Mondialisation

TIM BERNERS-LEE : L’UTOPISTE QUI N’A PAS VU VENIR SON ŒUVRE

Internet libre, contrôle global et l’illusion fondatrice du mondialisme numérique

Tim Berners-Lee est un génie.
C’est précisément pour cela que son aveuglement est tragique.

Inventeur du World Wide Web, figure tutélaire de l’Internet “libre”, invité récurrent de Davos, prophète d’un numérique éthique et ouvert, Berners-Lee continue de défendre une utopie qui n’a jamais existé : celle d’un Internet neutre, horizontal, émancipateur par nature.

Le problème n’est pas moral.
Il est politique.


I. UNE INVENTION SANS THÉORIE DU POUVOIR

Le Web est né comme une solution technique à un problème de circulation de l’information scientifique.
Pas comme un projet civilisationnel.

Berners-Lee a conçu :

  • des protocoles,
  • des standards,
  • une architecture ouverte.

Il n’a jamais conçu :

  • une théorie du pouvoir,
  • une anthropologie politique,
  • une économie des rapports de force.

👉 Il a inventé l’infrastructure sans penser la souveraineté.


II. L’ERREUR ORIGINELLE : CONFONDRE OUVERTURE ET LIBERTÉ

L’Internet n’a jamais été “libre”.
Il a été ouvert.

Et l’ouverture, en politique, n’est jamais neutre.

  • Un espace ouvert attire ceux qui savent l’occuper.
  • Une absence de frontières favorise les acteurs les plus puissants.
  • Une neutralité proclamée profite à ceux qui maîtrisent déjà la structure.

👉 L’ouverture sans souveraineté est une invitation à la capture.


III. DAVOS, LA MORALE ET LA GOUVERNANCE DOUCE

Aujourd’hui, Berners-Lee appelle à :

  • réguler les plateformes,
  • moraliser les algorithmes,
  • sauver l’Internet des excès qu’il aurait “dérivé”.

Mais qui régule ?

  • Des institutions transnationales,
  • des ONG idéologiquement situées,
  • des forums non élus,
  • des experts auto-désignés.

👉 L’utopie libertaire débouche sur la gouvernance technocratique.

C’est le paradoxe central :


IV. L’INTERNET N’A PAS ÉTÉ DÉTOURNÉ : IL A ÉVOLUÉ LOGIQUEMENT

Contrairement au récit dominant, Internet n’a pas été “corrompu” :

  • ni par les États,
  • ni par les plateformes,
  • ni par les puissances économiques.

Il a simplement suivi sa logique structurelle :

  • concentration,
  • centralisation,
  • hiérarchisation,
  • asymétrie informationnelle.

👉 Un réseau mondial sans frontières ne peut qu’engendrer des empires numériques.


V. LE MYTHE DU “WEB ÉTHIQUE”

Berners-Lee parle d’un “Internet éthique”, fondé sur :

  • la bienveillance,
  • la transparence,
  • la coopération.

Mais l’histoire montre une chose simple :

Un Web éthique sans pouvoir politique clair :

  • devient un Web moralisateur,
  • puis un Web normatif,
  • puis un Web disciplinaire.

VI. L’IDIOTIE UTILE N’EST PAS PERSONNELLE, ELLE EST STRUCTURELLE

Berners-Lee n’est pas cynique.
Il est sincère.

Mais c’est précisément cette sincérité qui le rend fonctionnel pour le mondialisme :

  • il légitime l’idée d’une gouvernance globale “bienveillante”,
  • il donne une caution morale à des dispositifs de contrôle,
  • il masque la question centrale : qui décide ?

👉 L’utopiste sert toujours ceux qui savent gouverner sans utopie.


VII. INTERNET N’EST PAS UN ESPACE MORAL, MAIS UN CHAMP DE BATAILLE

Internet est aujourd’hui :

  • un espace de guerre informationnelle,
  • un terrain de conflit narratif,
  • un levier de puissance étatique,
  • un outil de domination économique.

Continuer à parler de “retour à l’utopie” revient à :

  • nier l’Histoire,
  • refuser le politique,
  • confondre morale et souveraineté.

⚖️ FORMULE DE SYNTHÈSE


🕯️ CONCLUSION : LE GÉNIE ET L’AVEUGLEMENT

Tim Berners-Lee restera dans l’Histoire comme un inventeur majeur.
Mais aussi comme le symbole d’une époque qui a cru que la technique pouvait remplacer le politique.

L’Internet n’a jamais été libre.
Il a toujours été un territoire.

Et tout territoire non défendu finit :

  • soit administré par des empires,
  • soit régulé par des clercs,
  • soit contrôlé au nom du Bien.

👉 L’utopie numérique ne libère pas.
Elle prépare le terrain à ceux qui gouvernent sans le dire.

INTERNET N’A JAMAIS ÉTÉ LIBRE : IL ÉTAIT SEULEMENT VACANT

De l’utopie ouverte à la capture mondiale — anatomie d’un territoire sans souveraineté

On répète que l’Internet a “dérivé”.
C’est faux.

L’Internet n’a pas trahi une promesse originelle.
Il a accompli sa logique.

Ce que l’on appelle aujourd’hui “perte de liberté” n’est pas une corruption : c’est le résultat normal d’un espace mondial conçu sans frontières, sans autorité politique claire, sans théorie de la puissance.


I. LE MOMENT DU VIDE : QUAND LE RÉSEAU ÉTAIT VACANT

Aux origines, l’Internet est :

  • technique,
  • universitaire,
  • marginal,
  • non stratégique.

