité est très différente. Même si les Russes avaient hacké les e-mails démocrates et passé d’une manière ou d’une autre l’information à WikiLeaks – un argument non fondé et contesté – ces deux vagues de divulgation d’e-mails n’ont pas été si importantes pour le résultat de l’élection.

L’ancienne secrétaire d’État Hillary Clinton et le sénateur Bernie Sanders. (NBC photo)

Hillary Clinton a accusé le directeur du FBI James Comey de sa défaite surprise, pour avoir brièvement réouvert l’enquête sur son utilisation d’un serveur privé pour ses e-mails, alors qu’elle était secrétaire d’État.

En outre, de toute évidence, les e-mails diffusés par WikiLeaks étaient réels et révélaient des actes répréhensibles commis par des Démocrates de premier plan comme le Comité national démocrate, infléchissant les primaires contre le sénateur Bernie Sanders en faveur de Clinton. Les e-mails du directeur de campagne de Clinton, John Podesta, ont révélé le contenu des conférences payées de Clinton à Wall Street, qu’elle essayait de cacher aux électeurs, ainsi que certains dispositifs de pay-to-play (payer pour jouer) de la Fondation Clinton.

En d’autres termes, les communiqués de WikiLeaks ont aidé à informer les électeurs américains sur les abus commis dans le processus démocratique étasunien. Les e-mails n’étaient pas de la « désinformation » ou des « fausses nouvelles ». C’était de vraies informations.

Une révélation semblable s’est produite avant l’élection et cette semaine, lorsque quelqu’un a fait fuiter des détails sur les déclarations d’impôt de Trump, qui sont protégées par la loi. Cependant, à part dans le camp Trump, presque personne n’a pensé que cet acte, publier les déclarations d’impôts d’un citoyen, était en quelque sorte une menace pour la démocratie américaine.

Le sentiment général était que les Américains ont le droit de connaître ce genre de détails sur quelqu’un cherchant à entrer à la Maison Blanche. Je suis d’accord, mais cela ne signifie-t-il pas également que nous avions le droit d’être au courant des abus de pouvoir du DNC qui a huilé les rouages pour la nomination de Clinton, du contenu des discours de Clinton aux banquiers de Wall Street et sur les gouvernements étrangers recherchant de l’influence en contribuant à la Fondation Clinton ?

Pourtant, parce que les représentants politiques nommés par Obama dans la communauté américaine du renseignement « estiment » que la Russie était la source des e-mails de WikiLeaks, l’attaque contre la démocratie étasunienne est une raison pour déclencher la Troisième Guerre mondiale.

Encore plus de propos grossiers

Mais Kagan n’était pas satisfait des accusations non étayées sur la Russie sapant la démocratie américaine. Il a affirmé, comme un « fait » – bien que sans présenter de preuve, de nouveau –, que la Russie « interfère dans les élections à venir en France et en Allemagne, et elle s’est déjà immiscée dans le récent référendum en Italie et dans de nombreuses autres élections dans toute l’Europe. La Russie déploie ses armes contre le plus de démocraties possibles, pour saper la confiance du public dans les institutions démocratiques. »

Le secrétaire d’État américain John Kerry, flanqué de la secrétaire d’État adjointe pour les affaires européennes et eurasiennes Victoria « Toria » Nuland, s’adresse au président russe Vladimir Poutine lors d’une rencontre au Kremlin à Moscou, en Russie, le 14 juillet 2016. (State Department Photo)

 

 

Il y a eu beaucoup de contorsions dans le Washington officiel et les médias dominants à propos de l’ère de la « post-vérité », mais ces prétendus avatars de la vérité sont aussi coupables que n’importe qui, agissant comme si répéter constamment une affirmation sans relation avec un fait était la même chose que de prouver celui-ci.

Mais ce que Kagan et d’autres néocons ont en tête est clair, une escalade des hostilités avec la Russie et une augmentation substantielle des dépenses américaines en matériel militaire et de la propagande occidentale pour « contrer » ce qui est considéré comme de la « propagande russe ».

