Après son fort recul au premier semestre 2009, le commerce international connaît une phase de reprise significative et les statistiques douanières chinoises montrent, par exemple, une nette progression des importations en provenance des Etats-Unis, du Japon et de l’Allemagne. Pour ces trois pays, les exportations vers la Chine ont atteint en décembre leur plus haut historique, dépassant leurs niveaux de 2008. Au-delà de la Chine, c’est toute la zone émergente qui devient une source d’expansion pour les exportateurs du monde développé, d’abord pour les biens d’équipement mais aussi pour d’autres catégories et bien sur les matières premières. Il est difficile d’en évaluer avec précision les retombées directes et indirectes mais elles ne sont plus marginales….
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En ce qui concerne les Matières premières voici donc dépassé la simple phase de restokage et retour sur la croissance…
Malgré donc des statistiques d’importations chinoises très porteuses faisant ressortir une ré-accélération des volumes de minéraux entrant dans le pays, les prix des métaux n’ont pas progressé cette semaine. La Chine a notamment importé 62,16 millions de tonnes de minerai de fer en décembre (22 % de plus qu’au mois de novembre).
Les aciéristes du monde entier annoncent des hausses de prix visant, en partie, à absorber leurs propres augmentationsde coûts (minerai de fer, charbon, zinc…). Toutefois, notons que les commandes s’accélèrent alors que les stocks sont à des niveaux très faibles et que les taux d’utilisation des aciéristes sont loin de leurs plus hauts (à seulement 63,9 % aux Etats-Unis par exemple). L’effet conjoint de ces éléments devrait faciliter la matérialisation des hausses de prix annoncées.
En Chine, l’annonce de l’augmentation du taux de réserves obligatoires a eu un impact négatif sur l’ensemble des matières premières. Loin de remettre en cause les perspectives de croissance du pays, cette mesure les rend, au contraire, plus durables sur le long terme en tentant d’éviter la surchauffe et les poches de surcapacité
Le pétrole quant à lui a perdu près de 4 % sur la semaine malgré l’annonce d’importations chinoises dépassant, pour la première fois, 5 millions de barils par jour au cours du mois de décembre. Alors que les températures restent très froides aux Etats-Unis, les stocks hebdomadaires américains sont ressortis en hausse alors qu’une baisse était attendue. Les capacités stockées en mer sont sans doute à l’origine de ce phénomène et nous rappellent que les fondamentaux actuels ne supportent pas un cours du pétrole beaucoup plus élevé pour le moment.
A noté que le gold a légèrement progressé cette semaine, porté notamment par l’annonce d’importations en Inde en nette reprise au mois de décembre (34 tonnes contre 3 tonnes l’an dernier).
EN COMPLEMENT :
Chères matières, trop chères ?
Le prix des matières premières serait-il trop élevé ? Alors que l’économie mondiale est à peine remise de la débâcle financière, la question commence à se poser.
La question se pose d’abord pour les pays consommateurs de matières premières non chinois. Pendant qu’on s’extasie sur la vigueur des importations chinoises de matières premières, + 56% en décembre dernier, je vous rappelle que ce chiffre a fait s’envoler tous les marchés en début de mois, d’autres commencent à s’inquiéter du poids de la facture.
En France par exemple elle s’alourdit régulièrement depuis plusieurs mois. plus de 5% de hausse pour les prix des matières premières industrielles importées sur le dernier mois de l’année. + 6% pour les produits agro-industriels. + 9% pour le sucre ou le riz.
Même constat aux Etats-Unis où la part du pouvoir d’achat dévolue au poste énergétique, chauffage et transport confondus, est surveillé comme le lait sur le feu par les analystes. Lorsqu’elle dépasse la barre des 6% du budget d’un ménage, la bonne marche de l’économie est compromise. Car au-delà les familles tendent à restreindre leur dépense, provoquant par conséquent le ralentissement de toute l’économie. Or cette part tombée bien bas en 2008 se rapproche dangereusement du seuil critique des 6%. Rien n’est plus efficace pour tuer la hausse que des cours trop élevés. Souvenez-vous de 2008 et de la chute vertigineuse du baril passé en quelques mois de 150 à 30 dollars. Le pétrole est encore loin d’une cotation à trois chiffres, mais une hausse trop rapide pourrait bien faire replonger une économie encore convalescente surtout dans les pays occidentaux. Le scénario d’une reprise en W refait donc surface. Et puis ce train de hausse propulsé par la Chine est aussi un sujet de préoccupation pour certains producteurs de matières premières. Notamment les sidérurgistes. De voir que la demande chinoise est inoxydable est une bonne chose mais a une contre partie : une augmentation disproportionnée du charbon et du fer que les producteurs occidentaux auront bien du mal à répercuter auprès de leurs clients sans risquer d’annuler le frémissement de la demande. Attention à la surchauffe!
source : Dominique Baillard rfi jan10
Catégories :Chinamerica, Commentaire de Marché, Matières Premières, REBLOG
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