Formation a la gestion de portefeuille

André Gosselin/hedge funds : Choisir les bons fonds de couverture

Un marché baissier prolongé, malgré les pertes financières qu’il occasionne, possède tout de même quelques vertus. L’une des principales consiste à sensibiliser les investisseurs aux avantages de la vente à découvert. Il est possible de faire de l’argent lors d’un marché baissier, et les investisseurs qui placent leurs avoirs dans les fonds de couverture l’ont bien compris.

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La tendance générale pour les années à venir sera celle d’une plus grande libéralisation de l’industrie des fonds communs de placement (FCP), afin de leur permettre d’utiliser les stratégies et les véhicules de placement employés sans trop de contraintes par les fonds de couverture (ventes à découvert, produits dérivés, leviers financiers et emprunts, etc.).

Les autorités réglementaires américaines et canadiennes permettent déjà à certaines sociétés de fonds d’actions d’utiliser la vente à découvert, avec bien sûr des restrictions et des balises à suivre. On constate que ces sociétés commencent à être connues, et que le marché est trop intéressant pour qu’on les laisse filer.

Hedge Funds : Quand ils se changent en Fonds Communs (cliquez sur le lien)

Progression rapide

Comme les fonds de couverture sont d’abord et avant tout des entités privées qui prennent la forme d’une société en commandite, d’une fiducie ou d’une société par actions, ils ne sont pas tenus de divulguer les titres détenus dans leur portefeuille et ils sont libres de définir leur propre mode de rémunération.

Avec pour objectif de dégager des rendements positifs absolus peu importe les tendances du marché, la plupart des fonds de couverture s’autorisent à demander à leurs partenaires et à leurs clients un honoraire fixe (1 à 2% de l’actif sous gestion), jumelé à une prime de performance qui peut représenter entre 20 et 30% du rendement excédentaire par rapport à un indice de référence.

J’ai compté une vingtaine d’études universitaires de haut calibre qui concernent lesfonds de couverture, américaines pour la plupart. Elles nous en disent enfin un peu plus sur les rendements des fonds de couverture comparés aux fonds communs d’actions, tout comme sur la place et le rôle de cette catégorie d’actifs dans un portefeuille diversifié.

Les plus intéressantes et pertinentes sont celles qui prennent en compte la dizaine de stratégies ou de styles de gestion généralement reconnus dans le monde des fonds de couverture, afin de déterminer lesquels fonctionnent le mieux, aussi bien dans un contexte de marché baissier que de marché haussier.

Performance globale

Il est certes intéressant de connaître la performance à long terme des fonds de couverture, ne serait-ce que pour savoir si les rendements réalisés le sont avec un degré de risque moins élevé que celui du marché des actions ou du marché des obligations.

À ce chapitre, la majorité des études observent qu’à rendement égal, les fonds de couverture sont moins risqués que les fonds d’actions traditionnels. Il s’agit bien sûr d’un constat général, car il ne faut pas oublier que certains fonds prennent des risques énormes, démesurés, comme l’ont montré les déboires retentissants et largement médiatisés de Long-Term Capital Management en 1998, en pleine crise financière asiatique. 

Autrement dit, on peut considérer les fonds de couverture comme une classe d’actifs singulière qui contribue pour beaucoup à une bonne diversification du portefeuille. En mettre dans un portefeuille, dans une proportion de 10à 20% du total de l’actif, est donc un conseil qui a du sens.

La recherche universitaire a amplement démontré que la taille des FCP a une incidence sur leur performance. Plus un fonds est gros, moins bon est leur rendement. Dans le cas des fonds de couverture ou encore des fonds de fonds de couverture, la taille n’a pas d’impact sur son rendement. C’est du moins ce qu’a révélé une étude de deux universitaires montréalais, Greg N. Gregoriou et Fabrice Rouah, publiée en 2002 etcouvrant la période qui va de 1994 à 1999.

Performance comparée

En 50 ans, la situation a beaucoup évolué. Les firmes qui se sont constituées en observatoire de l’industrie des fonds de couverture reconnaissent aujourd’hui les dix catégories de fonds suivantes : 1.Long/découvert; 2. Neutre au marché; 3. Investissement sur tendance; 4. Biais à découvert; 5. Gestion d’événements (fusions et acquisitions, titres en détresse, etc.); 6. Arbitrage de dette convertible; 7.Arbitrage de titres à revenus fixes; 8. Macro global; 9. Marchés émergents et 10. Contrats à terme gérés. Si certains fonds ne se privent pas de combiner deux ou trois de ces stratégies, la plupart tentent de se spécialiser dans un seul domaine, et c’est tant mieux.

Edwards, F. et Caglayan, M., dans une étude parue pendant l’été 2001 dans le Journal of Portfolio Management (Hedge Fund and Commodity Fund Investment Styles in Bull and Bear Markets), ont observé que certains types de fonds de couverture se débrouillent nettement mieux que d’autres dans des situations de marché baissier.

Leur recherche couvre 16 catégories de fonds pour la période 1990-1998, et consiste à comparer les mois où le marché est à la baisse avec ceux où il est à la hausse. Le constat des chercheurs est clair : les fonds de type neutre au marché, gestion d’événements et macro global se classent dans les premiers rangs, autant dans les périodes baissières que haussières.

Quelles sont les qualités de ces trois catégories de fonds de couverture?

Fonds neutre

Un fonds neutre au marché combine des positions inverses sur le même type d’actif, avec par exemple des positions longues pour la moitié des sociétés pétrolières inscrites à Toronto, et des positions à découvert pour l’autre moitié, de telle sorte que le portefeuille est immunisé contre tout événement qui peut influencer le marché dans son ensemble.

Toutefois, cette stratégie n’est pas sans risque, dans le mesure où le gestionnaire tente de mettre dans le portefeuille les titres du secteur qui sont surévalués et les titres qu’il considère comme sous-évalués.

Fonds en gestion d’événements

Les situations spéciales de faillite, de restructuration et de redressement financier, ou encore de fusions et acquisitions, constituent le domaine de prédilection des fonds de couverture en gestion d’événements. Comme ces situations spéciales se produisent autant sur les marchés haussiers que baissiers, legestionnaire trouve toujours lemoyen de réaliser de bons rendements, beau temps, mauvais temps.

Il peut s’adonner à des arbitrages qui réduisent son risque de marché, en achetant par exemple une société qui fait l’objet d’une acquisition, tout en vendant à découvert celle qui joue l’acquéreur. 

Fonds macro global

Enfin, les fonds macro global, dont la figure emblématique est le célèbre fonds Quantum géré par George Soros, sont les plus ambitieux des fonds de couverture puisqu’ils exploitent les disparités présentes sur tous les marchés de la planète (taux de change, commodités, marchés boursiers, obligations, etc.), avec l’aide de tous les instruments de la science financière (options, contrats à terme, vente à découvert, etc.).

Utilisant une approche top-down qui vise à prévoir l’effet des grands événements macroéconomiques et politiques sur les marchés financiers. 

Avec de tels rendements et sans risques excessifs, les fonds de couverture sont appelés à sortir de leur cachette, à faire les pages centrales des publications financières et donc, à attirer les investisseurs et les promoteurs de nouveaux FCP. Et il n’y a rien de tel qu’un marché baissier prolongé pour susciter la curiosité etl’appétit des investisseurs à leur égard.

 Chronique d’André Gosselin déja  parue dans F&I

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