Il n’est ni marché, ni champ de bataille, ni levier d’influence.
Il est vide de pouvoir.

👉 Et tout vide attire.

Ce n’est pas la liberté qui a régné alors, mais l’absence d’intérêt.
Dès que l’intérêt est apparu, le politique a suivi.


II. OUVERTURE ≠ ÉGALITÉ : LA LOI D’AIRAIN DU RÉSEAU

Un réseau ouvert n’égalise pas.
Il amplifie les asymétries.

  • Les plus riches investissent l’infrastructure.
  • Les plus organisés imposent les normes.
  • Les plus rapides capturent l’attention.

👉 L’ouverture sans régulation souveraine favorise les plus puissants.

Ce n’est pas une dérive morale.
C’est une loi structurelle.


III. LA CAPTURE PAR LE MARCHÉ : LES EMPIRES NUMÉRIQUES

Quand l’État hésite, le marché tranche.

Les plateformes n’ont pas “détourné” Internet :

  • elles ont structuré le chaos,
  • organisé la rareté (attention, visibilité),
  • imposé leurs standards.

👉 Là où il n’y a pas de souveraineté publique, la souveraineté privée s’installe.

Le résultat n’est pas la liberté, mais la dépendance.


IV. LA RÉPONSE MORALE : GOUVERNER SANS DÉCIDER

Face à la puissance des plateformes, l’utopie revient… sous forme de morale.

On parle de :

  • bienveillance algorithmique,
  • transparence,
  • gouvernance éthique,
  • régulation globale.

Mais on évite la question centrale :

👉 La morale devient un substitut à la souveraineté.


V. LE GRAND MALENTENDU : INTERNET COMME BIEN COMMUN

Internet n’est pas un bien commun.
C’est un territoire.

Un territoire :

  • se défend,
  • se gouverne,
  • se limite,
  • se hiérarchise.

Le traiter comme un espace moral universel revient à :

  • nier les rapports de force,
  • masquer les conflits,
  • déléguer le pouvoir à des instances non responsables.

VI. LIBÉRER POUR MIEUX ENCADRER : LA SPIRALE DAVOS

Plus l’utopie échoue, plus la régulation s’intensifie.

On promet :

  • de “sauver” le Web,
  • de “corriger” ses excès,
  • de “protéger” les utilisateurs.

👉 Mais protéger sans souveraineté, c’est surveiller.

La liberté abstraite débouche sur le contrôle concret.


VII. LE RETOUR DU POLITIQUE : FRONTIÈRES, BLOCS, PUISSANCES

Ce que l’on observe aujourd’hui n’est pas une crise de l’Internet.
C’est son entrée dans l’Histoire.

  • États,
  • blocs civilisationnels,
  • doctrines numériques,
  • souverainetés technologiques,

Internet devient ce qu’il a toujours été en puissance :
un espace stratégique.


⚖️ FORMULE DE SYNTHÈSE


🕯️ CONCLUSION : LA FIN DE L’ILLUSION, PAS DE LA LIBERTÉ

Ce n’est pas la liberté qui meurt.
C’est l’illusion d’une liberté sans pouvoir.

Un réseau mondial ne peut être :

  • ni neutre,
  • ni apolitique,
  • ni moral par nature.

👉 Il est soit gouverné, soit capturé.

Le choix n’est plus entre liberté et contrôle.
Il est entre souveraineté responsable et gouvernance anonyme.

L’utopie a fait son temps.
L’Histoire, elle, est revenue.

Bande-son : Death In June – Holy Water.
Quand la morale sert à bénir le contrôle.

C’est un morceau qui fonctionne à plusieurs niveaux, exactement comme l’utopie numérique :

  • Eau “bénite” qui purifie en apparence,
  • rituel plutôt que liberté,
  • sacralisation morale servant de masque au pouvoir,
  • atmosphère froide, cérémonielle, presque liturgique.

👉 Holy Water évoque parfaitement cette idée centrale :
on invoque le Bien pour rendre acceptable la mise sous tutelle.

Dans le contexte Tim Berners-Lee / Davos / gouvernance morale :

  • la liberté devient dogme,
  • l’ouverture devient rite,
  • la morale devient instrument.
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2 réponses »

  1. 🌐 INTERNET LIBRE : LE MYTHE QUI A PRÉPARÉ LE CONTRÔLE
    Tim Berners-Lee, l’utopie fondatrice et la capture mondiale du réseau

    Ce diptyque ne conteste pas un génie technique.
    Il interroge une illusion politique.

    Tim Berners-Lee a inventé le Web.
    Il n’a jamais pensé la souveraineté.

    L’ouverture du réseau n’a pas engendré la liberté.
    Elle a produit :

    • la concentration,
    • la capture,
    • puis la gouvernance morale au nom du Bien.

    👉 Internet n’a pas été “détourné”. Il a suivi sa logique.
    👉 L’utopie libertaire a servi de sas à la normalisation globale.

    Ces deux textes montrent :

    • pourquoi l’Internet n’a jamais été libre mais vacant,
    • comment l’absence de frontières a favorisé les empires numériques,
    • pourquoi la morale technocratique remplace aujourd’hui la décision politique.

    📎 À lire sur Le Blog à Lupus
    Tim Berners-Lee : l’utopiste qui n’a pas vu venir son œuvre
    Internet n’a jamais été libre : il était seulement vacant

    Libérer sans souveraineté, c’est préparer la capture.

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