Kagan reconnaît qu’il a déjà beaucoup de Démocrates et de libéraux importants de son côté. Donc il se tourne vers les Républicains pour les forcer à rejoindre le dénigrement retentissant de la Russie. Il écrit :

« Mais ce sont les Républicains qui couvrent l’affaire. L’actuel dirigeant du parti, le président, met en question les découvertes, les motifs et l’intégrité de la communauté du renseignement. Les chefs républicains au Congrès se sont opposés à toute création d’une commission d’enquête spéciale, interne ou externe au Congrès. Ils ont insisté pour que les enquêtes soient menées par les deux commissions du renseignement.

Pourtant le président républicain de la commission de la Chambre a indiqué qu’il ne voit pas d’urgence à l’enquête et a même mis en question le sérieux et la validité des accusations. Le président républicain de la commission du Congrès a abordé la tâche à contrecœur.

Le résultat est que les enquêtes semblent destinées à avancer lentement, produisent peu d’information et en fournissent encore moins au public. Il est difficile de ne pas en conclure que c’est précisément l’intention de la direction du Parti républicain, tant à la Maison Blanche qu’au Congrès. […]

Lorsque des Républicains s’opposent à des enquêtes approfondies, ouvertes et immédiates, ils deviennent les complices de la Russie après coup. »

Mentir avec les néocons

Beaucoup de Démocrates et de libéraux peuvent trouver encourageant qu’un néocon important, qui a contribué à ouvrir la voie à la guerre en Irak, soit maintenant de leur côté, en coulant les Républicains pour ne pas se joindre avec enthousiasme à la dernière chasse aux sorcières russes. Mais ils pourraient aussi faire une pause pour se demander comment ils ont laissé leur haine pour Trump les mener à une alliance avec les néocons.

Le président russe Vladimir Poutine après son discours à l’Assemblée générale de l’ONU le 28 septembre 2015. (UN photo)

 

Mercredi [15 mars], dans le Wall Street Journal, Frederick, le frère de Robert Kagan, et son épouse ont fait tomber un domino supplémentaire, exposant le vieux rêve néocon d’une invasion américaine totale de la Syrie, un projet mis en suspens en 2004 à cause des revers subis par les États-Unis en Irak.

Mais les néocons désiraient depuis longtemps un « changement de régime »en Syrie et n’était pas satisfaits de l’armement des rebelles anti-gouvernementaux par Obama et de l’infiltration limitée des Forces spéciales US au nord de la Syrie pour aider la reprise de Raqqa, la « capitale » de l’État islamique.

Dans leur tribune du Wall Street Journal, Frederick et Kimberly Kagan appellent à ouvrir un nouveau front militaire dans le sud-est de la Syrie :

« Les forces armées américaines seront nécessaires. Mais les États-Unis peuvent recruter de nouveaux partenaires sunnites arabes en combattant à leurs côtés sur leurs terres. L’objectif, au début, doit être ISIS, parce qu’il contrôle les dernières zones en Syrie où les États-Unis peuvent raisonnablement espérer des alliés sunnites pas encore sous l’influence d’al-Qaïda. Mais l’objectif, après avoir évincé ISIS, doit être de lever une armée arabe sunnite qui puisse finalement vaincre al-Qaïda et aider à négocier un règlement de la guerre.

« Les États-Unis devront faire pression sur le régime d’Assad, l’Iran et la Russie pour mettre fin au conflit dans des termes que les Arabes sunnites accepteront. Ce sera plus facile à faire avec l’indépendance et le levier offert par une base sûre en Syrie. […] Le président Trump pourrait rompre avec la logique bancale et la mauvaise planification qu’il a hérité de son prédécesseur. Il peut transformer cette bataille, mais seulement en transformant l’approche de l’Amérique à son endroit. »

Un nouveau projet pour la Syrie

Autrement dit, les néocons sont revenus à leurs jeux de mots intelligents et à leurs manœuvres stratégiques pour attirer l’armée américaine dans un projet de « changement de régime » en Syrie.

Les néocons ont pensé qu’ils avaient presque atteint ce but, en collant au gouvernement syrien une mystérieuse attaque au gaz sarin près de Damas, le 21 août 2013, et en forçant Obama à lancer une attaque aérienne importante sur l’armée syrienne.

