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Chinamerica : Pourquoi Huawei finira par périr…

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Pourquoi Huawei finira par périr

Le groupe technologique chinois Huawei est incapable de survivre aux sanctions économiques imposées par les États-Unis. Il ne faut pas chercher loin pour en trouver la raison : les semi-conducteurs…

Le fabricant chinois de smartphones Huawei s’attend à vendre 40 à 60 % de moins sur le marché des smartphones hors de Chine cette année. Cela, bien sûr, est dû aux sanctions imposées à l’entreprise par les États-Unis. Huawei a été mise sur liste noire, ce qui signifie qu’elle ne peut plus faire affaire avec des entreprises américaines. Ces sanctions auront donc un impact majeur sur le chiffre d’affaires, se sont laissés dire les initiés auprès de la société. L’année dernière, Huawei, avait formé avec Samsung et Apple le top 3 des entreprises qui vendent le plus de téléphones. Le groupe chinois était l’un des rares fabricants de smartphones à pouvoir afficher une croissance dans un marché en déclin l’an dernier.

Huawei tente autant que possible de cacher au monde extérieur les dégâts causés par les sanctions américaines. Au début de ce mois, la société a annoncé avoir déployé 10 000 ingénieurs pour surmonter sa dépendance à l’égard du code américain et des puces informatiques. Mais malheureusement, cela ne servira pas à grand chose. Les experts du secteur estiment qu’il faudra 2 à 3 ans pour y parvenir. D’autres estiment même qu’il faudra 10 ans. Si Trump maintient l’interdiction pour les entreprises américaines de travailler avec Huawei, il sera impossible pour l’entreprise de survivre.

Les semi-conducteurs

Il ne faut pas chercher loin pour en trouver la raison. Si Huawei souhaite que ses téléphones et autres matériels fonctionnent, elle a besoin de semi-conducteurs. Pour fabriquer ces semi-conducteurs, Huawei dépend de logiciels qui ne sont fabriqués que par une poignée d’entreprises américaines et européennes. Intel, Qualcomm, Broadcom, Micron Technology, Western Digital et British ARM. Toutes ces sociétés ont cessé leurs livraisons à Huawei pour se conformer à l’interdiction américaine.

Kevin Frayer / Getty Images

Aujourd’hui, à peine 16 % des semi-conducteurs sont produits en Chine. Selon une étude du Center for Strategic and International Studies, seulement la moitié de ce pourcentage est fabriquée par des entreprises chinoises. La Chine reste donc très dépendante de la technologie étrangère, principalement américaine.

Sans accès à ce matériel et aux mises à jour logicielles nécessaires pour le maintenir opérationnel, Huawei est une cible facile. La société ne peut plus fabriquer de produits compétitifs et menace de couler. Tout comme un certain nombre de producteurs de semi-conducteurs américains et européens, qui réalisent la majorité de leurs ventes en Chine.

Et maintenant quoi, Huawei ?

Que peut faire Huawei ? Sur le plan politique, Huawei pourrait tenter de négocier un règlement avec les États-Unis. Par exemple, en admettant que la société a effectivement contourné l’embargo sur l’Iran. De plus, elle pourrait accepter que ses sites américains soient examinés par des inspecteurs. Cela s’est déjà produit au Royaume-Uni, par exemple. Les États-Unis pensent que Huawei est coupable d’espionnage aux États-Unis.

Mais de même que l’arrestation à la fin de l’année dernière au Canada de Wanzhou Meng, la directrice financière de Huawei, était un coup dur porté au président chinois Xi Jinping, une confession humilierait à la fois la société et le pays. Huawei joue un rôle clé dans les projets de Xi visant  à faire de son pays un acteur dominant dans le monde en matière de nouvelles technologies, notamment la 5G. Pour le moment, rien n’indique que les Chinois sont disposés à faire leur me a culpa.

Wanzhou Meng – EPA

Mais les mauvaises nouvelles ne s’arrêtent pas là. Une série d’autres pays ont passé commande pour la technologie 5G de Huawei. Mais si les États-Unis ne lèvent pas leur interdiction, Huawei aura du mal à remplir ses obligations.

Et si Trump abroge l’interdiction ?

Comme il est apparu lors de la crise avec le Mexique la semaine dernière, Trump est capable de ne s’embarrasser que d’un tweet pour inverser la situation. Mais même si Trump annulait l’interdiction, la réputation de Huawei en tant que partenaire fiable aura tout de même subi un préjudice irréparable. Les entreprises qui négocient des contrats 5G coûteux vont réfléchir à deux fois avant de faire affaire avec une entreprise qui a eu les mains liées par l’Amérique.

Huawei tente pour le moment de contrer la catastrophe en se concentrant sur son marché domestique. prendre le contrôle de la moitié du marché des smartphones en Chine cette année. De cette manière, elle espère compenser la baisse des ventes internationales.

Mais l’avenir de Huawei s’annonce très sombre, comme celui du secteur mondial des télécommunications (valeur : 1 000 milliards de dollars). Les chances que « l’affaire Huawei » entre dans l’histoire comme un tournant de la géopolitique n’ont jamais été aussi grandes qu’aujourd’hui.

« Huawei remplacera Android avec le système d’exploitation russe Aurora »

Le fabricant chinois de smartphones Huawei négocie actuellement avec la société russe Rostelecom concernant l’intégration éventuelle du système d’exploitation Aurora de cette dernière dans ses appareils. Huawei a récemment perdu l’accès aux mises à jour de Google Android à la suite d’une décision du gouvernement américain.

Selon des sources bien informées, l’opérateur de télécommunications russe Rostelcom et l’homme d’affaires local Grigory Berezkine auraient proposé leur aide aux Chinois. Rostelcom et Berezkine sont conjointement propriétaires de la société qui a développé le système d’exploitation mobile Aurora. Rostelcom, de son côté, appartient à plus de 50 % au gouvernement russe.

Les bases d’une éventuelle coopération ont été posées à Saint-Pétersbourg la semaine dernière à l’occasion du Forum économique international. Guo Ping, vice-président de Huawei, s’est entretenu avec Konstantin Noskov, ministre russe du développement numérique et de la communication. Le président chinois Xi Jinping et son homologue russe Poutine auraient discuté de cette question lors de leur récente réunion.

Huawei aurait déjà testé plusieurs de ses appareils avec Aurora. Si ces tests s’avèrent concluants, il y restera peu d’obstacles à l’installation du système d’exploitation Aurora dans les différents modèles Huawei. Selon certaines rumeurs, Rostelcom va produire un certain nombre de modèles Huawei, même si cela n’est pas confirmé.

Qu’est-ce qu’Aurora ?

Aurora est un système d’exploitation basé sur la technologie open-source Sailfish développée par la société finlandaise Joll. Ce sont d’anciens dirigeants de Nokia qui ont fondé cette société. En 2014, le milliardaire russe Berezkin a investi dans Jolla et signé un accord avec le ministère russe des Communications pour développer un système d’exploitation russe pour téléphones mobiles. Depuis 2016, ce projet est dirigé par l’Open Mobile Platform (OMP), qui appartient à Berezkine. En mai 2018, Rostelecom a  racheté 75 % d’OMP à Berezkin. 

Après cela, on avait appris que les cadres de haut niveau des entreprises publiques russes n’étaient autorisés à utiliser que les smartphones dotés de systèmes d’exploitation russes. En 2018, OMP a reçu le nom d’Aurora.

S’il y a une coopération entre Huawei et Aurora, ce serait un exemple assez rare de coopération russo-chinoise. Le « pivot russe à l’est» inspiré par les tensions géopolitiques est souvent resté lettre morte.

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