Aristote contre Platon

Décapons un peu le complotisme et son anti complotisme Par Bruno Bertez

Je ne parle plus beaucoup du complotisme car on apprend à vivre avec ce double thème du complotisme et son symétrique, la dénonciation du complotisme.

Si le complotisme et sa dénonciation n’existaient pas il faudrait les inventer car ils constituent une diversion, une distraction  très efficace dans nos systèmes. Ce sont des structures, des formes qui les maintiennent en vie, voire qui les renforcent.

Il en va de même avec la question des rebellocrates façon Zemmour , tant que la rébellion est canalisée par ces gens le système peut dormir tranquille; ils divertissent défoulent, ils permettent une  sorte de sublimation.

Les rebellocrates , c’est l’équivalent du fantasme lors de la masturbation, cela fait jouir sans conséquence. Cela défoule.  Après on est calmé.

L’une de mes grandes idées,  vous le savez est que nos sociétés ont adopté la forme, la structure  masturbatoire, elles déchargent à vide.   La fonction de la modernité- jeux, réseaux sociaux, pornographie, plaisirs imaginaire- est de permettre ces décharges à blanc; quand on habite l’imaginaire on est assez inoffensif!

Tant que l’on se bat sur le complotisme et que l’on use son intelligence, son énergie à en débattre on ne pense pas à autre chose n’est ce pas?  Et cela laisse les  contenus indemnes de toute analyse critique.

Il se passe exactement la même chose avec l’information en général, la structure est en effet la même; elle est répétitive: on attaque les messagers, les locuteurs et on crée un débat sur ce qu’ils sont ou ne sont pas et ainsi on oublie les contenus des messages qu’ils diffusent.

On en voit chaque samedi l’illustration avec la prestation des gilets jaunes et les commentaires qu’elle suscite .

En gros les complotistes sont ceux qui sont contre le système et les dénonciateurs sont ceux qui sont pour le système, il y a peu d’exceptions!

Ce n’est pas un hasard si le thème du complotisme et la lutte contre lui ont été lancés par la CIA, elle qui passe son temps à comploter. Il lui fallait pouvoir désamorcer les révélations, les attaques, les recherches, paralyser leurs diffusions  en les marquant du sceau de la non-recevabilité.

Ce que l’on sait moins c’est que la structure complotisme/anticomplotisme permet de faire jouer Quels que soient les contenus, la Loi des plus forts.

A partir du moment   ou vous avez escamoté les contenus, le sens , la référence au vrai,  ce qui joue c’est le nombre, la quantité de messages . Vous remplacez le qualitatif par  le quantitatif. Si il y a plus de gens qui nient un message que de gens qui le colportent alors le message tombe à l’eau des oubliettes sociales. C’est la fonction des facebooks, twitters et autres que remplacer le qualitatif, le poids et le sens par la quantité et la répétition. Radicalement tout cela consiste à remplacer la verticalité humaine par l’horizontalité des machines, façon Google et Analytica.

La structure complotisme/anti complotisme c’est la structure binaire, celle du monde à deux dimensions ou la  vérité, comme celle de Macron se  détermine  aux voix, « Vous avez voté donc j’ai raison » a t-il dit hier au Salon de l’Agriculture. Le vrai, le juste, le souhaitable se déterminent  au comptage des opinions et donc à la   diffusion /répétition: celui qui gagne c’est cela, c’est  qui  a le pouvoir de répeter quasi à l’infini. C’est celui qui controle BFM.

Il y a une autre dimension qui demeure inexplorée; c’est celle de la philosophie.

Les philosophies modernes ont hérité en partie des découvertes de ce que l’on appelle les philosophies du soupçon.

La philosophie du soupçon c’est cette philosophie qui doute des apparences, des illusions, qui démystifie, qui déconstruit, qui interprète et démasque.

Ces philosophies grattent, elles ne s’attardent pas aux apparences et aux narratives, elles les remettent en question de façon radicale; elles retrouvent les histoires, les genèses, elles s’interrogent sur les désirs de ceux qui parlent,  de ceux qui écrivent de ceux qui fabriquent les opinions.