Mais le président russe Vladimir Poutine s’est interposé pour faire en sorte que le président syrien Bachar al-Assad abandonne toutes ses armes chimiques, même s’il continuait à nier toute implication dans l’attaque au gaz sarin.

L’interférence de Poutine contrecarrant le rêve des néocons d’une guerre de « changement de régime » en Syrie a fait passer Poutine tout en haut de la liste de leurs ennemis. Déjà, des néocons importants, comme le président du National Endowment for Democracy, Carl Gershman, visaient l’Ukraine, que Gershman estimait être « le plus grand trophée » et un tremplin pour finalement évincer Poutine à Moscou.

Il a appartenu à la secrétaire d’État adjointe Victoria « Toria » Nuland de superviser le « changement de régime » en Ukraine. Elle a été attrapée sur une ligne téléphonique non sécurisée, à la fin de janvier ou au début de février 2014, en train de discuter avec l’ambassadeur américain en Ukraine, Geoffrey Pyatt, de comment « coller » ou « faire accoucher » le changement du gouvernement ukrainien élu du président Victor Ianoukovitch.

Quelques semaines plus tard, des combattants néo-nazis et ultranationalistes ont mené une violente attaque sur les bâtiments du gouvernement, forçant Ianoukovitch et d’autres personnages officiels à fuir pour sauver leur vie, tandis que le gouvernement américain qualifiait rapidement de « légitime » le régime issu du coup d’État.

Mais le putsch en Ukraine a mené à la sécession de la Crimée et à une guerre civile sanglante avec des Russes ethniques dans l’est de l’Ukraine, des événements que le Département d’État et les médias occidentaux dominants ont qualifiés d’« agression russe » ou d’« invasion russe ».

Ainsi, pendant les dernières années de l’administration Obama, la scène était prête pour que les néocons et la famille Kagan dirigent l’étape suivante de la stratégie, consistant à coincer la Russie et à instaurer un « changement de régime » en Syrie.

Tout ce qu’il leur fallait était que Hillary Clinton soit élue à la présidence. Mais ces plans bien conçus se sont envolés. Malgré son inaptitude totale à la présidence, Trump a battu Clinton, une déception amère pour les néocons et leurs collègues interventionnistes libéraux.

Pourtant, la soi-disant « #Resistance » à la présidence de Trump et l’utilisation sans précédent par le président Obama de ses agences de renseignement pour dépeindre Trump comme un « candidat mandchou »russe, ont donné de nouveaux espoirs aux néocons et à leur programme.

Il leur a fallu quelques mois pour se réorganiser et se regrouper, mais maintenant ils ont l’espoir de faire tellement pression sur Trump à propos de la Russie, qu’il n’aura pas d’autre choix que d’entrer dans leurs plans bellicistes.

Comme c’est souvent le cas, la famille Kagan a tracé le plan d’action – battre les Républicains pour qu’ils se joignent au dénigrement général de la Russie, puis convaincre un Trump adouci de lancer une invasion à large échelle en Syrie. Dans cette entreprise, les Kagan ont les Démocrates et les libéraux comme fantassins.

Robert Parry

Traduit par Diane, vérifié par Wayan, relu par M pour le Saker francophone

http://lesakerfrancophone.fr/les-kagan-sont-de-retour-des-guerres-vont-suivre

Syrie : encore une fois, un jugement hâtif et dangereux (Consortium News)

Robert PARRY 7 aVRIL 2017

Avec le dernier jugement hâtif sur les morts par gaz toxique dans une région occupée par les rebelles au nord de la Syrie, les médias mainstream se révèlent comme une menace pour le journalisme responsable et pour l’avenir de l’humanité. Encore une fois, nous assistons au scénario troublant où le verdict précède l’enquête, même si un tel comportement peut conduire à une escalade dangereuse de la guerre ainsi que du nombre de victimes.

