Une administration efficace n’émerge pas de la consolidation. Mais de processus concurrentiels.
La confrontation croissante entre droits nationaux et droit international, la controverse sur la centralisation et la concurrence fiscales ou encore la réglementation des marchés financiers soulèvent nombre de questions de gouvernance, souvent abordées avec une foi inconsidérée dans les réglementations formelles mises en oeuvre et centralisées par les agences étatiques.
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Les économistes, comme le rappelle l’économiste Peter Boettke dans une nouvelle étude*, ont souvent mis en évidence les problèmes de calculs économiques, de dispersion des connaissances et d’influence des groupes d’intérêts liés à la gouvernance étatique centralisée.
Ces problèmes génèrent non seulement de nombreuses distorsions, mais tendent également à entraver le processus de découverte entrepreneurial à l’origine de meilleures façons d’allouer les ressources.
Le débat se limite largement à cette dichotomie entre la régulation par une autorité centrale, dont il faut également tenir compte des risques et des coûts et pour laquelle il faut développer des garde-fous, et celle issue de la discipline du marché libre, notamment à travers la concurrence, les signaux des prix et la mesure du profit.
Les travaux d’Elinor Ostrom, lauréate du Prix Nobel d’économie 2009, montrent cependant que d’autres arrangements institutionnels existent pour faciliter la coopération et éviter les conflits. «De nombreux moyens efficaces de gouvernance ne se trouvent pas dans la structure formelle de l’Etat, mais dans des règles informelles, et parfois tacites, sur lesquelles se basent les sociétés humaines», relève Peter Boettke.
Une administration efficace n’est pas le résultat de la consolidation et de la centralisation, mais la conséquence de ces processus polycentriques issus de collectivités locales en concurrence les unes avec les autres pour attirer des résidents.
Elles le font en offrant des services en échange d’impôts locaux ou de taxes. «Ce qui semble chaotique à l’esprit rationaliste des experts de l’administration publique est en réalité l’organisation ordonnée d’économies émergeant de la participation et de l’engagement des citoyens», observe Peter Boettke.
Les mécanismes décentralisés génèrent des systèmes plus responsifs et plus adaptables, qui satisfont mieux les attentes des citoyens que les experts ne le reconnaissent généralement.
Le consensus «scientifique » en faveur de la centralisation de l’administration est un leurre et conduit, là où il est suivi, à une dégradation (plutôt qu’à une amélioration) de la performance des fonctions de base de la gouvernance.
Les administrations centralisées sont notamment incapables d’opérer des calculs économiques, de mobiliser les connaissances dispersées dans l’ensemble de la société et d’éviter l’influence destructrice des groupes d’intérêts particuliers.
* Peter J. Boettke, «Is the Only Form of? Reasonable Regulation? Self Regulation? », George Mason UniversityWorking Paper in Economics no 10-05.
PIERRE BESSARD economiste fev2010
EN COMPLEMENT : Michael J. Boskin : L’enfer globo-local des grandes crises fiscales (cliquez sur le lien)
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