L’effondrement des cours du gaz naturel, imputable aux fondamentaux mais aussi aux particularités des investissements en matières premières, a réveillé l’intérêt des investisseurs pour cet actif.
La volatilité prononcée des cours du gaz naturel ces derniers mois a mis en évidence les aléas de toute une classe d’actifs. La chute du prix au comptant du gaz naturel l’été dernier, la plus forte depuis sept ans, a attisé la convoitise des investisseurs, séduits par cette matière première «sous-évaluée». Or, ce repli était dû à d’importants facteurs fondamentaux – récession américaine et technologies d’extraction en tête.
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En pesant sur la demande industrielle, dont le gaz naturel est tributaire, la crise économique américaine a favorisé la constitution de stocks, cette matière première étant plus cyclique et plus sensible aux besoins régionaux que le pétrole. Jusqu’à la fin de l’automne, les capacités de stockage ont semblé insuffisantes pour absorber l’excédent de l’offre. L’utilisation du gaz à la place du charbon dans les centrales électriques a néanmoins permis d’éviter une détérioration plus sévère des prix.
Parallèlement, des gaziers spécialisés ont développé une technique permettant d’abaisser les coûts d’extraction du gaz de schiste. Alors que de nombreux grands consommateurs s’inquiétaient, il y a quelques années de cela, d’une possible pénurie de gaz aux Etats-Unis, le marché a dû faire face à une offre excédentaire au moment le plus inopportun.
Hormis pour les métaux précieux, investir dans des matières premières signifie acheter et vendre des contrats à terme.
Les investisseurs doivent donc tenir compte du cours à terme et non au comptant. Dans le cas du gaz naturel, la courbe des cours à terme, qui affiche des fluctuations saisonnières notoires, est la plupart du temps en contango. Les contrats à échéance lointaine sont alors en moyenne plus chers que ceux à échéance proche. Ces deux éléments s’expliquent notamment par les coûts importants de stockage.
Les investisseurs ayant misé sur les cours au comptant ont donc déchanté. Dès l’été 2009, la courbe avait anticipé la hausse des prix qu’induirait la demande accrue en hiver. Les investisseurs devaient par conséquent être persuadés que non seulement les prix grimperaient au-delà des prévisions du marché, mais aussi – leur choix s’étant souvent porté sur un produit indexé – que les pertes de roulement seraient plus que compensées par le rendement anticipé.
Les placements en matières premières les plus prisés sont des produits indexés sans horizon de placement fixe. Or, le roulement mensuel des contrats imposé par ces produits se traduit par un rendement négatif de roulement lorsque la courbe est en contango. Au regard de la volatilité du prix du gaz, le rendement restant couvrait à peine les risques encourus.
Aujourd’hui, la situation s’est normalisée. L’hiver, plus froid que prévu, a relancé la demande et fait baisser les stocks. La courbe s’est donc aplatie, tout au moins jusqu’à l’automne prochain. A court terme, les conditions météorologiques restent le facteur clé. La production élevée de gaz de schiste devrait quant à elle peser durablement sur les prix. Pour l’instant, anticiper une hausse des cours du gaz naturel revient à prendre des paris sur l’évolution des températures. Mais, selon nous, la rémunération éventuelle n’est pas toujours à la hauteur des risques pris.
Par Norbert Rücker Commodity Analyst, Julius Baer.
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