Avant même toute évaluation minutieuse des preuves, Le New York Times et d’autres grands sites d’information US avaient déjà désigné le gouvernement syrien de Bashar al-Assad comme le coupable. Ce qui a relancé l’exigence des États-Unis et d’autres pays de mettre en place une « zone d’exclusion aérienne » en Syrie, ce qui constituerait le début d’une nouvelle guerre de « changement de régime » et entraînerait les Etats-Unis dans une guerre probable avec une Russie dotée d’armes nucléaires.

Alors qu’on en était encore à chercher ce qui s’était réellement passé mardi, nous, le public, avons déjà été préparés pour ne pas croire la réponse du gouvernement syrien selon qui les gaz toxiques pourraient provenir de stocks rebelles et auraient pu être libérés accidentellement ou intentionnellement, provoquant la mort de civils dans un ville de la province d’Idlib.

Un scénario possible est que les avions de combat syriens ont bombardé un dépôt d’armes rebelles où le gaz toxique était stocké, ce qui a provoqué la rupture des conteneurs. Une autre possibilité est un incident organisé par les djihadistes de plus en plus désespérés d’Al-Qaïda qui sont connus pour leur mépris envers la vie d’innocents.

Bien qu’il soit difficile à ce stade de démêler le vrai du faix, ces explications alternatives, me dit-on, sont examinées sérieusement par les services de renseignement américains. Une source a cité la possibilité que la Turquie ait fourni aux rebelles des gaz toxiques (le type exact est indéterminé) pour une éventuelle utilisation contre les forces kurdes opérant dans le nord de la Syrie près de la frontière turque ou pour une attaque terroriste dans une ville contrôlée par le gouvernement comme la capitale Damas.

Les articles du journaliste d’investigation (version française) Seymour Hersh et des déclarations de certains policiers et politiciens de l’opposition turcs ont établi un rôle des services de renseignement turques et des jihadistes affiliés à Al-Qaïda dans l’attaque de gaz sarin du 21 août 2013 à l’extérieur de Damas qui a tué des centaines de personnes, mais le Times et les autres médias persistent à désigner le régime d’Assad.

Propagandistes chevronnés

Mardi, le Times a assigné deux des propagandistes les plus engagés contre le gouvernement syrien pour couvrir l’histoire syrienne des gaz toxiques, Michael B. Gordon et Anne Barnard.

Gordon a été depuis des années aux avant-postes des stratégies de « changement de régime » des néoconservateurs. Il a coécrit l’article honteux sur les tubes en aluminium, publié par le Times le 8 septembre 2002, qui s’appuyait sur les sources gouvernementales US et des transfuges irakiens pour effrayer les étatsuniens avec des « nuages en forme de champignon » s’ils ne soutenaient pas l’invasion imminente de l’Irak par le président George W. Bush. Le timing a parfaitement servi le ’déploiement’ publicitaire de l’administration pour la guerre en Irak.

Bien sûr, l’histoire s’est révélée fausse et a injustement décrédibilisé les sceptiques devant l’affirmation que les tubes en aluminium étaient prévus pour des centrifugeuses nucléaires, alors qu’elles étaient destinées à l’artillerie. Mais l’article a donné une grande impulsion à la guerre en Irak, qui a fini par tuer près de 4500 soldats américains et des centaines de milliers d’Irakiens.

La coauteure de Gordon, Judith Miller, est devenue la seule journaliste américaine connue pour avoir perdu un emploi pour ses articles imprudents et douteux qui ont contribué à la catastrophe en Irak. Pour sa part, Gordon a continué à servir de correspondant respecté au Pentagone.

Le nom de Gordon est également apparu en soutien à « l’analyse vectorielle » maladroite du Times, qui prétendait prouver que l’armée syrienne était responsable de l’attaque au sarin-gaz du 21 août 2013. L’article du 17 septembre 2013 sur l’analyse vectorielle retraçait les trajectoires de deux roquettes, récupérées dans la banlieue de Damas, vers une base militaire syrienne située à 9,5 kilomètres.

L’article était la preuve « concluante » que le gouvernement syrien mentait lorsqu’il niait son rôle dans l’attaque au gaz sarin. Cependant, comme pour l’histoire des tubes en aluminium, l’analyse vectorielle du Times a ignoré les éléments contradictoires, comme le manque de fiabilité du trajet d’une fusée qui a atterri à Moadamiya parce qu’elle avait frappé un bâtiment lors de sa descente. De plus, il faut constater que cette roquette ne contenait pas de gaz sarin, et que son inclusion dans la vectorisation de deux roquettes chargées de sarin n’avait aucun sens.