Les philosophies du soupçon introduisent le doute dans toutes les paroles officielles, dans  les paroles des plus forts et donc celles des élites. Elles valident les herméneutiques et les interpretations au detriment des valeurs faciales. Au detriment des évidences or le principe du recours à l’évidence est une technique des Pouvoirs.

Les philosophies du soupçon sont destructrices de l’ordre établi, elles démolissent décapent, mettent à nu ce qui doit pour les élites rester caché. En un mot elles sont subversives.

Il est donc normal, si les philosophies du soupçon gagnent en popularité et en extension d’application que les  élites luttent contre  elles et c’est la raison radicale pour nous pour laquelle les élites et les ingénieurs sociaux pourris à leur service impriment le sceau de complotisme  sur tout ce qui en est issu. Sur la demarche même qui consiste à refuser ce que l’on voit et ce que l’on affirme comme vrai.

Il faut marquer du sceau, de la flétrissure,  de la non recevabilité tout ce qui vient du caché, de l’analyse des profondeurs, tout ce qui cherche à exhumer l’enfoui, le dissimulé.

Les trois grands philosophes du soupçon sont Nietzsche, Freud, Marx. Ils nous révèlent que le réel n’est pas ce pour quoi il se donne et se présente, ils nous disent qu’il est travesti, déformé, idéologisé,  rendu méconnaissable, qu’il faut chercher en profondeur et décrypter les illusions,  les résistances, les mystifications. La vérité est ailleurs que dans l’apparence, voila qui est irrecevable pour nos élites et autres dominants.

Le problème de  ces zozos est qu’ils finissent par croire à leur discours imaginaires, ils tombent dans leurs propres pièges de leurs fausses croyance et ce faisant ils perdent le contact avec le réel:  ils deviennent inadaptés et sont balayés par l’histoire, par les crises qu’ils n’ont ni vu venir ni su traiter.

Le  système bourgeois repose sur les apparences, la négation de la dialectique, l’ignorance des ressorts efficaces.

BRUNO BERTEZ

EN BANDE SON :

3 réponses »

  1. Merci.
    Aujourd’hui, selon les glissements sémantiques habituels et encouragés, les complotistes sont ceux qui croient – souvent raisonnablement, comble de l’affaire – au complot, et non plus ceux qui les fomentent comme il convient aux ambitieux, arrivés ou siégeants et comme l’histoire infinie en regorge.
    Autre voile sur la réalité, qui, se faisant toile gluante, empêtrent les chercheurs et orateurs lucides.
    Espoir dans le balai des zozos…
    Si l’ancrage ou la résistance continuent de se faire fort.
    Le coup de balai risque toutefois d’y aller plus fort qu’imaginable, je le crains.

  2. Ma question, a un rapport indirect, si vous le permettez, j’aimerais bien comprendre les ressorts de la campagne de de villiers financée par maxwell?

    Etait-ce du bullshit intégral? je le pense eu égard au track record de de villiers et surtout de pasqua

    campagne liée au contrôle de TF1?
    Par exemple, je sais que la loi sur les permis de construire (pas de permis si <20m2) fut surement modifiée en catastrophe pour que la 5 puisse émettre, c'est dire l'enjeu…

  3. Sur les complots la technique du FBI / cia a recours au spoofing avec des théories débiles échafaudées sur mesure par eux
    (flat earther …)
    A l’inverse, il y a une théorie pourtant très répandue qui ne figure plus en france dans les classements donnés par la presse.
    Sinon sur ce classement , toute la finesse est dans l’intitulé de chaque théorie LOL
    Lors du shut down on a constaté que divers comptes de « suprémacistes blancs » aux us sur twitter n’ont pas travaillé (= FBI ils n’étaient pas payés)
    Il est certain que les gilets jaunes sont infiltrés ou avec des porte paroles sous contrôle
    Nous avons pu constater que le SEUL parti en France qui a eu recours à une ferme de trolls est LREM. ceci dernièrement
    (aux us les trolls sont/étaient payés par divid brock= clinton , pas russe LOL)

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