Mais la version du Times a fini par s’écrouler lorsque les experts en balistique ont analysé la fusée chargée de sarin qui avait atterri dans la région de Zamalka et ont déterminé qu’elle avait une portée maximale d’environ deux kilomètres, ce qui signifie qu’elle ne pouvait pas provenir de la base militaire syrienne. C.J. Chivers, l’un des coauteurs de l’article, a attendu jusqu’au 28 décembre 2013 pour publier à contre-coeur un semblant de démenti. [Voir Consortiumnews.com ’NYT Backs Off Its Syria-Sarin Analysis’]

Gordon a été coauteur d’un autre article bidon publié en première page du Times, le 21 avril 2014, lorsque le département d’Etat et le gouvernement ukrainien ont fourni au Times deux photographies censées démontrer qu’un groupe de soldats russes – photographiés d’abord en Russie – étaient entrés en Ukraine, où ils avaient été photographiés à nouveau.

Cependant, deux jours plus tard, Gordon a été forcé de publier un démenti parce qu’il s’est avéré que les deux photos avaient été prises en Ukraine, démolissant ainsi la prémisse de l’histoire. [Voir Consortiumnews.com ’NYT Retracts Russian-Photo Scoop’.]

Gordon personnifie mieux que quiconque le fonctionnement du journalisme mainstream. Si vous publiez une histoire fausse mais qui confirme la version du pouvoir, votre travail est garanti – même si vos histoires vous explosent à la figure. Mais si vous publiez à contre-courant – et si quelqu’un d’important émet des doutes sur votre version -, vous pouvez facilement vous retrouver à la rue même si votre version s’avère correcte.

Aucun scepticisme n’est autorisé

Anne Barnard, coauteure avec Gordon de l’article sur le gaz toxique syrien, a constamment rapporté le conflit syrien comme si elle était un agent de presse des rebelles, relayant leurs affirmations anti-gouvernementales même lorsqu’il n’y avait aucune preuve.

Par exemple, le 2 juin 2015, Barnard, basée à Beyrouth, au Liban, a rédigé un article publié en Une qui relayait la propagande des rebelles selon lesquels le gouvernement syrien était en quelque sorte complice de l’État islamique, même si le Département d’Etat US a reconnu qu’il n’en avait aucune confirmation.

Lorsque Gordon et Barnard ont fait équipe pour leur article sur la dernière tragédie syrienne, ils n’ont encore une fois montré aucun signe de scepticisme devant les propos du gouvernement US et des rebelles syriens selon lesquels l’armée syrienne était responsable de l’attaque au gaz.

Peut-être pour la première fois, Le New York Times a cité le président Trump comme une source fiable parce que lui et son secrétaire de presse ont dit ce que le Times voulait entendre : Assad est coupable.

Gordon et Barnard ont également cité les controversés Casques Blancs, le groupe de défense civile financé par l’Occident qui a travaillé en étroite proximité avec le Front Nusra d’Al-Qaïda et qui est soupçonné de mettre en scène des ’sauvetages’ héroïques mais qui est malgré tout considéré comme une source fiable – par les médias US.

Dans les premières versions en ligne de l’article du Times, une réaction de l’armée syrienne enfouie dans l’article vers le 27e paragraphe, notait : ’Le gouvernement nie avoir utilisé des armes chimiques, arguant que les insurgés et les combattants de l’État islamique utilisent des gaz toxiques pour accuser le gouvernement ou que les attaques sont des mises en scène ’.

Le paragraphe suivant mentionnait la possibilité qu’un raid de l’aviation syrienne ait frappé un entrepôt rebelle où les gaz étaient stockés, provoquant ainsi involontairement leur dispersion.

Mais l’emplacement de cette réponse était un message clair que le Times ne croyait pas aux déclarations du gouvernement syrien. Dans la version papier de l’article, une déclaration du gouvernement a été déplacée jusqu’au sixième paragraphe, mais toujours entourée de commentaires visant à faire comprendre que le Times acceptait la version rebelle.

Après avoir noté la dénégation du gouvernement d’Assad, Gordon et Barnard ajoutent : « Mais seule l’armée syrienne avait la capacité et le motif de mener une attaque aérienne comme celle qui a frappé la ville rebelle de Khan Sheikhoun ».

Mais ils ont encore une fois ignoré d’autres possibilités. L’une d’entre elles est qu’un raid aérien a détruit des conteneurs de produits chimiques que les rebelles envisageaient d’utiliser dans une attaque future, et l’autre était que les jihadistes d’Al-Qaïda ont organisé l’incident pour susciter précisément l’indignation internationale dirigée contre Assad à laquelle on assiste.

Gordon et Barnard pourraient également se tromper sur le fait qu’Assad soit le seul à avoir un motif d’employer des gaz toxiques. Puisque les forces d’Assad ont pris un dessus décisif sur les rebelles, pourquoi prendraient-elles maintenant le risque de provoquer une indignation internationale ? De leur côté, les rebelles désespérés pourraient voir dans de telles scènes horribles une occasion de changer la donne.

Pressions pour préjuger

Cela ne signifie pas que les forces d’Assad sont innocentes, mais une enquête sérieuse commence par déterminer les faits pour ensuite tirer des conclusions, et non l’inverse.

Cependant, suggérer d’autres possibilités vaudra, je suppose, les accusations habituelles d’être un « apologiste d’Assad », mais refuser de préjuger une enquête, c’est ce que le journalisme est supposé faire.

Mais Le Times ne semble pas être intéressé à établir les faits et les laisser parler d’eux-mêmes. Le Times a pesé de tout son poids mercredi avec un éditorial intitulé « A New Level of Depravity From Mr. Assad. ».

Un autre problème avec le comportement du Times et des médias traditionnels est que, en sautant à des conclusions, ils font pression sur d’autres personnes importantes pour se joindre aux condamnations et qui, à leur tour, peuvent nuire à l’enquête tout en générant une dynamique dangereuse pour la guerre.

Une fois que les dirigeants politiques prononcent le jugement, les fonctionnaires de haut niveau risquent de ne pas être d’accord avec ces conclusions. Nous l’avons déjà vu avec la façon dont les enquêteurs des Nations Unies ont accepté les affirmations des rebelles au sujet de l’utilisation du gaz de chlore par le gouvernement syrien, une série d’accusations que le Times et les autres médias présentent maintenant simplement comme un fait établi.

Pourtant, les affirmations selon lesquelles l’armée syrienne bombarderait avec des « barils » remplis de chlore ont peu de sens parce que le chlore diffusé de cette manière est peu efficace comme arme létale, mais c’est quand même devenu un élément important de la campagne de propagande des rebelles.

Les enquêteurs de l’ONU, soumis à une forte pression des États-Unis et des pays occidentaux pour leur donner quelque chose à utiliser contre Assad, ont soutenu les revendications des rebelles au sujet de l’emploi du chlore par le gouvernement dans quelques cas, mais les enquêteurs ont également reçu des témoignages d’habitants d’une région qui ont décrit la mise en scène d’une attaque de chlore à des fins de propagande.

On aurait pu penser que la preuve d’une attaque organisée renforcerait le scepticisme pour d’autres incidents, mais les enquêteurs des Nations Unies ont apparemment compris ce qui était bon pour leur carrière, alors ils ont confirmé quelques cas allégués supplémentaires malgré leur incapacité à mener une enquête sur le terrain . [Voir Consortiumnews.com “UN Team Heard Claims of Staged Chemical Attacks.”].]

A présent, ce douteux rapport de L’ONU est utilisé pour ce nouvel incident, une conclusion opportuniste justifiant une autre. Mais la question urgente est désormais : le peuple a-t-il suffisamment compris les « opérations psychologiques » et les « communications stratégiques » pour faire preuve d’un scepticisme qui fait cruellement défaut dans les grands médias ?

Robert Parry

Traduction « l’absence de recul nous tuera tous » par VD pour le Grand Soir avec probablement toutes les fautes et coquilles habituelles.

https://www.legrandsoir.info/syrie-encore-une-fois-un-jugement-hatif-et-dangereux-consortium-news.html


Un passionnant article du toujours très informé Robert Parry dévoile de l’intérieur la prise de décision. Il y aurait eu une vive lutte dans les hautes sphères du pouvoir et une gêne évidente parmi la communauté du renseignement, persuadée de l’innocence d’Assad dans l’événement chimique.

CIA & Trump à contremploi ?

Ce texte de Robert Parry nous paraît du plus grand intérêt, car il bouleverserait absolument toute la perception que l’on peut avoir de la décision de Trump d’attaquer la Syrie. Bien entendu, on prendra ses affirmations d’ailleurs extrêmement prudentes pour leur accorder le crédit qu’elles méritent. Il n’empêche qu’il y a beaucoup d’arguments en sa faveur, qui valent bien les affirmations enfiévrées que nous lisons partout, dans un sens ou l’autre, sans autre fondement que la fièvre de leurs auteurs : Parry est un journaliste connu pour son sérieux et ses très nombreuses sources dans les milieux politique et du renseignement à Washington ; c’est un professionnel rigoureux, qui travaille avec méthode, et avec toutes les précautions requises ; ses sources sont sûres, il les évalue constamment, éventuellement il les recoupe, etc. Enfin, et pour compléter l’arrière-plan de ce commentaire, on signalera que Parry a été dès le premier jour un adversaire de Trump, parce qu’il se situe plutôt au centre-gauche comme démocrate, sans pourtant jamais épouser la cause d’Hillary Clinton, parce qu’il est un antiguerre déclaré et sans compromis.

Qui plus est, dans son texte Parry nous explique les hésitations qu’il a connues avant d’envisager de prendre pour éventuellement crédibles les informations qu’on lui donnait. Il nous explique qu’il est finalement arrivé à la conclusion, par divers recoupements, que ces informations avaient certainement assez de crédibilité pour au moins être prises en compte aussi bien que nombre d’autres spéculations, et beaucoup plus qu’un plus grand nombre encore d’affirmations échevelées auxquelles on se heurte sous la plume d’innombrables messies et prédicateurs. Que nous dit Parry, selon ce que sa source lui a communiqué ? En gros, ceci :

• Contrairement à ce qui est supposé, la CIA, qu’on présente d’habitude comme un des acteurs principaux du Deep State devant pousser Trump à suivre la politiqueSystème systématique qui tient lieu de politique de sécurité nationale au profit du Système, n’a nullement été l’une des chevilles ouvrières de la décision d’attaquer en Syrie. Au contraire, le directeur de la CIA Mike Pompeo ainsi que le DNI (Director of National Intelligence) Dan Coats auraient communiqué au président leurs appréciations sur l’attaque au gaz de Iblid, Pompeo ayant personnellement briefé Trump pour lui dire que, selon l’Agence, Assad n’était probablement pas l’instigateur ni le coupable de l’attaque chimique. La source de Parry a poursuivi en précisant que Trump avait rejeté cette conclusion et ne l’avait pas communiquée aux autres membres de son groupe de crise chargé de déterminer la décision que le président prendrait d’attaquer ou non en Syrie.

• Parry a d’abord écarté cette information, supposant une mauvaise interprétation de sa source tant il lui paraissait improbable et incroyable que les deux acteurs, – la CIA et le président, – aient joué ainsi un jeu aussi complètement à contremploi et à front renversé du point de vue de la politique de sécurité nationale, par rapport à leurs rapports exacerbés pendant la campagne USA-2016 et après la victoire de Trump. La CIA (mais alors avec le directeur Brennan, brute épaisse et personnage douteux) voulait contraindra Trump, presqu’avec un “coup d’État silencieux”, à affirmer une politique agressive et belliciste conforme à l’orientation générale et aux exigences de ce qu’on nomme le Deep State. Bien entendu, il allait de soi que Trump s’opposait à cela, – ou bien, quoi ?

• Pourtant, Parry se trouva confronté à une incertitude accrue lorsqu’il vit la “photo de famille”, imitée de celle de la “bande à Obama” regardant en 2011, sur le réseau interne, les images de l’attaque et de la liquidation de ben Laden, – qui pourrait aussi bien être de ces hoax-false flag vrais ou faux dont nous sommes abreuvés par ces temps de post-Vérité. Surprise, surprise : sur la “photo de famille” de la “bande à Trump” observant le fascinant spectacle des tirs de Tomahawk à partir des deux frégates lance-missiles de l’US Navy, impossible de voir, ni le directeur de la CIA, ni le DNI, alors qu’en 2011 Leon Panetta, patron de la CIA, était évidemment parmi les spectateurs. Étrange, étrange, se dit Parry, qu’il n’y ait aucun représentant de l’Intelligence Community (IC) dans cette digne assemblée représentant l’état-major de la communauté de sécurité nationale et du Deep State. Même le New York Times, pourtant le plus digne représentant de la “ligne du parti” et de l’interventionnisme tous azimut remarqua cela (« Even The New York Times noted the oddity in its Saturday editions, writing: “If there were C.I.A. and other intelligence briefers around, … they are not in the picture” »).

• Alors, Parry commence à douter. Il note que Tillerson, complètement novice en la matière, dit à sa conférence de presse que l’IC a confirmé avant le tir des Tomahawk la responsabilité de Assad dans l’attaque chimique, ce qui est tout simplement impossible à réaliser en 24 heures. Conclusion de Parry, reconstituant hypothétiquement le circuit : l’appréciation de la CIA est bien venue directement à Trump, qui l’a gardée pour lui et a affirmé à toute son équipe que la CIA lui avait affirmé directement la confirmation de la responsabilité d’Assad alors que Pompeo avait dit le contraire.

Parry ne conclut pas d’une façon impérative mais, tout de même, il se demande si sa source n’a pas vu juste et si Trump n’a pas joué son jeu perso, trompant d’une part Pompeo, d’autre part son équipe de sécurité nationale, pour forcer à un soutien unanime pour sa décision d’attaquer : « Cela me conduit à me demander si ma source initiale n’était pas effectivement sur un gros coup. L’affirmation conduisait à comprendre que le directeur de la CIA Pompeo avait bien briefé Trump dans le sens que ses services concluaient que les forces d’Assad n’étaient pas responsables, mais, – en mettant Pompeo hors-jeu, – Trump répandit sa propre version des services de renseignement à son équipe personnelle [affirmant le contraire] … »

Drôle de jeu de la part du président populiste, antiguerre, “America-Firster”, voulant la paix avec tout le monde et bannissant l’immonde politique de regime change. Pourquoi Trump a-t-il fait cela, pourquoi a-t-il voulu cette attaque, en doublant et en manipulant la CIA elle-même ? Pour Parry, la réponse est évidente : pour pouvoir faire un coup (l’attaque contre la Syrie) qui fasse cesser la pression du War Party, neocons & Cie, contre lui, faire disparaître ce soupçon d’être une “marionnette de Poutine”, et retrouver une popularité à bon compte (une attaque contre la Syrie, l’illégalité la plus complète, des morts et des destructions, l’aggravation des relations avec la Russie, le risque maximal de l’extension de la guerre, – voilà son “bon compte”).

http://www.dedefensa.org/article/cia-trump-a-contremploi

EN BANDE SON :  

1 réponse »

  1. Bonjour, en complément des informations de Lupus, nous vous proposons avec son autorisation notre Revue de presse quotidienne :
    Revue de presse du jour comprenant l’actualité nationale et internationale de ce mardi 11 avril 2017
    Est disponible dans la section Revue de presse de Crashdebug.fr
    https://www.crashdebug.fr/revue-de-presse
    Et toujours des moments détentes mémorables :
    Moment détente. L’imposture « Emmanuel Macron » démasquée sur Canal Plus
    https://www.crashdebug.fr/diversifion/13205-moment-detente-l-imposture-emmanuel-macron-demasquee-sur-canal-plus
    Merci Lupus,
    Amicalement,
    f.


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